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La participation à l’organisation d’exposition sur fond de construction européenne

L’analyse vient confirmer ce qui a été révélé plus haut : entre 1980 et le début 1990, la mise en valeur des collections du MAN se fait aussi par le truchement d’autres institutions et d’autres lieux que le château de Saint-Germain-en-Laye. Par exemple, en 1984, un muséobus est aménagé ; il se déplace dans les casernes militaires françaises et présente moulages, photographies, plans, cartes180. La même année, le MAN organise avec le musée de l’Homme une exposition sur les chasseurs de la préhistoire, mais c’est au Trocadéro qu’elle est

180 Réalisé par les conservateurs du MAN, sous les hospices des ministères de la Culture et de la Défense, cf.

76 présentée181. À plus grande échelle, l’exposition a longtemps été un événement en dehors du

musée, qui n’a que tardivement intégré l’exposition temporaire. Ce fut l’œuvre d’Alferd Barr Jr. au MoMA et celle du Centre Pompidou en France182. Si, selon les mêmes auteurs,

l’émergence de l’exposition temporaire en contexte muséal – non plus seulement à l’occasion des Salons, Expositions Universelles, etc. – traduit une « extension du domaine d’action du musée183 », au MAN cet élargissement passe d’abord via des initiatives et contributions extérieures caractérisées par des degrés de participation variables. Quelques exemples attestés dans les archives d’expositions nous permettent d’en dire plus.

Expositions « hors-les-murs » et collaborations franco-allemandes

Les expositions extérieures placées sous le patronage exclusif du MAN, c’est-à-dire des manifestations « hors-les-murs », sont finalement peu nombreuses. Nous entendons par là les cas où le musée est organisateur de l’exposition. Ce sont ses conservateurs qui assurent son commissariat et les équipes techniques participent également au montage. Deux exemples

seulement relèvent de cette catégorie. « À l’aube de la France. La Gaule de Constantin à Childéric184 », présentée du 27

février au 3 mai 1981 au musée du Luxembourg est co-organisée avec le musée de Mayence, la RMN et le concours des services techniques du Sénat et du musée du Louvre. Elle est le fruit des travaux de « nos collègues allemands du musée Romain-germanique de Mayence […] sur cette période commune de l’histoire de nos deux pays, ils ont eu la généreuse initiative de proposer à la DMF de collaborer à la préparation de cette exposition, (en suggérant de la monter successivement à Mayence et à Paris)185. Les quelques 400 objets exposés évoquent la période

transitoire et fondatrice de l’Antiquité tardive, du progressif déclin de l’empire romain jusqu’à l’avènement de la dynastie mérovingienne. L’exposition tourne autour de trois aspects principaux : la civilisation raffinée des derniers romains, le triomphe du Christianisme et l’expansion germanique. Des thèmes tel que le pouvoir impérial dans l’antiquité tardive, l’art et artisanat en Gaule ; les conflits spirituels et l’épanouissement du christianisme ; les contacts avec les Germains, la noblesse sénatoriale et les déférés germaniques la structure. Pour les concepteurs, c’est à une « mise en exergue des principales caractéristiques de ce que sera la

181 Art et civilisations des chasseurs de la préhistoire, du 1er octobre 1984 au 31 décembre 1985. 182 Dufrêne, Glicenstein (dir.), op. cit., p. 8.

183 Ibid.

184 Présentée à Mayence du 29 octobre 1980 au 4 janvier 1981. 185 Catalogue de l’exposition, p. 13-14

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France au moins jusqu’à la Révolution186 ».

L’exposition « Trésors des princes celtes » est présentée aux Grand Palais du 20 octobre 1987 au 15 février 1988. Organisée par la RMN, son contenu est élaboré par trois conservateurs du MAN, Jean-Pierre Mohen, Alain Duval et Christiane Eluère. Elle rassemble vingt ensembles prestigieux des Celtes anciens (VIIIe – Ve siècles avant J.-C.) dont le trésor de la Dame de Vix (Côte-d’or) et celui de Hochdorf (Allemagne). La tombe de Hochdorf tient également une place centrale dans le processus d’organisation de l’exposition, elle est à la base des relations qui se sont construites en amont de sa réalisation entre la France et l’Allemagne. En effet le projet tire son origine d’une autre exposition, « Der Keltenfürst von Hochdorf. Methoden und Ergebnisse

