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3.2 L'algorithme de calcul pour les mini-faisceaux balayés

3.2.3 Paramétrisations des prols de dose latéraux

+ z + airgap tcomp(1 1 t) ! (3.14a) t = 2 +  e tcomp eq eau R0 ! (3.14b)

J'ai testé ce modèle de calcul et évalué les tailles de faisceau obtenues dans l'air en fonction de la distance entre plan de mesure et RS, pour diérentes énergies et positions du RS par rapport à l'isocentre et pour les deux épaisseurs de RS disponibles. Les résultats des calculs analytiques, des simulations Monte-Carlo et des mesures ont été comparés entre eux et seront présentés ci-après.

Figure 3.8  Géométrie correspondant à la modélisation de la position de source eective dans un compensateur (adapté de [Szymanowski 2001]).

3.2.3 Paramétrisations des prols de dose latéraux

Pour les besoins conjoints du calcul de dose en géométrie voxellisée (quelques dizaines de millions de voxels par patient) et de l'IMPT (un plan de traitement cumule plusieurs milliers de mini-faisceaux), des algorithmes de calcul de dose ont été spéciquement développés pour allier précision des résultats et ecacité en temps de calculs. En eet et comme décrit dans les paragraphes précédents, la distribution de uence latérale est essentiellement constituée

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par les interactions électromagnétiques du faisceau de protons primaires. Celle-ci peut par exemple être calculée analytiquement grâce à la théorie de Molière dont le premier terme gaussien constitue l'approximation de Highland. L'inuence des hétérogénéités sur ce terme central peut être pris en compte grâce à une intégration de la diusion des protons le long de leur axe de propagation. Toutefois, la distribution de dose à distance de l'axe du faisceau (que l'on appelera halo dans la suite de ce travail) est aussi la conséquence des réactions nu-cléaires, lesquelles sont diciles à modéliser de manière analytique en dehors des simulations Monte Carlo, elles-mêmes encore peu ecaces en temps de calcul. A basse énergie, lorsque les réactions nucléaires deviennent négligeables, le halo est la conséquence des diusions cou-lombiennes à grand angle, nées des interactions le long de la ligne de faisceau (notamment à travers les matériaux denses constituant certains détecteurs). La dose quittant ainsi le fais-ceau primaire peut représenter jusqu'à 10 % de la dose totale. Le but de ce paragraphe est donc de présenter et développer les algorithmes permettant une modélisation précise du prol de dose réel d'un mini-faisceau de protons, tel qu'illustré gure1.4.

3.2.3.1 Modèles existants et approximations

Il est dicile d'obtenir une description précise du halo dose à distance de l'axe d'un fais-ceau de protons pour plusieurs raisons. La première réside dans la diculté de réaliser les mesures pour décrire le phénomène. En eet, les détecteurs, parfois unidimensionnels, ne sont généralement pas de taille adaptée à ce type de mesures, souvent longues et fastidieuses : les chambres intégrales étaient jusqu'à récemment de diamètre insusant pour intégrer la to-talité de la dose, les détecteurs plans sujets à des eets non linéaires avec le TEL (comme le quenching des scintillateurs ou des lms radiochromiques) ou de composition atomique diérente de l'eau, le bruit statistique pouvant également être du même ordre de grandeur que le signal que l'on souhaite mesurer (< 1 % de la dose). La plupart des modèles sont donc basés sur des simulations Monte Carlo, ou sur des jeux de mesures généralement limités en terme de résolution ou de précision.

Parmi les nombreuses paramétrisations existantes (mentionnées au paragraphe 1.2.3.4), celles de [Soukup 2005] et [Pedroni 2005] sont régulièrement utilisées dans les TPS et re-posent respectivement sur un ajustement à des simulations Monte Carlo (Geant4.5.2 ) et à des mesures grâce à un modèle à deux composantes. L'équation1.13 s'explicite ainsi :

D1D(z) (1 wnuc) G1(1(z)) + wnucG2(1(z); nuc(z)) (3.15) avec wnuc(z; R0) = 0; 052  log 1; 13 +11; 2 0; 023Rz 0  + 0; 350; 0017R(R 02 R0 0+ 3)2 z2 1; 61  10 9 z(R0+ 3)2 (3.16a) nuc(z; R0) = 2; 85 + 0; 0014R0 log(z + 3) + 0; 06z 7; 4  10 5 z2 0; 22(z RR0 0 5)2 (3.16b)

où R0 et z sont les parcours et profondeurs équivalentes dans l'eau, 1(z) calculé à l'aide des équations 1.12et3.12.

Plusieurs caractérisations expérimentales ont également été réalisées ([Sawakuchi 2010], [Gottschalk 2015], ce dernier proposant une description détaillée des phénomènes physiques à l'origine du halo, ainsi qu'une série de mesures absolues pour une énergie (177 MeV) de fais-ceau basée sur des rendements en profondeur avec chambre d'ionisation. L'excellent accord obtenu entre mesures et simulations avec Geant4 valide également le principe de l'utilisation des codes MC pour paramétrer les modèles analytiques des TPS.

