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RADIUS ULNA

8.3. Pathogénie des complications

La biomécanique et l’anatomie des membres des chiens toy permettent en partie de comprendre les éventuelles difficultés cicatricielles rencontrées dans ce genre de fracture, mais des interrogations persistent [39, 60].

8.3.1. Instabilité fracturaire

Des problèmes de stabilité se rencontrent après réduction de ces fractures, favorisant les défauts et retards de cicatrisation [19, 22, 33, 34, 39, 59, 60].

La surface de contact des abouts osseux est faible une fois réduits. D’une part, la taille du radius particulièrement petit explique ce phénomène. D’autre part, la configuration de la fracture en est à l’origine. En effet, la surface de coupe est faible sur une fracture transverse ou légèrement oblique. La réduction est de ce fait instable [33, 34, 60].

Les muscles fléchisseurs du carpe et des doigts tendent à empêcher le réalignement anatomique. Ils déplacent caudo-latéralement l’about distal, empêchant le maintien de la réduction [33, 34, 60].

Si une instabilité trop importante demeure au niveau du foyer de fracture, la formation du cal pontant est empêchée. Ce dernier reste au stade fibro-cartilagineux du fait d’une part de l’élongation tissulaire trop grande et d’autre part du cisaillement continuel des capillaires périphériques, et donc d’une PO2 tissulaire trop faible. Le cal est volumineux et richement

vascularisé. Il se forme une pseudarthrose hypertrophique. Si les mouvements sont plus faibles, il se produit un retard de consolidation ou un cal vicieux [27, 31, 36].

8.3.2. Déficience vasculaire chez les chiens de races naines et miniatures

La vascularisation intra et extra-osseuse est faible chez les chiens de races naines et miniatures au niveau du tiers distal du radius. Par voie de conséquence, le potentiel de cicatrisation osseuse l’est aussi [25, 34].

8.3.2.1.Déficience intra-osseuse

WELCH et ses collaborateurs ont démontré qu’une différence dans la vascularisation intra- osseuse existe au niveau de la jonction méta-diaphysaire distale du radius, entre les petits et les grands chiens. Les chiens de petite taille ont une densité et une arborisation vasculaires beaucoup plus limitées au niveau de cette jonction ; la pauvreté des vaisseaux entraînant une diminution dans l’irrigation de cette zone [34, 39, 60].

Normalement, lorsque l’artère nourricière est endommagée, ce qui est le cas dans les fractures, les artères épihysaires sont capables de compenser l’apport sanguin de l’about distal par la création de nouveaux vaisseaux. Or, chez les races naines, ce relais ne peut être effectué totalement à cause de cette faible densité vasculaire, la revascularisation de l’about distal dépendant alors plus fortement de l’artère nourricière [60].

Si la fracture est stabilisée, la restauration de la vascularisation intra-osseuse peut ne mettre qu’une semaine, mais s’il existe un mouvement résiduel, des problèmes de cicatrisation vont se produire [60].

La vascularisation intra-osseuse, quelle que soit la race du chien, est plus importante dans un os en croissance que dans un os mature du fait de l’importance du périoste. Cette différence peut expliquer le taux de complications plus élevé chez les animaux adultes [60].

La néo-vascularisation lors de consolidation osseuse est aussi de nature extra-osseuse. Elle devient même prépondérante en cas de mobilité résiduelle. Les tissus mous en sont à l’origine, et jouent donc un rôle majeur dans la guérison osseuse.

Leur présence étant indispensable, il est important de pratiquer une chirurgie atraumatique, mais parfois la pauvreté du recouvrement est liée à l’anatomie [4].

En effet, la partie distale du radius est une zone où les tissus mous sont limités. A cet endroit se trouvent essentiellement des tendons, éléments moins vascularisés que les muscles. Ainsi, la pauvreté des tissus de recouvrement limite la formation d’une vascularisation extra-osseuse [4, 14, 25, 27, 34, 35].

Durant le délai de reconstruction de l’artère nourricière, cette vascularisation extra-osseuse normalement suppléante, n’est ainsi pas d’une très grande utilité [34].

L’irrigation musculaire et tendineuse est d’autant plus faible que le membre est mis au repos. Une contention externe diminue l’irrigation [9].

En plus du déficit vasculaire inhérent à la localisation, l’abord chirurgical est souvent traumatisant. Les gestes chirurgicaux sont trop amples en proportion de la taille du foyer, les vaisseaux sont coagulés au vu de leur diamètre et non de leur importance [36].

La taille des implants est proportionnellement grande par rapport à la taille de l’os, ils entraînent une gêne à la revascularisation. Les broches intramédullaires peuvent empêcher la reconstruction de l’artère médullaire si elles sont de trop gros diamètre, les vis de même si elles sont trop grosses. La plaque peut freiner la vascularisation extra-osseuse [4, 36].

Tous ces défauts de vascularisation sont à l’origine de pseudarthroses hypotrophiques ou atrophiques, le défaut vasculaire inhibant toute activité ostéoblastique. Le canal médullaire est totalement obstrué, les abouts osseux prennent l’aspect d’un « sucre d’orge », l’os se raréfie [27].

8.3.3. Autres

Des particularités propres au remodelage osseux peuvent aussi être mises en cause.

Chez les chiens de races naines et miniatures, un déclin rapide dans la densité osseuse associé à une non-utilisation du membre existe. Les facteurs influençant les phases du remodelage

osseux doivent avoir une spécificité dans ces races. Des investigations seraient nécessaires pour le confirmer ou l’infirmer [39].

Ainsi, il apparaît essentiel que les fractures, chez les chiens de races naines et miniatures, soient bien réduites, bien stabilisées et peu dévitalisées, afin de diminuer au maximum les éventuelles complications [31, 59, 60].