der Landesarchäologie in Baden-Württemberg187 », montée en 1985, à Stuttgart et Cologne, où l’ensemble funéraire était pour la première fois présenté. De cet événement, germe l’idée de faire se rencontrer, à Paris, pour une exposition exceptionnelle, « l’homme de Hochdorf et la Dame de Vix188 », et de la confronter à d’autres ensembles contemporains, provenant de Suisse, du Luxembourg, de l’est de la France, de l’Autriche et d’Allemagne du sud. C’est ainsi que les commissaires du MAN se sont vus activement épaulés par les responsables et scientifiques du Landesmuseum de Stuttgart dans une perspective d’un travail commun franco-allemand189. Ces relations entre la France et l’Allemagne, qui impliquent au plus haut niveau les services de leurs États respectifs – ministères de la Culture et des Affaires étrangères – témoignent par leur contenu des racines culturelles communes qui unissent les deux pays. Sans en faire un lien de cause à effet, il est tout de même indiqué de noter que ces expositions ont comme toile de fond la collaboration florissante entre François Mitterrand et Helmut Kohl. L’archéologie joue un rôle important dans la construction des identités et des récits nationaux. Son discours a pu être instrumentalisé et mis au service des idéologies les plus condamnables190,

mais il contribue aussi au rapprochement des peuples. Il révèle l’ancienneté des contacts, le brassage culturel. Aussi l’exposition d’archéologie est parfois l’instrument du politique ; l’implication du pouvoir politique, son influence sur l’organisation de l’exposition et la nature son contenu varient d’une manifestation à l’autre.

Les deux expositions citées figurent parmi les premières – avec précédemment « L’art

186 Ibid., p. 12.

187 « Le prince celtique de Hochdorf. Méthodes et résultats de l’archéologie des pays de Bade et de Wurtemberg »,

cf. l’article de Vallet, Françoise, « Der Keltenfürst von Hochdorf. Methoden und Ergebnisse der Landesarchäologie in Baden-Württemberg. Landesdenkmalamt Baden-Württemberg », catalogue d'exposition, Bulletin Monumental, tome 144, n°4, 1986, p. 347-348.

188 « Petite histoire de l’exposition « Trésors des princes celtes », dossier de presse, archives MAN. 189 Ibid.

190 Sur ce point, voir par exemple, Olivier, Laurent, Nos ancêtres les Germains : Les archéologues français et

78 précolombien de la Martinique » et « L’art des premiers agriculteurs en Serbie » – où s’engage,

par le biais de l’exposition, un échange des pratiques et des connaissances archéologiques entre les MAN et des musées étrangers. Quand bien même, quelles sont alors les raisons qui pourraient expliquer l’organisation, dans ces années, de deux expositions à l’extérieur du château ? Le musée dispose maintenant, comme il en a été question, d’une pièce adéquate pour les accueillir et les grands travaux sont dans l’ensemble achevés. Est-ce leur ampleur, tant matérielle que symbolique ? Il est possible d’avancer quelques explications. D’abord un nombre trop important d’objets exposés nécessitant la mise à disposition d’un plus vaste espace de présentation. Ensuite la nécessité d’accueillir ces événements, à la portée internationale, au sein d’un pôle d’attractivité, Paris, et non dans un musée excentré. L’objectif se trouverait clairement affirmé d’assurer aux expositions un rayonnement et une fréquentation qui soit à la hauteur de la richesse des collections présentées et des efforts fournis par les prêteurs. Il s’agit de propositions hypothétiques mais il demeure cependant acquis que le MAN a souvent souffert de sa situation géographique, à la fois aux portes de la capitale sans pour autant profiter de son dynamisme et de l’émulation culturelle notamment créée par le foisonnement des musées

parisiens. En dehors de ces questionnements, la fréquence des expositions qui se font témoins et

créateurs de liens institutionnels, scientifiques, politiques va gagner en intensité. Cependant l’implication du MAN passe une fois de plus davantage par l’extérieur, par la participation à différentes expositions qu’il soutient grâce à la participation active de son directeur et des conservateurs mais sans pour autant s’engager de façon régulière dans la réalisation de ses propres manifestations.

