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Diverses approches méthodologiques sont utilisées dans les études empiriques pour analyser aussi bien le comportement cyclique de la politique budgétaire que les déterminants de ce dernier. Dans le cadre de cette section, nous présentons dans un premier temps la méthodologie empirique utilisée pour l’étude du comportement cyclique de la politique budgétaire, et dans un second temps celle utilisée pour analyser les déterminants de ce comportement cyclique.

.2.1

De l’étude du comportement cyclique de la politique budgétaire

Deux principales approches méthodologiques sont utilisées dans la littérature pour étudier le comportement cyclique de la politique budgétaire : Une première approche qui consiste à analyser la corrélation entre une ou plusieurs variables budgétaires (dépenses publiques, recettes fiscales ou taux d’imposition, solde budgétaire), et une variable représentant le cycle économique (taux de croissance économique ou écart de production) et une deuxième approche qui consiste à étudier le comportement cyclique de la politique budgétaire suivant la nature du cycle économique (expansion/récession). Dans le cadre de cette étude, ces deux approches sont utilisées, la seconde étant complémentaire à la première. Dans la suite de cette sous-section, nous présentons dans un premier temps notre modèle empirique pour les pays de la CEMAC, et dans un second temps les différentes variables utilisées.

.2.1.1 Spécification du modèle

Dans la littérature, l’étude de la cyclicité de la politique budgétaire a donné lieu à diverses

sortes de formulations de l'équation à estimer. Parmi elles, deux sont prépondérantes :

Un premier groupe de chercheurs procède à la formulation d’une équation incluant uniquement les variables d’intérêt (la variable proxy de la politique budgétaire et celle représentant le cycle économique) (Lane, 2002 ; Fatas et Mihov, 2003 ; Thorton, 2008 ; Woo, 2009), soit :

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0 1 2 1

it it it it

VPB

  VCE

VPB



(1) Un deuxième groupe de chercheurs procède à la formulation d’un modèle prenant en compte non seulement les variables d’intérêt, mais aussi d’autres variables explicatives choisies

comme variables de contrôle (Wyplosz, 2002 ; Gali et Perotti,2003 ; Cimadomo 2005 ; Adedeji

et Williams ; 2007 ; Huart, 2011 ; Guillaumont et Tapsoba, 2011), soit :

0 1 2 1 3

it it it it it

VPB

  VCE

VPB

VCONT



(2)

Où VPBit, VPBit-1, VCEit et VCONTit représentent respectivement la variable de politique

budgétaire,la variable de politique budgétaire retardée d’une période, la variable représentant

le cycle économique et un ensemble de variables de contrôle susceptibles d’influencer le comportement cyclique de la politique budgétaire.

A partir du modèle (1) ci-dessus, le comportement cyclique de la politique budgétaire

est déterminé sur la base de la taille et du signe du coefficient

1. Une valeur significativement

positive de ce coefficient traduit un comportement procyclique, une valeur significativement négative, un comportement contracyclique et une valeur significativement nulle un comportement neutre ou acyclique.

Les deux catégories de modèles ainsi spécifiés sont estimées dans le cadre de cette étude. Par la suite, des extensions sont faites pour analyser les effets d’asymétrie de la politique budgétaire. Dans la littérature, ces extensions donnent lieu à la formulation d’une troisième catégorie de modèles qui prennent en compte la nature du cycle économique. Les études effectuées suivant ces modèles révèlent que le comportement cyclique de la politique budgétaire est susceptible de varier suivant que l’économie est en expansion ou en récession. Le modèle estimé à cet effet est le suivant :

0 1 2 3 1

it it it it it

VPB

  EXPAN



RECE

VPB



(3)

Où EXPAN et RECE sont des variables représentant respectivement les phases d’expansion et de récession. La variable EXPAN est obtenue en multipliant la variable représentant le cycle économique (VCE) par une variable muette prenant la valeur 1 pendant les périodes d’expansion et la valeur 0 pendant les périodes de récession. En ce qui concerne la variable RECE, elle s’obtient en multipliant la variable VCE par une variable muette prenant la valeur 1 pendant les périodes de récession et la variable 0 pendant les périodes d’expansion.

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Les coefficients

1 et

2 représentent respectivement le coefficient de cyclicité de la politique

budgétaire en période d’expansion et en période de récession. Ils sont interprétés de la même

façon que le coefficient1évoqué plus haut. A titre d’exemple, une valeur du coefficient

1

significativement positive traduit une procyclicité de la politique budgétaire en période d’expansion alors qu’une valeur significativement négative traduit la contracyclicité de la politique budgétaire pendant la même période

.2.1.2

Explication des

variables

a) La variable de politique budgétaire (VPB)

Comme mentionné supra, la variable VPB représente la politique budgétaire. Dans la littérature, cette dernière est évaluée soit en termes de résultats soit en termes d’instruments. En termes de résultats, elle est représentée soit par le solde budgétaire soit par le solde budgétaire corrigé des variations cycliques (Gavin et Perotti, 1997 ; Alesina et al, 2008 ; Huart, 2011). En termes d’instruments en revanche, elle est représentée soit par les dépenses publiques soit par les recettes fiscales ou alors les taux d’imposition (Kaminsky et al, 2004 ; Talvi et Végh, 2005, Ilzettzki et Végh, 2008).Toutefois, il est le plus souvent reproché aux recettes fiscales qui par ailleurs font partie intégrante du solde budgétaire d’être endogènes au cycle économique

(Reinhart et al ,2004 ; Frankel et al, 2013), ce qui fait d’elles un indicateur moins fiable en

termes de mesure de cyclicité budgétaire.

