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LE JEU, DE LA VIE

Voulez-vous voir le jeu de la vie, le monde en petit? Je vais vous le montrer. Seulement ne vous avancez pas trop prés. Il faut le regarder de loin à.

la lueur du flambeau de l’amour.

Regardez : le théâtre n’est jamais vide. On apporte un enfant qui vient de uattre. Bientôt l’enfant saute gaiement; puis le voici jeune homme ardent, puis l’homme audacieux qui veut tout entreprendre.

Chacun tente la fortune; mais l’arène est étroite, le char vole, les essieux sont brûlants. Le héros se précipite en avant, le faible reste en arrière, l’or-gueilleux fait une chute ridicule, l’adresse remporte le prix.

Voyez-vous le long des barrières les femmes qui, avec un doux regard, donnent d’une main délicate la couronne aux vainqueurs!

L’AMITIÉ

Ami, celui qui gouverne les êtres nous suffit.

Honte à ces petits penseurs d’école qui observent avec tant d’inquiétude les lois; le monde des esprits et le monde des corps tourne sur ses rouages et arrive a son but. Newton a vu ses mouvements.

Notre guide suprême tient les sphères suspendues a un fil comme des esclaves, et leur trace leur che-min dans le labyrinthe de l’espace. Dans une union fidèle, les esprits s’en vont vers le soleil des esprits, comme les fleuves vers l’Océan.

N’est-ce pas par cette puissante impulsion que nos cœurs se sont rejoints dans l’éternel lien de

l’affec-tion? Raphaël, o bonheur! appuyé sur ton bras, je puis aussi avec joie et courage m’en aller vers le soleil des esprits.

Heureux’que je suis! je t’ai trouvé, je t’ai choisi

entre des millions d’hommes, et entre des millions d’hommes tu m’as appelé ton ami. Laisse le Chaos ébranler ce monde et les atomes s’agiter, nos cœurs fuiront toujours l’un vers l’autre.

L’AMITIÉ. 155

Dans le feu de tes yeux je vois une joie se refléter.

Je me considère en toi avec surprise; par l’amitié qui nous lie, la terre riante me semble plus belle et le ciel plus pur.

La douleur rejette ses anxiétés, essuie ses larmes pour se reposer doucement dans le sein d’un ami, et le ravissement qui nous oppresse s’ensevelit avec ardeur dans les regards éloquents d’un ami.

Si j’étais seul dans la création, je chercherais une âme dans les rochers, je les embrasserais. Je répan-drais mes plaintes dans les airs, et je me réjouirais, pauvre insensé! d’entendre les grottes répondre à mes accents de sympathie.

Dans la haine, nous ne sommes que des corps sans vie; dans l’amour nous sommes des Dieux. Nous aspirons a de rdouces contraintes, et ce besoin cé-leste monte de degré en degré dans l’échelle des êtres et gouverne des esprits sans nombre.

Appuyés l’un sur l’autre, allons sans cesse plus haut, depuis le Mongol jusqu’au Prophète grec qui touche au dernier Séraphin; allons, dans notre mar-che heureuse, jusqu’à ce que l’espace et le tempsse perdent dans l’océan de l’éternelle splendeur.

Le maître du monde, ayant fait son œuvre, sentit un vide; il créa les esprits, heureux miroir de sa

béatitude. Déjà il n’avait aucun semblable; l’empire des âmes étend autour de lui l’infini.

LE COMTE EBERHART DE WURTEMBERG

Vous qui de par le monde faites les fanfarons, sachez que le pays de Souabe a produit aussi maint homme, maint héros, sage dans la paix et fort dans

les combats. -

Glorifiez-vous d’avoir eu Charles, Édouard,

Fré-déric, Louis : le comte Eberhart est pour nous

Charles, Frédéric, Louis, Édouard. C’est une tem-péte dans les combats.

Et son fils Ulrich aimait à se trouver la où l’on entendait le bruit du fer. Ulrich, fils du comte, ne

reculait pas d’une ligne quand on était dans la mêlée.

Les gens de Reutling, jaloux de notre splendeur, - nous gardaient rancune. Ils voulaient avoir la cou-ronne de la victoire, ils se ceignirent les reins et se

risquèrent plus d’une fois dans la danse des épées.

Le comte les attaque et ne remporte pas la victoire;

il s’en retourne chez lui tout confus; le père faisait une triste figure, le jeune guerrier fuyaitla lumière, et des pleurs coulaient de côté et d’autre.