Les participations aux commissariats d’exposition

Sans trop entrer dans les détails, il convient néanmoins de se pencher sur l’existence des expositions pour lesquelles, au long des années 1980 et du début 1990, le MAN a apporté son soutien. C’est en effet une période de l’histoire du musée et de ses expositions qui ne peut selon nous être saisie sans un regard porté sur son implication dans la réalisation d’expositions mises en œuvre par d’autres institutions. Son expertise est ainsi régulièrement sollicitée, le musée participe à des événements qui dépasse souvent les frontières de la France et permettent de jauger l’existence de liens tissés avec des musées étrangers, principalement européens. En parallèle, les prêts consentis, dans une partie des cas que nous allons voir, sont importants. Le

79 MAN se pose ainsi comme l’un des principaux « fournisseurs », ce qui accroît dans le cadre des expositions internationales sont rayonnement à l’étranger et sa place de musée central d’archéologie dans le cadre des expositions nationales. Selon le même schéma que les prêts aux expositions, qui émergent bien avant que ne s’affirme la volonté d’exposer temporairement au sein du château, la participation active et récurrente à ces commissariats précède la « normalisation » du phénomène d’expositions organisées par le MAN.

Expositions à la portée internationale

En remontant quelques années en arrière, l’expertise du MAN se trouve déjà sollicitée en la personne de Jean-Pierre Mohen, pour « Or des Scythes. Trésors des musées

soviétiques191 », lequel a pris part à la réalisation de la présentation des objets. Dans la préface de remerciement du catalogue, il est d’ailleurs fait référence aux réaménagements du musée : « la part prise par J.-P. Mohen aux dernières réalisations du Musée des Antiquités nationales, à Saint-Germain-en-Laye, recommandait ce jeune conservateur pour un travail où auraient à se manifester sa culture archéologique, son esprit inventif et son sens incontestable de la muséologie192 ». Avec « Avant les Scythes, préhistoire de l’art en URSS193 », Jean-Pierre Mohen est à nouveau participant actif. Il est cette fois-ci le commissaire et René Joffroy fait partie du comité scientifique. L’exposition donne un panorama allant du paléolithique sibérien au début de l’âge du Fer du Caucase « dont l’évocation offre l’occasion de présenter la plus belle partie du mobilier funéraire recueilli dans cette région, à la fin du siècle dernier, par Ernest Chantre et Jacques de Morgan et déposé au MAN194 ». La diversité des collections du musée

est mise en avant étant donné qu’une centaine d’objets sont prêtés pour l’exposition. L’implication du MAN ne s’arrête pas là puisque le prêt conséquent consenti par le musée de l’Ermitage pour cette exposition implique en retour que soit présentée à Leningrad une rétrospective des antiquités nationales françaises, devant être « procurée par le grand musée de Saint-Germain-en-Laye195 ». Il s’agit d’une nouvelle opportunité de valorisation du patrimoine archéologique français, de même que pour « Or des Scythes », c’est la Joconde qui,

en contrepartie, avait fait une sortie exceptionnelle à Moscou.

191 Présentée du 8 octobre au 21 décembre 1975 aux GNGP.

192 Préface de Pierre Quoniam, directeur du musée du Louvre, catalogue de l’exposition, p. 10. 193 Présentée du 6 février au 30 avril 1979 aux GNGP.

194 Catalogue de l’exposition, préface, n. p. 195 Ibid.

80 L’exposition « Trésors d’Irlande », en 1982196, est organisée dans le cadre de l’accord

culturel entre l’Irlande, et la France par l’AFAA avec le concours de la RMN et sous les auspices du ministère des Affaires étrangères et du ministère de la Culture. Elle illustre l’artisanat et la civilisation des Irlandais, du mésolithique à la fin du Moyen âge. L’exposition vient rappeler « le fondement des relations étroites et amicales qui existent actuellement entre nos deux pays et trouvent leur expression dans notre collaboration quotidienne au sein de la Communauté Européenne197 ». Présentation d’objets isolés, grandes qualités esthétiques selon le catalogue, le parcours suit une progression chronologique. Le seul objet archéologique issu des collections publiques françaises à être présenté est prêté par le MAN (éléments d’une crête de châsse, milieu du VIIIe s.).

