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Chapitre II : La traduction dans la culture irakienne et le système éducatif en Irak

2.5 Période contemporaine : après 2003

Le revirement politique du pays après 2003 accroit les besoins en traducteurs de

langues étrangères en raison de la vaste ouverture dans les secteurs économiques, politiques et culturels, après un grand isolement du pays durant quarante ans. Dès l’arrivée des Baathistes au pouvoir en 1963 puis en 1968 jusqu’à la chute du régime dictatorial par l’occupation des Américains de l’Irak en 2003, l’Irak a connu des temps terribles : guerre civile discontinue contre les Kurdes irakiens de 1963 jusqu’à 1991, première guerre du golfe 1980-1988 contre l’Iran, deuxième guerre du golfe 1990 (l’occupation du Koweït) , l’embargo de 1991 à 2003 et l’occupation des Etats-Unis en 2003. Malgré les effets pernicieux, nocifs, vicieux et funestes de l’occupation, essayant de diviser définitivement le pays en trois, il existe une ouverture que l’Irak n’avait pas connue auparavant.

Cette ouverture exige un changement du système éducatif irakien ; la traduction n’en est pas exempte. La Faculté des langues à l’Université de Bagdad prend en compte la tâche de moderniser les programmes de l’enseignement des langues. Notre recherche s’inscrit dans ces efforts, à savoir étudier la situation de la traduction français-arabe comme un module dans le cursus du département français. Nous allons présenter les trois points liés à ce sujet :

2.5.1 Rôle des moyens numériques

Grace à la révolution informationnelle et au développement technologique dans le monde et l’ouverture du pays après 2003, les Irakiens commencent à profiter des moyens numériques et également médiatiques surtout Internet. De ce fait, l’apprenant a recours à la traduction via Internet avec les outils comme le site de google translate, à des logiciels et des dictionnaires numériques. L’enseignant a aussi recours à internet du fait de la disponibilité d’un volume colossal de textes traduits.

Ainsi, le recours aux corpus de textes traduits sur Internet, minutieusement choisis, sert à la fois les démarches pédagogiques et pratiques (les applications) dans la classe de traduction. Ce recours à la traduction numérique à la place du dictionnaire bilingue, a deux effets : l’un est positif, considéré comme un outil de la traduction pour savoir rapidement le premier sens littéral d’un mot ou bien quelques structures de phrases simples ; l’autre est négatif, conduit à des erreurs de traduction dues au transcodage qui devient à la fois un phénomène courant chez l’apprenant et l’enseignant :

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généralement (sauf certains domaines et certaines structures morphosyntaxique) des erreurs, et non des fautes. Les erreurs ne sont pas terminologiques, au contraire nous dirions que la machine est plus fiable que l’homme pour ce qui est de la terminologie spécialisée. Elles sont généralement morphologiques ou syntaxiques, et dues à des lacunes dans la programmation ou à des ambiguïtés. » (Loffler- Laurian 1990 :146-47)

Il est évident que l’accélération du rythme de vie impose de trouver des moyens pour réduire l’effort. Dans cette optique, l’apprenant recourt au dictionnaire numérique bilingue quand il se trouve face un grand nombre de vocabulaire ne répond pas aux besoins des apprenants en tenant compte de la question de l’objection préjudicielle contre l’impossibilité théorique de traduire alors que la traduction automatique est au premier plan. De fait, la traduction automatique est incompétente ou lacunaire, jusqu’à nos jours en raison du grave désordre entre le décodage et l’encodage. Autrement dit, il n’existe pas de moyen pour favoriser des combinaisons innovantes entre deux principaux paradigmes de la traduction automatique : les statistiques et les règles.

Il est notoire que l’apparition d’un certain nombre de traductions et la progression des études linguistiques ont pris une allure vertigineuse à la fin de la deuxième guerre mondiale. La traduction automatique est devenue aujourd’hui un domaine hautement interdisciplinaire et pluridisciplinaire car elle est approchée du point de vue des traducteurs humains, des ingénieurs, des informaticiens, des mathématiciens et des linguistes. Ce domaine commence à régner sur les études linguistiques à partir de la fin de la deuxième guerre mondiale.

