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Particularités du paiement par mobile

V La percée que représente le mobile

2 Particularités du paiement par mobile

Nous venons de détailler de façon générale quelques-unes des particularités, en termes technologiques et d’usage, que représente la percée de l’avènement du mobile. Nous allons maintenant analyser de manière plus spécifique ce que celui-ci peut mettre en avant dans le contexte du paiement de détail.

i Les capacités du mobile

De même que si le papier et le stylo venaient d’être inventés hier, nous découvririons un formidable potentiel dans l’invention d’un instrument comme le chèque, il est certain que le mobile offre un outil de capture d’une transaction de paiement plein d’intérêts. Ceci explique pourquoi nous avons aujourd’hui un large consensus sur le fait que, d’une manière ou d’une autre, le mobile deviendra certainement un dispositif de paiement privilégié dans de nombreux contextes.

Nous allons néanmoins voir si ces particularités pourraient en faire le support d’un ou plusieurs nouveaux instruments de paiement qui viendrait concurrencer les espèces, les chèques, les cartes ou les virements.

Sans entrer tout de suite dans les aspects techniques des étapes de la transaction de paiement, nous pouvons déjà souligner que le mobile offre l’avantage unique de rendre le payeur accessible et

2011 Financial Breakthroughs - Ver-2011-09-05 - Document sous licence CC-BY-NC-ND Page 30 impliqué dans la capture d’une transaction de paiement, celui-ci peut tout à la fois recevoir des messages en provenance des systèmes du côté payé, effectuer des vérifications (e.g. solde, prix, poste budgétaire) vis-à-vis de ses propres systèmes et participer à un déroulement d’opérations élaborées visant à fiabiliser ou bonifier la transaction en cours de capture.

De plus, le mobile permet d’opérer de nombreux traitements, en local ou en déporté sur un serveur, ce qui permet de renforcer des opérations de sécurité, d’exploiter et enrichir les données spécifiques à la transaction et enfin de présenter une visualisation qui aidera le payeur à prendre les meilleures décisions tout au long des différentes étapes du processus.

Enfin, comme nous insistions sur le potentiel unique du mobile en situation de déplacement, le mobile offre une plateforme complète pour pouvoir offrir un déroulement élaboré, mais néanmoins sans couture, pour certaines situations de paiement (e.g. paiement avec confirmation par mot de passe unique).

ii Les étapes de la transaction de paiement avec un mobile

Nous allons maintenant détailler plus avant les possibilités qu’offre le mobile pour opérer chaque étape dans une transaction de paiement.

a L’identification

Tout débute par l’identification, du payeur, et du payé. Cela correspond en fait à une opération appelé « poignée de main », c’est-à-dire un échange d’identifiant et divers protocoles de

reconnaissance qui conduisent à l’établissement d’une connexion entre le mobile du payeur et le dispositif du payé chargé d’exécuter les opérations de son côté.

Il est à noter que si le mobile ne possède pas forcément d’emblée une solution aussi ergonomique que le geste particulièrement simple d’insérer une carte dans un lecteur, il offre une souplesse qui permet potentiellement d’inventer et de tester de nombreuses solutions à ce problème crucial.

Il est à noter que le problème de la « poignée de main » est au cœur de toutes les attentes

concernant le NFC sur le point de vente. Plus qu’un canal de communication entre les dispositifs du payeur et du payé, le NFC offre une solution a priori élégante dans cette mise en relation initiale. Une fois les identifiants échangés, il suffit à chacun des dispositifs de bénéficier d’une connexion vers le réseau Internet pour pouvoir poursuivre efficacement le reste des échanges entre les deux sur ce réseau largement standardisé.

b L’échange des termes

Une fois la session de transaction établie, le mobile offre une grande souplesse pour pouvoir passer pour l’échange envisagé des termes beaucoup plus riches qu’un dispositif comme la carte bancaire. Il peut également utiliser des données complémentaires pour venir amender ou transformer la

transaction envisagée (e.g. bons de réduction, programme de fidélité, offre promotionnelle complémentaires).

Comme nous le faisions remarquer précédemment, sur le point de vente, la question n’est pas encore tranchée si ces échanges se feront potentiellement sur le réseau Internet, en bénéficiant directement de toutes les normalisations accumulées, ou sur un canal de communication spécifique

2011 Financial Breakthroughs - Ver-2011-09-05 - Document sous licence CC-BY-NC-ND Page 31 comme le serait un échange via NFC. Il paraît néanmoins fort probable que toute la force de

l’Internet, et à la base de son protocole IP, offre un tel champ d’ouverture qu’il paraît fort probable qu’ici encore la solution IP l’emportera sur toutes les alternatives spécifiques.

c L’authentification

Dans l’étape de l’authentification, le mobile possède un véritable avantage. Il commence d’ailleurs à être la solution de référence pour l’implémentation 3D Secure des différentes cartes bancaires lors d’un achat distant. Néanmoins, cette solution qui s’impose pour bénéficier d’un deuxième facteur pour obtenir une authentification forte à deux facteurs (ce que je possède – le mobile, en plus de ce que je sais – mon code, PIN ou de contrôle) est loin d’être sans couture. Le mobile offre en revanche un potentiel immense de mélanger agréablement les 2 facteurs dans un déroulement nettement plus aisé pour le payeur.

d L’approbation

De nouveau, pour l’étape d’approbation, le mobile peut mettre en avant des capacités permettant de très nettement améliorer la sécurité et la bonne exécution lors du règlement de la transaction en cours de capture.

