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5 E PILOGUE

« La théorie, c’est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c’est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. Ici, nous avons réuni théorie et pratique […] »

Albert Einstein, (1879-1955)

Mon ambition, pour ce dernier chapitre, est de conclure mon mémoire de licence à partir des réponses obtenues grâce à une enquête menée auprès de treize enseignantes et en l'état où se situe l'avancée de l'analyse des données recueillies. Il est à noter qu'avec d'autres croisements de données - en incluant notamment le cycle moyen et la division spécialisée à ma recherche -, avec un travail en équipe - permettant entre autres d’interroger un nombre plus important d’enseignants - et avec plus de temps à disposition, il aurait été possible de parvenir à de nouvelles inférences, à d'autres hypothèses, d'autres questions et sans doute d'autres conclusions. En ce sens, cet épilogue se veut un terme à mon mémoire mais non une fin de la recherche menée, car, selon moi, elle mériterait d’être encore approfondie.

C’est à partir d'une problématique issue de constats de terrain - aussi bien en tant que remplaçante qu’en tant que stagiaire - laissant entendre que la rentrée est un moment clé dans la mise en place d’un fonctionnement de classe favorable aux apprentissages, et laissant ainsi supposer que ce moment est à anticiper « correctement », que je me suis lancée dans l'aventure de cette recherche.

J’ai inscrit mon travail dans le cadre de la recherche qualitative. A cet effet, j’ai délibérément choisi un certain nombre de techniques en raison de leur adéquation avec les objectifs fixés et parce qu’elles me permettraient de déboucher sur des constats, des interprétations et des hypothèses communicables.

Pour une approche plus pertinente de la rentrée, il m’a semblé important de l’appréhender dans sa globalité. Aussi, j’ai abordé l’importance de l’accueil tant des enfants que des parents, de même que l’importance de former un partenariat avec ces derniers. J’ai également parlé de la confiance qui s’installe dans la relation pédagogique et du nécessaire sentiment de sécurité qui l’accompagne. J’ai évoqué la question de l’autorité de l’enseignant qui se doit d’être au clair avec son rôle et la manière de l’endosser. Enfin, j’ai traité la question de la gestion de classe et de la mise en place d’un cadre rassurant pour les élèves, notamment en abordant l’importance d’instaurer des règles de vie ainsi que des rituels.

Afin de rappeler, hic et nunc, ce que je retiens principalement de cette recherche par rapport à l’étude menée à partir d’un échantillon de douze personnes interviewées, je pense revenir sur les différentes observations exposées au fil des « pour faire le point » du chapitre précédent.

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1 T OUR D ’ HORIZON DES « POUR FAIRE LE POINT »

Tout au long de cette recherche, deux questions principales m’ont accompagnées. En effet, je désirais mieux comprendre « en quoi la rentrée est un moment si important de l’année ? Quels en sont les enjeux ? » et « en quoi les années d’expérience jouent un rôle dans la gestion de cette période qu’est la rentrée, où le fonctionnement de la classe se met en place ? ».

Afin de mieux cerner les contours de ces deux interrogations, je les ai déclinées en quatre questions spécifiques qui m’ont, elles aussi, guidées à mesure que la présente recherche avançait. J’ai donc cherché à définir l’importance de la rentrée aux yeux des enseignantes interviewées, de même que leur perception de l’accueil en tout début d’année scolaire. De plus, j’ai voulu dresser un panel des

« ingrédients » indispensables à la mise en place d’un fonctionnement de classe viable, qui favorise les apprentissages des élèves durant l’année scolaire. Parmi les différents « ingrédients » identifiés au préalable, j’ai enfin choisi de centrer plus particulièrement mon attention sur les rituels de vie commune à la classe et de m‘interroger sur leurs bénéfices sur le long terme.

Au moment d’analyser les différentes réponses obtenues durant les douze entretiens de recherche, j’ai dressé des bilans au moyen de tableaux qui synthétisent mes données et j’ai ainsi pu faire des constatations intéressantes. J’entends donc passer ici en revue chacune de ces questions spécifiques, afin de réunir les éléments de réponses obtenus dans un même et seul chapitre.

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1 L’ IMPORTANCE DE LA RENTRÉE

Au moyen des données récoltées et grâce à l’analyse que j’en ai faite, je peux clairement voir que l’accueil est la plus importante préoccupation des enseignantes interrogées. Parce que ce temps de rencontre est fondamental et qu’il s’agit de mettre toutes les chances de son côté pour créer une bonne relation, les enseignantes anticipent ce moment.

Le deuxième paramètre qui ressort est la nécessité de mettre rapidement un cadre en place, la question de la discipline qui est requise pour qu’un groupe puisse coexister faisant partie intégrante de ce cadre qui s’établit. En ce sens, les enseignantes préparent tout pour que le groupe, une fois réuni, puisse vivre harmonieusement, que les élèves soient bien avec leur enseignante et que

Parce qu’il est possible de réfléchir à la manière de prodiguer un accueil de qualité et parce qu’il est possible de s’interroger sur le cadre que l’on veut mettre en place, les enseignantes anticipent ces facteurs plusieurs semaines, voire plusieurs mois à l’avance et préparent avec soin leur

« introduction » de l’année scolaire. De ce fait, de manière générale, toutes les enseignantes interviewées perçoivent la rentrée comme une étape qui requiert du temps. Tant en l’absence des élèves qu’en leur présence.

