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C’est la phase de la valorisation maîtrisée. A partir de 2012, l’Agence pour le Développement Agricole5 lancera des programmes continus de mise à niveau au profit des groupements des produits du terroir en collaboration avec les partenaires institutionnels (DRAs, ONSSA, ONCA, DDFP et EACCE) et les autres opérateurs concernés.

Pour assurer la mise en œuvre de cette stratégie, la Direction de Développement des Produits de Terroir a été mise en place au sein de l’Agence de Développement Agricole (ADA). Elle a pour fonctions principales :

- La structuration des filières à l’amont et le développement de l’agrégation de l’aval de la chaine de valeur ; - La valorisation des produits agricoles et leur accès aux marchés nationaux et internationaux.

Cette phase sera marquée également par :

- Le développement des accords de partenariat avec la grande distribution marocaine ; - Le nombre de coopératives s’est envolé avec des résultats très variables ;

- De plus en plus de labels voient le jour ;

- De plus en plus de produits de terroir sont valorisés ; - Des efforts sur la transformation de produits ;

- Le renforcement du cadre législatif et réglementaire marocains des labels : IG, AO et Label Agricole ; - Le Projet pilote IGP Argane est mis en place et tous les acteurs se sont réunis ensemble dans le cadre de

l’association AMIGHA qui a porté le projet ;

- Délimitation géographique de production de l’huile d’argan à l’espace d’existence de l’arbre et ou du savoir-faire local ;

- Interdiction de la vente du fruit en dehors de cet espace.

Néanmoins, malgré les énormes efforts et l’importance des financements octroyés : - Une partie de la production reste non mécanisée ; ...

- Les résultats restent mitigés pour les coopératives ;

- Les entreprises à l’échelle nationale et internationale sont les premiers bénéficiaires largement plus que les coopératives.

5 L’Agence pour le Développement Agricole « ADA » est un établissement public doté de la personnalité morale et de l’autorité financière. Elle est placée sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts. Depuis sa création en 2009, l’ADA joue un rôle fondamental, dans la concrétisation des ambitions stratégiques tracées pour le secteur agricole à l’horizon 2020, dans le cadre du « Plan Maroc Vert ».

Conclusion

Les produits de terroir ont connu un essor indéniable et le secteur a subi des transformations qui ont eu des impacts aussi bien positifs que négatifs sur l’environnement, la population et le territoire. Plusieurs acteurs sont intervenus dans ce processus de changement et dont les priorités, voir les objectifs, sont disparates.

Dans le cas du Maroc, l’huile d’Argan résume la situation des produits de terroir et des modes de gouvernance qui ont façonné leur gestion, leur processus de valorisation et leur développement. Entre la logique marchande qui cherche à s’imposer et la volonté des pouvoirs publics et des acteurs du développement local à préserver l’esprit authentique et durable des produits des terroirs. Le secteur ne cesse de connaître des mutations qui se traduisent par une plus large intervention de l’Etat à travers ses agences spécialisés (ADA, ANDZOA) dans le processus de valorisation des produits de terroir, une modernisation des modes de production et une transformation des modes de gestion et de gouvernance des organisations de l’économie sociale et solidaire.

D’autres acteurs espèrent, aussi, tirer profit de cet engouement pour les produits de terroir au profit du territoire tels que les établissements d’hébergement touristiques notamment dans le milieu rural. Pour ces derniers un produit de terroir authentique ne peut être dissocié du territoire.

En termes d’impact, les études montrent que les différents programmes de développement des produits de terroir a permis d’améliorer, même partiellement, la situation de la femme dans le monde rurale et une présence plus forte de celle-ci dans les instances de gouvernance des associations et des coopératives.

Néanmoins, le bénéfice espéré des produits de terroir pour les populations locales demeurent en dessous des attentes.

Renvoi éventuel

II-2.5- Les signes d’identification de la qualité et de l’origine.

Par Olivier NASLES

Professionnel agricole – Œnologue Conseil et gérant du laboratoire Aix Œnologie.

Président du Comité National de l’Agriculture Biologique de l’INAO.

Membre du conseil permanent de l'Institut national de l'origine et de la qualité - Membre du comité national des indications géographiques protégées relatives :

- aux vins et aux cidres - aux appellations laitières, agroalimentaires et forestières o.nasles@inao.gouv.fr - ons@jaumore.fr - domaine.camaissette@wanadoo.fr

Références diaporama:http://aem.portail-gref.org/upload/documents/2019324103023_ONaslesPresentationIG2019colloque.pptx L’élément que je voudrais apporter en tout premier lieu est de m’inscrire en faux sur l’intitulé de ce Colloque ! Non, nous ne dissertons pas sur des signes de Qualité mais bien sur des Signes d’Identité.

