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Contexte – Projet « Paysans & Artisans »

Dans le cas de Paysans & Artisans, le groupement d’employeurs s’inscrit dans un contexte particulier. A l’initiative de quelques citoyens concernés, la coopérative agricole et maraichère Paysans-Artisans est créée en juin 2013 pour promouvoir et faciliter l’accès aux produits des petits producteurs et artisans-transformateurs de communes namuroises.132

129 Le promoteur, Monsieur Naedenoen, a été rencontré le 3 juillet 2017. Le lecteur, Monsieur Neuray, a été rencontré le 21 mars 2018.

130 Période de décembre 2014 à février 2015 où l’auteur a été brièvement en charge du dossier. Période de juillet 2016 à février 2017 lors des négociations de l’assouplissement du cadre législatif à l’initiative du cabinet du Ministre des PME et du Ministre de l’Emploi.

131 Entretien avec la gérante de Paysans & Artisans : 5 avril à Namur. Entretien avec la gérante de Ferm’Emploi le 27 avril 2018.

132 S.P.F. Economie, « Le groupement d’employeurs : un levier pour l’emploi et le développement des PME »,

32 La coopérative fédère aujourd’hui environ 70 producteurs auxquels se sont ajoutés 500 consommateurs-coopérateurs. La coopérative compte plus de 2000 ménages clients et écoule chaque semaine 500 à 700 commandes composées sur internet. Ceux-ci enlèvent leur panier dans un des 16 points de « R’Aliment » et peuvent acheter les produits dans le magasin détenu par la coopérative situé à Namur.133

Outre la coopérative, Paysans & Artisans est composé de 3 autres structures : les ateliers, la coopérative Invest et enfin le Groupement d’employeurs.134 Le projet s’est donné 3 missions. Le groupement d’employeurs a été créé dans le cadre de la deuxième mission. Voici les trois missions de la coopérative :

1. La mise sur le marché des productions de leurs producteurs

La coopérative commercialise tout d’abord dans son propre magasin à Namur uniquement les produits de ses 70 producteurs. Si un manque de produits apparait, les gérants font un appel à leurs propres producteurs pour le combler. Ils jouent également le rôle de grossiste auprès de certains commerces de vente directe à la ferme.

De même, ce rôle de grossiste se fait auprès du secteur horeca (brasserie, restaurant, autres magasins de circuits-courts notamment). Remarquons que P&A a ainsi mis en place un circuit agroalimentaire alternatif complet dans le modèle du circuit court.

2. Ils appuient et soutiennent leurs producteurs

Ils ont à cœur de permettre à leurs producteurs de développer leur exploitation et à créer des synergies entre eux. Ils font donc du soutien administratif (aides européennes, autres démarches administratives, etc.). Ils organisent l’ensemble pour la programmation des cultures saisonnières afin d’éviter des surplus de production une période donnée. Ils cherchent des solutions techniques quand des problèmes se posent.135

C’est dans ce cadre qu’apparait le groupement d’employeurs. Les gérants de Paysans & Artisans sont partis du constat que certains de leurs producteurs ont des besoins modestes mais récurrents (exemple : une personne, 1 jour par semaine). D’autres, notamment les éleveurs, ont une période d’agnelages de 3 mois par an particulièrement pénible pour des éleveurs seuls et

133Ibid.

134 Site internet de Paysans & Artisans, http://www.paysans-artisans.be/page/les-4-structures

135 Lors de l’interview, un exemple est venu illustrer le propos : les éleveurs étaient confrontés à la fermeture d’un abattoir local. Les producteurs ne sachant se tourner vers des alternatives « durables », la coopérative planche sur la possibilité de reprendre un abattoir coopératif qui serait englobé dans la structure « Paysans & Artisans – Ateliers asbl »

33 ont besoin de support pendant cette période. A cela s’ajoute pour les maraichers l’aspect saisonnier où, pendant la récolte ou le repiquage de légumes, le volume de travail augmente considérablement. Les producteurs sont également en phase de croissance. Cela signifie que les besoins en main d’œuvre, considérables dans ce mode de production biologique « artisanal », allaient s’intensifier avec le temps.

Jusqu’alors, les solutions en termes de ressources humaines devaient s’appréhender via le droit du travail existant (ou le travail en noir). Un producteur concerné devait engager sur fonds propres s’il en avait la possibilité, se passer d’un travailleur (ce qui est souvent le cas pour 1 personne / semaine), faire appel au bénévolat de coopérateurs ou de proches volontaires à la tâche ou encore recourir au travail non-déclaré.

De ce constat a découlé l’idée de mutualiser des travailleurs au côté de la coopérative. Il est à noter que la gérante a déjà travaillé sur ce concept au début des années 2000. Elle avait en outre participé à une délégation en France dont l’objet était justement la visite de groupements d’employeurs agricoles paysans.

Avec l’aide du Centre de Ressources pour les Groupements d’Employeurs de Wallonie (CRGEW asbl), ils ont assuré une information documentée auprès de leurs producteurs / artisans intéressés.136 La coopérative a également fait l’état de la nature et la fréquence de main d’œuvre dont les producteurs ont besoin et étudié les modalités de partage envisageables entre ses membres. Le Groupement d’employeurs “Paysans & Artisans” est créé en janvier 2016 par douze producteurs, la coopérative (qui en est membre) et quatre personnes employées.137

Trois nouveaux membres les ont rejoints depuis. Ils sont maintenant quinze utilisateurs (mais quatre sont non utilisateurs effectifs jusqu’à ce jour). Le groupement emploie dix personnes pour un total de 6,85 ETP. Les travailleurs ont de multiples tâches qui peuvent être déclinées dans la coopérative et chez les producteurs. Cela peut donc être le soin aux animaux, la fabrication de jus de fruits, la vente à la ferme ou encore la préparation des commandes… Actuellement, le groupement d’employeurs emploie neuf à dix personnes permanentes tandis que deux personnes sous « article 60 »138 sont employées par la coopérative. Cette dernière qui

136 S.P.F. Economie, « Le groupement d’employeurs : un levier pour l’emploi et le développement des PME »,

Actes du colloque, Op. cit., p. 39

137Ibid.

138 Dans le langage courant, “Article 60” désigne les articles 60, §7 et 61 de la loi du 8 juillet 1976 organique des centres publics d’action sociale:

34 joue le rôle de gérant pour le groupement d’employeurs (Le gérant de la coopérative étant donc celui du groupement).139

3. La sensibilisation

La personne rencontrée dans le cadre de l’entretien m’a plusieurs fois indiqué que tous les acteurs du projet aspirent à « changer de modèle » agricole. Outre les actes posés qui ont pour objectif de sortir du modèle agricole dit conventionnel, les membres de la coopérative organisent des débats, projettent des films et organisent des conférences sur les alternatives agricoles et le modèle de développement durable. Ils sont également reconnus depuis cette année comme entité agréée d’éducation permanente et peuvent dans ce cadre dispenser des formations.