Il est importa t de soulig er ue la plupart des tudes porta t sur l’ide tificatio des m ca ismes de
la reprogrammation, ont été réalisées avec des MEF, donc des cellules embryonnaires de souris en
exprimant les facteurs OSKM par un système inductible à la doxycycline. Ces premières expériences
comportant également des systèmes rapporteurs Oct4-GFP (Green Fluorescent Protein) ou
Nanog-GFP ont montrée que les cellules en cours de reprogrammation passaient par un nombre
d'intermédiaires définis avant d'attei dre l' tat pluripote t. L’a al se du tra scriptome et du
prot ome des MEF e cours de reprogrammatio , otamme t grâce à des tech i ues d’a al se de
cellule u i ues, o t permis d’ide tifier phases de reprogrammatio : l’i itiatio , la maturatio et la
stabilisation (Figure n°9) (David and Polo, 2014).
1. L’i itiatio
Dura t la phase d’i itiatio , les cellules vo t su ir u e MET, u cha geme t du r thme de
prolif ratio et u e augme tatio de l’expressio des mar ueurs précoces de la pluripotence
(Samavarchi-Tehrani et al., 2010; Polo et al., 2012; Hansson et al., 2012).
37
L’a al se des i term diaires de reprogrammation révèle que les cellules perdent le marqueur Thy1
(ou CD90 ; marqueur exprimé par les fibroblastes) ainsi que le marqueur CD44 au profit de SSEA1
(marqueur des ESC murines) et de la phosphatase alcaline (Ph.A), durant la première semaine
Bram ri k et al., ; Polo et al., ; O’Malle et al., ). Ces signatures sont associées à une
première vague de changements transcriptionnels globaux qui atteint un pic à environ 3 jours suivant
l’expressio d’OSKM chez les MEF. Ces cha geme ts, e plus de la prolif ratio , sem le t impacter
le métabolisme cellulaire, l’orga isatio du c tos uelette et de multiples processus du
développement (Polo et al., 2012). E outre, plusieurs groupes o t mo tr ue l’ac uisitio de la
r sista ce à l’apoptose et à la se esce ce tait u v eme t pr coce importa t de cette premi re
phase pour le succès de la reprogrammation (Utikal et al., 2009).
Figure n°9 : Phases de la reprogrammation et phénotype associé.
L’expressio de FT m se ch mateux est r prim e avec u e dimi utio de Snail1/2, Zeb1/2 et Slug au
profit de gènes épithéliaux comme Cdh1 (E-cadhérine) et EpCAM (CD326) ainsi que des marqueurs de
pluripotence très précoces comme Fbxo15, Ph.A, de facteurs de la r plicatio de l’ADN Poli, Rfc4),
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de progression du cycle cellulaire (Ccnd1/2) et du stress cellulaire (Cdkn1/2a) (Stadtfeld et al., 2008a;
Mikkelsen et al., 2008; Samavarchi-Tehrani et al., 2010). Des changements similaires sont
o serva les au iveau du prot ome avec l’expressio de prot i es de r gulatio de la pluripote ce
Jarid , Tcf mais aussi des r gulateurs glo aux de la tra scriptio Mediator, RNA Pol II, Nurd…etc.
(Hansson et al., 2012). La phase d’i itiatio est do c d fi ie comme le comme ceme t de la
reprogrammatio jus u’à l’o te tio de l’expressio des premiers mar ueurs associés à la
pluripotence.
Plusieurs exp rie ces o t t r alis es afi de compre dre l’importa ce de la MET da s le processus
de reprogrammatio compris chez l’Homme. L’utilisatio de petits ARN i terf re ts shRNA ; small
hairpin RNA) ciblant les transcrits de l’E-cadhérine ou l’additio de liga ds des r cepteurs du TGF-β
r duise t l’efficacit du processus de reprogrammatio ta dis ue des i hi iteurs des r cepteurs du
TGF-β ou la promotion des miR 302-367 favorisent la MET et donc la reprogrammation (Ichida et al.,
2009; Subramanyam et al., 2011).
