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Les régions centrales

Dans le document Politique de périnatalité (Page 82-88)

PARTIE II L ’ORGANISATION GÉNÉRALE DES SERVICES DE PÉRINATALITÉ

D. Une offre de service adaptée

2.13 Des défis régionaux

2.13.2 Les régions centrales

À l’opposé des régions éloignées, les régions centrales connaissent des difficultés liées à une forte densité de population et à la présence de centres tertiaires offrant des services de pointe :

- sur le territoire même des régions centrales, on remarque des difficultés à faire circuler adéquatement l’information de l’hôpital vers le milieu de vie de l’enfant : parents, infirmière en soins à domicile, médecin de famille, équipe de réadaptation. Cette difficulté s’accentue pour les familles provenant d’autres régions ;

- la répartition inégale des services de néonatalogie de deuxième niveau au Québec, liée en particulier à la difficulté de maintenir des équipes médicales spécialisées en région, qui crée une surcharge dans les services de troisième niveau, allonge la période de séparation des parents et de l’enfant quand celui-ci doit être transféré dans une région centrale. On constate aussi des difficultés de liaison avec les médecins du territoire d’origine ;

- l’absence d’un réseau intégré, en obstétrique et en néonatalogie, reliant les divers niveaux de soins des régions centrales et des autres régions, oblige le médecin à faire lui-même plusieurs démarches afin que ses patients et ses patientes soient assurés d’obtenir une place dans un établissement offrant les soins que leur état de santé nécessite, et ce, malgré le nombre limité de places disponibles ;

- l’absence d’une équipe de transport spécialisée en néonatalogie, disponible vingt-quatre heures par jour et sept jours par semaine, rend difficiles les transferts sur le territoire.

Des défis régionaux

LES ORIENTATIONS L’organisation des services

Revoir laPolitique de déplacement des usagers du réseau de la santé et des services sociaux209en vue d’améliorer l’accessibilité des services et d’accroître l’équité interrégionale.

Mettre en place des services de transport aérien qui comportent une équipe spécialisée en néonatalogie, et qui permettent à la mère ou au père d’accompagner leur enfant lorsque celui-ci doit être transféré dans une autre région.

Mettre sur pied une équipe spécialisée pour le transport terrestre en néonatalogie, là où le nombre de transports le justifie.

Explorer les différentes possibilités relativement à la formation et au soutien professionnel en région, et exploiter au maximum les ressources existantes, telles que la télémédecine, la visioconférence, l’accès à des sites de formation continue, les modules d’auto-apprentissage, etc.

Mettre en place ou consolider un service de soutien et d’accueil dans les hôptaux spécialisés pour enfants où l’on pourra recevoir, orienter et soutenir les parents dont l’enfant a été transféré.

Mettre sur pied un réseau intégré dans les territoires des RUIS et offrir des services régionaux de deuxième niveau dans toutes les régions du Québec.

Améliorer l’offre des services pédiatriques spécialisés dans les centres hospitaliers à vocation régionale et s’assurer que ces centres disposent du personnel médical nécessaire.

2.14 Les régions nordiques inuite et crie : une réalité bien différente

Les régions nordiques visées ici sont le Nunavik et les Terres-Cries-de-la-Baie-James. Les populations qui les habitent se distinguent de façon importante sur les plans de la culture, du mode de vie, de la démographie et de l’adaptation à un climat rigoureux. La culture et la langue propres à ces communautés demeurent bien présentes. La notion de famille élargie, notamment le respect des personnes du troisième âge, est toujours au cœur de l’expérience familiale.

Ces populations ont vécu des changements qui ont nécessité une adaptation rapide, passant d’une vie traditionnelle de chasse et de pêche à une organisation sociale bien différente en à peine cinquante ans. Ce nouveau mode de vie ainsi que le contexte économique régional difficile et le coût de la vie plus élevé que dans le sud du Québec sont des préoccupations majeures au sein de ces communautés. Ces situations peuvent accroître le risque d’alcoolisme, de toxicomanie, de négligence envers les enfants ou de violence familiale.

Certains indicateurs de l’état de santé périnatal des populations inuites et cries diffèrent selon leurs communautés respectives, ainsi qu’en regard des autres régions du Québec. L’organisation des services et les stratégies de promotion et de prévention doivent par conséquent être adaptées à leur environnement et à leur culture.

Une attention particulière doit être portée à la promotion de saines habitudes de vie auprès de la femme enceinte, notamment en ce qui a trait à l’adoption d’une alimenta-tion adéquate et à la réducalimenta-tion ou à l’arrêt du tabagisme et de la consommaalimenta-tion d’alcool.

