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Parasitoses intestinales chez l'enfant

La pathologie parasitaire de l'enfant est classique, mais souvent méconnue. Elle nécessite une étude soigneuse du contexte géographique, de l'environnement socio-économique, des migrations de population. Le problème étant très différent dans les régions tempérées et les pays tropicaux, nous étudierons successivement : - les parasitoses intestinales autochtones de l'enfant,

- les parasitoses intestinales d'enfant ayant vécu ou voyagé dans les régions d'endémie connue.

1 Parasitoses intestinales autochtones

en fait cosmopolites les plus fréquentes sont l'Oxyurose, l'Ascaridiose, la Lambliase, le Taeniasis, la Trichocéphalose, la Distomatose.

1.1 Oxyurose

L'oxyurose est une helminthiase cosmopolite particulièrement répandue chez l'enfant.

1.1.1 Rappel parasitologique :

l'oxyure (entérobius vermicularis) est un ver cylindrique blanc de 1/2 cm à 1 cm de long. Les vers adultes vivent dans la région caeco-appendiculaire. La femelle après fécondation migre et va pondre ses oeufs au niveau de la marge de l'anus. Ces oeufs sont embryonnés lors de la ponte et directement infestants. Il s'agit d'une maladie très contagieuse se transmettant aisément dans les collectivités. 1.1.2 Manifestations cliniques :

Le symptôme le plus fréquent est le prurit anal lié à la fixation des femelles à la marge anale. Il est souvent vespéral, volontiers intermittent. Il peut être

responsable de lésions de grattage, de lésions inflammatoires. Un prurit vulvaire lui est souvent associé chez la fillette. Des troubles digestifs fonctionnels, des troubles nerveux (troubles du caractère, insomnie...) ont été décrits.

1.1.3 Diagnostic :

souvent fait par la mère qui voit des vers adultes à la surface des selles ou au niveau de la marge anale. La recherche des oeufs doit se faire par le test de Graham (scotch test) : le matin avant la toilette et avant toute défécation, on applique un ruban de cellophane adhésive sur la peau déplissée de la marge : les oeufs adhèrent à la face collante qui est appliquée sur la lame. L'examen au microscope montre des oeufs de 50 à 60 de long sur 30 de large. Ce test doit être répété s'il est négatif et effectué à l'entourage. La numération formule sanguine peut montrer une hyperéosinophilie modérée.

1.1.4 Traitement :

Mebendazole (VERMOX) prise unique de 0,10 mg quel que soit l'âge et le poids. Quelque soit le médicament utilisé :

• prescrire une deuxième cure de 3 semaines après la première, • hygiène efficace,

• nettoyage des mains,

• traiter les membres de la famille ou de la collectivité. 1.2 Ascaridose

1.2.1 Rappel parasitologique :

l'ascaris humain (ascaris lumbricoïdes) est un nématode de grande taille (15 à 25 cm) de couleur rosée. Les adultes vivent dans l'intestin grêle. Après fécondation, les femelles pondent des oeufs non embryonnés éliminés avec les selles. Dans le sol, l'oeuf s'embryonne. La contamination se fait par ingestion d'oeufs avec des aliments souillés. Dans l'estomac, la coque de l'oeuf est dissoute libérant la larve qui perfore la paroi digestive, parvient au foie par le système porte puis au poumon par le système sus-hépatique, la VCI et le coeur droit.

Elle perfore l'alvéole pulmonaire, remonte l'arbre respiratoire pour être déglutie et retourner dans l'iléum où le ver devient adulte.

Le temps qui sépare la contamination de l'émission des oeufs dans les selles est de deux mois environ.

1.2.2 Les manifestations cliniques : - Au stade larvaire :

La larve, en migrant à travers le poumon, détermine le syndrome de Löffler : toux, infiltrat labile, hyperéosinophilie.

- Au stade adulte :

La parasitose se traduit par une diarrhée mais surtout les migrations peuvent entraîner une occlusion du grêle, le passage dans la cavité péritonéale, une obstruction biliaire ou du Wirsung.

1.2.3 Le diagnostic :

Au stade larvaire, il sera évoqué devant l'hyperleucocytose avec hyperoesinophilie ; mais l'examen parasitologique demeure négatif dans les selles jusqu'au 60ème jour après l'infestation. Les réactions sérologiques (immunodiffusion- hémagglutination) sont difficiles à interpréter en raison des réactions croisées.

