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-qui n'a pu entrer est enlevée d'un coup de ciseaux. Le reste est maintenu au moyen d'un tampon de gaze iodoformée.
Le lendemain, 4 février, latige n° 9 est remplacée par une tige
n° 13 qui pénètre dans une étendue de 4 centimètres. Tampon de gaze iodoformée.
Le 6 février, une tige n° 13, préalablement courbée, est introduite
tout entière par M. Lefour dans la cavité utérine, après abaissement du col à la vulve à l'aide d'une pince fixatrice de Duplay.
Le 7 février, après l'ablation de cette dernière tige, notre maître abaisse de nouveau le col, lave la cavité utérine avec la liqueur Van Swieten et la brosse avec un écouvillon chargé de glycérine créoso-tée, il introduit alors dans l'organe une tige d'aluminium qu'il fixe par Le procédé qui lui estpersonnel.
Cette petite opérationaétéàpeine douloureuse; la malade revient lelendemain, elle n'apas souffert depuis laveille et ne se dit nulle¬
ment incommodée.Après un lavage soigneux de la cavité vaginale à la liqueur de Van Swieten, on lui met un tampon de gaze iodofor¬
mée.
Le 13, la malade déclare se sentir beaucoup mieux; elle nesouffre
plus desrégions hypogastriqueset lombaires. Ladouleur latéro-uté-rine persiste, mais la gène causée par la sLation debout a diminué.
Laleucorrhée estmoindre. En somme, notable amélioration.
Le 17, apparition des règles depuis la veille. L'écoulement est normal. La maladen'éprouve aucune des douleurs qu'elle éprouvait d'habitude au moment des règles.
Observation XV
ServicedeM. leprofesseur Lanelongue.
Irma M,.., 24ans, tisseuse, entre, le 26juin 1893, salle 8, lit 3.
Antécédentspersonnels : Premières règles à 12 ans, douloureuses.
Depuis, toujours bien réglée, mais, quelques jours auparavant, coli¬
quesviolentes.Depuis l'âgede 13ans,pertesblanches dans l'intervalle des règles. A partir de ce moment, douleurs pour uriner.
Mariée à 18 ans, la malade a eu deux enfants. Son dernier
accou-chement remonte à deux mois. Apartir de ce moment, douleurs en ceinture avec irradiation aux lombes et aux cuisses.
Il fautnoter que, depuis l'âge de 7 ou 8ans, la maladeades crises
nerveuses. Elle éprouve la sensation d'une boule qui montedu creux
épigaslrique jusqu'à la gorge et semble l'étouffer. Elle tombe alors sans' connaissance, mais jamais, durant ses crises, la malade n'a mordu sa langue. Lescrises reviennentdeux ou trois foispar mois
àl'occasion de laplus petite contrariété.
Examen : Le toucher vaginal permet de trouver un col déchiré
en position normale, un corps mobile mais douloureux, volumineux
eten antéflexion très marquée. Rien du côté des annexes. Lapres¬
sion sur le bas-fond de la vessie esttrès douloureuse.
Le cathétérisme, qui est très difficile, donne 7 centimètres.
Le3juillet, curettage et drainage.
Le 8juillet, on enlève les tampons vaginaux.
Le 18, la malade commence à se lever et éprouve quelques légè¬
res douleurs abdominales.
La malade quitte l'hôpital le29juilleten parfait état.
Le 9 mars 1896, c'est-à-dire 8 mois après, la malade revient se montrer. On trouvela tige expulsée de la cavité utérine dansle
cul-de-sac postérieur.
L'utérus estmobile eten antéversion, rienaux annexes.
Lesrègles se montrent à époque fixe et sans douleurs.
Observation XVI
Service deM. le professeur Lanelongue.
Marie R..., 26 ans, entre à l'hôpital, salle 8, lit 6, pour douleurs
dans le bas-ventre.
Antécédents personnels : Réglée à lo ans régulièrement. Les règles duraient o ou 6 jours, étaient accompagnées de coliques et quelquefois de caillots. Dansl'intervalle des règles,pertes blanches.
