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LES PETITS PAQUETS DE FRANCE TÉLÉCOM

Pascale, vous avez certainement chez vous un Minitel et un poste de télévision. Ces deux instruments domestiques concernent l'un la télécommunication, puisque vous pouvez obtenir des informations à distance, l'autre représente le domaine de l'audiovisuel. L'enjeu des prochaines décennies est le mélange de ces deux objets.

C'est vrai qu'ils ont au moins un écran en commun !

L'un vous permet d'interroger les banques de données via le fil du téléphone, l'autre reçoit des images et des sons acheminés par voie hertzienne, c'est-à-dire sous forme d'ondes électromagnétiques qui se propagent en ligne droite à travers l'espace comme la lumière ou bien encore par un câble dans lequel l'information circule sous la forme d'impulsions électriques ou, s'il s'agit de fibres optiques, sous la forme de trains d'ondes lumineuses.

Mais comment peut-on mélanger ces deux activités ?

C'est l'ordinateur, c'est-à-dire l'informatique, qui fait le lien entre l'audiovisuel et les télécommunications, mais pour que ce lien soit effectif, il faut qu'il s'accompagne de l'existence de réseaux à large bande qui permettent l'intégration de services.

Les services potentiels ne sont-ils pas très différents les uns des autres ?

Ils le sont, mais la parole, les images, les listes de données, et les textes ont en commun la possibilité d'être transformés en tableaux de chiffres, donc d'être exprimables en langage binaire facile à transmettre sous la forme d'impulsions électriques ou optiques à travers un réseau. Tous les supports peuvent donc être numérisés. Ce qui change, c'est la densité des informations à transmettre, surtout si on veut le faire en temps réel.

Qu'est ce qui est le plus difficile ?

Ce sont les images, en particulier les images animées, qui demandent de très gros débits. Les spécialistes souhaitent disposer d'un réseau intégrateur qui puisse manipuler tous les types d'information possibles, depuis la réalisation à distance de gros calculs scientifiques jusqu'à la distribution à domicile de films pour enfants et au téléphone.

Est-ce que cela est possible ?

Depuis plus de dix ans, le Centre National d'Etudes des Télécommunications, qui fête ces jours-ci son Cinquantenaire, étudie une technique de transfert d'informations numérisées qui est une technique temporelle asynchrone, l'ATM, pour "asynchronous transfer mode". Elle s'adapte à des débits quelconques jusqu'à des valeurs très élevées.

En quoi consiste-t-elle ?

Il s'agit d'optimiser l'encombrement physique par les impulsions numériques des voies de communication. Pour cela, les données sont fragmentées en paquets, appelés "cellules", qui chacun contiennent des informations sur leur destination finale et qui sont injectés par flux de paquets dans le réseau. Celui-ci les prend en charge et les achemine vers leur destination par les voies disponibles d'une manière qui est indépendante de la nature de la source d'informations. La cellule de base contient 53 octets, elle constitue l'unité de données qui est manipulée par les systèmes de transmission, de multiplexage et de commutation.

Quelles sont les applications ?

France Telecom propose notamment un système expérimental de communication d'entreprise sous ATM baptisé "Sonate". Il permet de transférer des données à haut débit comme on le fait

C'est un outil qui est très utile pour le travail coopératif entre personnes éloignées, dans l'édition par exemple. Elles peuvent communiquer au moyen d'un terminal multimédia qui exploite, parmi d'autres, les possibilités du visiophone. Pascale, le micro-ordinateur personnel, de plus en plus puissant, associé à des réseaux permettant des débits important d'unités d'information, peut révolutionner le travail et le loisir et aussi conduire à une amélioration de nos méthodes éducatives...

Radio Classique 66

LA SPATIOCARTE

Pascale, lorsque l'on voyage dans un pays inconnu, il est souvent utile de se munir d'une carte qui permet d'anticiper ce que l'on va rencontrer sur sa route, carrefours ou montagnes ...

La carte permet aussi de rêver le voyage à l'avance !

En effet, on peut essayer d'imaginer le paysage qui va avec le lacis de traits et de couleurs qui codent la nature des choses sur le terrain, forêts ou autoroutes. La carte est une collection de signes conventionnels qu'il faut apprendre à lire. La carte n'est pas le territoire, elle en est une représentation.

Quel genre d'informations donne alors une carte ?

Elles sont physiques, économiques, culturelles, humaines, administratives. La carte est un outil de travail important Elle permet l'analyse de l'espace pour les travaux publics par exemple, mais aussi, elle transmet des informations, elle permet de découvrir et d'anticiper. Quelquefois, elle est exploitée en direct comme dans le domaine militaire lorsqu'il s'agit de s'appuyer sur les données qu'elle contient pour guider des avions ou des projectiles.

On utilise donc alors la carte d'état major ?

On appelle ainsi la fameuse carte de France au 80000ème établie au siècle dernier, aujourd'hui remplacée par des feuilles au 50000ème ou au 25000ème. Ces documents coûtent cher à établir et demandent plusieurs années de travail. Or, il arrive que l'on soit obligé d'agir d'urgence dans des zones de la planète qui ne sont pas, ou qui sont mal, couvertes par la cartographie alors qu'il faudrait pouvoir se représenter le terrain et disposer de mesures précises.

Que fait-on dans ce cas là ?

