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Les parents en contexte de vulnérabilité

Dans le document Politique de périnatalité (Page 88-92)

PARTIE II L ’ORGANISATION GÉNÉRALE DES SERVICES DE PÉRINATALITÉ

D. Une offre de service adaptée

3. LES SITUATIONS PARTICULIÈRES

3.1 Les parents en contexte de vulnérabilité

...rétablir l’équilibre

3.1.1 Prévenir la grossesse à l’adolescence et offrir un soutien adapté aux jeunes parents

L’annonce d’une grossesse à l’adolescence est source de bouleversement. C’est souvent un grand choc pour l’adolescente elle-même et pour son entourage, en particulier le petit ami, s’il y en a un, et les parents. Bien que des adolescentes mènent leur grossesse à terme dans la sérénité et deviennent des mères attentives et aimantes, le portrait d’ensemble des grossesses à l’adolescence est moins idyllique.

La grossesse n’est généralement pas désirée lorsqu’elle survient à l’adolescence, comme en témoigne la proportion relativement élevée de jeunes femmes enceintes qui ont recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), particulièrement chez les moins de 15 ans.

Taux de grossesse Au Québec

De 1993 à 2005, les taux de grossesse chez les moins de 20 ans ont évolué de la façon suivante223:

- chez les moins de 15 ans : de 4,4 à 2,7 ‰, ce qui représente une

- chez les 15 à 17 ans : de 25,2 à 17,4 ‰, ce qui représente une diminution de 31 % ;

- chez les 18-19 ans : de 68,6 à 58,1 ‰, ce qui représente une diminution de 15 %.

Au Québec et ailleurs dans le monde

En 1996, le taux de grossesse pour l’ensemble des 15-19 ans au Québec était de 40,3 ‰. Ce taux était supérieur à celui de l’Allemagne (18,3 ‰) et de la Suède (25,4 ‰), mais inférieur à celui du Royaume-Uni (50,9 ‰) et des États-Unis (85,8 ‰)224.

Interruptions volontaires de grossesse

En 2005, la proportion de jeunes filles enceintes qui ont eu recours à une interruption volontaire de grossesse s’établissait à225:

- 83 % chez les moins de 15 ans ; - 74 % chez les 15-17 ans ; - 62 % chez les 18-19 ans.

Chez les adolescentes, certaines caractéristiques semblent associées au désir d’avoir un enfant : faible estime de soi, peu d’intérêt pour les études, peu d’ambition226. L’absence de contraception est un comportement à haut risque fréquemment associé à d’autres attitudes qui présentent aussi des dangers potentiels, comme une consommation plus élevée de tabac, de drogue ou d’alcool, ou encore un plus fort taux d’absentéisme à l’école227. Pour plusieurs des adolescentes adoptant ce type de comportements, avoir un enfant peut apparaître comme un moyen de combler un vide affectif et constituer un pro-jet de vie. Quant aux futurs pères, bon nombre se montrent réfractaires à leurs nouvelles responsabilités et sortent rapidement du réseau de la jeune femme228-229: on estime que le couple se défait habituellement au cours des deux années qui suivent la naissance230.

La grossesse peut avoir plusieurs conséquences négatives sur la santé de l’adoles-cente, telle la dépression. Elle peut aussi retarder ou même compromettre son intégration sociale, notamment parce que l’adolescente abandonnera ses études ou n’intégrera pas le marché du travail. Quant aux enfants de mères adolescentes, ils risquent davantage d’avoir un faible poids à la naissance ou de présenter une anomalie physique, de mourir au cours de leur première année de vie ou d’être atteints d’une maladie grave durant l’enfance231. On constate également que ces enfants sont plus souvent victimes d’abus, de négligence et de blessures, qu’ils sont plus fréquemment pris en charge par les services de protection de la jeunesse et qu’ils ont davantage de difficultés scolaires.

« Selon les données de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ÉLDEQ), 95 % des mères primipares de moins de 20 ans connais-sent l’une des conditions suivantes :

- ne pas avoir de diplôme d’études secondaires ; - vivre dans un ménage à faible revenu ;

- ne pas habiter avec le père biologique de l’enfant ;

- avoir eu au moins deux troubles de la conduite (fugue, vol, absentéisme scolaire, par exemple) pendant l’enfance ou l’adolescence [...]232. »

En amont du phénomène : la promotion d’une contraception vécue de façon responsable

Outre la famille et le cercle d’amis, l’école est très certainement un acteur important quant aux valeurs qui guident les choix des jeunes en matière de sexualité. Le document intitulé L’éducation à la sexualité dans le contexte de la réforme de l’éducation233constitue un outil privilégié au Québec pour orienter les contenus scolaires.

L’approche École en santé permet également d’intégrer certaines préoccupations relatives à la sexualité des jeunes. Du côté de la prévention, les services du type « clinique jeunesse » permettent aux jeunes d’obtenir des consultations en matière de sexualité. Par ailleurs, il faut poursuivre les actions visant à réduire les grossesses non désirées, dont un accès accru à la contraception hormonale. Depuis 2002, la pilule contraceptive d'urgence est disponible auprès des infirmières dans les écoles et les cliniques jeunesse ainsi qu'en phar-macie, sans ordonnance médicale. De plus, le modèle provincial d'ordonnance collective de contraception hormonale est en implantation depuis 2007 afin que les infirmières puissent amorcer une contraception hormonale, pour une période de six mois, auprès de toute femme en santé. Enfin, des liens doivent être établis avec les services intégrés de préven-tion et de dépistage des infecpréven-tions transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS).

