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33 ont une parfaite maîtrise De ce fait, aucune action de politique économique qu’elle soit

budgétaire ou qu’elle soit monétaire n’est efficace à moins qu’elle contienne un élément de surprise.

Suite à ces différentes critiques, l’usage de la politique monétaire à des fins de stabilisation a été de plus en plus privilégié au détriment de la politique budgétaire au fil du temps. Mais, avec la récente crise économique et financière mondiale, un véritable doute s’est installé quant à la capacité de la politique monétaire à stabiliser l’économie, bien qu’en plus de son objectif traditionnel de stabilité des prix, un objectif de stabilité financière lui ait été assigné. Depuis lors, l’usage des politiques budgétaires discrétionnaires à des fins de stabilisation n’a cessé de s’accentuer à travers le monde entier, les politiques monétaires, même sous leur forme

non conventionnelle10 n’ayant pas pu apporter des solutions efficaces en termes de stabilisation

dans certains pays de l’OCDE.

.3.2 Problématique

Les avis relatifs à l’efficacité de la politique budgétaire divergent entre économistes. Elle a fait l’objet de nombreux travaux tant sur le plan théorique qu’empirique, qui malheureusement restent encore loin de clore le débat. En tant que principal outil d’intervention étatique, quelle qu’en soit l’approche utilisée (de court terme ou alors de long terme), la finalité de la politique budgétaire est d’apporter des solutions face aux problèmes liés à la faiblesse de la croissance économique, au chômage, au déficit de la balance courante et à l’inflation. En bref, sa finalité est d’assurer les objectifs définis par le carré magique de Kaldor et d’amortir les chocs exogènes. Cela est encore plus avéré aujourd’hui, où un véritable doute s’est installé quant à la capacité de l’autre composante de la politique économique conjoncturelle qu’est la politique monétaire à faire face aux chocs exogènes et à stabiliser l’économie.

En ce qui concerne spécifiquement les pays de la CEMAC, l’objectif de stabilisation macroéconomique a toujours été au cœur des politiques budgétaires menées par ces pays, et ce depuis la veille de leur accession aux indépendances. Dans la poursuite de cet objectif, ils ont connu une évolution économique très mouvementée telle que revisitée dans les sections

10 Les politiques monétaires non conventionnelles consistent en un recours à trois grandes catégories de mesure :

Quantitative easing ou assouplissement quantitatif qui consiste en une création de monnaie, très souvent par l'achat de titres publics ; Credit easing ou assouplissement des conditions de crédit qui traduit le cas où la Banque centrale se porte acheteuse de titres représentant des crédits à l'économie ( billets de trésorerie, obligations privées, bons hypothécaires) ; et une action sur les anticipations d'inflation et la courbe des taux (dans ce cas par exemple, la banque centrale annonce ce qu'elle compte faire).

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précédentes. A travers différents programmes de développent11, ils se sont tous quasiment fixés

pour objectifs d’être des pays émergents à des horizons proches (2020 pour la Guinée Equatoriale ; 2025 pour le Gabon, le Congo et le Tchad ; 2035 pour le Cameroun). Pour y parvenir, ils se sont tout de même fixés des objectifs de taux de croissance moyens selon des calendriers bien établis, mais le constat aujourd’hui est qu’ils n’y sont pas parvenus. En effet, les taux de croissance moyens réalisés ces dernières années restent insuffisants par rapport à ceux définis par le Programme Economique et Régional en abrégé PER (8,5% en moyenne par an entre 2009 et 2015), et qui ferait de la CEMAC en 2025 « un espace économique intégré émergent, où règnent la sécurité, la solidarité et la bonne gouvernance, au service du développement humain ».

Face à tous ces défis, la politique budgétaire reste le principal outil de stabilisation dans les différents pays de la CEMAC, car ces derniers constituent une union monétaire hétérogène à change fixe, ce qui a pour conséquence directe que l’efficacité de la politique monétaire est très limitée du fait de l’inopérationnalité de son principal canal de transmission qu’est le canal du taux de change. Par ailleurs, la zone CEMAC est une zone monétaire non optimale si l’on s’en réfère aux critères traditionnels, ce qui suppose qu’il revient encore une fois de plus à la politique budgétaire de gérer les différents chocs spécifiques susceptibles de survenir dans les économies de la CEMAC. Ainsi, sommes-nous amenés à nous poser la question principale : Est-ce que les politiques budgétaires menées dans la CEMAC sont efficaces en matière de stabilisation économique ?

Cette question de l’efficacité des politiques budgétaires en matière de stabilisation macroéconomique a pendant et au lendemain de la crise économique et financière de 2007- 2008, fait l’objet d’une littérature très abondante, notamment dans les pays de l’OCDE. Cela a tout d’abord lancé le débat sur la taille des multiplicateurs budgétaires. Ces derniers mesurent les effets que les chocs budgétaires discrétionnaires ont sur l’activité économique. Romer (2012) les définit comme la variation du PIB provoquée par une variation d’une unité dans une variable budgétaire (dépenses publiques ou recettes fiscales).

Sur le plan empirique, de nombreuses incertitudes existent sur leur taille. Les estimations existantes varient de valeurs significativement négatives aux valeurs significativement positives. Aussi, des résultats mitigés ont été obtenus suivant que le choc ait

11 Le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) pour le Cameroun, Le Programme Gabon

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