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I. LE CONTEXTE GEOPOLITIQUE :

I.1. Coopération Sud-Sud :

Le Maroc a eu, de tout temps, des liens étroits et profonds avec les pays du Sud, notamment ceux d’Afrique subsaharienne. Au gré de son ouverture sur le monde, le Maroc a établi des relations de coopération avec les pays du continent dans divers secteurs, en l’occurrence les secteurs clés, qui constituent le pivot de cette coopération, tels que le commerce, la pêche, le transport, l’agriculture, la formation et la santé.

Les préoccupations africaines du Maroc se sont traduites dans les faits, dès les premières années de son indépendance, par l’organisation, en 1960, de la Conférence de Casablanca sous l’égide de Feu S.M. Mohammed V, et qui a pu réunir les principaux leaders africains. Ces démarches ont été couronnées de grands succès et ont débouché sur la création, en 1962 à Addis-Abeba, de l’ex-Organisation de l’Unité Africaine (OUA).

Le Maroc s’est fait, par conséquent, le devoir d’intégrer dans sa politique étrangère la défense des causes africaines. Il s’est également engagé à répondre aux attentes légitimes des peuples du continent à un développement qui répond à leurs attentes et aspirations.

Historiquement, les liens séculaires unissant le Maroc et les pays d’Afrique traduisent son enracinement dans le continent, d’où le devoir de solidarité du Maroc envers ses frères du Sud dans l’effort de développement, comme en témoigne la tenue au Maroc de plusieurs conférences sur le développement de l’Afrique.

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Depuis 1983, le Maroc a renforcé sa place sur le continent, en entretenant des relations politiques exemplaires avec la plupart des pays et en menant une coopération Sud-Sud solidaire et agissante [1].

L’engagement du Maroc en faveur de la coopération Sud-Sud a été exprimé au sommet de l’Etat. Il est traduit par les actions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, depuis son intronisation, pour plaider une solidarité agissante en faveur de l’Afrique subsaharienne.

Sa Majesté le Roi Mohammed VI a ainsi multiplié les déplacements dans plusieurs pays africains, en introduisant à la coopération du Maroc avec les pays africains, un nouvel aspect, celui de la coopération en matière de développement humain, en plus de la coopération sectorielle visant plusieurs domaines.

Le Maroc a pris une série de mesures concrètes en matière d’assistance financière. C’est ainsi que Sa Majesté le Roi Mohammed VI, avait décidé, lors du Sommet Afrique-Europe de 2000, d’annuler l’ensemble de dettes du Maroc envers les Pays africains les Moins Avancés (PMA), et d’offrir un accès en franchise, de droits et hors contingents, à l’essentiel de produits d’exportation en provenance de ces pays. Cette mesure s’est traduite par une augmentation des exportations de ces pays vers le Maroc.

C’est donc convaincu de son intérêt stratégique, que le Maroc a érigé la coopération Sud-Sud, en tant qu’axe principal de sa politique extérieure et s’emploie, par divers moyens, à renforcer cette coopération aux niveaux régional et interrégional.

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C’est dans cet esprit que le Maroc a adhéré, en 2001, à la Communauté des Etats Sahélo Sahariens (CEN-SAD). Le Maroc, également mobilisé pour promouvoir le développement de l’Afrique en plaidant pour un partenariat rénové, a manifesté son soutien au Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) dans tous les forums internationaux, ainsi que pour la promotion des échanges commerciaux dans le cadre de l’Union Economique et Monétaire d’Afrique de l’Ouest (UEMOA).

Sur le plan international, le Maroc ne cesse de plaider et de soutenir la question du développement dans les pays du Sud. C’est ainsi que lors de sa Présidence du Groupe des 77 et la Chine, en 2003, le Maroc a réaffirmé son engagement en faveur de la coopération Sud-Sud, notamment en direction des pays d’Afrique subsaharienne.

Dans ce sens, le Maroc a organisé, en 2007, à Rabat, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la Première Conférence Africaine sur le Développement Humain. Cette Conférence a eu pour objectif de répondre à l’ambition du Maroc de promouvoir un développement humain global équilibré et harmonieux, à travers le renforcement de la coopération Sud-Sud et la mise en œuvre des engagements pris dans divers forums internationaux, notamment ceux liés aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

Dans un discours adressé aux participants à cette Conférence, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a réaffirmé la position du Maroc de placer le développement de la coopération Sud-Sud en tête des priorités de sa politique étrangère, notamment en Afrique.

