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peut guère ouvrir les paupières. Le larmoiement est assez abondant

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À l'examen, la cornée a perdu de sa transparence et sur le bord interne l'on voit unepetiteulcération peuprofondeàpourtourirrégulier,

de forme allongée.

Puis l'on aperçoit unevàscularisation trèsépaissepartant de la scléro¬

tique et se dirigeant vers le centre de la cornée.

La chambre antérieure est nuageuse, contenant quelques ilocons de pus.

L'on faituneinjection de cyanure de.mercure le 29 janvier.

30. Chémosis assez fort. Douleurs violentes qui durèrentplus de trois heuresaprès l'injection.

2 février. Phénomènes inflammatoires sesont amendés. La vasculari-sation est devenue moins serrée, la teinte rouge de la sclérotique est.

devenue rosée, l'ulcération tendh disparaître.

La photophobiea diminuée. L'ulcère cornéenestenvoie de réparation.

Le 4 février le maladequitte l'hôpital, l'ulcérationayantdisparuet les troubles inflammatoires presque effacés. Acuité moins nette qu'avant

l'accident, est bien remontée cependant. Le malade qui, à son entrée,

ne voyaitpas la flamme d'une bougie de son œil malade, compte à son

départ facilementles doigtsh une distance de trois mètres.

Observation III (personnelle).

Irido-choroidite et Panophtalmie.

Auguste Laste, rueBrémontier, 57 ans. 0 D

En 1857, areçuun éclat derivet qui a fendu la cornée de haut en

bas,depuis le centrejusqu'à la partie inférieure. Dubrès et Pons le soi¬

gnèrent et constatèrentune cataractequi fut opérée par euxun anaprès.

Le malade peut compterles doigts après l'opération etguérit norma¬

lementsans incident, maissanssouffrance; sa vue s'affaiblit peu à peu.

En 1870 le malade n'y voyait plus de cetœil. En 1897, à lasuite d'un chocqu'il reçut, des douleurs survinrent dans son œil, qui donnaient aussiau malade la sensation de gravier. On diagnostiqua : kératite On lui donnadescollyres successifs qui ne purent empêcher les douleurs

de se produire. M. Lagrange levit le 20 août 1897 etle fit entrer

à

l'hôpital pour un enclavementde l'iris danssaplaie.

L'opération pour dégagerl'iris fut faite.

A la suite, douleurs intolérables,l'œil devient trèsrouge aveccliémosis

développé.

Le malade ressentait deslancementstrès forts desonœil. La pression,

au niveau duprocès ciliaire, était horriblement douloureuse, et même

l'instillation de quelques gouttes de collyre lui provoquait une grande

douleur avecla sensationd'un poids énorme à l'endroit où on le mettait.

Lacornée, l'iris, étaient trèstroubles; la pupille blanche on diagnos¬

tiqueune panophtalmie post-opératoire.

M. Boisseau, externe du service, lui fit alors une injection sous-conjonctivale de cyanure de mercure.

Douleurs très violentes àla suite del'injection, douleurs qui durèrent

deux heures. Bourrelet chémotique volumineux, et œdème des paupières.

Dès le soir même, toutesles douleurs s'amendèrent, le lendemain, les

phénomènes inflammatoires diminuèrent, la rougeur fut moins intense,

lestroubles de la cornée etde l'iris prirentune tendance à larégression.

Le surlendemain, œil presque normal, douleurs disparues, et on neles

éveillait qu'en exerçant une forte pression au niveau du procès ciliaire.

Le maladerestaencore quelques jours à l'hôpital, mais nefit plus de poussées inflammatoires.

Observation IV (personnelle).

DauvinEmile, 31 ans, Bordeaux.

Le maladese présente hlaclinique le 16 juillet1897avec une kératite

à.hypopyon h l'œil droit, causée par un éclat de bois.

Cet hommeprétend avoir eu la vue excellente jusqu'à cet accident,

survenudepuisune dizaine de jours.

Al'examen, sacornéeest infdtréeetsachambre antérieureestremplie

depus. Alapartie inférieure de la cornée siège uneulcérationprofonde.

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L'œil est injecté. Les réseaux vasculaires scierai et cornéen sont très serrés.

Le 20 juillet, onpratique la parencentèse, qui donne issue au pus contenu dans la chambre antérienre, puis on injecte le cyanure de

mercure.

