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Premiere partie : Helicobacter pylori

IV. PATHOLOGIES INDUITES PAR H. PYLORI :

2. Pathologies extra-digestives

L’organisme peut être particulièrement affecté par une infection chronique à

Helicobacter pylori. Plusieurs études menées établiraient un lien entre

pathologies extra-digestives et l’infection à H.pylori.

Un bon nombre de maladies seraient associées à cette infection comme des maladies auto-immunes, des anémies férriprives, des anomalies métaboliques, des maladies cardio-vasculaires, des troubles dermatologiques et même plus hypothétique, la maladie de Parkinson 78.

2.1 Purpura thrombopénique idiopathique :

Plusieurs études revendiquent l’association entre le purpura thrombopénique idiopathique et l’infection à H.pylori. Le PTI est une pathologie auto-immune

qui se manifeste par une destruction des plaquettes, elle fait intervenir une réponse immunitaire humorale et cellulaire 79.

Des études ont montré que l’éradication d’H.pylori pouvait induire une amélioration du PTI. Dans une étude menée par Goto et al., une femme atteinte de PTI a vu multiplier considérablement son taux de plaquettes par 5 et le taux d’anticorps anti-plaquettes(IgG anti-plaquettes) a chuté après éradication

d’H.pylori.

Le PTI est l’affection extra-digestive la mieux établie en lien avec une infection à H.pylori. Un traitement d’éradication sera alors proposé chez les patients souffrant de cette affection 78.

2.2 Anémie ferriprive inexpliquée :

Au niveau biologique l’anémie ferriprive se manifeste par une diminution de l’Hémoglobine, une microcytose et d’une hypochromie. La pâleur cutanéo-muqueuse, l’hypoxie et la présence d’une asthénie sont les principaux signes cliniques d’une anémie ferriprive.

Helicobacter pylori est reconnue aujourd’hui comme une des causes d’anémie

ferriprive inexpliquée. Une étude effectuée en Italie (Annibale et al.) montre que l’éradication d’H.pylori chez des patients souffrant d’anémie ferriprive était suivie d’une hausse de la sidérémie78.

Une autre étude menée chez un groupe de femmes ayant le même régime alimentaire et les mêmes apports en fer, montre un taux de ferritine sérique plus élevé chez les femmes non infectées que chez les femmes infectées par H.pylori.

2.3 Carence en vitamine B12 :

La carence en vitamine B12 reste assez fréquente dans la population, générale, particulièrement chez le sujet âgé. Cette carence peut entraîner des complications hématologiques et neurologiques. Les origines de cette carence sont nombreuses, dont une infection à Helicobacter pylori.

Les principales sources de la Vitamine B12 sont le poisson et la viande, avec un apport journalier de 5 μg/jour selon la Food and Drug Administration (FDA). Les sécrétions chlorydo-peptiques au niveau gastrique vont hydrolyser la liaison des protéines alimentaires à la vitamine B12. Cette dernière sera alors réabsorbée par le cycle entéro-hépatique à 75%.

Pour rappel la Vitamine B12 joue un rôle primordial dans les tissus à renouvellement rapide comme les cellules de la peau, la muqueuse gastrique, le tissu nerveux et les cellules hématopoïétiques 80.

H.pylori peut être responsable d’une carence en vitamine B12, avec notamment

l’apparition d’une gastrite chronique. Cette bactérie va provoquer une hypochlorhydrie ou une achlorhydrie, entraînant une diminution de la capacité d’absorption de la vitamine B12 au niveau gastrique avec une mauvaise dissociation des protéines alimentaires 81.

2.4 Maladies dermatologiques :

La relation entre les maladies dermatologiques et l’infection à Helicobacter

pylori reste encore peu probable. Mais certaines études font penser qu’une

association entre sclérodermie et H.pylori est possible. En effet une étude menée par Tamaki et Yazawa montre que les patients souffrant de sclérodermie

possédaient une prévalence plus élevée de l’infection à H.pylori que le reste de la population.