Les efforts du Maroc pour donner à la coopération Sud-Sud un visage humain et empreint de solidarité, se traduisent par son engagement constant en faveur des causes nobles de la paix et du développement, ainsi que par ses positions solidaires toujours manifestées à l’égard des préoccupations des pays du Sud, et de leurs aspirations au progrès et au bien-être [2].

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I.2. Ouverture du Maroc vers l’Afrique :

Le Maroc n’a cessé depuis son indépendance de réaffirmer son identité africaine en plaçant le continent au cœur de ses choix stratégiques. Il a toujours accordé une importance primordiale au développement de ses relations avec ses confrères africains à travers la consolidation de ses relations politiques et l’établissement de partenariats diversifiés et féconds, fidèle en cela aux liens historiques profonds qu’il entretient avec ses pays.

Aujourd’hui, sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, cette vocation africaine a pris une nouvelle dimension en s’inscrivant dans le cadre d’une vision de long terme qui s’appuie sur les vertus de la coopération Sud-Sud et sur l’impératif du développement humain, dans l’établissement de rapports économiques équitables justes et équilibrés.

Les différentes visites officielles effectuées dans plus d’une douzaine de pays africains et la dernière tournée royale en Afrique, témoignent de l’engagement sincère du Royaume du Maroc en faveur du continent. Un engagement qui embrasse désormais tous les domaines, qu’ils soient politiques, économiques, sociaux, culturels ou spirituels.

Le choix de l’ancrage africain pour notre pays participe d’une logique qui s’accorde avec les reconfigurations actuelles de l’économie mondiale caractérisées par le rattrapage économique des pays émergents et l’évolution vers un système mondial multipolaire ou notre continent est appelé à se positionner en tant que nouveau pôle mondial de croissance.

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Les résultats économiques enregistrés durant la dernière décennie et les bonnes perspectives qui se dessinent, invitent à prendre la juste mesure de la dynamique d’émergence en cours qui prend appui sur des fondations solides et une capacité de résilience remarquable face à la crise économique et financière international [3].

Ces objectifs ne pourrait être atteints sans une coopération Sud-Sud renforcée et la construction d’espaces régionaux qui sont à même de permettre à nos marchés d’atteindre une taille critique, de créer des économies d’échelle et d’opérer ainsi le repositionnement international souhaité [4].

I.3. Le Maroc, carrefour stratégique Nord-Sud :

Grâce à sa stabilité, son histoire et sa position géographique, le Maroc s’impose comme un carrefour Nord-Sud. La position géographique entre l’Afrique et l’Europe fait du pays une plaque tournante du commerce et de l'investissement en Afrique et un acteur clé de la coopération Sud-Sud. Il joue également un rôle primordial dans la stabilisation du continent, actuellement tourmenté par les conflits armés, les crises politiques et l'inclémence de la nature [5].

Par ailleurs, le Maroc souhaite tirer avantage de son emplacement géographique privilégié et de ses relations stratégiques avec ses partenaires commerciaux européens, américains, du Golfe et méditerranéens pour se positionner désormais comme un hub économique et financier vers le continent africain. Plusieurs initiatives en ce sens doivent être citées, et en particulier la mise en place de la plate-forme financière, Casablanca Finance City Authority (CFCA) qui vise à attirer les investisseurs internationaux et à leur fournir une infrastructure et des conditions adaptées leur permettant d’optimiser la

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rentabilité de leurs investissements dans des projets en Afrique du Nord, en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale. A travers ce rôle de facilitateur dans les échanges commerciaux et financiers internationaux, le Maroc met l’accent sur la coopération triangulaire - forme de partenariat innovant et complémentaire de la coopération bilatérale - et s’inscrit dans le cadre d’une coopération à la fois Nord-Sud mais aussi Sud-Sud [6].

Compte tenu des multiples avantages que présente la coopération triangulaire, le Maroc considère que cette forme de partenariat peut constituer un vecteur porteur d’avenir pour le soutien aux efforts de développement des pays d’Afrique subsaharienne. Le Maroc a toujours marqué sa disponibilité à s’investir avec les pays donateurs et les bailleurs de fonds régionaux et internationaux qui sollicitent sa collaboration pour la réalisation de programmes tripartites en faveur des pays d’Afrique subsaharienne [2].

