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ALORS QUE NOUS SOMMES PARTIS POUR RES TER, COMME SOUVENT, JUSQU’À LA TOMBÉE

DE LA NUIT AVEC CE COUCHER DE SOLEIL

EN ARRIÈRE-PLAN DERRIÈRE LA SKYLINE

DE L’AUTRE RIVE, JE COMMENCE PEU À PEU

À OUBLIER L’ATMOSPHÈRE SI SPÉCIAL DE

BERLINER TOR PUISQU’ICI, PAS DE POLO-

NAIS. SI LE CONTRASTE ME FRAPPE, JE

ME RAPPELLE AUSSI CE PARC EN LONGUEUR

QUE NOUS AVONS TRAVERSÉ POUR ARRI-

VER JUSQU’ICI QUI CERTES, NE PROFITE

PAS DE CE CADRE EXTRAORDINAIRE, MAIS

DÉGAGE UNE ATMOSPHÈRE PARTICULIÈRE

PROPRE À SON TRAVAIL PAYSAGER ET SON

ANIMATION CHALEUREUSE. EVIDEMMENT AU

RETOUR, NOUS N’OUBLIERONS PAS DE NOUS

ARRÊTER AU PIED DE CETTE TYROLIENNE

APRÈS UN DERNIER VERRE SUR LANGE REI-

HE, AU CŒUR DE SAINT GEORGES. L’EAU

N’EST PLUS LÀ MAIS L’ENVIRONNEMENT

RESTE AGRÉABLE. »

MATIÈRE À PENSER « SUR LE CHEMIN DU BARBEC’ »

Sur les toits de Sankt Georg, Fig.88

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU DROIT

D'AUTEUR

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Grosse Freiheit de Reeperbahn, Fig.89

Le quartier de Reeperbahn est caractéris- tique de ce contraste entre la ville au premier plan et les quartiers oubliés mais dans un tout autre registre. En effet, ce quartier très populaire et festif bénéficie d’une identité forte en tant que « Las Vegas » hambour- geois, un des symboles de Hambourg, avec ses rues bordées de bars, discothèques, clubs de striptease ou encore vitrines de prosti- tutions. Alors que le succès de ces lieux n’a jamais été emprunté par les aménagements des bords du fleuve qui s’effectuent à sa fron- tière Sud, sa renommée s’accentue même en profitant de l’opposition de style flagrante entre la nouvelle façade de la rive Nord et ce quartier en arrière-plan.

Ainsi Reeperbahn et sa « Grosse Freiheit », la rue aux enseignes lumineuses, affirme leur identité et leur style caractéristique en culti- vant cet esprit de fête qui anime le quartier jour et nuit. La place centrale est sans cesse en mouvement, accueillant chaque année le plus gros marché de Noël de la ville ou des concerts et évènements sportifs. Le contraste avec l’austérité qui règne au pied des nou- velles tours sur les hauteurs du fleuve est marquant et oppose de plus en plus deux quartiers, certes tous deux en perpétuelle évolution, mais dans des trajectoires diamé- tralement opposées.

La contestation qui est née à Hambourg, en réaction aux grands projets de réhabilitation urbaine, a aussi permis à certains quartiers de la ville d’affirmer leur position et de faire savoir leurs valeurs. C’est le cas d’une par- tie de ce quartier de Reeperbahn qui lutte aujourd’hui contre les projets de la ville en dynamisant la vie de quartier avec des acti- vités variées notamment au rez-de-chaus- sée, au contact direct de la rue. Cet espace intermédiaire peine pourtant à se faire une place dans un territoire urbain très dense et animé, cela étant dû au succès des nouveaux aménagements et l’engouement populaire qui touche la zone centrale de Reeperbahn. Certaines zones de la ville sont ainsi étouf- fées par l’attraction urbaine de l’Elbe et même de l’Alster.

Ce n’est pas le cas du Gängeviertel, au cœur de la ville, qui a même su profiter de l’élan insufflé par le mouvement contestataire du « Recht auf Stadt » pour redynamiser le quartier. Auparavant majoritairement as- socié à son patrimoine ouvrier, le « quartier des ruelles » est aujourd’hui touché par une dynamique créative de la part des artistes et urbanistes du mouvement. La nouvelle atmosphère particulière de ce territoire lui a ainsi permis de trouver sa place dans l’évolu- tion actuelle de la ville.

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La ville est attirée par l’eau. Les grands pro- jets urbains colonisent donc la façade litto- rale de Hambourg qui voit des projets archi- tecturaux de grande ampleur s’implanter peu à peu le long du fleuve. Comme nous venons de le voir, les quartiers intermédiaires, mas- qués par ces nouveaux pôles qui focalisent toute l’attention de la ville, développent cependant une dynamique identitaire forte. Certaines zones urbaines s’affirment donc en réaction à cette attraction vers l’eau et main- tiennent une hétérogénéité urbaine indis- pensable à la ville et synonyme d’une bonne qualité de vie pour les habitants. Cependant des doutes et appréhensions apparaissent à propos du devenir esthétique, fonctionnel et social des nouveaux espaces générés par la politique urbaine de la ville. En effet, avec

l’émergence de grands projets aux larges am- bitions, l’image de la ville au bord de l’eau se mondialise et se rapproche des waterfronts qui se développent depuis plusieurs années dans les métropoles mondiales. L’hétéro- généité de la ville paraît alors en danger et l’identité urbaine, qui mise pourtant sur ce rapport étroit avec l’eau, peut avoir tendance à s’effacer au profit d’une vision européenne de la ville et de sa façade littorale.

Il est vrai que la ville de Hambourg a été sé- duite par la restauration urbaine du port de Rotterdam ou des berges de la Tamise dans les années quatre-vingts, cependant elle a toujours misé sur un patrimoine portuaire propre au territoire et lié au passé hanséa- tique de la ville. Cette dernière réflexion est

LES CONSÉQUENCES

SPATIALES DE

L’ ATTRACTION VERS L’EAU

Une hétérogénéité urbaine en danger ?