De par sa connexion au réseau Internet, le mobile peut permettre une boucle complète

d’autorisation, où la demande initiée par le dispositif du payé, va pouvoir transiter entre tous les acteurs financiers impliqués, jusqu’au payeur. A chaque étape, la transaction pourra être refusée sur des critères propres à chacun, et bénéficiera d’un sceau ultime avec une autorisation en temps réel donnée finalement par le payeur lui-même. On voit toute la portée dans la conformité qu’apporte un tel circuit dans le processus d’autorisation.

De plus, les capacités de traitement qu’offre le mobile permettent d’imaginer de monter souplement et graduellement, l’ensemble des opérations effectivement faites lors d’une approbation (e.g.

approbation pour le payeur d’un achat fait pour partie au comptant et pour partie à crédit).

e La signature

Concernant l’engagement final du payeur, le mobile n’apparait pas apporter de grandes nouveautés par rapport aux autres dispositifs, si ce n’est l’avantage complémentaire de permettre sans doute d’historiser l’ensemble des engagements de manière un peu plus exploitable que des notes sur des talons de chèques par exemple.

f La confirmation

Finalement, le mobile peut offrir un certain service pour le payeur concernant la confirmation. Celle-ci s’opère le plus souvent par la réception d’un ticket papier sur le point de vente, et éventuellement par la réception d’un message dans un achat en ligne. Le mobile peut offrir au payeur le moyen d’obtenir enfin une confirmation un peu plus standardisée et exploitable. Il n’est pas sûr que cela représente une valeur suffisante pour trouver une équation économique particulière, mais cela participe aux avantages qui aideront la promotion du mobile comme dispositif de paiement par les payeurs.

2011 Financial Breakthroughs - Ver-2011-09-05 - Document sous licence CC-BY-NC-ND Page 32 g Synthèse

Nous pouvons illustrer les nouvelles possibilités apportées par le mobile sur les différentes étapes d’une transaction en illustrant le circuit complet entre les différents acteurs dans un acte de paiement à un marchand. Nous pouvons comparer ce circuit, à celui d’un acte par carte bancaire. Nous avons ainsi illustré en Figure 2 un acte fait sur le point de vente avec une carte bancaire. En Figure 3, nous avons représenté le même acte, mais effectué en distance sur Internet. Enfin, en Figure 4, nous avons résumé les nouveautés qu’offre le paiement par mobile grâce à ses capacités spécifiques, sur le point de vente ou en distant. En réalité, dans le cas du mobile, la grande différence entre les deux contextes se situe principalement au niveau de la « poignée de main » initiale, comment sont échangés les identifiants entre payeur et marchand pour initier la transaction. Une fois la poignée de main établie, les autres étapes sont conceptuellement identiques, même si des critères d’ergonomie peuvent amener à des implémentations éventuellement différentes.

Il est à noter que nous avons illustré un cas de figure à quatre coins, c’est-à-dire impliquant une banque pour le marchand, et une banque pour le client. Il n’y aurait pas de différences

fondamentales si nous étions en fait dans une situation à trois, où un organisme unique, comme American Express, se chargeait de la relation avec le client, et avec le marchand.

Enfin, dans la Figure 3, nous avons illustré une situation où le paiement par carte reposerait sur une implémentation type 3D Secure avec par exemple envoi d’un mot de passe par SMS. Dans beaucoup de situations encore, cette fermeture de la boucle n’existe pas et offre donc un risque de fraude plus important.

Figure 2 : illustration d’une transaction carte bancaire sur le point de vente

Figure 3 : illustration d’une transaction carte bancaire à distance (type 3D Secure)

Figure 4 : illustration d’une transaction mobile

2011 Financial Breakthroughs - Ver-2011-09-05 - Document sous licence CC-BY-NC-ND Page 33 Il est à noter que le circuit implémenté avec un dispositif comme le mobile offre à l’évidence de nombreux intérêts :

 Richesse de l’interaction entre le client et sa banque, permettant d’une part de fermer la boucle de traitement et d’autre part d’offrir de nombreux services complémentaires au client dans l’acte d’achat

 Gestion du jeton d’authentification envoyé par la banque et à remettre au marchand sur un seul dispositif. Par rapport à la rupture de charge du cas distant avec une carte, il y a là une possibilité d’ergonomie très nettement améliorée.

