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CANCER : B-IPQ (BRIEF-ILLNESS PERCEPTION QUESTIONNAIRE)

7.3. PERCEPTION COMPARATIVE DE LA

CHIMIOTHERAPIE ORALE ET IV

La BMQ étant une échelle générale, construite pour être modulable en fonction des traitements, elle semble manquer de spécificité pour capter certaines représentations propres aux chimiothérapies orales. Nous avons donc décidé d’inclure trois questions supplémentaires, bien distinctes de l’échelle. Ces questions abordaient trois points saillants dans la littérature sur la perception de ces traitements. Les deux premiers points reposent sur l’analogie que le patient effectue souvent avec la voie IV, en termes soit d’avantages, soit d’inconvénients. Nous avons, pour chacune des deux questions, proposé quatre possibilités de réponse, que le sujet devait classer (de la plus importante à la moins importante). Les quatre possibilités étaient les perceptions les plus fréquentes notées par les chercheurs sur ce thème et celles jugées saillantes dans notre pratique clinique. Le troisième point explorait la première réaction des patients à l’annonce d’un protocole oral.

Pour chacun des items nous proposons les proportions de réponse pour chaque rang attribué. Ensuite nous présentons les résultats de façon dichotomisée.

186 7.3.1. Perceptions des avantages possibles

Tableau 39 : Classement des avantages perçus de la chimiothérapie orale par rapport à la voie IV pour les patients du groupe po.

Degré d’importance D’accord Plutôt d’accord Plutôt pas d’accord Désaccord

Moins d’effets secondaires 26,9% 26,9% 11,5% 34,6%

Administration plus facile 38.5% 23.1% 23.1% 15.4%

Moins de RDV à l’hôpital 26.9% 34.6% 34.6% 3.8%

Eviter l’insertion d’une chambre implantable

7.7% 11.5% 30.8% 50%

L’avantage cité comme le plus important est celui d’une administration perçue comme plus facile (38,5% des sujets l’ont placée en première position). L’avantage perçu comme le moins important correspond à la dernière proposition « éviter l’insertion d’une chambre implantable ». Enfin, la perception d’une toxicité moindre traduit bien l’ambivalence que l’on retrouve dans la littérature à ce propos. Presque autant de patients classent cette proposition comme étant soit la plus importante, soit la moins importante (n=7 et n=9 respectivement). Globalement, la facilité d’administration et la moindre dépendance à l’univers hospitalier sont perçues comme les deux avantages principaux de la voie per os en comparaison de la voie IV.

187 7.3.2. Perceptions des inconvénients possibles

Tableau 40 : Classement des inconvénients perçus de la chimiothérapie orale par rapport à la voie IV pour les patients du groupe po.

Degré d’importance D’accord Plutôt d’accord Plutôt pas d’accord Désaccord Efficacité réduite 22.7% 40.9% 13.6% 22.7% Difficulté pour prendre

Correctement le traitement

16.7% 25% 37.5% 20.8%

Possibilité que le produit soit mal absorbé par l’organisme et que son activité soit alors réduite

40.9% 27.3% 22.7% 9.1%

Moins de visites à l’hôpital 25% 8.3% 20.8% 45.8%

La crainte la plus intense concerne l’absorption de la molécule. En effet, elle est le désavantage le plus couramment cité (pour 40,9% des sujets). Bien que 22,7% des malades citent l’efficacité réduite comme étant leur crainte première, les scores à cet item et ceux concernant la malabsorption du produit sont proches. La proposition « possibilité que le

produit soit mal absorbé et que son activité soit réduite » renvoie de manière plus indirecte au

manque d’efficacité que la proposition « efficacité réduite », de formulation nettement plus radicale. Les patterns de réponses semblent aller dans ce sens. Quand la formulation est plus indirecte, les malades sont plus nombreux à citer la crainte comme intense (40,9%). Quand la formulation est plus directe, il semble plus difficile pour le malade d’admettre ce manque potentiel d’efficacité, les patients classant alors cette crainte en deuxième position (40,9%). Tout se passe comme si l’item de formulation indirecte (formulation que nous pouvons dire intellectualisée) permettait aux malades de faire part de leur crainte sur l’efficacité de médications orales plus facilement. En effet, dans la littérature, cette crainte est nettement présente et participe grandement à l’ambivalence perçue de ces nouveaux traitements. La crainte d’être inobservant est modérée (elle est classée le plus fréquemment en troisième position). Enfin, la moindre fréquence des visites à l’hôpital est le désavantage perçu le moins intense.

En résumé, ce sont les interrogations sur l’efficacité de ces nouveaux traitements qui dominent.