Cependant le lien entre la rosacée, qui est une variété acnéique et H.pylori n’a pas été prouvé. Il en est de même pour l’urticaire chronique idiopathique, le lien entre les deux semble lui aussi peu plausible.

L’étude de Tosti et al.(1997) montre une prévalence plus élevée chez les patients souffrant d’alopécie. L’étiologie de l’alopécie reste encore inconnue, malgré cette étude de 1997 qui n’a pas été confirmée par des études plus récentes 78.

2.5 Maladies cardiovasculaires :

Après de nombreuses études menées, le lien entre H.pylori et les maladies cardiovasculaires est possible. En effet H.pylori pourrait intervenir dans la formation de la plaque d’athérome et contribuer à la rupture de cette même plaque. De plus une relation entre infection à H.pylori et augmentation des triglycérides et du cholestérol a été établie lors d’une étude réalisée en Finlande. Une étude de séroprévalence à H.pylori a été effectuée chez 3 groupes à risque d’accidents vasculaires cérébraux. La prévalence de l’infection du 1er groupe était de 71%, puis de 64 et 70,2% respectivement pour le 2ème et 3ème groupe. Il existe donc bien une relation entre H.pylori et Accident Vasculaire Cérébral (AVC) 78.

D’autres affections suspectées en lien avec une infection à H.pylori comme la Maladie de Raynaud et la migraine ont fait l’objet d’études approfondies. Ces hypothèses n’ont pas été vérifiées et sont toujours actuellement en études.

2.6 Maladie d’Alzheimer :

La 1ère cause de démence chez la personne âgée est la maladie d’Alzheimer. L’étiologie de cette maladie neurologique est encore aujourd’hui peu connue mais aujourd’hui H.pylori est soupçonnée d’induire des mécanismes inflammatoires vasculaires et donc jouer un rôle dans cette maladie qui touche le système nerveux.

Deux études (Malaguarnera et al.) ont comparé les taux de CRP, les taux de vitamine B12, d’homocystéine sérique et les taux d’IgG anti-Helicobacter pylori chez 3 groupes de 30 patients. Ces taux sont significativement plus élevés chez le 1er et le 2ème groupe qui représentaient pour le groupe numéro 1 : les patients atteints de démences vasculaires et le groupe numéro 2 : les patients atteints de Maladie d’Alzheimer. Le 3ème groupe lui, qui représente le groupe témoin, présente des taux plus faibles que les 2 premiers groupes.

Ces études permettent de soutenir une possible association entre la maladie d’Alzheimer et Helicobacter pylori. Malgré les résultats encourageants, cette hypothèse mérite davantage de travaux 82.

2.7 Maladies associés hypothétiques :

D’autres pathologies en lien avec une infection à H.pylori sont évoquées mais encore hypothétiques aujourd’hui. Comme le syndrome de Sjorgen, qui est une affection se caractérisant par une sécheresse oculaires mais aussi unesècheresse buccale, a montré un lien dans l’étude menée par Figura et al. Avec présence

d’Helicobacter pylori chez 3 patients sur 4 souffrant de ce syndrome.

Mais Théander et al. ont contredit cette étude en réalisant eux-mêmes une étude sur une cohorte beaucoup plus importante de patients avec pour conclusion une absence de lien entre séroprévalence à H.pylori et le syndrome de Sjogren78. Des pathologies comme le purpura rhumatoïde, des dysthyroïdies, le diabète, les bronchiectasies mais aussi la maladie de Parkinson ont été aussi évoquées en lien avec une infection à H.pylori. Etant une des infections digestives les plus répandues dans le monde, elle peut cohabiter avec bon nombres de pathologies extra-digestives dont la principale cause n’est pas H.pylori.

Des études supplémentaires dans ce domaine sont donc nécessaires pour appuyer et confirmer toutes ces pathologies extra-digestives hypothétiques.

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