La promotion d’une saine alimentation doit toutefois tenir compte du fait que l’accès à certains produits alimentaires est particulièrement difficile dans ces régions. L’importance de la promotion de saines habitudes de vie repose également sur la prévalence des infections transmissibles sexuellement et par le sang, du diabète de grossesse et de l’anémie chez la femme enceinte, de même que sur la prévalence des maladies respiratoires chez les nouveau-nés et de la carie dentaire chez les enfants en très bas âge.

Par ailleurs, le soutien à l’acquisition d’habiletés parentales par la mère et le père constitue un enjeu important en matière de périnatalité au sein de ces communautés.

Enfin, en ce qui concerne les accouchements, la situation géographique peut impliquer que la femme enceinte s’éloigne de son milieu de vie et de ses proches pour avoir accès aux services durant la période entourant la naissance. Une séparation plus ou moins longue peut également survenir lorsque l’état de santé de la mère ou de l’enfant requiert un transfert vers un centre spécialisé.

Le Nunavik

Au Nunavik, les services de santé et les services sociaux sont organisés par deux sous-régions, l’Hudson et l’Ungava, sous la coordination de la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik (RRSSSN). On y trouve deux établissements multivocationnels (Centre de santé Tulattavik à Kuujjuaq et Centre de santé Inuulitsivik à Puvirnituq) ainsi qu’un CLSC dans chacun des quatorze villages.

En vingt ans, de 1986 à 2006, la population du Nunavik a presque doublé, passant de 5 860 à 10 497 personnes210. En 2006, 46 % de la population a moins de 20 ans211et 90 % de la population est inuite212.

Entre 2002 et 2006, le nombre annuel moyen d’enfants par femme en âge de procréer était de 3,3, comparativement à 1,5 pour le Québec213.

Pendant ces mêmes années, cette région affiche une moyenne annuelle de 281 naissances vivantes. Malgré que la mortalité infantile ait diminué de moitié depuis plus de vingt ans, elle est demeurée près de quatre fois plus élevée que celle du Québec entre 2002 et 2006, pour se situer à 17,8 décès pour 1 000 naissances vivantes. On observait également une proportion de naissances prématurées significativement plus élevée que la moyenne québécoise, mais très peu de naissances présentant un retard de croissance intra-utérine214.

Pour la même période, l’âge moyen de la mère à la naissance était de 24,5 ans ; pour 22,3 % des naissances vivantes, la mère avait moins de 20 ans. Malgré une amélioration de la situation, 54,1 % des femmes ayant donné naissance n’avaient pas terminé leurs études secondaires215.

Les Terres-Cries-de-la-Baie-James

L'organisation des services de santé et des services sociaux sur le territoire cri est sous la responsabilité du Conseil Cri de la santé et des services sociaux de la Baie-James (CCSSSBJ). Il y a un hôpital régional à Chisasibi et des centres Miyupimaatisiiun communautaires (CMC) dans chacune des neuf communautés.

Les contaminants environnementaux présents dans la région touchent la population à des niveaux plus élevés que dans les autres régions du Québec. Étant donné la sensibilité du fœtus à ces contaminants, la surveillance périnatale est nécessaire.

La proportion de bébés allaités et la durée de l’allaitement seraient nettement inférieures aux moyennes québécoises216.

En vingt ans, de 1986 à 2006, la population des Terres-Cries-de-la-Baie-James a augmenté de 60,9 % pour atteindre 14 118 personnes217. En 2006, 40 % de la population avait moins de 20 ans218.

Entre 2002 et 2006, le nombre annuel moyen d’enfants par femme en âge de procréer était de 3,1, comparativement à 1,5 pour le Québec219.

Pendant ces mêmes années, cette région affiche une moyenne annuelle de 363 naissances vivantes220. Le taux de mortalité infantile était de 8,8 pour 1 000 naissances vivantes, comparativement à la moyenne québécoise de 4,6221.

Pour la même période, l’âge moyen de la mère à la naissance était de 25,2 ans ; pour 19,7 % des naissances vivantes, la mère avait moins de 20 ans. De plus, la moitié des femmes ayant donné naissance n’avaient pas terminé leurs études secondaires222.

Ces particularités démontrent la nécessité de travailler en concertation avec les intervenantes et les intervenants de chacune de ces deux régions ainsi que la population afin de mettre en place ou de consolider des services de périnatalité adaptés.

Les régions nordiques inuite et crie : une réalité bien différente

LES ORIENTATIONS L’organisation des services

Élaborer, en collaboration avec le réseau de la santé et des services sociaux et les partenaires du Nunavik et des Terres-Cries-de-la-Baie-James, des orientations ministérielles particulières ou adaptées à la réalité périnatale de la population inuite et de la population crie.

Dans le document Politique de périnatalité (Page 82-88)