La malade se marie à 18 ans, mais le mariage n'apporte aucune modification dansl'état de sa santé. Pas de grossesse à signaler. À
19ans, les douleurs dans le bas-ventre etles côtésaugmentèrent et
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s'accompagnèrent de pertes rouges assez abondantes. Depuis ce mo¬
ment,les douleursvont toujoursenaugmentant,elless'irradientdans les lombes et les cuisses et sont d'une telle intensité qu'elles provo¬
quent quelquefois des vomissements. C'est devant la persistance de
ces phénomènes que la maladese décide à entrer à l'hôpital.
Examen : Le toucher vaginal permet de constater le col de l'utérusen avant, mais il ne présente rien d'anormal. Le corps est dans lecul-de-sacpostérieur. 11estaugmenté de volume. Lesannexes des deux côtés sont douloureuses, mais ont conservé leur volume normal.
L'hystérométrie donne 8centimètres et demi.
Le 19 octobre 1895 : Dilatation avec tige de laminaire.
Le 21 octobre 1895 : Curetlage et drainage.
Le 23juillet 1896 : On enlève la tige, la malade est en parfaite
santé.
Février 1897 : La malade revientse montrer et onconstate unétat local excellent. Utérus mobileet danssa situation normale. Les dou¬
leurs ont disparu. Les règles reviennent régulièrement sans être
douloureuses.
Observation XY1I
Service de M. le professeur Lanelongue.
Marie B..., 32 ans, entre à l'hôpital, aux dames payantes, pour douleurs dans le bas-ventresurvenant au moment de sesrègles.
Antécédents héréditaires : Mère morte à 51 ans d'une pleurésie.
Père vivant, 70 ans,jouit d'une très bonne santé. Une sœurvivante
très bien portante.
Antécédentspersonnels : Réglée à 12ans, les règles durèrent huit
jours, furent très abondantes, sans douleurs, mais s'accompagnè¬
rent de l'expulsion de quelques caillots. Les règlesreviennent régu¬
lièrement tous les mois; quelquefois, dans l'intervalle, quelques pertes blanches.
Histoire de la maladie : Depuis quatre ou cinq ans, les règles
deviennent douloureuses. La malade éprouve des douleurs dans le
bas-ventre, s'irradiant dans les lombes etles cuisses. Mariée depuis
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un an, elle n'ajamaisété enceinte, et c'est devant la persistance de
ces phénomènes douloureux qu'elle a décidé d'entrer à l'hôpital.
Pas cependant d'autres troubles à relever, si ce n'est de la constipa¬
tion habituelle.
Examen : Col petit, normal, porté en avant; dans le cul-de-sac postérieur, on sentla saillie du corps de l'utérus qui 11e semble pas
augmenté de volume, mais qui faitsaillie surla paroi antérieure du
rectum. Rien du côté des annexes. Donc rétroflexion.
L'hystéromé-trie donne 7 centimètres.
Le 21 janvier 1897 : Curettage et drainage; on fixe la tige avecun fil d'argent.
Février : On enlève les tampons, et la malade est mise aux injec¬
tions.
En mars 1898, on enlève latige et on constate que l'utérus est danssa position normale et qu'il est très mobile.
Depuis, les règles sontrevenues trèsrégulièrement,sansdouleurs,
mais elles sontassez abondantes. Durant l'année 1900, à noter une grossesse terminée par un accouchement normal.
Observation XVIII
Service de M. le professeur Lanelongue.
LouisaD..., 19 ans, lisseuse, entre le 21 avril 1897, salle 8, lit 19..
Antécédents personnels : Réglée à 11 ans. La malade dit avoir beaucoup souffert et avoir rendu des caillots. Lès règles ont été
régulières jusqu'à l'âge de 13 ans. Depuis, toujours
irrégulières
ettrès douloureuses. Dansl'intervalle des règles, pertes très épaisses, visqueuses, n'empesantpasle linge.