Plus récemment, deux groupes ont proposé l'utilisation d'une paramétrisation empirique constituée de trois composantes, deux gaussiennes et une distribution de Cauchy-Lorentz, ce qui permet au modèle de mieux reproduire les résultats des simulations eectuées cette fois avec FLUKA et MCNPX et des mesures eectuées sur deux machines diérentes ([Li 2012], [Bellinzona 2016]). Dans l'ensemble de ces papiers, il est démontré qu'une modélisation à trois composantes était signicativement meilleure pour décrire la distribution de dose latérale des mini-faisceaux, les diérences sur la dose absolue au centre du champ irradié augmentant avec la surface de celui-ci (jusqu'à 5 %). C'est la raison pour laquelle nous avons développé notre propre modèle de mini-faisceau, diérent en ce sens des modèles de [Soukup 2005] ou de [Pedroni 2005] et basé sur trois composantes.

Par ailleurs, la dose déposée par les particules secondaires semble être relativement indépen-dante des paramètres du faisceau primaire ([Peeler 2012]) : pour deux énergies de protons, cette équipe a montré par simulations MC que la contribution à la dose totale des particules secondaires avait une forme et des niveaux comparables quelle que soit la taille des mini-faisceaux primaires. Dans le modèle de sommes de gaussiennes que je construis, je fais donc l'hypothèse que l'écart-type pour les sources secondaires ne dépend que de l'énergie initiale du faisceau et de la profondeur considérée. Les paramètres de ces gaussiennes secondaires sont alors optimisés pour une géométrie de traitement à partir des simulations MC de notre ligne de faisceau.

Dans l'équation3.17aqui décrit notre modèle, les diusions des protons primaires dans l'air et dans les tissus sont modélisées par une première gaussienne dont l'écart-type dépend de air et 1, et nous ajoutons deux fonctions gaussiennes dont les écarts-type et pondérations rela-tives W2 et W3 vont dépendre à la fois de deux termes supplémentaires de diusion 2 et 3 et de la largeur du faisceau dans l'air air. Cette construction empirique permet d'obtenir des gaussiennes secondaires de dimensions supérieures à celle du faisceau primaire, ce qui facilite la convergence du programme d'optimisation que j'ai développé pour dénir simultanément l'ensemble des paramètres de ces fonctions sur toute la gamme d'énergie de faisceau utilisée. Ainsi, entre 100 et 230 MeV, nous obtenons quatre fonctions à base de polynômes dépendant de l'énergie initiale du faisceau E0, permettant de décrire la distribution de dose secondaire pour toutes les conditions de parcours ou de distance à l'axe du faisceau (voir annexeC). Ces fonctions analytiques permettent un calcul de la dose rapide, sont paramétrables librement à partir d'un jeu de mesures, de simulations MC voire de modèles physiques plus complexes.

3.2. L'algorithme de calcul pour les mini-faisceaux balayés 69 D(x; y; z) 1 2 0 @ D(z) 1(z)2 W2(z)  2(z)2+ air(z)2 1 A e (x x0)2 (y y0)221(z)2 +21 0 @ W2(z) 2(z)2+ air(z)2 W3(z)  3(z)2+ 2(z)2+ air(z)2 1 A e2((x x0)2 (y y0)22(z)2+air(z)2) +21 0 @ W3(z) 3(z)2+ 2(z)2+ air(z)2 1 A e2(3(z)2+2(z)2+air(z)2(x x0)2 (y y0)2 ) (3.17a)

Les paramètres de l'équation 3.17a ont été obtenus à partir de simulations des distribu-tions de dose 3D dans un fantôme d'eau de 200  200  400 mm3 avec Geant4.9.6/Gate7.0, pour 13 énergies entre 100 et 220 MeV avec 100  106 particules par simulation, et une réso-lution de 1  1  1 mm3. Les coecients des polynômes décrivant la variation des paramètres des gaussiennes avec la profondeur et l'énergie initiale de faisceau ont ainsi été optimisés simultanément grâce à un script basé sur une minimisation des moindres carrés et développé spéciquement pour assurer la convergence des paramètres. Dans ce modèle, on peut remar-quer que le terme D(z), qui intervient dans les amplitudes des diérentes gaussiennes, ne correspond pas au rendement en profondeur intégré tel qu'il est décrit habituellement : en eet, et comme soulevé également par [Gottschalk 2015], les mesures avec chambres d'ioni-sation intégrales prennent en compte la dose déposée par la totalité des particules primaires et secondaires. Il y a donc une incohérence à utiliser cette grandeur dans un modèle où pri-maire et secondaire sont séparés, et dans notre cas celui-ci est obtenu indirectement lors de l'optimisation des paramètres des diérentes composantes.