Après que la majorité des cellules a pu initier ce processus, seules certaines, notamment certains
intermédiaires SSEA1
+chez la souris ou TRA-1-60
+chez l’Homme, vo t progresser vers la
pluripotence (Buganim et al., 2012; Tanabe et al., 2013). En effet, la majorité des cellules (90-95%)
devient e suite r fractaires et c’est fi aleme t cette tra sitio de la phase d’i itiatio à la phase de
maturation qui est limitant dans le processus de reprogrammation.
2. La maturation
La phase de maturatio est caract ris e par u e p riode de late ce suivie d’u e seco de vague de
changements transcriptionnels et protéomiques durant les jours 9 à 12 chez les MEF en cours de
reprogrammation et où se produit l’apparitio de g es associ s à la pluripote ce et de g es
épidermiques.
Ces cha geme ts co duise t à l’augme tatio de l’expressio de g es des CSP tels ue Fbx015,
Oct4, Sall4 puis Nanog, Esrrb, Nr5a2 et des g es de r po se à l’h poxie (Polo et al., 2012; Hussein et
al., 2014; Mathieu et al., 2014). Il est important de signaler que la plupart de ces cibles sont
également réactivées durant la reprogrammation des fibroblastes humains. De plus, la fin de la phase
de maturatio est mar u e par l’expressio e dog e de Sox2, Dppa4 et l’i itiatio de l’activatio
du réseau de pluripotence endogène (Polo et al., 2012; Golipour et al., 2012; Hussein et al., 2014).
Ces observations ont permis de conclure que le mécanisme de reprogrammation des MEF par les
facteurs OSKM comprenait une phase précoce stochastique durant laquelle plus de 90% des cellules
sont réfractaires et doivent initier les bons changements moléculaires indépendamment du chemin
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emprunté pour les acquérir. Le modèle prévoit ensuite une phase déterministe où les changements
de sig ature s’effectue t de manière « hiérarchique » vers des marqueurs identifiés comme Tbx3,
Nanog ou Esrrb, co duisa t à l’o te tio d’iPSC (Buganim et al., 2013).
Ces changements observés dans les populations Thy1
-/SSEA1
+/Oct4
+en cours de reprogrammation
concordent avec ceux observés dans les populations CD44
-/CD54
+conduisant à la phase de
stabilisation Polo et al., ; O’Malle et al., .
3. La stabilisation
Cette phase d ute ua d les iPSC devie e t i d pe da tes de l’expressio des tra sg es et
englobent tous les changements qui survienne t apr s l’ac uisitio de la pluripote ce. Ces
cha geme ts permette t à la cellule d’ac u rir u tat pluripote t complet, tr s proche de celui des
ESC. Ils comportent notamment la réactivation des deux copies du chromosome X chez les iPSC
femelles (Stadtfeld et al., 2008a), l’ lo gatio des t lom res chromosomi ues jus u’au iveau de
ceux retrouvés dans les ESC (Marion et al., 2009) et la méthylation globale du génome concordant
avec la réactivation des gènes Aid, Tet et Dnmt (Polo et al., 2012).
Lors de cette phase, les cellules vont être amplifiées et analysées pour leur pluripotence. Il est
intéressant de noter que les iPSC humaines doivent être cultivées sur une longue période pour
induire toutes ces modifications épigénétiques et se rapprocher au maximum des ESC. Ces
modifications permettent de réinitialiser la mémoire épigénétique des cellules somatiques de départ.
4. « Cartes routières » identifiées et cinétique
La ature h t rog e et as chro e de la reprogrammatio a co duit à l’ide tificatio de
mar ueurs de surface cellulaire et à l’utilisatio de g es « rapporteurs » pour caractériser des
populations cellulaires à différents temps. En outre, la combinaison de marqueurs de surface positifs
et gatifs permet l’ide tificatio de cellules e cours de reprogrammation et leur sélection pour
deve ir des clo es d’iPSC sta les e carta t ceux ui so t mal reprogramm s. L’ide tificatio de
mar ueurs perti e ts permet d’optimiser la caract risatio tr s lo gue des clo es d’iPSC ava t leur
utilisation.