Au stade adulte, l'hyperéosinophilie est modérée voire absente ; on découvre rarement un ver adulte dans les selles. Ainsi, le diagnostic repose sur l'examen parasitologique des selles : oeufs typiques ovoïdes de 50 à 75 de long sur 40 à 60 de large.

1.2.4 Le traitement

- Lévamisole 3 mg/kg - une prise unique, - Mébendazole (VERMOX),

Une intervention s'impose en cas de complications chirurgicales (biliaires, pancréatiques).

1.3 Giardiase

La lambliase est une parasitose de l'intestin grêle due à un protozoaire flagellé (Giardia Lamblia). Cosmopolite, souvent bien toléré elle peut engendrer des troubles digestifs sévères chez l'enfant.

Elle est spécifique à l'homme et existe sous deux formes : forme végétative

(trophozoïde) et forme kystique. La contamination se fait par ingestion de kystes. 1.3.1 Manifestations cliniques

La parasitose est souvent latente. Elle peut entraîner des douleurs abdominales, des diarrhées, un syndrome de mal absorption pseudocoeliaque. Un déficit immunitaire notamment en IgA favorise la pathologie.

1.3.2 Le diagnostic

Il repose sur l'examen des selles à la recherche de formes végétatives ou kystiques. 1.3.3 Traitement

- Metronidazole (FLAGYL) : 25 mg/kg/ jour en 2 prises pendant 7 jours, voire 15 jours.

1.4 Taeniase

Taenia saginata est la plus répandue en France (hôte intermédiaire : le boeuf). Taenia solium est le tenia du porc.

1.4.1 Rappel parasitologique

Il s'agit d'un ver plat (plathelminthe). Le ver adulte mesure 4 à 10 m de long. Il vit fixé à la muqueuse intestinale par son scolex. Le corps est formé d'anneaux qui contiennent des oeufs. Ils sont après s'être détachés, émis dans les selles. Les oeufs souillent le milieu extérieur. Avalés par l'hôte intermédiaire (le boeuf ou le porc), ils deviennent dans le tissu musculaire des cysticerques.

L'homme se contamine en mangeant de la viande (de boeuf ou de porc) mal cuite. Le cysticerque devient adulte en 2 ou 3 mois.

1.4.2 Diagnostic

Le diagnostic est porté devant la découverte d'anneaux dans les sous- vêtements. L'eosinophilie sanguine est très variable.

1.4.3 Traitement

La Niclosamide (Trédémine) est actuellement le médicament de choix. Chez l'enfant de plus de 7 ans, on donne 2 comprimés le matin à jeun et 2 comprimés une heure plus tard. Les comprimés seront mastiqués longuement avant d'être avalés. IL faut attendre 3 heures après la dernière prise pour autoriser

l'alimentation. De 2 à 7 ans, on réduit la posologie de moitié. Au-dessous de 2 ans, du quart.

En cas d'échec, on pourra répéter la cure ou proposer un autre médicament : dihydroxydephenylmethane, semence de courge, sels d'étain.

La prévention repose sur les contrôles vétérinaires en abattoir et la bonne cuisson des viandes.

1.5 Tricocéphalose

1.5.1 Rappel parasitologique

Il s'agit d'un ver rond hématophage, vivant dans la région caeco-appendiculaire. Les oeufs non embryonnés sont typiques. Ils s'embryonnent en milieu extérieur et deviennent infectant pour l'homme. Les trichocephales s'enfoncent dans la muqueuse et se nourrissent de sang.

1.5.2 Manifestations cliniques

Le pouvoir pathogène est fonction du nombre de vers hébergés pouvant provoquer une anémie et une diarrhée sanglante si l'infestation est massive.

1.5.3 Diagnostic

- Mise en évidence des oeufs dans les selles, - N.F.S. normale.

1.5.4 Traitement

- Abstention thérapeutique habituelle chez les sujets pauci-infectés sans troubles cliniques.

- Diphetarsone ou Bémarsal 1 à 2 comprimés/jour selon l'âge pendant 10 jours. - Mebendazole : 100 mg par prise, deux fois par jour pendant 3 ou 4 jours consécutifs.