3.2.3.2 Décomposition du mini-faisceau en milieu hétérogène

An de prendre en compte la déformation que peut subir chaque mini-faisceau à travers les hétérogénéités, celui-ci est décomposé en sous-faisceaux et la dose totale s'exprime alors comme la convolution d'une uence primaire Fi exprimée dans l'air avec la dose Dj délivrée par chacun des sous-faisceaux (prenant en compte la diusion de chacun d'entre eux dans les tissus). C'est cette méthode qui est principalement à l'origine de la lenteur relative des calculs analytiques : en eet, le nombre important de mini-faisceaux d'un plan de traitement (plusieurs milliers), lesquels doivent être décomposés en sous-faisceaux, demande un grand nombre d'opérations numériques, principalement des lancers de rayons à travers les voxels, de stockage de grandeurs comme le calcul des écarts-type des gaussiennes aux diérentes profon-deurs, avec prise en compte en 2D de la dispersion sur chaque rayon, et des approximations sont généralement nécessaires. Dans certains TPS, la décomposition en sous-faisceaux est eectuée selon une grille irrégulière : chaque faisceau est décomposé en seulement quelques

sous-faisceaux répartis autour de l'axe principal à des distances variables. Dans notre modèle, nous avons conservé une grille cartésienne régulière alignée sur la grille de calcul nal, ce qui correspond à une décomposition de chaque faisceau en quelques centaines de sous-unités, selon la largeur initiale du faisceau et la distance à laquelle la décomposition est eectuée (voir gure 3.9). Cette méthode permet de prendre en compte toutes les hétérogénéités (de dimensions supérieures à la grille de calcul) situées dans le champ d'irradiation car toute la surface est traversée par des sous-faisceaux. La distance maximale de décomposition est paramétrable dans la librairie du TPS, et un rayon de 50 mm autour de chaque mini-faisceau ainsi qu'une résolution de grille de 2 mm ont été choisis dans ce qui suit. Les temps de calcul obtenus, hors optimisation inverse et sans parallélisation, restent ainsi inférieurs à la minute par faisceau sur les machines de routine.

Figure 3.9  Déformation d'un mini-faisceau après passage dans une hétérogénéité os (à mi-largeur de faisceau), et illustration de la grille de décomposision du mini-faisceau en sous-faisceaux (grille cartésienne de résolution 2 mm).

Comme le terme correspondant à la diusion dans le patient est nul en entrée, un artefact mathématique apparait lors de la convolution si la maille de calcul est inférieure à la largeur des sous-faisceaux : pour atténuer cet eet, nous leur attribuons un écart-type minimal cor-respondant à celui obtenu en sortie de ligne. La dose totale en un point s'exprime alors par la sommation de la dose délivrée par un ensemble de N mini-faisceaux, chacun décomposé en une superposition de n sous-faisceaux. Le premier terme de l'équation 3.17adevient alors :

D(x; y; z)21 XN i=1 2 4Xn j=1 0 @ D(z) 1(z)2 W2(z)  2(z)2+ air(z)2 1 A Dj(x; y; z)  Fi(x; y; z)

 airsnout(z)2+ sousfaisceautissus (z)2 2snout

air (z)2 sousfaisceautissus (z)2 !

 x0y0 #

(3.18a)

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faisceaux ainsi :

Dj(x; y; z) = e

(x nx0)2 (y ny0)2

2tissussousfaisceau(z)2 (3.19a)

Fi(x; y; z) = e

(x x0)2 (y y0)2 2snout

air (z)2 (3.19b)

avec les écart-types correspondants :

snout air (z) = X2 i=1 i(R0)DSP (z)i !2 + 20(R0) X2 i=1 i(R0)DSP (z)i ! (3.20a)

sousfaisceautissus (z)2 = tissus(z)2+ (0(R0))2 (3.20b)

L'utilisation des fonctions gaussiennes s'avère précise lorsque la dose est calculée en un point innitésimal, ou dans un volume ou voxel de très faibles dimensions. Lorsque le gradient de dose dans les éléments de volume de taille non négligeable ne peut plus être considéré comme nul, la valeur de la dose est alors évaluée en utilisant l'intégrale de la dose déposée dans le voxel : la valeur moyenne du prol de dose Dj s'exprime grâce à une fonction erreur, elle-même basée sur l'intégrale de la fonction gaussienne sur la largeur du voxel supposé symétrique (équation3.21a).

Dj(x; y; z) = 1 4 erf p (x0) 2tissussousfaisceau(z) !2 " erf (x (n +12)x0) p 2tissussousfaisceau(z) ! erf (x (n 12)x0) p 2sousfaisceautissus (z) !#2 (3.21a)

3.3 Validation du calcul de la dose pour les mini-faisceaux