Etat actuel : La palpation est douloureuse à gauche et
dans la
région sus-pubienne. Le toucher vaginal permet de
constater
uncol à peu près dans l'axe du vagin et présente quelques
granula¬
tions, son orifice est petit. Son volume et sa consistance
sont
nor¬maux. Le cul-de-sac antérieur est très effacé, il est occupé par le
corps de l'utérus. Les autres culs-de sac sont libres. Le corps
de
l'utérus a son volume normal, il est très (léchi en avant.
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L'hystéromètre donne8 centimètres.
L'étalgénéral estBon. La malade n'estpasamaigrie. L'appétitest très irrégulier.Elle ade fréquentescrampesd'estomacaccompagnées
quelquefois de vomissementsaqueux. Pas de constipation.
Le 29avril 1897 : Cureltage et drainage.
Le 4 mai : On enlève les tampons.
Le 20 mai : La malade quitte l'hôpital.
.Le 24 mai : Elle revientcar elle souffre beaucoup dans le bas-ven¬
tre, il lui semble avoir des épingles. On enlève la tige.
Le 24 mai 1903 : La malade nous écritque les douleurs ont com¬
plètement disparu, que depuis l'ablation de la tige les règles sont
revenues Irès régulièrement etsans s'accompagner de phénomènes douloureux.
Observation XIX
Service de M. leprofesseur Lanelongue.
Marie Ch.,., 29 ans, tailleuse, entre à l'hôpital, salle 8, n° 30, le
3 mai 1893.
Antécédents personnels : Réglée pourle première fois à onze ans.
Depuis les règles sont revenues très régulièrement, mais à chaque époque menstruelle, violentes coliquesobligeant lamalade à s'aliter.
Les règles étaienttrèsabondantes et s'accompagnaientdel'expulsion
de quelques caillots. Il y a quatre ans, la malade commençaà souf¬
frir dans l'intervalle des règles. Les douleurs revenaient parcrise
durant la nuitet siégeaient dans les reins, le bas-ventre etles cuis¬
ses. Apartir de ce moment, les règlesdiminuèrent d'intensité et de durée. La malade ne perdait plus quependant qnatre jours et une quantité de sang assez minime.
Enfin, sur les conseils de M. le professeur Boursier, elle entre à
l'hôpital.
Examen : Le toucher vaginal permet de trouver un col gros dans
l'axe du vagin. Le corps de l'utérus estfortement coudé eten anté-flexion. Les annexes sont un peu volumineuses.
L'hystéromètre donne 8 centimètres etdemi.
Opération : Le 28 mai 1893, curettage et drainage.
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Le 29 mai etjours suivants, étatexcellent.
Le 24juin, la malade part en très bonne santé, la tige toujours bien en place.
Un mois etdemi aprèsl'intervention, les règles reviennent tou¬
jours très douloureuses.
Sept ou huit jours après, les douleurs devinrent si violentes que la malade se laissapiquer de morphineet, commeles douleurs per¬
sistaient, elle se décidaà faire enlever la tige.
Observation XX
f
Service de M. leprofesseur Lanelongue.
M. B..., 36 ans, entre à l'hôpital,aux dames payantes, le 11 avril 1901.
Antécédentspersonnels: Premières règles à quinzeans,douloureu¬
ses. A dix-huitans, gastralgie suivie d'anémie.
Depuis les règles sontirrégulières,abondantes, s'accompagnent de douleurs dans le ventre, les reins et les cuisses. Dans l'intervalle, pertes blanches trèsabondantes.
Examen : Colvirginal coudé surle corpsde l'utérus.
Le 17 avril1901, curettage et drainage.
Dans le mois de juillet, la tige tombe; elle est remplacée le
1er août. Durant les années 1901 et 1902, pertes continuelles soit blanches, soit jaunes, soit rosées. Les règles reviennent toutes les
troissemaines,sontassez abondantes maisnondouloureuses.
Lamalade se plaint d'être très nerveuse.
Le 7 avril 1903 : On enlève la tige et on constate que l'utérus est
très mobile etdans sa position normale.
[je 10 avril: les règles reviennent sans douleurs et sont peu abon¬
dantes, les pertes ont disparu depuis l'ablation de la tige. A noter quelques douleurs dans le ventre et lesreins pendant la marche.
