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Dans ce chapitre, nous allons aborder les différents paradigmes infirmiers qui influencent la pratique infirmière. Nous pensons qu’il est important de les citer, car ces paradigmes permettent de définir notre rôle, nos pratiques et la conception que nous avons de l’autre, du patient. Ces concepts permettent de mieux guider et d’orienter le soignant dans le processus de soins. De plus, chaque professionnel à sa propre vision de la mort, de la prise en soins ou encore de la santé en fonction du paradigme dans lequel il se trouve.

Un paradigme est une répresentation, une vision que le soignant à de quelque chose, dans notre cas des soins infirmiers. Selon Lévy (1994) qui cite Kuhn, c’est un « … cadre conceptuel général reflétant un ensemble de croyances et de valeurs reconnues par une communauté … et admises comme étant communes à tous les individus dans le groupe ». (Cité par Pepin, Kérouac et Ducharme, 2010, p. 28).

Les trois différents paradigmes infirmiers qui animent la pratique professionnel, correspondent au paradigme de la catégorisation, de l’intégration et de la transformation.

Paradigme de la catégorisation :

Le paradigme de la catégorisation implique le « faire pour ». Il se définit comme étant un concept qui « oriente la pensée vers la recherche d’un facteur causal responsable de la maladie » (Pepin et al., 2010, p. 29). De ce fait, un infirmier de la catégorisation est plutôt orienté vers la pathologie et les traitements. Ici, la maladie est son principal intérêt et le but est son élimination. « La pratique infirmière est axée sur les problèmes de santé, les déficits ou l’incapacité du patient » (Pepin et al., 2010, p. 38).

54 Selon Pepin et al. (2010), dans ce modèle, le patient participera peu, car il est dépendant des soins prodigués par le soignant et ses ressentis seront peu pris en considération. De plus, le soignant divise le corps en phénomènes, en catégories, en classes ou en groupes, ne voyant que ce à quoi il se dédie. Le professionnel réduit l’être humain à des parties afin de mieux étudier chacune d’entre elles.

Paradigme de l’intégration :

Le paradigme de l’intégration quant à lui, « vise le maintien de la santé de la personne dans toutes ses dimensions. Santé physique, mentale et sociale » (Pepin et al., 2010, p. 40). Cet axe, est un prolongement du paradigme de la catégorisation, mais comprend en plus l’ensemble des facteurs environnementaux gravitant autour du patient.

Ce paradigme a permis de former et d’orienter le soignant vers la personne. Selon Pepin et al, (2010), Les actions infirmières ne consistent plus à « faire pour » mais à agir avec le patient dans le but de répondre à ses besoins et à « faire avec ». Son environnement est également une notion fondamentale dans la prise en soins ainsi que l’environnement qui l’entoure.

Le soignant étant dans l’intégration a un rôle actif dans la prise en soins afin d'aider le patient dans sa santé. Il amène le patient à prendre conscience que quelque chose ne va pas. Le professionnel s’attribue un pouvoir sur la santé de la personne, car le patient n’est pas jugé capable de se prendre en soin sans lui.

Paradigme de la transformation :

Le paradigme de la transformation implique l’« être avec ». Il est définit comme étant « un phénomène unique en ce sens qui ne peut jamais ressembler tout à fait à un autre. Certains présentent des similarités, mais ils ne sont jamais identiques. » (Pepin, Kérouac, Ducharme & Major, 2003, p. 20)

Le soignant dans sa fonction, met le patient au centre de la relation et prend en compte ses compétences et ses capacités. Il considère le patient comme étant directeur de ses soins selon le cours de Delajoux (communication personnelle [Polycopié], 6 janvier 2010).

55 Le soignant est en partenariat avec le patient et met à disposition ses ressources professionnelles. Il laisse la liberté au patient de choisir le chemin qui le satisfait et qui lui correspond le mieux. La transformation considère que le patient est un être singulier et est le principal acteur de ses soins. Le professionnel travaillant selon ce paradigme s’intéresse au ressenti du patient et l’implique dans son projet de soin.

Travailler sans faire appel à des concepts ne serait pas envisageable, car même en élaborant des actes techniques, le professionnel s’inspire d’une philosophie de soins, qui anime son savoir-faire. Le prendre soin comprend plusieurs réflexions qui s’apparentent à savoir pourquoi et dans quels buts le soignant prodigue des soins, en tenant compte de toute la complexité de l’être humain et des situations de soins qui en découlent. La connaissance de ces concepts permet au soignant de s’interroger sur le sens qu’ils donnent au soin. En outre, l’infirmier aux soins intensifs a également besoin de savoir travailler en pluridisciplinarité et ces modèles peuvent l’aider dans la collaboration.

En effet, il est important que le professionnel n’impose pas ses propres convictions, mais qu’il accepte et respecte la voie que le patient choisi.

De plus, chaque soignant travaillant aux soins intensifs possède ses propres valeurs. Celles-ci lui sont singulières et peuvent se rejoindre avec des prinCelles-cipes qui sont présents dans les paradigmes infirmiers. Ce sont ses valeurs et ses croyances qui vont influencer ses actions, ses comportements et ses représentations. Cela implique donc du soignant qu’il se connaisse et qu’il identifie ses valeurs, ses croyances, ses représentations. De cette manière, il convient de faire un lien ici, avec le retrait thérapeutique, qui implique chez chaque soignant quelque chose de différent selon le paradigme infirmier qui l’inspire dans sa posture infirmière. C’est selon cette posture que nous adhérons ou pas à certains actes et certaines prises en soins.

Dans les soins intensifs, l’infirmier navigue, dans sa posture professionnelle, entre les trois paradigmes présentés ci-dessus car cela dépend du type de situation rencontrée. Dans le contexte particulier du retrait thérapeutique, nous pouvons imaginer que l’équipe soignante qui se retrouve dans le paradigme de la catégorisation aura plus de difficultés à affronter ce geste, car il sera synonyme de défaite. Les professionnels qui adopteraient l’intégration, auraient la toute puissance et imposeraient cet acte après avoir élaboré toutes les situations. Et les soignants qui se trouvent dans la transformation, prendraient plus en considération la globalité et les différents aspects personnels du patient et accepteraient la volonté et le désir du patient inconscient avant tout, si les circonstances le permettent.

56 Nous pensons qu’un soignant ne peut pas être exclusivement dans un paradigme. Il peut donc se retrouver entre les différents paradigmes à la fois. L’expérience et la capacité à évoluer vers de nouvelles approches contribuent à renforcer le positionnement personnel et professionnel infirmier dans l’approche de certaines situations telle que le retrait thérapeutique.