Pour cette raison, nous optons tout comme Reinhart et al (2004)49 pour une approche en

termes d’instruments et non en termes de résultats. A cet effet nous utilisons tour à tour les dépenses publiques globales et les dépenses publiques désagrégées (consommation publique et

investissement public) comme variable budgétaire. Quant à la variable VPBt-1, elle permet de

tenir compte des effets d’inertie de la politique budgétaire qui peuvent être dus aux délais d’action dans leur mise en œuvre.

49 Ces auteurs font partie les premiers chercheurs à suggérer que l’étude la cyclicité de la politique budgétaire soit

faite en termes d’instruments et non en termes de résultats après avoir relevé les insuffisances de cette dernière approche.

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b) La variable du cycle économique (EP)

Dans la littérature, cette variable est captée soit par l’écart de production (EP) encore appelé output gap, soit par le taux de croissance économique. La première variable qui par ailleurs est retenue dans le cadre de cette étude représente la variable par excellence de mesure du cycle économique. Elle résulte de la différence entre le PIB effectif et le PIB potentiel. Ce dernier constitue la partie tendancielle du PIB, obtenue en corrigeant le PIB effectif des variations conjoncturelles. Dans le cadre de cette étude, cette correction cyclique est faite en

utilisant le filtre d’Hoddrick et Prescott avec pour paramètre de lissage 100 (recommandé

pour les données annuelles). En outre, l’écart de production permet de distinguer les différentes phases de l’économie, une valeur positive traduisant une période d’expansion et une valeur négative à une période de récession.

c) Les variables de contrôles (VCONT)

Dans la littérature, de nombreuses variables sont utilisées comme variables de contrôle dans l’étude de la cyclicité de la politique budgétaire. Il s’agit entre autres du niveau de l’endettement public (Wyplosz, 2002 ; Gali et Perotti, 2003 ; Cimadomo, 2005 ; Adedeji et

Williams, 2007 ; Huart, 2011 ; Baddi, 2015) ;des termes de l’échange (Gavin et Perotti, 1997 ;

Alesina et al, 2008 ; Calderon et Smith, 2008) ou encore de l’aide publique en pourcentage du

PIB (Guillaumont etTapsoba, 2011).Tout comme Cimadomo (2005) et Huart (2011) pour ne

citer que ceux-là, nous retenons comme variable de contrôle le taux d’endettement extérieur de l’année précédente. Cette variable représente la contrainte de soutenabilité de la dette publique à laquelle la politique budgétaire est soumise.

Sur la base de ce qui précède, les modèles 2 et 3 peuvent encore se réécrire :

0 1 2 1 3 1 it it it it it

VPB

  EP

VPB

DETTE



(3) 0 1 2 3 1 it it it it it

VPB

  EXPAN

RECE

VPB



(4)

EP

t et

DETTE

t1 représentent respectivement l’écart de production par rapport à

son niveau potentiel (

potentiel t t t potentiel t PIB PIB EP PIB 

 ) et le taux d’endettement public extérieur retardé

d’une période. Tout comme Guillaumont et Tapsoba (2011), nous rapportons les variables budgétaires au PIB potentiel afin de réduire le biais de simultanéité lors des estimations.

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.2.2 De l’analyse des déterminants de la cyclicité de la politique budgétaire

Sur le plan pratique, deux principales approches sont utilisées dans la littérature pour analyser les déterminants du comportement cyclique de la politique budgétaire : Une première approche consiste à procéder en deux étapes en estimant dans un premier temps le coefficient de cyclicité de la politique budgétaire, et dans un second temps à régresser ce coefficient sur un ensemble de facteurs susceptibles de l’expliquer (Mpatswe et al, 2011); Et une seconde approche consiste à procéder en une seule étape en étudiant le comportement cyclique de la politique budgétaire et ses potentiels déterminants à partir de la même équation (Canova et Pappa, 2005 ; Yehenew, 2013 ; Baddi, 2016 ; Bobbo, 2016 ; Mondjeli, 2017). Toutefois, comme le souligne Baddi (2016), la procédure en deux étapes est susceptible d’être biaisée car pouvant surévaluer l’influence réelle de certains facteurs sur le comportement cyclique de la politique budgétaire. Ainsi donc, nous optons dans le cadre de cette étude pour l’approche en une seule étape.

.2.2.1 Spécification du modèle

L’approche en une seule étape consiste à introduire des termes d’interaction entre les variables du cycle économique et les facteurs susceptibles d’expliquer le comportement cyclique de la politique budgétaire. Sur cette base, l’analyse des déterminants de la cyclicité de la politique budgétaire dans la CEMAC est faite en estimant l’équation suivante :

0 1 2 1 3 4 5

it it it it it it it it it it it

VPB

  EPVPB

EP FPI

EP FE

EP RB VCONT 



(5)

Où FPI représente un ensemble de facteurs politiques et institutionnels, FE un ensemble de facteurs économiques, RB les règles budgétaires et VCONT un ensemble de variables de contrôle. L’influence de ces éléments sur le comportement cyclique de la politique budgétaire

est captée respectivement par les coefficients

  

3

, et

4 5. Un signe positif pour l’un ou l’autre

de ces coefficients suppose que l’élément auquel il renvoie renforce le comportement cyclique observé et un signe négatif qu’il tend à l’amoindrir. Cette dépendance du comportement cyclique de la politique budgétaire à la fois des facteurs politiques et institutionnels, des facteurs économiques et des règles budgétaires est clairement observée à partir de l’équation suivante :

1 3 4 5 it it it it it

VPB

FPI

FE

RB

EP

 

 

(6)

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