La définition OMC d’une Indication Géographique (I.G.) est la suivante :

« Indication qui sert à identifier un produit comme étant originaire du territoire d’un membre (OMC), ou d’une région ou localité de ce territoire, dans les cas où une qualité, réputation ou autre caractéristique déterminée du produit peut être attribuée essentiellement à cette origine géographique ».

Cette définition est claire. A aucun moment une IG n’intervient pour définir la qualité d’un produit mais pour lui donner une carte d’Identité, je dirai même plutôt un passeport puisque l’objectif d’une IG est traditionnelle Garantie (STG) garantit un savoir-faire pas un résultat qualitatif.

Ceci étant posé, pour bien comprendre l’importance du rôle des professionnels dans la naissance d’une IG, il nous faut faire un peu d’histoire.

Le premier signe officiel d’Identité, l’Appellation d’Origine, est une création française initialement limitée au vin. Elle découle de la loi du 1er août 1905 visant à lutter contre les fraudes en tous genres qui, à l’époque, affectent les produits alimentaires, afin de rassurer les consommateurs. Elle institua de fortes sanctions pour « quiconque aura trompé ou tenté de tromper… sur la nature ou sur l’origine des marchandises ». S’agissant plus particulièrement du vin, suite aux ravages provoqués par le phylloxéra dans le vignoble français à la fin du 19ème siècle, des vins frelatés inondent le marché. Il s’avère par conséquent nécessaire de définir légalement les bons produits et de préciser les régions qui pouvaient bénéficier d'une appellation officielle pour mentionner l’origine. Dans cet objectif, la Société des Viticulteurs de France organise en 1906, une grande manifestation lors de laquelle des représentants des grandes régions viticoles présentent les dénominations et les caractéristiques de leurs productions respectives. Plusieurs lois sont, par la suite, adoptées à la demande des professionnels pour encadrer les pratiques, la première en Mai 1919 suivi d’un Décret d’application en 1921. Mais la Loi fondatrice date de 1935. On la doit au Baron Le Roy de Boiseaumarié, vigneron à Châteauneuf-du-Pape et juriste de formation, ainsi qu’à Joseph Capus, Député de Gironde et éphémère ministre de l'Agriculture (du 24 mars au 14 juin 1924). Tous deux conçoivent une proposition de loi qui, concrétisée sous la forme du décret-loi du 30 juillet 1935, crée une nouvelle catégorie de vin et eau-de-vie à appellation d'origine dite « contrôlée » ainsi qu’un « Comité National des Appellations d'origine des vins et des eaux-de-vie » qui devient le 16 juillet 1947 l'Institut National des Appellations d'Origine des vins et des eaux-de-vie (INAO), organisme privé chargé d'une

mission de service public. Ce mode de gouvernance original qui perdure depuis 72 ans, donne aux professionnels du secteur le pouvoir de rédaction de la Réglementation que le Ministre et l’Administration ne peuvent qu’accepter ou refuser mais pas modifier.

En 1948, de nouvelles filières (volaille de Bresse et fromages) participent au premier « Congrès de l’Origine ». Parallèlement, le baron Le Roy s’attache à promouvoir les AOC au niveau international. Dans le prolongement de cette action, alors que l’Agriculture est la première politique commune de l’Union, la Communauté Européenne reconnaît les AOC viticoles par un Règlement de 1966 et commence à les protéger.

Au niveau mondial c’est « l'Arrangement de Lisbonne » conclu en 1958 qui a institué la protection des appellations d'origine et leur enregistrement international. Son article 2 indique qu’il s’agit de la

"dénomination géographique d'un pays, d'une région ou d'une localité servant à désigner un produit qui en est originaire et dont la qualité ou les caractères sont dus exclusivement ou essentiellement au milieu géographique, comprenant les facteurs naturels et les facteurs humains". C’est l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, avec son service spécialisé basé à Lisbonne, qui est compétent dans ce domaine.

Cet « Arrangement » vient d’être modernisé en 2015 par l’Acte de Genève qui permet notamment à l’Union Européenne de le signer et de protéger les IG dans la cinquantaine de pays signataires de l’accord.

