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LES PROBIOTIQUES

VII. Statut juridique des probiotiques 1. Généralités

2. Indications hors AMM

2.5. Pathologies vaginales

Les spécialités utilisées dans les défenses de la flore vaginale sont toutes formulées à base de lactobacilles, ce qui est en accord avec la composition de la flore vaginale [50].

Ces spécialités se présentent soit sous une forme galénique à insérer au niveau vaginal, soit à ingérer par voie orale. Ces formulations par voie orale doivent être capables de maintenir leur intégrité tout le long du tube digestif et délivrer les souches au niveau rectal pour l’ascension et la colonisation du milieu vaginal [142].

Il existe une forme particulière sur le marché français qui se présente comme des tampons périodiques imprégnés de probiotiques (Florgynal®) : malheureusement, aucune étude clinique sur ce dispositif médical n’a pu être apportée par le laboratoire.

Lactobacillus casei rhamnosus Doderleini (Lcr 35) présent dans Gynophilus® a montré

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gélules vaginales dosées à 108 UFC pendant 7 jours puis une gélule par jour pendant 14 jours. En effet, 43.4% des femmes traitées contre 71.1 % des femmes non traitées (p < 0.0001) ont souffert d’une récidive de candidose dans les 6 mois suivant le traitement. Les symptômes lors de la récidive sembleraient atténués chez les femmes traitées par ce probiotique. Les candidoses sont principalement traitées par des antifongiques qui peuvent entraîner des effets indésirables et à long terme une vaginose bactérienne. Les lactobacilles, eux, permettraient d’inhiber la croissance de la levure mais aussi son adhésion à l’épithélium vaginal [143]. Cette même souche a montré un effet bénéfique dans la restauration de la flore vaginale après un traitement antibiotique suite à une vaginose bactérienne [144]. Le taux de récurrence de vaginose bactérienne après quelques mois peut être élevé et ceci est expliqué par le fait que les agents infectieux responsables sont susceptibles de former un biofilm sur lesquels les antibiotiques ont une action minime. Alors, seulement certains lactobacilles tels que L.

reuteri, L. iners et L. crispatus sont capables d’altérer ce biofilm et réduisent donc le risque de

récidive [145]. 2.6. Allergie

Au cours de ces dernières années, une augmentation de la prévalence des maladies allergiques telles que l’asthme, l’eczéma et les rhinites allergiques, a pu être observée [146]. L’idée de l’utilisation de probiotiques dans le traitement des désordres allergiques est basée sur le fait que cette pathologie pourrait être associée à une dysrégulation des réponses lymphocytaires Th1/Th2 vis-à-vis des antigènes exogènes [147]. Les résultats d’une méta-analyse publiée en 2016 incluant 17 essais regroupant 2947 enfants [146] ont montré que l’administration prénatale et post-natale de probiotiques permet de diminuer le risque d’atopie (principalement au sein des familles à haut risque allergique) et le risque d’hypersensibilité alimentaire chez les jeunes enfants. Toutefois, si l’administration est uniquement prénatale ou post-natale, aucun effet bénéfique n’a été observé. Les probiotiques administrés étaient soit une espèce de lactobacille, soit une espèce de bifidobactérie, soit un mélange probiotique. Les auteurs expliquent cet effet par plusieurs mécanismes :

 La supplémentation prénatale de la mère permet un transfert de bactéries bénéfiques à l’enfant lors de l’accouchement. De plus, l’immunomodulation chez la mère ainsi que les

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changements de la composition du lait maternel peuvent être bénéfique à l’enfant en ce qui concerne le développement d’une éventuelle allergie.

 Une supplémentation probiotique précoce au cours de la vie peut moduler la maturation du système immunitaire.

La prévention de l’atopie par les probiotiques serait due à un changement de l’équilibre de la balance lymphocytes Th1/lymphocytes Th2 qui pencherait vers une réponse Th1 et donc une diminution de la sécrétion de cytokines par Th2, telles que l’interleukine IL-4, IL-5 et IL13, ainsi qu’une baisse des immunoglobulines E et une augmentation de la production de protéine C-réactive et d’immunoglobulines A [146].

Un groupe de travail de l’Académie européenne de l’allergie et de l’immunologie clinique a écrit dans ses recommandations qu’aucune preuve ne permet de justifier l’utilisation de probiotiques ou de prébiotiques dans la prévention de l’allergie alimentaire aussi bien chez les enfants que chez les adultes [148]. Toutefois, l’utilisation de laits infantiles hypoallergéniques (du fait de l’hydrolyse des protéines de lait de vache) a montré des preuves significatives chez des enfants à haut risque.

Malgré les quelques preuves publiées dans la presse scientifique et le fait que l’Organisation mondiale de l’allergie recommandent l’utilisation de probiotiques chez les mères et les enfants à haut risque allergique, des travaux de recherche semblent absolument nécessaires afin d’obtenir des preuves de qualité et un niveau de recommandation élevé, et pour déterminer les souches probiotiques nécessaires, leurs dosages et la durée du traitement [146].

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3. Perspectives thérapeutiques

Au cours des dernières années, les données accumulées indiquent que le microbiote intestinal communique avec le système nerveux central, par le biais des voies de signalisations endocriniennes (telles que l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien), neuronales (le nerf vague) et immunitaires (les cytokines), et ainsi influence le fonctionnement du cerveau et le comportement. Ces voies de communication bidirectionnelles entre le système nerveux et l’intestin sont appelés l’axe intestin-microbiote-cerveau [149].

Dans le système nerveux central, le GABA est le principal neurotransmetteur inhibiteur impliqué dans des processus de régulation physiologique et psychologique. Ainsi, l’altération du système GABAergique aurait pour conséquence des troubles psychiatriques liés au stress. Il a été suggéré chez des souris que l’administration de L. rhamnosus peut moduler ce système GABAergique et avoir un effet bénéfique dans le traitement des états anxieux et dépressifs. Toutefois, le mécanisme n’est pas clairement élucidé. Néanmoins, L. rhamnosus participe à la réduction de la production de corticostérone induite par le stress et aux comportements anxieux et dépressifs. De plus, ces effets n’ont pas été identifiés chez des souris ayant subi une vagotomie laissant alors conclure que le nerf vague est la principale voie de communication modulatrice entre les bactéries intestinales et le cerveau [150].

Les probiotiques semblent donc prometteurs dans les troubles anxieux et le stress chronique.

Cependant, il est nécessaire de continuer à rechercher chez l’humain le type de souche, la quantité et la durée d’administration nécessaire [151].

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