« Les celtes » (« I Celti »), exposition monumentale au Palazzo Grassi, à Rome, conçue dans un contexte d’unification européenne et fournissant elle-même, par son discours et son thème, une « ouverture au monde européen de l’Antiquité ». Sept cent soixante-quinze objets et/ou ensembles exposés auxquels ont participé par leurs prêts vingt-quatre institutions de toute l’Europe, dont le MAN. Jean-Pierre Mohen fait partie de son comité d’organisation. Sa présence remonte même à la naissance du projet, il représentait alors l’Institut de France lors d’une réunion à Paris, le 20 juin 1989, qui réunissant, outre l’Institut, les deux autres institutions chargées de réfléchir à la future exposition : le Palazzo Grassi et l’Accademia Nazionale dei Lincei.

Par la suite le personnel du MAN trouve avec « Les Francs, précurseurs de l’Europe » – exposition itinérante dont la présentation à Paris est plus réduite que celle de Mannheim198

une autre occasion de s’exprimer. Il assure la grande partie du commissariat scientifique : Patrick Périn, qui siège aussi au comité d’organisation de l’exposition de Mannheim, Françoise Vallet (conservateur) et Michel Kazanski (chargé de recherche CRNS affilié au MAN). L’exposition participe de la revalorisation des études de l’Antiquité tardive, non plus considérée comme décadente, obscure et désorganisée. Dans une approche déjà récurrente, elle met en évidence « que nous tous Allemands et Français, nous avons en tant qu’Européens des racines et un héritage communs [qui] contribuent ainsi […] à l’approfondissement d’une prise de conscience de l’histoire européenne, qui revêt, selon ma conviction, une importance essentielle pour la poursuite de la construction de l’Europe » ; « C’est en découvrant leurs origines

196 Présentée du 23 octobre 1982 au 17 janvier 1983 aux GNGP.

197 Catalogue de l’exposition, propos liminaire du premier ministre irlandais, n. p.

198 Présentée au Reiss-Museum, Mannheim (8 septembre 1996 - 5 janvier 1997) puis au Museum für Vor- und

81 communes et le formidable modèle de l’intégration légué par les Francs que Français et Allemands pourront nourrir leur attachement à l’Europe qui se construit ». Preuve de ces échanges les prêts arrivent de 48 musées allemands, 40 français, trois suisses, un de Grande- Bretagne, un du Luxembourg et deux des Pays-Bas.

Enfin, l’exposition « Les Vikings…Les Scandinaves et l’Europe 800-1200 », à l’itinérance également internationale, entre 1992 et 1993. Jean-Pierre Mohen fait partie de son comité d’organisation du Conseil de l’Europe ainsi que du commissariat français au même titre que Christiane Eluère et Hélène Chew. Un prêt unique mais prestigieux est concédé, la sépulture viking de l’île de Groix, seule tombe masculine viking connue en France. Les services techniques du MAN ont en outre collaboré au montage de cette présentation au Grand Palais.

Expositions à la portée nationale

En 1983, l’exposition « L’art celtique en Gaule199 », réalisée par la DMF en collaboration avec les villes de Bordeaux, Dijon, Marseille et la RMN, a bénéficié des compétences d’Alain Duval, commissaire général, « initiateur et maître d’œuvre scientifique de l’exposition200 ». L’objectif est de montrer la richesse des collections archéologiques

celtiques des musées de province (ainsi le MAN n’a rien prêté), les 500 objets exposés proviennent des collections de quelques soixante-douze institutions. À défaut d’être prêteur, le rôle du MAN n’est pas amoindri pour autant, il joue cette fois-ci celui de l’administrateur,

orchestrant la réunion des pièces conservées aux quatre coins de la France. Pour l’exposition « L'Europe à l'âge du bronze, 2500-800 avant J.-C. », à l’abbaye de

Daoulas, entre le 13 mai et le 31 aout 1988201, le MAN prend part au comité scientifique202 et

prête des objets. La démarche est remarquable pour l’ampleur de son exhaustivité, il est question de l’habitat, de la métallurgie, de l’artisanat, de l’agriculture, des transports, des échanges, de l’alimentation, de l’habillement, des parures, des armements, de la musique, des religions, de l’art, des sépultures… « Les centaines d’objets prestigieux exposés proviennent de vingt-neuf musées étrangers, vingt-sept musées français et des collections de nombreux chercheurs ».

199 Itinérante, elle passe par : Marseille, musée Borely (15 mai-30 septembre 1983) ; Paris, musée du Luxembourg

(19 novembre 1883 - 29 janvier 1984) ; Bordeaux, musée d'Aquitaine (15 février - 1er mai 1984) et Dijon, musée archéologique (1er juin - 15 aout 1984).