Suite aux accords de Dublin (1990), l’Union Européenne étend à l’ensemble des denrées agricoles et agro-alimentaires le système AOC en créant deux signes l’Appellation d’Origine Protégée (AOP) et l’Indication Géographique Protégée (IGP) par le Règlement CE 2081/1992. Ce règlement, plusieurs fois modifié, intégrera les vins de Pays français en tant qu’IGP en mars 2006 et créera la STG. La dernière grande modification est celle du Règlement UE 1151/2012.

La lente construction de ce système sur plus d’un siècle et son élargissement international bien que contesté par certains pays lui donnent une force dont on vient encore d’avoir l’exemple lors de la visite du Président français en Chine. Il est au cœur des échanges de tous les accords négociés par l’Union Européenne tel que le CETA ou il est une des éléments bloquant de l’accord avec les USA.

Il était important de rappeler l’importance de la protection juridique internationale de ces signes d’identité, qui leur permet d’être un véritable passeport pour nos produits agricoles. Ceci étant, il ne suffit pas d’avoir un passeport pour voyager, il faut que ce passeport corresponde à un produit à forte personnalité.

C’est là qu’intervient le rôle des professionnels dans la reconnaissance d’une Indication Géographique. Pour illustrer mon propos, je reprendrai la définition officielle du Terroir issu d’un groupe de travail INRA/INAO :

" Un terroir est un espace géographique délimité, dans lequel une communauté humaine construit au cours de son histoire un savoir collectif de production, fondé sur un système d'interactions entre un milieu physique et biologique et un ensemble de facteurs humains. Les itinéraires socio-techniques ainsi mis en jeu, révèlent une originalité, confèrent une typicité, et aboutissent à une réputation, pour un bien originaire de cet espace géographique".

Si cette définition est un peu complexe, elle n’en est pas moins complète et remet les choses dans le bon ordre, à savoir plus simplement dit, qu’à la base il y a un groupe d’hommes qui construit par son savoir-faire un produit à qui il donne un nom.

Ce savoir-faire comprendra le fait d’adapter un vecteur de production (un cépage, un arbre, une race animale,…) dans un espace géographique qui combine un sol et un climat mais aussi le fait de savoir transformer cette matière-première en vin, en fromage, en huile d’olive … De là naitra un produit, non pas de qualité, mais à l’identité claire et affirmée à qui l’on donnera un nom. La construction de ce savoir-faire peut aller de quelques années à plusieurs siècles…

C’est ce NOM associé à ce Savoir-Faire, décrit dans un Cahier des Charges, que les autorités publiques viendront reconnaître, contrôler à travers un Plan de contrôle spécifique et protéger à travers le monde.

Sans un groupe d’hommes porteur de ce savoir-faire, il n’y a pas d’IG.

Bien sûr, on peut débattre longtemps si le système français qui donne à ce groupe d’hommes le pouvoir de rédiger le Cahier des Charges et le Plan de contrôle associé est le meilleur. Pour être intervenu dans plusieurs pays pour accompagner les autorités dans leur démarche notamment en Algérie, le fait de laisser l’administration piloter la démarche est souvent un échec car les acteurs de terrain ne s’approprient pas le signe.

Depuis 25 ans, l’INAO a accompagné la naissance de centaines d’AOP et d’IGP en France et à l’étranger.

La réussite d’un signe est le résultat d’un subtil équilibre entre deux facteurs principaux que sont :

1 Le Nom : Le choix du nom est fondamental dans la réussite d’une IG. Cela peut paraître aberrant puisque le nom devrait être celui du lieu identifié. Cependant l’expérience montre que si le nom n’est pas compréhensible par le consommateur, l’IG ne réussira jamais à décoller. Il faut que le nom :

1.1 Soit simple à prononcer dans la langue du pays mais aussi en anglais. Pour cela, il doit être court 2 ou 3 syllabes, pas plus. Essayer de vendre du Fin gras du Mézenc en Europe et vous comprendrez ce que je veux dire…

1.2 Fasse rêver le consommateur. Toscane, Provence, Marrakesh, Corse, Andalousie font rêver les consommateurs du monde entier. Essayer de faire rêver avec la Deglet nour de Tolga, ou de l’huile d’olive Priego de Cordoba, je vous souhaite bien du plaisir.

1.3 Ait une notoriété qui évoque le produit dans la tête du consommateur. L’huile d’olive de Nîmes ne parvient pas à décoller car Nîmes n’est pas associé à la production d’huile d’olive par le consommateur.