Aujourd’hui, nul ne peut remettre en cause l’engagement du Maroc en faveur du maintien de la paix et de la stabilité en Afrique, et ce grâce à une stratégie basée sur le codéveloppement et l’élément humain.

À l’heure où le monde plonge dans un processus de changements profonds, où les rapports de forces Est-Ouest et Nord-Sud sont en perpétuel mouvement et où les distributions des cartes d’influences se font et se défont, l’intérêt pour l’Afrique devient de plus en plus grandissant. Les puissances internationales se tournent vers l’Afrique comme un relais de croissance économique et une importante source énergétique. Mais pour le Maroc, le regard porté sur l’Afrique est différent, puisque le continent est considéré par le Royaume comme son prolongement géographique et comme une partie de son histoire [5].

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II. MENACE DE LA MALADIE A VIRUS EBOLA :

L’Afrique est depuis quelques années l’objet des convoitises de toutes les puissances de ce monde. En tant que carrefour multiculturel, mais aussi pays en voie d’émergence, le Maroc entend jouer un rôle essentiel dans ce processus [7].

Dans le cadre de sa coopération bilatérale, le Maroc a entrepris des actions afin de développer ses échanges commerciaux et ses investissements dans les pays d’Afrique subsaharienne [8].

Depuis l’annonce de son intention de regagner l’Union africaine (UA) en juillet 2016, le roi du Maroc a multiplié les périples en Afrique, signant pas moins de 113 conventions, mémorandums et accords d’investissement.

En Afrique de l’Ouest, il est difficile de donner un bilan précis du nombre d’accords conclus par Sa Majesté le Roi Mohammed VI depuis le début de son règne. La coopération entre le Maroc et cette partie de l’Afrique, plus ancienne, se fait à tous les étages de l’administration et du patronat [9].

Le fait que l’action diplomatique du Maroc en Afrique soit pour le moment concentrée sur certains pays de l’Afrique peut objectivement se comprendre. Il y a dans la plupart des cas des relations historiques profondes qui justifient l’alliance, comme c’est le cas avec le Sénégal, des relations culturelles, avec la langue et l’influence françaises en partage, mais également des intérêts politiques communs qui ne sauraient être négligés [7].

La solidarité exemplaire du Royaume avec les pays touchés par l’épidémie de maladie à virus Ebola est bien la preuve s’il en fallait de la vigueur des relations entre le Maroc et les pays africains.

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Et le Maroc, alors? Notre pays est la porte de l’Afrique, le hub du continent. Saura-t-il, pourra-t-il échapper à cette épidémie ? Le Maroc est-il réellement prêt en cas d’infection?

Le Maroc a élaboré, depuis l'annonce par l'OMS en mars 2014 de la

flambée épidémique de maladie à virus Ebola dans les pays d'Afrique de l'Ouest,

un plan de veille et de préparation à la riposte contre cette maladie en coordination avec tous les départements et en partenariat avec l'OMS.

Ce plan de préparation revêt plusieurs axes: Hors les précautions relatives à la préparation des laboratoires et des hôpitaux au traitement de cas possibles, les principales mesures se font au niveau des aéroports. Des mesures de contrôles en amont, des mesures dites de veille et de vigilance à bord et au niveau des points d’entrée.

Ce dernier type de mesures comprend, en guise d’exemple, l’obligation de contrôler la température de tous les voyageurs, la mise en place de thermomètre laser permettant de mesurer la température à distance sans être amené à toucher le passager. Un système de traçabilité et de prise de coordonnés des personnes provenant des pays touchés est également appliqué.

La mise en place de ces mesures diminuera certainement le risque de propagation du virus Ebola, mais ne l’éradiquera surtout pas [10]. Cela dit, malgré toutes les mesures préventives mises en place, le risque zéro n’existe pas et le Maroc n’est pas à l’abri d’en voir apparaitre sur son sol [11].

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III. LA STRATEGIE NATIONALE DE VEILLE ET DE

PREPARATION A LA RIPOSTE CONTRE LA MALADIE