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Chapitre 3 : Portrait socioculturel

3.2 Pays-Bas

Au-delà des paysages bucoliques parsemés de moulins à vent, les Pays-Bas forment une nation moderne et hautement industrialisée. La vaste majorité des 16,7 millions de Néerlandais sont des citadins, les villes les plus importantes étant Amsterdam (capitale), Rotterdam et La Haye (siège du gouvernement). Ces trois villes sont situées dans le Ranstad, conurbation constituant le cœur économique et politique du pays. Le système politique en place depuis 1815 est une monarchie constitutionnelle dans laquelle le pouvoir législatif est détenu par les membres élus des États généraux (parlement).

3.2.1 Particularités géographiques

Le territoire continental des Pays-Bas est enclavé entre l’Allemagne et la Belgique, face à la Mer du Nord. Le pays se trouve à l’embouchure de trois fleuves majeurs en Europe (le Rhin, la Meuse et l’Escaut), ce qui en fait une plaque tournante du transport maritime européen depuis des siècles. Traduction littérale de « Nederland », le nom de Pays-Bas qualifie bien le relief du pays, dont près du tiers est situé sous le niveau de la mer16. Appelés polders, ces territoires gagnés sur la mer subsistent grâce à de vastes systèmes de digues et de drainage. Le Royaume des Pays-Bas comporte également quelques possessions outre-mer dans les Antilles (dont Aruba et Curaçao), vestiges du passé colonial du pays.

3.2.2 L’aménagement du territoire, une nécessité qui forge une mentalité

Par opposition aux Néerlandais qui eux-mêmes sont physiquement très grands17, la superficie des Pays-Bas est relativement petite. Il s’agit d’ailleurs d’une des nations les plus densément peuplées de la planète.18

Depuis le Moyen-âge jusqu’au XXe siècle, cette contrainte d’espace a incité les Néerlandais à agrandir leur territoire en construisant des digues et en asséchant des territoires autrefois immergés.20 La construction et l’entretien des polders, qui nécessite entre autres canaux et systèmes de pompage, ont sans aucun doute contribué au développement d’une expertise néerlandaise dans le domaine du génie hydraulique.

Toutefois, dès les années 1960, la forte croissance de la population a incité le gouvernement à voter la première Loi sur l’aménagement du territoire, dont le but est l’optimisation de l’occupation du territoire. De concert avec cette loi, le Ministère de l’Habitation fut renommé en 1965 ministère de l’Habitation et de l’Aménagement territorial, en raison du haut niveau d’imbrication entre ces deux entités (l’Environnement sera rattaché au ministère en 1982 pour les mêmes raisons). L’une des principales politiques de ce ministère vise à promouvoir la densité en milieu urbain, notamment en donnant une seconde vie aux immeubles désaffectés et en endiguant le développement de banlieues.

Ce faisant, les espaces ruraux en zones périurbaines sont préservés et l’utilisation de l’automobile comme moyen de transport devient moins indispensable, au profit du développement de réseaux de transport en commun performants. Lors de notre séjour aux Pays-Bas, nous avons d’ailleurs pu apprécier l’efficacité de ces réseaux au cours de nos nombreux déplacements, ainsi qu’être témoins des rapides transitions entre zones urbaines et rurales. Dans les régions rurales, l’accent est mis sur la multifonctionnalité des espaces et la protection de l’environnement.21

L’originalité de l’architecture néerlandaise moderne est également un fait marquant de notre passage aux Pays-Bas.

La ville de Rotterdam, presque entièrement reconstruite après la Seconde Guerre mondiale, de même que certains immeubles commerciaux aux environs d’Amsterdam témoignent du goût des Néerlandais pour le design et les concepts avant-gardistes.

Figure 2 : Carte des Pays-Bas19

3.2.3 L’eau, élément central

Perçue à la fois comme une menace et un allié, l’eau est omniprésente aux Pays-Bas. Menace bien entendu à cause des risques d’inondations, fléau qui a sans aucun doute contribué à tisser trois traits de caractère des Néerlandais. Tout d’abord, un esprit de solidarité et de coopération bien tangible lie les habitants, bien conscients de la constante imminence d’une catastrophe.

Conscience environnementale également, les Pays-Bas étant particulièrement vulnérables face aux changements climatiques, responsables de la montée des eaux. De la rivalité avec les forces de la nature résulte finalement l’esprit fonceur des Néerlandais, qui n’hésitent pas à mettre de l’avant des projets ambitieux, parmi lesquels les polders demeurent le meilleur exemple.