1.6 Distomatose à grande douve (fasciolase) Fasciola hepatica 1.6.1 Rappel parasitologique

La grande douve est un parasite des bovidés et des moutons. L'adulte vit dans les canaux biliaires. Les oeufs sont disséminés dans la nature par déjections du bétail. Les oeufs s'embryonnent dans l'eau, libérant le miracidium (embryon cilié) qui gagne un hôte intermédiaire (limmée). Celui-ci se transforme en cercaire, qui quitte le mollusque et se fixe sur les herbes en devenant métacercaire infestante. L'homme se contamine en consommant du cresson sauvage.

1.6.2 Clinique

La phase d'invasion réalise une "hépatite toxi-infectieuse" associée à une

hyperéosinophilie. A la phase d'état, en l'absence de traitement, se trouve réalisé un tableau d'angiocholite chronique, crises de coliques hépatiques, angiocholite, douleurs abdominales, fièvre, ictère.

1.6.3 Diagnostic

Hyperéosinophilie : toute hyperéosinophilie importante (40 %) doit faire évoquer cette contamination. Les oeufs dans les selles sont absents mais les réactions sérologiques spécifiques sont positives. A la phase d'état l'hyperéosinophilie doit toujours attirer l'attention. La recherche des oeufs est difficile. Le tableau oriente vers une pathologie des voies biliaires et c'est lors de l'intervention que l'on

découvre le parasite. 1.6.4 Traitement

A la phase d'invasion, le traitement repose sur la déhydroémétine - 1 mg/jour pendant 10 jours sous-cutané en surveillant le coeur, le rein, les réflexes ostéo- tendineux.

2 Parasitose intestinale d'enfants ayant vécu ou voyagé dans les régions d'endémie connue

2.1 L'amibiase (Entamnoeba histolytica)

Elle existe en Afrique, Asie, Amérique Latine. L'infestation se fait par

consommation d'eau, de fruits ou de légumes souillés de kystes parasitaires. L'amibe hématophage attaque la paroi colique.

2.1.1 Le tableau clinique

Le tableau clinique habituel est fait chez l'enfant : - d'une diarrhée sanglante ou dysentérique.

2.1.2 Diagnostic

Dans ses formes aiguës, il se fait par examen des selles fraîches montrant la présence d'amibes. (Forme pathogène Entamnoeba histolytica).

2.1.3 Forme clinique

Localisation hépatique entraînant un tableau associant fièvre avec hépatomégalie douloureuse, syndrome inflammatoire. Le diagnostic peut être fait par

immunofluorescence.

L'échographie hépatique retrouve une image hypoechogène d'abcès. 2.1.4 Traitement

- Métronidazole (Flagyl) efficace en cas de maladie intestinale (30 à 50 mg/kg/j). - Amoebicide de contact (Intetrix) pour des porteurs sains.

2.2 Bilharziose

La bilharziose intestinale est due à Shistosoma Mansoni. La maladie existe en Afrique et en Amérique Latine. La contamination se fait au cours de bains, par un hôte intermédiaire.

2.2.1 Signes cliniques

Il s'agit d'une diarrhée plus ou moins accentuée, d'un état dysentérique. Il existe une hyperéosinophilie sanguine.

2.2.2 Diagnostic

Il est fait par la découverte d'oeufs dans les selles, au besoin par biopsie de la muqueuse rectale.

Les tests immunologiques en immunoflurescence sont d'une grande utilité. 2.2.3 Le traitement

Le traitement le plus efficace est la Nitridazole (Ambilhar) 25 mg/kg 24 h pendant 7 jours.

2.3 Ankylostomiase

Maladie des régions chaudes et humides. Contamination par le contact des pieds nus avec la boue riche en larves. Les larves traversent la peau, se localisent au duodénum et deviennent adultes.

2.3.1 Les signes cliniques

Ils associent des douleurs abdominales et des diarrhées. L'examen des selles peut mettre en évidence la présence d'oeufs.

2.3.2 Traitement

- Levamizole. Une seule prise de 6 mg/kg. 2.4 Anguillulose

Anguillulose ou strangyloïdose existe dans les mêmes régions que l'ankylostomiase. La contamination se fait par pénétration des larves à travers la peau.

2.4.1 Les signes cliniques

Ils se résument à des douleurs abdominales.

2.4.2 Le diagnostic est difficile. Il faut utiliser les selles des méthodes d'enrichissement.

2.4.3 Traitement