L’Irak est l’un des pays sous-développés qui a vécu des événements politiques désastreux successifs de son histoire moderne. Cependant, l’ouverture politique vers le monde et l’explosion économique après 2003, ont poussé le pays vers la modernité. Ce qui a eu un effet remarquable sur le système éducatif, et aussi sur l’université. La génération des apprenants, après 2003, bénéficie de moyens qui l’aident à apprendre les langues. En faveur de nouveaux moyens telle que le satellite, l’apprenant a accès à des films français, à des chansons et à toutes les émissions des chaînes françaises. Autrement dit, les moyens informatiques permettent à l’apprenant d’entrer facilement et directement en contact avec le français. Cette possibilité n’existait pas avant 2003.

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2.5.2 Rôle des revues locales en français 2.5.2.1 Revue BAGDAD (annexe 1, p. 277)

Cette revue culturelle et artistique trimestrielle, est publiée en français par Dar al- Ma’amwn, et appartient au ministère de la culture irakienne. Elle s’intéresse à la vie culturelle en Irak, à la civilisation irakienne et à son héritage. Le premier numéro est paru en 1970 sous le titre L’Irak aujourd’hui. Au début des années 1990, elle a pris le nom

Bagdad. Elle a connu des périodes d’arrêt notamment pendant l’embargo contre l’Irak

(1991-2003). Elle est considérée comme la seule revue en français jusqu’à 2003 pour les lecteurs irakiennes. Dans un premier temps, ceux qui effectuent les traductions sont diplômés de français mais ceux qui font une révision et une restitution de ces traductions sont des traducteurs professionnels bilingues souvent arabes. Cette revue a publié cinq numéros en 2013 et quatre en 2014. Cette revue a publié cinq numéros en 2013 et quatre en 2014.

2.5.2.2 Revue Hussein Renaissance (annexe 1, p.278)

C’est une revue culturelle trimestrielle, publiée par le Saint Sanctuaire Husseinite dans la Ville Sainte de Karbala. Le premier numéro est paru en 2010. Elle est caractérisée par ses orientations islamiques et culturelles. Elle cible la diffusion des activités religieuses et culturelles générales de la ville en s’intéressant aux questions de la société islamique partout dans le monde. Elle traite des questions culturelles diverses sur la civilisation de l’Irak et du monde musulman. Elle a, en outre, pour objectif la présentation d’une culture tolérante de l’Islam modéré, inspirée par la ligne de conduite du Prophète et les membres de sa famille, bâtie sur la tolérance, l’amour et la paix.

La plupart des articles sont écrits en arabe et traduits en français par des traducteurs irakiens et sous la direction des enseignants universitaires de français.

Le Saint Sanctuaire Husseinite dans la ville sainte de Karbala dispose aussi d’un centre de traduction consacré à traduire des livres, des brochures et des guides religieux et touristiques de la langue arabe vers les langues anglaise, française, allemande, turque, persane et ourdoue.

Les deux revues ont des effets considérables car elles sont facilement accessibles pour les apprenants, en sachant que l’obtention d’une revue française en Irak était impossible. Autrement dit, ces revues deviennent des références écrites et modernes en français pour

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2.5.2.3 Rôle des institutions de la traduction : l’Association des Traducteurs Irakiens

Malgré les tentatives intéressantes à la traduction dans certaines institutions culturelles et intellectuelles comme Dar al-Ma’mun du ministère de la culture irakienne et Baït al-Hikma (Maison de la Sagesse) ayant une façon autonome, la traduction français- arabe/ arabe- français n’existe que rarement dans des essais individuels.

De fait, l’Association des Traducteurs Irakiens à Bagdad est la seule association légale dans le pays à être responsable de la validité des traductions de toutes les langues devant la loi irakienne. Or, cette association est considérée comme le cœur de la traduction où elle est pratiquée quotidiennement. L’association a son rôle dans la théorie de la traduction par le biais de l’organisation de séances régulières sur la traduction. Elle a été fondée en 1970 à Bagdad par ceux qui s’intéressaient à la traduction. Il s’agit principalement des professeurs de langues de la Faculté des langues à l’Université de Bagdad. Au commencement, le travail de cette association était d’abord d’authentifier les documents traduits par des traducteurs, mais son expansion s’est accrue après 2003 par le biais de conférences annuelles sur la traduction en publiant sur Youtube. Cette association organise aussi régulièrement des stages sur la pratique de traduction en différentes langues.

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