En contrepartie, cette ressource naturelle a permis aux habitants des Pays-Bas de devenir des marchands de produits de toutes sortes, qui transitent par les voies maritimes et fluviales qui les entourent. Grâce à cela, ce pays représente aujourd’hui une porte d’entrée dominante de l’Europe. L’histoire des Pays-Bas est d’ailleurs fortement imprégnée de la présence de la mer. Au cours du XVIIe siècle, les commerçants néerlandais établirent des comptoirs et des colonies aux quatre coins du monde. Profitant à la fois d’une supériorité navale et des premiers balbutiements de l’ouverture du commerce mondial, les Pays-Bas devinrent une puissance économique dominante, dont l’esprit est encore intact aujourd’hui. Cette caractéristique leur a permis de développer des compétences dans la gestion des voies maritimes à des fins commerciales et d’attirer les entreprises internationales.

Ce qui fut surnommé le Siècle d’or néerlandais fut également caractérisé par l’épanouissement des arts et par une grande ouverture découlant de la liberté de culte, attirant ainsi érudits et philosophes de tous horizons et transformant les Pays-Bas en centre du savoir.22 Grâce à cette ouverture, de nombreux immigrants se sont installés aux Pays-Bas et ils représentent aujourd’hui 19 % de la population totale.23 Parmi ceux-ci, l’on retrouve notamment des migrants provenant du sud de l’Europe, du Maroc, de la Turquie, des Antilles et des anciennes colonies d’Indonésie et du Suriname.

Cette diversité de population, en plus d’enrichir la culture locale, a pour avantage de fournir une main-d’œuvre variée qui possède des aptitudes uniques telles que la maîtrise de plusieurs langues.

3.2.4 Pionniers de l’Europe

Toutes ces caractéristiques ont prédisposé les Pays-Bas à participer activement à la libéralisation du commerce international qui suivit la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le premier pas fut la création du Benelux (1948), entité économique comprenant également la Belgique et le Luxembourg. Les trois pays du Benelux furent ensuite des membres fondateurs de la Communauté économique européenne (CEE, 1957), et plus tard de l’Union européenne (UE, 1993). Les Pays-Bas participèrent également à l’introduction de l’euro en 1999. L’intégration économique à l’Europe témoigne à la fois de l’esprit coopératif des Néerlandais et de leur fierté, eux qui ont su conserver une forte identité nationale.

Rue achalandée Leidseplein , Amsterdam

Photo prise par Martin Michaud

Vue sur canal, Amsterdam

Photo prise par Martin Michaud

Vue sur canal le soir, Amsterdam

Photo prise par Gregory Dutrieux

Moulins à vent, Kinderdijk

Photo prise par Alexandre Maurice

Architecture originale, Rotterdam

Photo prise par Alain Aubertin

Architecture originale, Rotterdam

Photo prise par Alain Aubertin

4.1 L’agroalimentaire

Cette section couvre les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire au Québec, au Danemark et aux Pays-Bas.

L’agriculture reste un secteur primordial pour une société. Il s’avère un secteur complexe vu les problématiques reliées à l’indépendance alimentaire du pays, à l’occupation du territoire, à une production dépendant des conditions climatiques et aux impacts environnementaux. Chaque zone économique possède la liberté d’appliquer des barrières tarifaires et non-tarifaires au commerce. Conséquemment, il y a encore beaucoup de différences entre les régions du globe.

Les principaux enjeux abordés dans cette section sont les associations de producteurs, les quotas, les produits de niches, les impacts environnementaux et le commerce biologique. Dans un premier temps, une mise en contexte s’impose.

Généralités

L’industrie agricole, telle qu’analysée dans les trois régions à l’étude, regroupe plusieurs points en commun.

Cette industrie est d’abord fortement subventionnée et réglementée par l’État (le gouvernement provincial au Québec et l’Union européenne au Danemark et aux Pays-Bas). De plus, elle révèle un intérêt pour la production

de haute qualité à grande valeur ajoutée, nettement automatisée. Pour ce faire, ces régions possèdent des entreprises innovatrices spécialisées dans la recherche et le développement (alimentaire et agricole).

Certaines caractéristiques semblent toutefois particulières à chacune des régions. Rappelons la situation dans laquelle évolue le Québec. Doté d’un vaste territoire et d’une faible densité de population, il offre de grandes surfaces disponibles à la culture. Situé à proximité des États-Unis, soit un producteur et un consommateur énorme, il subit néanmoins un climat nordique plutôt rude durant les mois d’hiver, rendant l’agriculture assez difficile.

Le Danemark, quant à lui, bénéficie d’une grande densité de population. Il consacre une grande portion de son territoire et de ses efforts dans le secteur agricole, ce dernier représentant 19 % des exportations totales du pays en 200624.

Du côté des Pays-Bas, une proportion de 27 % de son territoire est située au-dessous du niveau de la mer25 , ce qui amène une problématique bien particulière sur le plan de la gestion des crues et des marées. Les terres s’avèrent alors fertiles et irriguées, contribuant à leur qualité. Le tableau ci-bas donne quelques comparaisons générales sur les trois régions étudiées.

Dans le document Rapport final de mission Poly-Monde 2010 (Page 30-33)

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