On peut aujourd'hui établir ce que l'on appelle une spatiocarte. C'est une carte qui est obtenue à partir d'observations effectuées par des satellites. Ceux-ci appartiennent à deux catégories, d'une part les satellites de navigation qui permettent de positionner avec précision chaque point de la planète par rapport à un système de coordonnées géographiques universelles, et d'autre part, les satellites d'observation qui obtiennent des images de la terre dans les différentes fenêtres du spectre électromagnétique : lumière visible, infrarouge ou domaine micro-ondes du radar.

Mais alors, c'est une photographie ?

Effectivement, la base de la carte est une image, ou une mosaïque d'images, qui est numérisée pour l'impression, mais elle est habillée d'indications du type de celles que l'on trouve sur les cartes normales, courbes de niveau pour restituer le relief, noms de lieux, symbolique conventionnelle, et surtout, grille de repérage numérique géographique dont l'établissement exige souvent de corriger géométriquement l'image brute pour tenir compte des distorsions imposées par les angles de vision des caméras du satellite.

Quels sont les avantages de ce type de carte ?

Elle peut être établie très rapidement et son coût est dix à vingt fois plus faible que celui d'une carte normale. IGN Espace, société créée en 1989 et installée à Ramonville dans la banlieue de Toulouse produit industriellement des spatiocartes à la demande. Elle a préparé 1300 feuillets en 1992. Elle peut en fabriquer aujourd'hui plusieurs par jour. Pendant la crise du Golfe, elle a produit 45 spatiocartes à partir d'images du satellite SPOT et elle est capable, en cas d'urgence, de réaliser 500 exemplaires d'une carte en une dizaine de jours.

Quelles sont les principales difficultés ?

satellite et attendre quelquefois longtemps des conditions météorologiques favorables. Mais aujourd'hui, on peut envisager de coupler les données obtenues par différents capteurs, ceux qui voient à travers les nuages et ceux qui ont besoin d'un ciel clair pour rapporter une observation, et l'informatique peut encore accélérer les délais de fabrication. Pascale, bientôt peut-être, vous partirez en vacances en spatiocarte avec une vision réelle et récente du terrain, comme si vous y étiez déjà !

Radio Classique 67

LE SANDRE

Pascale, vous savez que les questions d'environnement préoccupent de plus en plus à la fois les citoyens et les autorités publiques. Dans ce domaine, le qualitatif, ou l'impression globale, ne suffisent pas ; il faut, pour avoir des certitudes, disposer de données quantitatives.

Et on les obtient, je suppose, par des analyses précises ?

En effet, en ce qui concerne les deux matières premières de base de l'environnement, celles auxquelles nous sommes le plus sensibles, c'est-à-dire, l'air et l'eau, la mesure de la qualité repose sur une surveillance constante. On détermine les concentrations des agents chimiques ou biologiques potentiellement polluants, on fait des mesures physiques comme celle des températures et des mesures hydrodynamiques pour connaître la force des courants. Cela exige beaucoup de méthode parce que les étendues géographiques à couvrir peuvent être grandes et les phénomènes rapides ou transitoires.

Les pouvoirs publics doivent savoir comment traiter ces questions.

En effet, il y a longtemps que des organismes se préoccupent de relever des données utiles à l'analyse de l'évolution de l'environnement. Il y a beaucoup de situations diverses qui font l'objet d'un suivi dûment répertorié dans des banques de données. Au plan national, dans le cas de l'eau, on en trouve par exemple pour les eaux de pluie, pour les débits des rivières, pour la qualité des eaux souterraines, pour les eaux du littoral, et pour le milieu vivant. Mais il y a aussi des banques de données locales, celles des Agences de l'Eau, et des informations collectées par les administrations les plus diverses de la Région à la Commune, voire par des Associations.

On peut donc obtenir facilement des informations ?

Les informations sont très riches, mais elles sont aussi très diverses et se présentent sous des formes différentes voire disparates. Chacun a arrangé son affaire à sa convenance. La question est d'être capable de saisir toutes ces données chiffrées d'une manière globale, unitaire, de façon à pouvoir disposer d'un véritable outil de politique générale pour répondre à la forte demande de la population et des associations.

Comment peut-on faire pour fédérer tout cela ?

L'idée est de créer un langage commun, une norme indispensable aux échanges de données, pour toutes les personnes qui jouent un rôle dans le monde de l'eau. C'est indispensable car de très nombreuses mesures sont faites en France et leur coût global atteint un milliard de francs. Il faut donc gérer au mieux ce patrimoine.

Qui a pris cette initiative ?

L'Office International de l'Eau, domicilié à Limoges, abrite le SANDRE, "Secrétariat d'Administration National des Données Relatives à l'Eau", créé à l'initiative du Ministère de l'Environnement, des six Agences de l'Eau, du Conseil Supérieur de la Pêche et de l'Institut Français de l'Environnement. Le sigle coïncide avec le nom d'un superbe poisson des rivières d'Europe, ce qui donne une coloration poétique à cet effort de normalisation de nos données nationales.

En quoi consiste-t-il ?

Il s'agit de proposer sous un format unique, le format SANDRE, les données relatives aux eaux superficielles, aux eaux potables, aux rejets industriels, aux eaux de baignade, aux problèmes de dépollution, etc... avec des nomenclatures, des normes et des référentiels géographiques, cartographiques, hydrographiques, et hydrogéologiques, communs. Toutes ces informations sont stockées dans une base consultable à distance.

Et qui peut utiliser ces informations ?

d'un flux d'informations diverses, des outils comme SANDRE sont nécessaires pour saisir la complexité, et l'environnement est un bel exemple de système complexe !

Radio Classique 68

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