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« Le futur qu’ils veulent faire, c’est un petit San Fransisco.

D’arts, de culture et après la ville digitale dans le parc Morelos.

Ils vont mettre des édifices là-bas. »

Le parc Morelos se situe dans le centre, à la lisière de la Calzada Independancia, frontière de la Guadalajara riche et la Guadalajara pauvre. Un des rares parcs de la ville, il est un point de rencontre des ‘marginalisés’ de la ville. Aujourd’hui, ce lieu va se voir urbanisé par la «Ville Créative et Digitale», un projet d’envergure internationale impulsé par l’État1.

« Ils veulent faire du parc Morelos ‘la ville

digitale’, que des entreprises de technologie, de grandes constructions. Là-

bas, il y a toutes les prostituées. Oui, c’est dangereux, mais c’est folklo. Les

gens qui y habitent n’ont pas d’autres options, ce sont leur espace public.

Nous, on a des milliers d’options, des milliers d’espaces, des milliers de petits

endroits. » Le choisi ce terrain n’est pas anodin. L’État a saisi l’opportunité de

renouveler un espace qui n’a pas bonne réputation, pour édifier un complexe économique moderne.

« Si on pense à la majorité, la plupart de la population

est pauvre et marginalisée, mais ils ne cherchent pas bénéfices pour ces gens

là. Dans le centre ils veulent gentrifier. Les gens vont vers la périphérie. C’est

pour ça que c’est en train de grandir, que ce n’est que des petites maisons.

Ils doivent s’en aller mais travaillent toujours aux mêmes endroits. »

Le renouvellement urbain provoque un embourgeoisement en chassant les classes déshéritées vers les périphéries. Rappelez vous que les transports publics sont inefficaces à Guadalajara, alors les plus pauvres seront d’autant plus marginalisés. La gentrification bât de son plein.

« Les conformistes, les ‘normalistas’, tous les projets qu’ils font dans la ville,

tout le monde sait que ce n’est que pour certains. » Les nouvelles réalisations

n’affectent que la population privilégiée de Guadalajara en supprimant des usages informels. Ici, on peut constater que de nouvelles formes de trottoirs se développent sans pour autant en affecter les existants.

1 Annoncé en 2012 par le président Felipe Calderón Hinojosa et le gouverneur Emilio González Márquez, il est aujourd’hui mené à bien par le Secrétariat de l’Économie du Gouvernement Fédéral, ProMéxico, Société Hypothétique Fédéral, le gouvernement de Jalisco, la CANIETI et le marie de Guadalajara. Les concepteurs du master plan sont l’architecte Carlo Ratti et l’Institut de Technologie du Massachusetts (MIT)

LA VILLE CRÉATIVE ET DIGITALE- MOSAÏQUE URBAINE PARC MORELOS MERCADO CORONA

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IV. 2. B. LA GENTRIFICATION

« La ville créative et digitale, c’est une blague.

Dans le centre, ça se sent beaucoup. »

« C’est toujours le terme qu’ils te sortent quand tu parles de reconversion

de la ville. Mais parfois il y a certains lieux, le prix du sol, la qualité de

l’espace public... Il y a certains commerces qui... S’il vous plaît gentrifiez

les ! La gentrification est satanisée, parce que tout le monde pense que tu

es en train d’expulser un propriétaire légitime. » Le centre historique est le

lieu touristique et l’image célèbre de la ville de Guadalajara. Aujourd’hui, cette zone ancienne et relativement crainte en raison de son insécurité, est une des cibles des pouvoirs publics. « C’est un quartier de classe ouvrière et il y a le

marché de Santa Théré. Ils ont commencé à mettre des commerces autour,

des boutiques de fringues, de jouets, de tissu... Le quartier est en train de se

transformé. Ca se convertit en quartier étudiant, de gens jeunes, car c’était

un quartier populaire, ouvrier. [...] Ca commence à se gentrifier, il y a plus de

jeunes, des étudiants, alors s’installe un petit café, une épicerie écologique...

Peu à peu ça se transforme. »

Le changement de type de commerce a des effets directs sur l’usage du trottoir, tous ne sont pas catalyseur de sociabilité.

«La gentrification se fait aussi car ils savent qu’à n’importe quel moment les

gens meurent et ils prennent les maisons. Je ne sais pas si c’est leur stratégie,

de partir d’une étude de mortalité, parce qu’ils ont déjà un certain âge. [...]

La plus-value va augmenter. Beaucoup de gens sont partis déjà, c’est déjà

en train de changer. Mais s’il se passe ça, on ne pourra plus. C’est destiné

à la jeune classe ‘haute’. Ce sont des appartements, donc pour monter les

escaliers... »

« Je crois qu’il y a plusieurs niveaux de gentrification. C’est un thème bien

complexe. »

1 Ici, Alma parle aussi des

‘fraccionamientos’

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IV. 2. C. LE TROTTOIR, À L’HEURE DE LA VERTICALISATION.

Le renouvellement urbain est une implosion. La ville commence à se construire sur elle-même, elle se densifie. Guadalajara a traditionnellement des constructions basses, à échelle humaine.

« Evidemment les appartements,

les immeubles, ça n’existe pas ! C’est un concept auquel les gens ne sont

pas habitués. [...] Les usages de sol de la mairie ont beaucoup changé. Il

y a 20 ans, les usages de sol verticaux n’existaient pas ou très restreints.

Aujourd’hui, presque toute la ville est verticale. Du moins en théorie, sur les

plans de développement. Cela va beaucoup changer le patrimoine artistique

de la ville. »

La destruction du patrimoine architectural dans les années 50 a

provoqué une attention particulière à ces édifices. Alors des règles ont été mises en place pour protéger ce patrimoine tout en densifiant. En fonction de la valeur des bâtiments, l’altération permise n’est pas identique. Ainsi, on voit se construire beaucoup de bâtiments verticaux derrière les façades des anciennes maisons. Ce processus de conservation apporte au piéton une impression de ville à échelle humaine. Pour les bâtiments non classés ou lorsque le patrimoine est abandonné (cf p.97), leur destruction s’achève sur l’édification d’une tour ou d’un immeuble.

De nouvelles tours, telles que celle du Mercado Mexico, ont une emprise bâtie en recul du trottoir. Cette typologie agrandit le trottoir dans la vision et même parfois dans son usage de mobilité. La verticalisation dégage un espace ouvert au rez-de-chaussé. De nouveaux types de trottoirs viennent s’accoler aux existants. Cependant, ceux là ne sont pas d’ordre public.«

L’espace public a commencé à

être dans les mains des architectes, puis celles des politiques et il va arriver

dans les mains des privés. »« La sécurité au Mexique, c’est la privatisation des