L'état général de la malade s'est notablement amendé.
Quelle est la règle de conduite pour l'application
d'une
tigeintra-utérine?
1° S'assurer qu'il n'y a pas contre-indication, c'est-à-dire
grossesse, endométrite aiguë, inflammation aiguë ou subaiguë
des ovaires et des trompes, fixation de l'utérus par de vieilles
adhérences.
2° Dilatation jusqu'àce que le canal soitassez large pour per¬
mettre le passage d'une tige de diamètre suffisant pour vaincre
la sténose.
3° Mesurer avec soin la longueurde la cavité utérine etchoisir
une tigeayantuncentimètre de moins. Si la tigeest trop longue,
on court le risque de voir le fond de l'utérusse perforerà l'occa¬
sion d'unebrusque pression de la partie inférieure de l'abdomen;
si elle est trop courte, l'utérus peut se replier sur lui-même.
•4° Toutes les précautions antiseptiques prises et la malade
soumise à l'anesthésie, on attire la lèvre antérieure de l'utérus
avec une pince à abaisseret onintroduitla tige enayant soin de
faire glisser le col sur la tige plutôt que de pousser la tige dans
l'utérus.
5° La malade doit garder le repos au lit pendant
quarante-huit heures.
6° Si des signes d'inflammation se produisent, il faut enlever
la tige aussitôt.
Commentpeut-onexpliquer l'action sédative des tiges intra uté¬
rine? Le processus de redressement pourSkesse repose en partie
sur la natureparticulièredel'organe.« L'utérus, le vaginetlestis¬
sus adjacents, dit-il, ont pour caractère depouvoir accommoder
leur forme suivant les influences extérieures. Une atrophie limi¬
tée ou une hypertrophie s'établit plus vite dans ces organesque dans les autres parties de l'organisme. Placez l'utérus dans une
position vicieuse et en peu de temps les tissus se modifieront
pour le maintenir dans cette nouvelle position. Cette loi s'appli¬
que aux conditions normales aussi bien qu'anormales et nous pouvons en déduire que si on rend à un utérus fléchi sa forme
normale et qu'on l'y maintienne, les modifications des tissus
suffiront pour le fixer en bonne position ».
Il est donc nécessaire qu'une suractivité intervienne pour
effectuer ce travail.
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Winckel prétend que « toutes les fois qu'un pessaire a été
introduitdans la cavité utérine, on observetoutes lesdix, quinze
ou vingt minutes, des contractions utérines qui ont lieu chaque
fois que, par suite des mouvements exécutés par la malade,
l'extrémité de la tige vient toucher l'organe ».
Après l'introduction d'une tige, assure Morris, on voit sou¬
vent survenir de la congestion, puis des douleurs et des hémor¬
ragies comme dans l'avortement provoqué, ce qui amène des changements dans la nutrition de l'organe.
Mais la présence de la tige provoque-t-elle seulement une
suractivité fonctionnelle? Ne faut-il pas faire intervenir l'action
du drainage pour expliquer le redressement de l'utérus? Les liquides ne stagnant plus, le poids de l'organe se trouvera d'au¬
tant diminué et le corps tendra à reprendre sa position nor¬
male.
En résumé, la tige intra-utérine a pour double effet de sup¬
primer complètement la sténose et de guérir l'hyperhémie de l'organe.
CONCLUSIONS
I. La coudure utérine ne donne pas toujours lieu à des acci¬
dents morbides. L'angle de flexion peut être très exagéré sans donner lieu à des syptômes fonctionnels. Ils n'apparaissent que
lorsque lacoudure a amené une diminution du
calibre du
canalsoit par hypertrophie de la muqueuse, soit par sténose
du col.
Ces symptômes sont aggravés par l'existence
de lésions utérines
et péri-utérines consécutives.
II. La coudure est le résultat plutôt que la cause première
des modifications pathologiquesde l'utérus,
mais
unefois
cons¬tituée, elle entraine de nouvelles altérations
utérines
etpéri-utérines quine font que l'aggraver.
III. Cliniquement le gynécologue est