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Chapitre III : Contribution théorique

3.4 La démarche opératoire de la méthode

3.4.2 Une phase d’exécution : le « Run Time »

3.4.2.1 Description de la phase

Le « Run Time » correspond aux moments au cours desquels le projet est examiné et éventuellement mis à jour et complété en fonction des nouvelles données, informations et connaissances acquises après la validation initiale de la conception. Au cours de cette phase, le projet est exécuté et piloté logiquement jusqu'à ce que le déclassement souhaité de l'installation nucléaire, le contrôle final des déchets de démantèlement, et la clôture du projet incluant la capitalisation du REX, soient terminés. Les concepts de système de systèmes et de workflow adaptatif trouvent ici toute leur légitimité en prenant en compte et en contrôlant mieux la dynamique d'un système par nature complexe et soumis à des contraintes strictes. Les principales activités du « Run Time » sont les suivantes :

• L'observation de la situation et la collecte de données, d’informations et de connaissances depuis le terrain des opérations ;

• L'évaluation de la situation et la détection de dérives potentielles conduisant à des risques et / ou au non-respect des exigences ;

• L'adaptation du SA&D dans son ensemble et éventuellement la recherche de nouvelles alternatives pour le projet, en utilisant les mêmes démarches et outils que dans le « Design Time » ;

• L'évaluation et la sélection des solutions de remplacement, ainsi que la justification de l'approbation ou du rejet de chaque alternative ;

• La traçabilité des modifications, approbations, rejets et décisions ; • L'orchestration de la nouvelle solution ;

• L'itération jusqu'à la fin du projet, lorsque le SA&D n’existe plus. 3.4.2.2 Une phase portée par un workflow adaptatif

Une fois la conception initiale entièrement validée, on constate que tout au long de la réalisation des opérations, le domaine du problème pourra varier, tout comme au cours du « Design Time », notamment du fait des imprévus qui peuvent survenir. De plus, ces variations peuvent toucher tous les points de vue du projet. Notamment, le niveau de détail d'un scénario de démantèlement initial est affiné au fil du temps en fonction du niveau de connaissance de l'installation, à tous égards : ressources allouées, activités réalisées, etc. Certaines particularités,

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des événements imprévus, etc. peuvent avoir une incidence sur le calendrier initial et donc sur l’organisation générale du projet. C'est pourquoi le concept de workflow adaptatif tire son sens (Barthe-Delanoë, et al., 2018).

En pratique, un workflow (van der Aalst & van Hee, 2004) est un processus exécutable dont le pilotage et le suivi sont assistés et partiellement automatisables. Le processus est ici la composition de l’ensemble des activités, ressources et flux (en entrée et en sortie : configurations, documents, matières et déchets, etc.) décrivant l’évolution d’un SA&D, c’est-à- dire la manière dont le projet d’A&D associé à ce SA&D est organisé et doit être exécuté.

D'un point de vue conceptuel, un workflow adaptatif permet de ne pas définir l'ensemble du processus en cours d’exécution a priori, mais de s’inspirer du modèle de base établi en « Design

Time » et possédant a priori la description de plusieurs alternatives. Les activités, tâches et

opérations prévues ne seront donc pas organisées systématiquement, mais pourront être activées si nécessaire, sur demande (d’où l’attribut correspondant sur le concept de

MethodConfiguration). Le planning initial prévu en « Design Time » doit en effet pouvoir

s'adapter : les tâches planifiées sont ajustées en temps réel pour s'inscrire dans un périmètre initialement dimensionné lors de la conception du projet. Divers travaux évoquent ce mécanisme de workflow adaptatif et précisent ses intérêts (Divitini, et al., 2001) (Adams, et al., 2006) (Samiri, et al., 2017) (Barthe-Delanoë, et al., 2018).

D'un point de vue méthodologique, un workflow adaptatif permet de choisir des alternatives et d'orchestrer les modifications du processus au fur et à mesure de son exécution. Il prend en compte, en particulier, les réactions des parties prenantes impliquées dans les opérations planifiées, les événements et / ou les situations imprévues rencontrées nécessitant a priori de contester le processus en cours, les demandes de modifications d’exigences, et les nouvelles contraintes émises alors que le projet avance.

La valeur de ce mécanisme de workflow adaptatif repose donc sur la capacité des responsables de projet à :

• Saisir les évènements et les variations de situations ainsi que les retours des parties prenantes ;

• Juger de leur pertinence, de leur importance et de leur urgence au regard de la conception du projet initialement prévue et du référentiel d’exigences qui a été établi et est maintenu pendant la durée du projet ;

• Trouver rapidement et valider une ou plusieurs solutions alternatives qui continuent de respecter cette base de référence et qui rassurent toutes les parties prenantes sur la sûreté et la sécurité du projet dans son ensemble. Ces solutions contiennent donc des propositions pour :

o des changements dans les activités planifiées pour rester cohérent avec la réalité sur le terrain, en questionnant les flux d’entrée et de sortie (notamment les produits) ainsi que les ressources allouées et le référentiel d’exigences ;

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o des ajouts aux activités (éventuellement en questionnant de la même manière que dans le point précédent) ;

o des changements dans les transitions entre les activités (par exemple, un temps supplémentaire pour pouvoir effectuer certaines activités).

Pour conclure, le workflow adaptatif sert directement la deuxième problématique identifiée dans le Chapitre I, liée à l'évolution inéluctable des projets, qui rend les modèles caducs quasi systématiquement et avant même leur exploitation à des fins de pilotage.