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LE COMTE D’HABSBOURG. 9l que j’emploie maintenant dans des chasses ou dans

des batailles le cheval qui a porté mon Créateur! Si tu ne veux le garder pour toi-mémé, consacre-le au service de Dieu. Jel’otfre àcelui de quijetiensl’hon-neur des biens terrestres, le corps, l’âme , le souille et la vie.

«- Que le Dieu tout-puissant, qui entend la prière

du pauvre, vous honore dans ce monde et dans

l’autre, comme vous l’honorez; vous étés un

sei-gneur puissant, connu dans toute la Suisse par une conduite chevaleresque; vous avez six belles filles z puissent-elles, ajouta le prêtre avec enthousiasme, apporter six couronnes dans votre maison, et puisse

votre splendeur s’étendre jusqu’aux générations les plus reculées! )l

L’Empereur écoute ce chant la tête penchée et comme s’il songeait au temps passé. En regardant le chanteur, Il comprend le sens intime de ses paroles.

Il reconnaît les traits du prêtre, et cache dans les plis de son manteau de pourpre les larmes qui s’échappent de ses yeux. Tous les assistants le contemplent et re-connaissent en lui le comte qui a rendu cet hommage à la grandeur de Dieu.

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N«-LE GANT

Devant l’arène où les lions doivent combattre est assis le roi Franz. Autour de lui sont les grands per-sonnages de l’Empire, et, sur des balcons élevés, les dames forment une brillante guirlande.

Le roi fait un signe : la retraite des animaux terri-bles s’ouvre; un lion s’avance à pas lents, promène

silencieusement ses regards autour de lui, ouvre la

gueule, secoue sa crinière et s’étend sur le sol.

Le roi fait un second signe : une autre porte s’ou-vre; un tigre sauvage sort par un bond impétueux.

A l’aspect du lion, il mugit, agite sa queue, allonge sa langue, tourne autour du lion en poussant un

som-bre murmure, puis s’étend à ses côtés.

Le roi fait encore un signe : alors la tanière vomit à la fois deux léopards qui s’élancent avec ardeur

sur le tigre. Celui-ci les saisit dans ses griffes puis-santes : le lion se lève en mugissant, puis il se fait un grand silence, et les léopards s’étendent sur le sol al-téré de sang.

LE GANT. 93

En ce moment, du haut du balcon, un gant tombe d’une jolie main entre le tigre et le lion.

La noble Cunégonde se tourne versle chevalier de Larges et lui ditd’un air railleur: a Chevalier, si votre amour est aussi ardent que vous me le jurez à toute heure, allez relever mon gant. »

Le chevalier descend a la hâte, s’avance d’un pas ferme dans l’arène redoutable, et d’une main hardie relève le gant au milieu desvmonstres.

Les chevaliers, les dames le regardent, avec sur-prise et terreur, et lorsqu’il leur apporte paisible-ment le gant, son éloge s’échappe de toutes les bou-ches. Cunégonde l’accueille avec un tendre regard qui lui promet un bonheur prochain. Mais le cheva-lier, lui jetant son gant au visage, lui dit : « Je ne veux point de votre reconnaissance; » et il la quitte

à l’instant.

L’INFANTICIDE

Écoutez : les cloches résonnent d’un son sinistre et l’aiguille de l’horloge achève sa course. Eh bien!

au nom de Dieu, qu’il en soit ainsi! Compagnons du tombeau, allons au supplice. Reçois, 0 monde, mes derniers baisers d’adieu, reçois ces larmes : 0 monde, que tes poisons étaient doux! Nous sommes quittes, a monde, empoisonneur de l’âme l

Adieu, joyeuse lumière du soleil, il faut t’échanger contre une tombe froide. Adieu, délicieux temps des roses, qui si souvent enivres la jeune fille; adieu,

rêves tissus d’or, fantaisies, enfants du paradis étouf-fés, hélas! dans votre germe naissant, pour ne plus jamais reparaître!

Jadis je portais la robe sans tache de l’innocence, des rubans roses, des fleurs ornaient mes blonds che-veux flottants.

Hélas! la victime de l’enfer porte encore la robe blanche; mais un crêpe noir remplace les rubans roses.

L’INFANTICIDE. 95

Pleurez sur moi, vous qui n’avez jamais failli, vous a qui la nature donna, avec la tendresse du cœur, la force héroïque, vous qui voyez encore fleurir le lis de l’innocence. Malheur à moi! mon cœur s’est at-tendri, et l’émotion que j’éprouvai est la hache de mon supplice. Malheur à moi! dans les bras d’un homme parjure la vertu de Louise s’endormit!

Hélas! pendant que je m’en vais vers le tombeau, peut-étre que cet homme au cœur de vipère m’oublie auprès d’une autre, s’égaye à une table de toilette,

joue avec les cheveux de sa nouvelle conquête, et

re-çoit le baiser qu’elle lui donne, tandis que sur l’écha-faud mon sang va jaillir de mon corps mutilé.

Joseph! Joseph! que le chant de mort de Louise te poursuive au loin, que les gémissements de la cloche retentissent comme un avertissement terrible à ton oreille! Qu’ils ouvrent tout à coup une plaie infernale dans les images de la volupté, quand une bouche trop tendre te murmurera des paroles d’a-mour.

Ah! traître, rien n’a pu t’émouvoir, ni les dou-leurs de Louise, ni la honte de la femme, ni l’enfant que je portais dans mon sein, ni l’émotion qui

atten-drit le tigre et le lion.

Son navire s’éloigna fièrement du rivage. Mes regards obscurcis le suivaient. A présent il fait

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