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4. Cadre méthodologique

7.2. Perspectives soignantes :

Suite à notre recherche, nous avons découvert plusieurs perspectives soignantes qui peuvent être abordées par l’institution pour aider le soignant face au décès et au retrait thérapeutique. Il y a quelques méthodes, selon nous, qui peuvent être développées. Celles-ci correspondent à la simulation d’accompagnement de la famille, à faire des « pics de rappel » aux anciens.

Simulation d’accompagnement de la famille

Après avoir participé à un module de formation spécialisée et suite à nos entretiens, nous avons constaté que la principale difficulté consistait à accompagner la famille lorsque le retrait thérapeutique est initié. Les participants nous ont expliqué qu’ils avaient de la difficulté à trouver leur positionnement face à la famille.

Néanmoins, nous pensons que s’il y avait des modules permettant aux soignants de travailler des jeux de rôles et d’effectuer des entretiens fictifs, cela leur permettrait de développer des compétences en pouvant fictivement les pratiquer. Nous pensons que ces exercices peuvent peut être un plus dans la formation car ils apportent des notions à la fois théoriques et pratiques, comme cela se fait dans les cas d’une réanimation avec le programme SimulHug24.

24 Programme d’apprentissage équipé d’un mannequin simulateur sophistiquée et situé dans un environnement clinique recréé (Université de Genève, 2009)

131 Pour pallier à cette problématique, une simulation de situation de retrait thérapeutique, avec l’aide d’acteurs, pourrait aider les professionnels de la santé dans cette étape d’accompagnement. Nous savons que l’institution déploie des ateliers de simulation ou il y a également des entretiens, comme l’annonce de la mort ou d’autres thématiques difficiles de la profession, qui sont simulées pour aider le médecin dans la réalité.

De ce fait, nous souhaitions mettre en évidence que les simulations qui visent à améliorer les compétences relationnelles peuvent tout autant contribuer à une meilleure prise en soins ainsi qu’aider l’infirmier pouvant être en difficulté. Elles permettraient aussi au soignant de développer des stratégies afin de ne pas se sentir mal à l’aise, voire dépassé par la situation. Le fait d’effectuer des simulations peut aider le soignant à améliorer sa pratique en lien avec l’accompagnement.

Toutefois ce type de formation exige un financement conséquent, ainsi qu’un nombre d’heures supplémentaires non négligeables, sans pour autant que cela n’influence les autres modules de la formation spécialisée plus en lien avec la physio-pathologie et les actes techniques. Cette solution pourrait également être envisageable lors de formation continue qui se déroule sur trois jours pour tout le personnel infirmier travaillant au sein des HUG.

Pics de rappels aux anciens

En outre, certains participants nous ont signalé que la formation spécialisée était loin derrière eux. Nous pensons donc que faire des rappels sur les différents aspects traités durant la formation spécialisée pourrait les aider à être au clair notamment avec les lois, l’aspect éthique ou les étapes du deuil ainsi que sur les mécanismes de défense que la famille peut manifester lors du retrait. Ou éventuellement d’intensifier les séminaires CHLOE ou de connaître les différentes formations offertes par l’insitution en lien avec l’accompagnement en fin de vie.

Défusing

En outre, une autre démarche pourrait également aider le soignant comme le Défusing. Suite à notre recherche, nous avons compris que la méthode d’analyse de la pratique, une fois par semaine ne correspondait pas aux attentes des professionnelles. Celle-ci impliquait d’être là à une certaine heure, à un certain jour, alors que le retrait thérapeutique est source d’imprévu car la baisse de l’état général du patient inconscient est imprévisible.

132 De plus, les participants nous ont appris qu’après des jours de vacances ou autres absences du service, l’envie d’en parler s’estompait avec un décalage dans le temps.

Nous pensons qu’une des méthodes pouvant être mise en place dans l’unité des soins intensifs serait le défusing directement après le retrait thérapeutique. Nous avons eu contact avec une équipe infirmière qui travaille actuellement sur le sujet et sur les bienfaits de cette méthode au sein de cette unité, ce qui confirme notre suggestion.

« Le défusing est un élément de la prise en charge psychologique inventé par Mitchell. Ceci consisterait à réunir les personnes concernées rapidement après le retrait thérapeutique et permettre à celles-ci de s'exprimer, de lâcher leurs émotions et de partager ce qu'elles ont ressenti. Cela a plusieurs avantages et bénéfices auprès de l’équipe: les personnes peuvent partager ce qu'elles ont ressenti et ainsi ne pas ramener tout ça à la maison, permettre à tous d'avoir la même compréhension de ce qui s'est passé, d'éviter la culpabilité, de renforcer l'esprit d'équipe. » (Communication personnelle [e-mail], 12 juin 2012)

De plus, comme nous l’avons vécue dans notre stage en psychiatrie, après chaque journée de travail, nous prenions le temps de débriefer avec un collègue ou notre infirmier référent sur les événements marquants de la journée. Pour l’avoir vécu, nous pouvons dire que cela est très bénéfique et qu’il contribue à se sentir soulager et permet l’évacuation d’un éventuel stress éprouver durant la journée de travail.

Cette pratique pourrait ainsi aider l’infirmier à mettre en mot ce qu’il ressent, ce que le retrait thérapeutique peut susciter en lui et ainsi cela pourrait aider le professionnel à ne pas banaliser cet acte de fin de vie mais également à ce qu’il ne soit pas une cause de départ des soins intensifs pour une autre unité.

De plus, suite à nos entretiens, nous pensons que cette méthode est appropriée pour le retrait thérapeutique selon les quatre personnes interviewés. L’aide serait aussi instantanée et répondrait au mieux aux différentes attentes de chaque executant du retrait thérapeutique.

Plus pour les professionnels infirmiers

Après avoir effectué ce travail, nous pouvons dire que les notions abordées peuvent être également bénéfiques pour le personnel infirmier qui ne travaille pas forcément aux soins intensifs, néanmoins confronté avec la mort d’un patient.

133 Nous avons parlé de concepts importants comme les mécanismes de défense, les différentes écoles de pensées, les paradigmes infirmiers, les lois et les aspects éthiques, ainsi que du rôle de l’institution. Nous pensons avoir mis en avant de nombreuses informations susceptibles de compléter des savoirs dans la pratique infirmière. Nous n’avons pas trouvé de stratégies particulières propres au faire face à l’acte du retrait, car la singularité de l’être humain fait que chacun s’adapte et fait face comme il le peut. Cependant, nous avons pu présenter certains moyens qui peuvent aider le soignant dans sa pratique, mais également dans sa vie professionnelle car la santé des infirmiers est primordiale afin que les soins prodigués soient de bonne qualité.