2 Le Goût du Produit : Je parle de goût et pas de qualité ! Vous ne ferez pas avaler un produit qui n’est pas au goût du consommateur. Exemple, les consommateurs français se détournent de plus en plus du goût sucré. Les ventes de vins doux, aussi extraordinaires soient-ils, de Maury, de Banyuls ou de Sauternes s’effondrent depuis une vingtaine d’année. Autre exemple, le Roquefort est trop agressif pour les jeunes palais, les ventes baissent régulièrement notamment par la disparition des générations qui l’appréciaient. Pourtant ce sont tous des produits d’excellente qualité mais ils ne sont plus adaptés aux jeunes générations.

Le plus bel exemple d’AOP qui cumule tous ces handicaps, c’est l’AOP Barèges-Gavarnie. Tout d’abord, le nom, composé de deux lieux géographiques, il est très difficile à positionner pour un consommateur. De plus il n’identifie par le produit. Qu’est-ce ? Du fromage ? Du vin ? De l’huile d’olive ? Non c’est du mouton ! Dernier handicap, le consommateur mange de moins en moins de mouton et privilégie l’agneau, le produit n’est plus à son goût !

L’Indication Géographique, une marque collective portée par une Communauté Humaine !

Cette entrée, quand je l’ai exprimé il y a une quinzaine d’année, faisait bondir en France les gardiens du temple notamment viticole et pourtant bon gré mal gré, elle fait son bonhomme de chemin. Bien sûr, il

n’est pas question de jeter aux chiens toutes les valeurs qui ont fait la force des Indications Géographiques depuis plus d’un siècle mais compléter sa réflexion par une approche de l’IG plus

« marketing » n’est pas une aberration.

Une IG est une marque collective qui appartient à tous les acteurs qui interviennent dans son élaboration, les producteurs de matière-premières, les transformateurs, parfois les affineurs et même les conditionneurs souvent metteurs en marché. Construire une IG en ayant une réflexion qui intègre les attentes des consommateurs permettrait d’éviter certaines erreurs sur le nom ou sur le goût.

Il ne faut jamais oublier un autre des fondamentaux : L’indication Géographique doit permettre d’abord de créer de la valeur ajoutée qui, par sa conception, ne peut que rester dans sa zone de production. Mais pour créer de la valeur, encore faut-il que le produit se vende ! Combien de fois ai-je vu des porteurs de projets persuadés qu’il suffisait de faire reconnaître une IG pour que le consommateur l’achète. Les règles du commerce qu’on le veuille ou pas s’appliquent de la même manière aux IG. Le consommateur conservera toujours un droit immuable : celui de ne pas acheter !

Le monde est en perpétuel changement, celui de la consommation tout autant. Ne pas prendre en compte les changements de mode alimentaire condamne un produit aussi bon soit-il à la disparition. Alors, nos Indications Géographiques doivent-elle s’adapter à ces changements ou disparaître ? Doit-on faire des Sauternes moins sucrés ? Des Roqueforts ou des Munsters moins forts ? Des Bordeaux moins tanniques ? Je me garderais bien d’apporter une réponse claire et définitive mais déjà si nous arrivions à ouvrir le débat au sein de nos Indications Géographiques nous ferions un grand pas.

Pour terminer sur une note plus optimiste, les consommateurs à pouvoir d’achat sont de plus en plus demandeurs de clarté dans ce qu’ils mangent. Ils veulent savoir d’où vient leur nourriture, comment elle est faite. Ils intègrent de nouveaux critères comme le bien-être animal ou l’absence de produits chimiques (explosion de l’Agriculture Biologique).

Nos Indications Géographiques ont les bases pour répondre à cette demande, il suffirait de peu de choses pour qu’elles répondent totalement à cette demande, encore faudrait-il que les hommes, qui les gèrent, acceptent de se remettre en cause et participent à la naissance des Indications Géographiques du vingt-et-unième siècle !

Renvoi éventuel

II-2.6- Caractéristiques des huiles d’olive de quelques cultivars d’Algérie.

Par Nora BENRACHOU

Docteur Maître de conférence - Responsable du Master Sécurité agro-alimentaire et assurance qualité - Département des Sciences agronomique - Faculté des Sciences de la nature et de la vie – Université Chadli Bendjedid - El Tarf – 36000 Algérie.

nora.benrachou@gmail.com

Références diaporama: http://aem.portail-gref.org/upload/documents/2019324102920_BenrachouNoura.pptx