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UN NOUVEAU COMPOSANT ELECTRONIQUE

Tara, avez-vous remarqué que le compteur qui mesure l'énergie électrique dépensée dans votre habitation possède une petite roue qui tourne lorsque quelque chose est branché ?

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Cet appareil familier est un instrument électromécanique qui convertit la puissance électrique en un mouvement mécanique, lequel actionne un compteur. Il est assez encombrant, et pour savoir combien vous avez consommé, il faut qu'un oeil lise les chiffres du cadran.

Et donc, que la personne chargée de ce travail puisse venir chez moi à une heure où je suis présente !

Oui, d'où l'abondance des relevés "estimés" au moment de la facture. Il serait souhaitable d'avoir d'autres méthodes, par exemple de pouvoir relever les compteurs à distance. Mais pour en arriver là, il faut inventer de nouveaux composants. Un pas important a été récemment réalisé par la société Schlumberger-Recherche à Montrouge en collaboration avec un laboratoire associé au CNRS de l'Université de Montpellier, dans le cadre d'un projet soutenu par le Ministère de la Recherche.

De quel type de composant s'agit-il ?

C'est un microsenseur qui exploite l'effet Hall. Un phénomène qui met en jeu l'interaction entre un champ magnétique et un courant électrique, et dont la mesure permet de déterminer la puissance électrique.

C'est donc sans doute quelque chose qui est connu depuis bien longtemps, où est la nouveauté ? Les chercheurs de Schlumberger et ceux de Montpellier ont réussi à éliminer un problème majeur qui interdisait jusqu'à présent d'exploiter le phénomène de Hall pour ce type de mesure. Le résultat de celle ci dépendait en effet beaucoup des fluctuations de température.

Donc, on n'a plus à craindre, pour la même consommation, des chiffres différents, selon qu'il fait chaud ou froid, que c'est l'été ou l'hiver !

Oui, la solution met en jeu une technologie extrêmement sophistiquée basée sur l'empilement de matériaux assez semblables, alliages d'aluminium, de gallium, d'arsenic et d'indium, mais qui peuvent avoir des propriétés très différentes dans des limites précises de composition chimique.

On les appelle des hétérostructures. On peut fabriquer une couche conductrice de très faible épaisseur, c'est-à-dire quelques couches atomiques, prise en sandwich entre des couches isolantes. Dans ces dispositifs, l'effet Hall est facile à exploiter, il est très peu sensible aux variations de température et il s'agit de cellules de dimensions très réduites.

Donc, encore un nouveau composant petit pour des technologies de plus en plus comprimées ? Oui, les nanotechnologies font disparaître la visibilité des mécanismes de mesure ! Bientôt, ce seront les électrons et les atomes, le jeu des champs électriques et magnétiques, qui fourniront les chiffres qui s'étalent sur nos factures. Après tout, imaginer ce petit monde vif et silencieux au travail, est-il moins poétique que les contemplations un peu bovines de la rotation, inflexible, des cadrans ?

Radio Classique 21 28 Janvier 1994

EL NINO

Tara, vous qui aimez la météo, est-ce que vous pouvez imaginer un lien entre les rivières de France qui débordent et les villes australiennes encerclées par des feux gigantesques dans la fournaise de l'été austral ?

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Le lien pourtant existe, ou plutôt son existence est soupçonnée par les météorologues à cause d'un phénomène dans le Pacifique Sud qui correspond à une inversion du sens du vent et des courants marins dans l'immense espace océanique qui s'étend entre la côte de l'Amérique du Sud et celle de l'Australie.

Et qui fait que de temps en temps, les oiseaux meurent au Pérou !

En effet, les eaux habituellement froides de la côte péruvienne sont périodiquement recouvertes en surface par de l'eau chaude en provenance des zones tropicales situées plus à l'ouest : les poissons disparaissent et les oiseaux qui vivent de la pêche en meurent.

Et l'économie locale en souffre aussi, bien sûr !

Oui, car ce phénomène apporte la misère. On l'appelle El Nino, parce qu'il survient souvent vers Noël. Mais le problème aujourd'hui, c'est qu'il est installé depuis longtemps, il entre dans sa troisième année et on n'en voit pas la fin !

Et quelles en sont les conséquences ?

Et bien, on pense que le climat mondial est affecté : épisodes de froid intense en Amérique du Nord, pluies abondantes en Europe de l'Ouest, sécheresse en Australie, au Nord-est du Brésil et en Afrique du Sud. Les dégâts se chiffrent en milliards de dollars.

Mais, peut-on prédire l'apparition et la durée de ce phénomène qui a des conséquences économiques si importantes?

A la suite du terrible El Nino de 1982-1983, on a réussi à prédire avec succès, un an à l'avance, celui de 1986-1987, puis, le début, en 1991, de l'épisode actuel, mais personne n'avait soupçonné sa durée exceptionnelle. Pourtant, les météorologues travaillent avec acharnement pour construire des modèles de la circulation atmosphérique générale, qu'ils vérifient en simulant les observations météo passées. On espère qu'ainsi éprouvés, ils pourront servir à prédire les grandes tendances du temps à venir. Paul Pettré, chercheur au Centre National de Recherches de Météo France à Toulouse, vient de publier un article dans les Comptes Rendus de l'Académie des Sciences qui compare avec des calculs les mesures de températures faites de 1979 à 1988 en deux points de la Terre Adélie, en Antarctique. On y voit notamment des perturbations sans doute liées à El Nino

du système météo mondial qui permettront de disposer d'outils de prévision suffisamment sensibles pour permettre, dans le futur, de nous avertir à temps des catastrophes économiques potentielles qu'engendrent les jeux planétaires de la pluie et du beau temps.

Radio Classique 22 4 Février 1994

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