Lorsqu’une jeune femme est enceinte, il faut lui offrir le meilleur accompagnement possible. L’adolescente qui doit prendre la décision de poursuivre ou non une grossesse se trouve confrontée, quels que soient la qualité et le soutien de son entourage, à l’un des choix les plus difficiles de son existence, et elle a peu de temps pour le faire. L’opinion de la mère peut s’avérer déterminante dans la décision de la jeune fille de poursuivre sa grossesse234. Si par contre elle en décide autrement, des services d’interruption volontaire de grossesse sont accessibles gratuitement dans toutes les régions du Québec.

Les jeunes femmes qui décident de mener leur grossesse à terme peuvent compter sur l’aide dont elles ont besoin. Plusieurs intervenantes et intervenants du réseau public, en collaboration avec leurs partenaires – groupes communautaires et autres – offrent des services de prévention et d’intervention en relation avec la grossesse et la parentalité chez les moins de 20 ans. Ainsi, le volet « soutien aux jeunes parents » desServices intégrés en périnatalité et pour la petite enfance à l’intention des familles vivant en contexte de vulnérabilitéassure le soutien, l’accompagnement et l’intervention auprès de l’adolescente enceinte, de la jeune mère, du père et de l’enfant.

3.1.2 Soutenir les parents ayant des besoins particuliers

Plusieurs enfants naissent et grandissent au sein de familles vivant en contexte de vulnérabilité où, en raison de certaines caractéristiques socioéconomiques, ils sont plus exposés à la maladie et à d’autres difficultés. En effet, certaines caractéristiques des parents – principalement la pauvreté, la faible scolarité, le jeune âge, la monoparentalité et l’isolement social – sont associées à un risque accru d’avoir un enfant présentant des problèmes de santé physique à la naissance. Ces parents sont également plus susceptibles

besoin. Souvent, plusieurs de ces caractéristiques sont présentes. Or, c’est principalement le cumul des facteurs de risque qui menace la santé et le développement de l’enfant. L’accès limité aux biens et aux services essentiels, soit le logement, l’alimentation et les vêtements, les tensions qu’entraîne la gestion d’un budget limité et précaire, un accès restreint à l’éducation et à la culture créent, chez les familles défavorisées sur le plan socio-économique, un contexte peu favorable à la santé et au développement des enfants. La pauvreté et les divers facteurs qui l’accompagnent peuvent influer sur la sensibilité et la disponibilité des parents à l’égard de leur enfant, les priver du sentiment de maîtriser leur propre vie et miner leur confiance relativement aux soins et à l’éducation de l’enfant.

Comme les différentes mesures à mettre en place pour éliminer la pauvreté et les inégalités exigent temps et concertation, il faut offrir aux parents vivant en contexte de vulnérabilité le soutien nécessaire afin d’atténuer les effets négatifs de leur situation. Les Services intégrés en périnatalité et pour la petite enfance à l’intention des familles vivant en contexte de vulnérabilitépoursuivent cet objectif. Ils ont précisément pour but de contribuer à diminuer la transmission intergénérationnelle des problèmes psychosociaux et des problèmes de santé chez les jeunes enfants. Cela comprend les situations d’abus et de négligence dont ceux-ci peuvent être victimes, les retards de développement ainsi que la mortalité et la morbidité périnatales. Ces services comprennent des visites à domicile faites par une intervenante qui assure un contact continu et privilégié avec la famille, des activités éducatives à l’intention des jeunes enfants et des actions qui visent la création d’environnements favorisant la santé et le bien-être des enfants et de leurs parents. La précocité, l’intensité et la durée des interventions sont cruciales, tant pour les jeunes parents que pour les familles vivant dans une situation d’extrême pauvreté.

Les parents en contexte de vulnérabilité

EN BREF

L'adolescence constitue une période critique pour l'adoption de comportements sexuels sains. La promotion d'une contraception responsable auprès des adolescentes et des adolescents est une responsabilité qui incombe non seulement aux parents, mais aussi aux intervenantes, aux intervenants et à tout milieu pouvant constituer pour eux une source d’influence (par exemple, l’école).

Plusieurs caractéristiques constituent des facteurs de vulnérabilité pour les parents et influent sur leur capacité d’éduquer leur jeune enfant et de lui donner les soins dont il a besoin : il s'agit principalement de la pauvreté, de la faible scolarité, de la monoparentalité et de l’isolement social. Le jeune âge des parents peut également constituer un facteur de risque important.

LES ORIENTATIONS

Généraliser les services de prévention et de consultation en matière de sexualité et de contraception (services du type clinique jeunesse) afin qu'ils soient facilement accessibles.

Poursuivre la mise en place desServices intégrés en périnatalité et pour la petite enfance à l'intention des familles vivant en contexte de vulnérabilité, les consolider et procéder à leur évaluation.

Dans le document Politique de périnatalité (Page 88-92)