 Parité technologique entre les dispositifs client et marchand. Même si le marchand peut exiger d’avoir une configuration plus spécialisée, et plus ergonomique, les deux dispositifs, client et marchand, peuvent reposer sur le même socle technologique (Internet) et même éventuellement matériel (illustration avec un iPad).

 Autorisation donnée effectivement par le client et confirmation reçue par celui-ci. On voit que grâce à ceci, le mobile permet de boucler de façon plus satisfaisante la capture de la transaction, et de bénéficier des retombées en termes de diminution des risques lors du processus de règlement.

Dans l’ensemble des catégories de transactions pour un paiement de détail, nous venons de détailler les possibilités techniques qu’offre le mobile pour les catégories plus particulières qui consistent en des paiements à des marchands. Grâce aux illustrations précédentes, nous avons pu commencer à apprécier la valeur d’usage que le mobile pouvait offrir dans ces contextes, et ceci plus

particulièrement en comparaison avec des transactions faites par cartes bancaires. Nous allons maintenant analyser plus largement quelle valeur d’usage le mobile peut éventuellement mettre en avant sur l’ensemble des catégories de transactions que nous avons identifiées.

iii La valeur d’usage d’un paiement par mobile

Pour bien apprécier l’impact éventuel du mobile sur chacune des catégories, il faut en fait imaginer la réponse sur le triptyque « équation économique – implémentation technique de la transaction – valeur d’usage » que peut offrir une solution fondée sur le mobile comme instrument de paiement, ou tout au moins comme dispositif de paiement si celui-ci ne servait qu’à dématérialiser un

instrument déjà en place, comme la carte bancaire par exemple.

Nous allons ici essayer de brosser à haut niveau les valeurs d’usage que le mobile peut

éventuellement mettre en avant sur certaines des catégories de transactions. Pour aller plus loin, il faudrait analyser plus en détail ce que cela représente pour chacune des catégories, et descendre au niveau des cas d’usage que l’on peut retrouver dans chacune d’elles. La valeur d’usage du mobile y serait alors plus particulière pour chaque cas. Néanmoins, une vision assez générique pour chacune des catégories nous permet de percevoir déjà certains des points saillants que le mobile peut mettre en avant. Nous ne les détaillerons pas tous, mais les quelques remarques assemblées donne déjà une bonne vue des possibilités offertes.

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Le PV montants moyens Marchand Marchand Clôture du circuit de transaction, cf.

illustration Figure 5 Le PV gros montants Payeur et

marchand

Varie Confirmation temps réel Particulier à particulier

Banque Elimination des chèques P2P en face-à-face gros

Varie Résolution de la question sur la place des virements

Marchand Marchand La sécurisation pour certaines

transactions en ligne et le champ ouvert de l’univers du m-commerce

En ligne gros montants

Tableau 6 : proposition de valeur éventuelle du mobile par catégorie de transactions

Nous voyons que le mobile n’offre pas forcément une réponse particulière pour toutes les catégories et que la valeur, si elle existe, est éventuellement très différente d’une catégorie à l’autre. Ce qui permet de penser que les implémentations techniques, et surtout l’équation économique, seront différentes dans chaque cas de figure. On peut donc imaginer que dans un premier temps on ne verra pas émerger un instrument de paiement utilisant le dispositif mobile, mais plus

vraisemblablement plusieurs instruments de paiement.

Nous avons déjà identifié néanmoins cinq catégories de transactions particulières (point de vente montants moyens, point de vente gros montants, P2P en-à-face montants moyens, P2P distant montants moyens et en ligne petits et moyens montants) où le mobile offre des avantages bien distinctifs par rapport aux instruments existants. Nous allons revenir dans la prochaine partie sur chacune de ces catégories pour évaluer l’impact que l’on peut en déduire.

2011 Financial Breakthroughs - Ver-2011-09-05 - Document sous licence CC-BY-NC-ND Page 35 iv L’équation économique

Comme nous l’avons vu, l’équation économique demande à trouver la difficile solution de

déterminer qui va finalement supporter le coût de la transaction et du règlement, et comment seront rétribués les acteurs financiers qui effectueront les opérations de règlement.

Nous n’avons jusqu’ici que peu parlé du circuit de règlement, mais en abordant la question de l’équation économique on est obligé de distinguer deux situations :

 Soit le nouvel instrument de paiement met en place son propre circuit de règlement, et il doit répondre au défi de trouver le mode de rémunération adéquat pour chaque acteur financier et atteindre rapidement des volumes suffisants pour justifier les frais de mise en place

 Soit il réutilise un instrument de paiement existant pour bénéficier de son circuit de règlement, et il doit trouver une sur-équation économique pour justifier une spécialisation de l’instrument choisi

On voit que le premier point correspond à ce que les cartes bancaires ont réussi à mettre en place, en raffinant et étendant sur plusieurs décennies leur proposition de valeur.

Le second point correspond lui aux stratégies visant à encapsuler les cartes bancaires et à les offrir dans des cas d’usage particulier où peuvent se justifier les marges additionnelles alors nécessaires pour justifier le modèle économique.

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