188 7.3.3. Réaction la plus intense à l’annonce

Tableau 41 : Classement de la réaction la plus intense ressentie au moment de l’introduction de la chimiothérapie orale pour les patients du groupe po

Degré d’importance D’accord Plutôt d’accord Plutôt pas d’accord Désaccord Peur 36.4% 9.1% 13.6% 40.9%

Impression d’être abandonné 0% 27.3% 40.9% 31.8% Impression d’avoir plus de

Liberté

41.7% 16.7% 33.3% 8.3%

Soulagement de ne pas avoir à subir de procédure invasive

25% 45.8% 8.3% 20.8%

La réaction la plus souvent citée est l’impression d’avoir plus de liberté (41,7%), suivie par la peur (36,4%). Cependant, l’on notera que la peur est un sentiment classé dans les extrêmes par nos sujets. Pour autant, le soulagement de ne pas avoir à subir de procédure invasive est la réaction qui est la plus souvent citée en première ou seconde position (70,8%). Cette donnée tranche avec les avantages perçus, 8 malades sur 10 classant la non nécessité d’une pose de port-a-cathéter en troisième ou quatrième position. L’impression d’être abandonné est la réaction la moins fréquente. D’ailleurs, aucun malade ne l’a citée comme étant sa première réaction. Ici aussi, ces résultats vont dans le sens de ceux retrouvés à la question évaluant les désavantages (seul un tiers des malades s’inquiétait d’une moindre fréquence de visites à l’hôpital).

Conclusion

Ces items additionnels nous auront permis de mieux saisir les perceptions spécifiques aux traitements oraux, notamment dans la comparaison, cruciale, avec la voie IV. La moindre dépendance à l’univers hospitalier est la perception dominante dans nos trois questions. Citée comme l’avantage majeur, rarement perçue comme un inconvénient, accompagnée d’un fort sentiment de liberté, sans la contrepartie, toujours crainte, d’un sentiment d’abandon. A contrario, ce sont les interrogations sur l’efficacité du produit qui sont au centre des interrogations des malades. La formulation pourrait être : la voie per os est-elle aussi efficace que la voie IV ? Les réactions semblent être plus difficiles à analyser, avec une importante hétérogénéité dans la répartition des réponses.

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7.4. LA DETRESSE PSYCHOLOGIQUE : LES AFFECTS

ANXIODEPRESSIFS

Outils Groupe per os Groupe IV

Variables socio-démographiques X X Antécédents médicaux X X Historique d’hospitalisations oncologiques X X Evaluation de la consultation d’éducation au traitement X Echelle d’observance

+ mesure de l’observance spécifique X

BMQ (perception des traitements) X X

B-IPQ (perception de la maladie) X X

HADS (affects anxiodépressifs) X X

Objectif : présenter une analyse de la détresse psychologique des malades, via l’échelle HAD, mesurant les affects anxiodépressifs. Décrire donc les qualités psychométriques de la HAD. Présenter ensuite une vue d’ensemble des antécédents psychopathologiques de la totalité de notre échantillon (n=59). Puis proposer une analyse de la détresse psychologique en fonction de grandes catégories nosographiques, que nous pensons adaptées au cancer : trouble de l’adaptation, trouble anxieux et syndrome dépressif notamment. Pour terminer, établir une comparaison sur ces affects de nos deux groupes (per os et IV).

7.4.1. Présentation

L’HADS est une échelle en 14 items crée par Zygmond & Snaith en 1983. Elle est couramment utilisée (pour sa rapidité et facilité de passation notamment) pour mesurer le niveau de détresse psychologique des patients hospitalisés. L’avantage majeur de cette échelle réside dans la prise en compte du chevauchement entre symptômes anxiodépressifs propres et conséquences de la pathologie somatique (on pensera surtout à la fatigue dans le cancer par exemple). L’instrument est utilisé à des fins de recherches bien-sûr, mais aussi comme outil de dépistage de la souffrance psychique à l’hôpital.

Figurent en annexe

190 Il est composé de 14 items, avec quatre possibilités de réponse pour chacun d’entre eux. Les items sont ensuite cotés de 0 à 3. Le score peut théoriquement aller de 0 à 42. L’échelle supporte une structure bidimensionnelle : un facteur « anxiété » et un facteur « dépression ». Des structures à 3 ou 4 facteurs, voire unidimensionnelles ont été proposées. Elle présente d’excellentes propriétés psychométriques. La fiabilité semble un peu plus forte pour la sous-échelle anxiété. Le cut-off habituellement retenu pour évoquer la nature possiblement pathologique d’un état de détresse psychologique est fixé à 8 pour chacune des sous-échelles.

7.4.2. Résultats

7.4.2.1. Procédure de validation.

Nous avons procédé à une ACP via SPSS 20, avec rotation varimax. Notre procédure de validation s’est faite sur notre échantillon de 59 individus. Les coefficients inférieurs à 0,40 n’ont pas été pris en compte.

Tableau 42 : Analyse factorielle en composante principale (ACP) pour la HADS Chute des valeurs

propres Variance avant rotation Variance après rotation Facteur Anxiété 5,15 36,8% 27,9% Facteur Dépression 2,17 15,5% 24,4%