Une fois l’école commencée, chacune à sa manière, s’octroit entre une semaine et un mois pour donné vie à la dynamique de classe. Ce temps-là fait encore partie de la rentrée, au sens où il a été envisagé. Ainsi, il est possible d’affirmer que la rentrée n’est pas une journée, mais bien un laps de temps plus ou moins conséquent.

En termes d’années d’expérience, la différence qui apparaît est le temps que les enseignantes s’accordent pour que la cohésion du groupe classe se crée. En effet, les enseignantes en tout début de carrière semblent se précipiter un peu plus et disent entrer dans les apprentissages scolaires à proprement parler une à deux semaines après le jour « j » de la rentrée, tandis que les enseignantes plus ou moins expérimentés se donnent plus de temps pour cette période qu’est la rentrée. Elles n’« attaquent » les apprentissages qu’après trois à quatre semaines d’école.

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2 L’ ACCUEIL À LA RENTRÉE

Au moment de recenser les différentes réponses récoltées concernant l’accueil et son importance, sa part émotionnelle saute aux yeux. Aussi bien les élèves que les enseignantes sont sensibles à ce début, cette amorce de la relation pédagogique.

Avec les années, au travers de la pratique, les enseignantes semblent découvrir que ce n’est pas le moment précis de l’accueil qui détermine le tournant que la relation va prendre, mais que c’est plutôt leur posture, leur expertise ainsi que leur compétence qui va conduire la direction que prendra la relation. De ce fait, il est intéressant de constater que la majorité des enseignantes ne considèrent pas ce premier instant comme un moment déterminant, qui figerait la relation. Aussi, il est possible de comprendre qu’il s’agit là d’un processus, de quelque chose qui se construit. Cela étant relevé, il est essentiel de se rappeler que cela n’atténue en rien l’importance d’être accueilli.

En définitive, si l’accueil ne représente pas la rentrée, la rentrée c’est l’accueil.

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3 L ES INGRÉDIENTS ESSENTIELS DE LA RENTRÉE

Ayant pris connaissance des deux questions précédentes et des réponses qu’elles ont générées, il est d’ores et déjà possible d’affirmer que l’accueil est le point crucial de la rentrée. Aussi, lorsque les enseignantes se sont exprimées sur les différents « ingrédients » nécessaires à la préparation d’une

« bonne rentrée » et que l’accueil est apparu comme l’un des éléments primordiaux, je ne m’étonne plus. La mise en place d’un cadre - notamment au travers de rituels - et enfin la préparation du matériel - des élèves et des coins de la classe - sont les deux autres ingrédients fondamentaux à la rentrée.

Au vu des scores obtenus, je perçois la rentrée comme un moment qui se prépare, à l’avance, avec beaucoup de soin, l’essentiel étant d’accueillir les enfants le mieux possible. Toute la préparation du matériel apparaît alors comme un moyen, un outil, afin d’accueillir. Il ne s’agit donc pas de simplement sourire, serrer la main, regarder dans les yeux, mais bel et bien de préparer concrètement une place pour chaque élève. Ainsi, le matériel est-il mis au service de l’accueil.

Quant au cadre, il va se mettre tranquillement en place et va définir la manière qu’aura le groupe de vivre ensemble. La définition des droits et des devoirs de chacun sont ainsi à mettre en place par un système de discipline, sans lequel une classe ne peut fonctionner. En effet, l’institution scolaire ne peut échapper à l’élaboration du « vivre-ensemble » et il est même primordial que les élèves soient impliqués dans l’élaboration de la loi interne à la classe afin qu’ils ne la vivent pas comme une imposition arbitraire de l’enseignant.

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4 Z OOM SUR L ’ INGRÉDIENT « RITUELS »

Si tous les rituels proposés lors de l’entretien et passés en revue dans le cadre de cette recherche apparaissent comme importants, ce sont ceux de « la prise de parole », de « l’entrée en classe » et du « cortège » qui se révèlent fondamentaux. Il est intéressant de relever que ces rituels ne sont pas d’ordre organisationnel. S’il est vrai que les rituels déchargent l’enseignant, rassurent les élèves, donnent des habitudes aux individus ainsi qu’au groupe classe et sont au service de plusieurs apprentissages, je trouve intéressant de constater que ceux auxquels la plus grande importance est accordée sont des rituels qui sont surtout au service des apprentissages de l’ordre du savoir-être. En effet, il s’agit de savoir prendre la parole et d’écouter, de même que de se déplacer d’une manière

« socialement reconnue », c’est-à-dire appropriée et convenable.

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2 M OT DE LA FIN

Parvenue au terme de la rédaction de ce travail, je dois avouer qu’il me tarde de pouvoir mettre en pratique tout ce que j’ai découvert durant cette recherche. Aussi, afin de conclure définitivement, je souhaite faire appel au génie d’Albert Einstein, et lui emprunter ses mots : « La connaissance s’aquiert par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information ».

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Annexes