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2. CADRE THÉORIQUE

3.1. Les participants

Pour la présente étude, nous avons recueilli des données d’abord auprès d’élèves ayant un TDL, puis auprès d’élèves ne présentant pas ce trouble afin de former les groupes témoins composés d’élèves 1) du même âge chronologique, 2) du même niveau de lecture et 3) du même niveau de vocabulaire. Au total, 99 élèves, tous recrutés dans des écoles primaires de la région de Laval, ont participé à l’étude. Le processus de recrutement ainsi que les caractéristiques des participants sont décrits dans les sous-sections qui suivent.

3.1.1. Les participants TDL

Pour répondre aux deux premiers objectifs de cette étude, nous avons tout d’abord ciblé des classes langage pour solliciter leur participation à notre recherche. Les élèves qui fréquentent ces

classes ont généralement un code de difficulté 34 (déficience langagière), code attribué dans le système scolaire québécois aux élèves qui présentent un TDL (précisons que nous avons exclu 3 élèves qui n’avaient pas un code 34). Tous les participants ont effectué leur scolarité au Québec et en français. Nous avons obtenu le consentement des élèves de ces classes ainsi que de leur parent ou tuteur38. Enfin, nous avons évalué leur niveau d’habiletés cognitives générales grâce à l’épreuve des matrices colorées progressives de Raven39 (Raven et al., 1998); voir la section 3.2.1 pour plus de détails sur cette épreuve. Quatre participants dont le score se situait sous le 5e percentile ont été exclus des analyses. Deux élèves scolarisés dans les classes ordinaires que nous avons sollicitées pour former les groupes témoins respectaient aussi tous ces critères et ont été inclus dans le groupe de participants TDL. Cela nous a permis de former un groupe de 27 participants TDL âgés de 8 à 11 ans (âge moyen : 9,77 ans) et incluant 10 filles et 17 garçons.

Afin de répondre à notre troisième objectif, nous devions aussi recueillir des données auprès de trois groupes témoins d’élèves ne présentant pas de TDL. Ces trois groupes seront présentés dans la section suivante.

3.1.2. Les participants témoins

Pour former les trois groupes témoins, nous avons sollicité la participation de 5 classes ordinaires de la 1re à la 4e année du primaire. La présélection des participants des groupes témoin impliquait également, comme pour les participants TDL, de s’assurer qu’ils avaient effectué toute leur scolarité au Québec et en français. Le consentement des participants et de leur parent ou tuteur a été obtenu avant le début de la collecte de données. Nous avions prévu apparier les participants TDL à trois groupes témoins (même âge chronologique, même niveau de lecture et même niveau de vocabulaire); or, ce troisième type d’appariement n’a pas été possible. Nous expliquons plus loin les raisons pour lesquelles nous avons dû abandonner cette troisième comparaison.

38Les élèves pour lesquels nous n’avons pas obtenu de consentement ont participé aux épreuves, mais leurs données ont été mises de côté.

Le premier groupe témoin était composé de participants ayant le même âge chronologique que les participants du groupe TDL (TA, n = 47), soit entre 8 et 11 ans (âge moyen : 9,69 ans), et comprenait 22 filles et 25 garçons. Le deuxième groupe témoin était formé de participants plus jeunes, mais ayant le même niveau de lecture que les participants du groupe TDL (TL, n = 25). L’appariement sur le plan de la lecture a été réalisé à partir des résultats obtenus au sous-test de compréhension de lecture de la Batterie pour l’examen psychologique de l’enfant40 (K-ABC; Kaufman et Kaufman, 1993) qui permet d’obtenir un âge lexique. Le choix de cette mesure repose sur le fait qu’elle a été utilisée dans de nombreuses études francophones (entre autres, Gagnon-Nault, 2016, Lessard et Bolduc, 2012 et Morin et al., 2006) et qu’elle est standardisée. Le groupe TL comprenait 16 filles et 9 garçons âgés de 6 à 10 ans (âge moyen : 8,22). Le tableau V résume les caractéristiques des trois groupes de participants qui forment notre échantillon final.

Tableau V. Caractéristiques des participants Groupe de participants ayant un TDL (TDL) Groupe témoin – âge chronologique (TA) Groupe témoin – niveau de lecture (TL) Nombre de participants 27 47 25 Âge chronologique 9,77 9,69 8,22 Âge lexique (K-ABC) 7,69 10,75 7,69 Âge vocabulaire (ÉVIP) 7,74 11,42 9,09

Des analyses statistiques nous ont permis de valider ces appariements. Une première analyse de variance univariée (ANOVA) indique un effet de l’âge chronologique (F (2,96) = 22,422; p < .001). L’analyse post-hoc (test de Tukey) révèle que les participants TDL sont du même âge chronologique que les participants du groupe TA (p = 1) et que les participants TL sont plus jeunes que les participants TDL (p < .001) et TA (p < .001). Une seconde ANOVA indique également un effet du niveau de lecture (F (2,96) = 77,034; p < .001), les participants TDL et les

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participants TL ayant, en moyenne, le même âge lexique (p = 1). Pour leur part, les participants TA possèdent un âge lexique plus élevé que les participants TDL (p < .001) ainsi que TL (p < .001).

Nos objectifs spécifiques de recherche impliquent quatre groupes de participants, soit un groupe de participants TDL, un groupe de participants du même âge chronologique, un groupe de participants plus jeunes de même niveau de lecture et un groupe de participants plus jeunes de même niveau de vocabulaire. Ce dernier groupe devait être apparié au groupe TDL à l’aide de l’échelle de vocabulaire en images Peabody (ÉVIP; Dunn et al., 1993). Cependant, après la passation de cette épreuve auprès des élèves des classes témoins, il s’est avéré que ceux-ci ont obtenu des résultats beaucoup plus élevés que les élèves ayant un TDL, au point où toute comparaison sur ce plan s’est avérée impossible. De plus, les normes canadiennes-françaises de l’ÉVIP tendent à surestimer l’âge vocabulaire de la population québécoise (Godard et Labelle, 1995; Thordardottir, Keheyia, Lessard, Sutton et Trudeau, 2010), tendance qu’on peut d’ailleurs remarquer chez nos participants témoins : le groupe TA présente un âge vocabulaire moyen supérieur d’un peu moins de 2 ans à son âge chronologique et le groupe TL présente un âge vocabulaire moyen supérieur de près d’un an à son âge chronologique (voir le tableau V de la page précédente pour les données exactes). En somme, il aurait probablement fallu solliciter également des élèves d’âge préscolaire afin de pouvoir apparier les élèves TDL sur le plan du niveau de vocabulaire. Or, notre étude s’intéresse aux relations entre le vocabulaire et la lecture, et les élèves d’âge préscolaire n’ont généralement pas encore appris à lire. Pour toutes ces raisons, nous avons décidé de ne pas conserver ce troisième groupe témoin dans notre échantillon.

La prochaine section sera consacrée à la description des outils méthodologiques utilisés pour recueillir les données auprès de nos trois groupes de participants.