Les études initiales ayant utilisé des systèmes inductibles à la doxycycline ont montré que
l’expressio d’OSKM i duisait l’expressio de Ph.A ava t SSEA et ava t l’activatio d’Oct4 et Nanog
(Brambrink et al., 2008). Ces der iers g es, forma t le r seau cœur de la pluripote ce o t do c t
utilisés comme système rapporteur. La même année, une autre étude a rapporté une diminution de
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Les analyses transcriptionnelles et protéomiques des populations Thy1/SSEA1/Oct4-GFP ont identifié
les deux vagues majeures d’expressio des g es cit es pr c demme t (Hansson et al., 2012; Polo et
al., 2012). Da s l’ tude de Polo et al., les MEF tra site t de l’ tat i itial Th
+/SSEA1
-/Oct4
-vers un
phénotype Thy1
-/SSEA1
-/Oct4
-durant les 3 premiers jours (Figure n°10). Les cellules qui conservent
une expression Thy1 après le 3
èmejour e so t pas capa les de dimi uer l’expressio des g es
mésenchymateux et deviennent réfractaires à la reprogrammation. Par la suite, les cellules
deviennent Thy1
-/SSEA1
+/Oct4
-jus u’au
èmejour environ puis les cellules acquièrent un phénotype
Thy1
-/SSEA1
+/Oct4
+indiquant un état pluripotent (Polo et al., 2012).
Figure n°10 : « Carte routière » de la reprogrammation de MEF par les facteurs OSKM en système inductible à la doxycycline.
A) Identification basée sur les marqueurs Thy1/SSEA1/Oct4-GFP (Polo et al., 2012). B) Identification basée sur
les marqueurs CD44/ICAM1/Nanog-GFP O’Malle et al., . D’apr s Theunissen and Jaenisch, 2014.
O’Malle et al. se so t i t ress s à l’ tude du mar ueur CD 4 ICAM exprim de ma i re plus
homogène sur les CSP, car certaines cellules SSEA1
+ne devenaient pas iPSC O’Malle et al., .
Ce mar ueur ’est pas exclusif aux fi ro lastes et pour permettre de discrimi er les diff re tes
étapes de la reprogrammation, le marqueur CD44 et le gène rapporteur Nanog-GFP ont été utilisés.
L’i ductio des tra sg es co duit à la tra sitio des fi ro lastes CD44
+/CD54
-en cellules CD44
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ont pu identifier des cellules Nanog
+et Nanog
-et les cellules positives conduisent rapidement vers le
stade iPSC tandis que la cinétique des cellules négatives est plus longue O’Malle et al., .
D’autres mar ueurs du suivi de la reprogrammatio o t t ide tifi s der i reme t, e fo ctio de
la stœchiom trie d’expressio des tra sg es et mo tre t ue des cellules Oct4
High, Klf4
Hightransitent
vers un état partiellement reprogrammé CD73
High, CD104
Highet CD54
low. Les cellules à faible
prolifération (Ki67
low) réacquierent un phénotype « MEF » tandis que celles qui prolifèrent acquièrent
soit un phénotype proche des ESC (Nanog
High,Sox2
High, CD54
High) soit proche du mésendoderme
(Nanog
low, Sox2
low, Lin28
HighCD24
Highet PDGFR-α
High) (Zunder et al., 2015). Enfin, d’autres tudes
mo tre t l’isoleme t d’iPSC humai es ui devie e t totaleme t reprogramm es si elles sont triées
sur la base des marqueurs CD13
-/SSEA4
+/Tra-1-60
+(Kahler et al., 2013) ou CD13
-/SSEA4
+/Tra-1-60
+/RV-RFP (RetroVirus-Red Fluorescent Protein) (Bharathan et al., 2017).
Malgré les controverses entre les différentes études, il reste essentiellement admis que chez
l’Homme, les mar ueurs de pluripote ce de surface SSEA4, TRA-1-60, TRA-1-81 et Ph.A identifiés
seuls e permette t pas d’isoler des clo es d’iPSC sta les. La com i aiso de mar ueurs, i clua t
notamment le CD et le CD44 pourrait le permette mais c’est esse tielleme t l’isoleme t du clo e
et sa culture lo g terme ui permet de s’assurer de l’ide tit des iPSC.
Dans le document
Développement d'un vecteur protéique pour la génération sécurisée de cellules souches pluripotentes induites
(Page 49-54)