LE COMTE EBERHART DE WURTEMBERG. 157 Cette affaire lui pèse sur le cœur et lui fatigue le cerveau. « Ah! coquins, attendez! u Par la barbe

de son père, il veut réparer cette défaite; il prendra sa revanche sur ceux de Stadtler.

La guerre est déclarée. Les cavaliers en grand nombre se rassemblent près de Doffing, et le jeune

hommea l’âme joyeuse. a Hourra ! n s’écrie-t-il, et l’affaire fut chaude.

La bataille que nous avions perdue devait cette fois nous servir. Le souvenir de cette bataille fait bouillonner notre sang, et nous emporte comme le vent au milieu des lances épaisses.

Le fils du comte, avec une colère de lion, balance son arme de héros; devant lui est le tumulte, der-rière lui les pleurs et les gémissements, autour de lui le tombeau.

Mais, malheur! un coup de sabre lui tombe sur la tête. Auprès de lui les guerriers accourent en toute

hâte; c’est en vain, c’est en vain, son corps se roidit, son regard s’éteint.

La douleur arrête le cours de la victoire; amis et ennemis pleurent a la fois. Mais le comte dit aux chevaliers: a Mon fils n’est pas plus qu’un autre;

marchez à l’ennemi. »

Les lances étincellent, la vengeance excite le

cou-l’a

158 POÉSIES DE SCHH.LER.

rage. La terre est jonchée de cadavres. Les gens de Stadtler courent à droite et à gauche, dans les bois, sur la montagne, dans les vallées.

Au son du cor, nous revenons gaiement dans notre camp. Femmes, enfants dansent, chantent autour de nous et célèbrent, la coupe en main, notre succès.

Mais le comte... que fait-il? Dans sa tente il est

assis seul, en face de son fils mort, et une larme

brille dans ses yeux.

Voilà pourquoi nous sommes fidèlement et de cœur attachés au comte notre seigneur. Lui seul vaut une armée de héros. Il est l’étoile du pays, et

le tonnerre est dans son bras.

Vous donc qui de par le monde faites les fanfa-rons, sachez que le pays de Souabe a produit maint homme et maint héros, sage dans la paix et fort dans

les combats. ’ ’

LES CHEVALIERS

DE L’ORDRE DE SAINT-JEAN

L’armure redoutable de la Croix vous sied amer-veille, lorsque, lions des combats, vous défendez Saint-Jean-d’Acre et Rhodes, lorsque vous conduisez le pèlerin tremblant dans les déserts de la Syrie, et

que vous gardez l’entrée du saint sépulcre avec l’épée

du Chérnbin. Mais le vêtement du simple gardien vous sied encore mieux, lorsque, lions des combats, fils des plus nobles races, vous vous placez près du lit du malade pour présenter la boisson à celui qui

souffre, pour accomplir les plus humbles devoirs de la compassion chrétienne. Religion du Christ, c’est toi seule qui unis dans la même couronne la palme de la force et celle de l’humilité.

ULYSSE

Ulysse a sillonné toutes les ondes pour trouver sa patrie; il a passé par les périls de Scylla et les périls de Charybde, par les écueils d’une mer ennemie et les dangers de la terre. Dans sa course aventureuse, il a pénétré jusqu’au royaume de Pluton. Pendant son

sommeil, sa destinée le conduitsur les rives d’Ithaque:

il s’éveille et le malheureux ne reconnaît pas sa patrie.

LE MARCHAND

Où va ce navire? Il est monté par des Sidonieu’s qui des plages glacées du Nord rapportent l’ambre et l’étain. Sois-lui favorable, Neptune! balancez-le dou-cement, ô vents! qu’il trouve dans une baie hospita-lière des eaux rafraîchissantes! Dieux puissants, le marchand vous appartient; en cherchant à accroître

sa fortune, il travaille à la prospérité générale.

LE METAPHYSICIEN

(K Que le monde est loin de moi, etque les hommes sont petits, vus de cette hauteur! à peine si je les distingue. Mon art, le plus admirable de tous, m’é-lève jusqu’à la voûte du ciel. n Ainsi parle du haut

de sa tour le couvreur de toits; ainsi parle dans son cabinet le superbe métaphysicien. Mon noble petit-maître, dites-moi, cette tour du haut de laquelle vous jetez des regards si dédaigneux, comment a-t-elle été construite? sur quoi repose-t-elle? com-ment ètes-vous arrivé à son sommet, et à quoi sert-elle, si ce n’est a vous ouvrir l’aspect de la vallée?

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