200 Préface du catalogue d’exposition, p. 9.

201 Catalogue de l’exposition, p. 9. L’un des rares catalogues pourvu d’une partie « Index des panneaux, vitrines

et reconstitutions de l’exposition », p. 5 et 7.

82 L’année de l’archéologie et le cas « Archéologie de la France » ou le nouvel âge d’or de l’archéologie française

L’impasse ne peut être faite sur une exposition restée dans les annales, « Archéologie

de la France. 30 ans de découverte203 », qui marque l’ouverture de l’Année de l’archéologie. Année pensée comme une vaste opération d’information auprès du public, au cours de laquelle plus de 400 manifestations (expositions, publications, colloques…) sont organisées en France204. Cette exposition, la plus imposante, apparaît comme

capitale pour ce qui va suivre et révèle pour la première fois les mutations subies par l’archéologie au cours des dernières décennies. « Toute à sa recréation du passé, l’archéologie n’a guère le temps ni, peut-être, toujours l’envie de se conter elle- même. D’où l’intérêt exceptionnel de l’exposition « Archéologie

de la France205 ». Se déployant du paléolithique à la fin du Moyen Age, l’exposition entend rendre compte des évolutions de la discipline, de ses moyens d’investigation, de ses méthodes et des résultats obtenus. Le MAN tient une place primordiale dans

son organisation. Jean-Pierre Mohen, par ailleurs commissaire général de l’Année de l’Archéologie, est également commissaire de cette exposition, aux côtés de Laurent Olivier, conservateur au musée. Conservateurs et équipes techniques du MAN ont pris part à son montage. Une centaine de musées ont également participé à l’événement.

Les commissaires ont à cœur de montrer le nouveau visage de l’archéologie française, davantage ancrée dans la société et dans la vie de la cité avec le développement de l’archéologie de sauvetage ou préventive. Dévoiler aussi une archéologie pluridisciplinaire, ayant recours à des méthodes et des techniques issues d’autres domaines de compétence, qui porte désormais son attention sur des périodes jadis déconsidérées et peu étudiées comme l’archéologie médiévale et moderne. Les organisateurs souhaitent plus encore susciter le débat et interroger la place que doit occuper l’archéologie dans notre société : « cette exposition pose une vraie question : voici des résultats collectifs, faut-il poursuivre et faire encore mieux ? Dans

203 Présentée du 27 septembre au 31 décembre 1989.

204 Mohen, Jean-Pierre, « Préface : Bilan de l'Année de l'Archéologie : Tendances de la recherche en préhistoire »,

Bulletin de la Société préhistorique française - Spécial bilan de l'année de l'archéologie, n°10-12, 1990, p. 291- 292.

205 Les mystères de l’archéologie. Les sciences à la recherche du passé, éditions Caisse nationale des monuments

83 l’affirmative réfléchissons aux structures et aux moyens, aidez-nous206 ». Elle exploite les

trouvailles et les nouveau enjeux d’une archéologie qui se définie désormais par sa « sortie de la quête d’objets ou de témoins, de la mise au jour de sites ou de monuments et de la reconstruction de chronologies » et son ouverture vers « l’étude de l’ensemble du paysage occupé et l’analyse globale de manifestations produites par les communautés humaines207 ». Selon les auteurs, la présentation de contextes archéologiques a été favorisée, « l’objet isolé, si beau qu’il soit, a été volontairement et systématiquement (ou presque) écarté208 ». Les

organisateurs plaident en outre pour que s’affirme le didactisme des expositions d’archéologie : « que les restitutions en deux dimensions (par le dessin) ou en trois (les maquettes) soient largement utilisées par les archéologues pour offrir de leurs résultats des images claires et suggestives, cette exposition le démontre209 ». L’exposition itinérante « Les mystères de

l’archéologie. Les sciences à la recherche du passé210 » (1990), également organisée à

l’occasion de l’Année de l’archéologie », n’a pas moins joué, en parallèle de « Archéologie de

la France », un rôle primordial en faveur de la découverte pour le grand public des méthodes

archéométriques, en montrant « la variété des sciences mises à contribution par l’archéologie211 ».

En résumé, ce sont deux concepts d’expositions affilés à deux objectifs qui se dégagent