3 heures après l'injection, les douleurs ne cessèrent pas, elles furentintolérables audire dumalade, puis diminuèrent. Le chémosis fut intense puis diminua. Pas d'œdème des paupières.

Le 25 juillet, les phénomènes douloureux s'étaient apaisés, l'œil n'était presque plus injecté, etl'hypopyonavait complètement disparude

la chambre antérieure. L'ulcère cornéen était presque complètement guéri, la réparation presque achevée.

Le maladesort le 29 juillet, complètement guéri.

Observation Y (personnelle).

Panoplithalmie.

Libournet Jean,48 ans, seprésente à l'hôpital le 11novembre pour

une kératiteà hypopyon. Lemaladeraconte qu'il la suite d'une brûlure

avec de la chaux, survenue le 15 août, il voit son œil s'enflammer progressivement, la vision devient de plusen plusfaible, etsouffrant et

n'yvoyant plus de son œil, il arrive quinze jours après à l'hôpital avec une kératite h hypopyon.

Sa cornéeestinfiltrée et présenteuneprofondeulcération. Sachambre antérieureest rempliedepus et soniris est recouvert d'exsudats.

Craignant uneperforation, l'on pratiquetrois paracentèses qui sont suivies de quatre injections de cyanure de mercure.

L'inflammation s'arrêteetle malade quitte l'hôpital se croyant guéri bien que son œil fut un peu enflammé.

Trois semainesaprès, il rentre àl'hôpitalavec unekératite à hypopyon,

un chémosis volumineux, avecdes douleurs violentes provoquées par le moindrecontact, faisant de la panophtalmie. La cornéeest perforée en baset l'onaperçoit dans le haut un amas de pus.

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Devant cette fonte purulente de l'œil, l'énuçléation est proposée par M. le professeur Badal, qui tente cependant l'injection au cyanure de

mercure.

Le malade souffre fortement après ses injections, qui s'accompagnent chacune d'un cliémosis intense.

Deux injections lui sont faitesh huit jours d'intervalle.

L'inflammation s'arrête, les phénomènes douloureux cessent, et le malade sort guéri, conservant son œil, mais avec la vision abolie. La cornée toute entière adisparue. L'œil est réduitàun moignon aplati qui

est très mobile. Le malade ne souffre presque plus.

Observation YI (personnelle).

Savarias, 75 ans, de Montendre (Charente).

Entre le 18 marsh laclinique pour unekératitefi hypopvon avec une ulcérationprofonde de la cornée.

Le malade raconte que vers le commencement du mois il reçut un

fragment de bois dans l'œil droit. A la suite de cette blessurel'œil s'enflamma une conjonctivite intense avec photophobie et larmoiement.

A sonentrée à, l'hôpital, on constate une kératite avec un hypopyon

assezabondant de la chambre antérieure.

La cornée présente vers son bord externe une ulcération profonde.

On fit le21 mars uneinjection decyanure de mercure h 1 p. 100, h la dose d'une demi-seringue.

Douleurs qui durèrent environ deux heures, et il se produit un fort cliémosis. Lesphénomêdes inflammatoires diminuent les jourssuivants.

Le 26 mars, craignant que sa cornée ne seperfore, on pratiqua la paracentèse avecévacuation du pus. Puis, parallèlement, l'on fait une

injection de cyanurede mercure.

Douleur cliémosis.

Le 30mars, l'ulcérationest en voie de guérison, l'hypopyon acomplè¬

tement disparu de la chambre antérieure.

Le 4avril, le malade sort guéri de l'hôpital, le processus inflamma¬

toireayant complètement disparu.

CHAPITRE IV

De la kératite interstitielle.

Nous venons de voir les modifications apportées par les injec¬

tions de cyanure de mercure dans la marche des maladies infec¬

tieuses. Mais il est d'autres affections du globe oculaire, qui

bénéficient largement de cette médication, je veux parler des

affections d'origine syphilitique.

A mon grand regret, je n'ai pu recueillir d'observations, toute¬

fois, je neles passerai pas sous silence.

M. Zossenheim, dans les nombreux cas qu'il a traités, arrive

aux conclusions suivantes : c'est que les affections d'origine syphilitiquelocaliséesdans lasclérotique, la choroïde, larétineou la cornée disparaissent sous l'influence des injections avec une

rapidité vraiment surprenante.

M. Deutschmann abonde dans le même sens et les conseille fortement dans toutes les affections du globe oculaire d'origine spécifique, car elles constituent, suivant lui, un adjuvant précieux

au traitement général que l'on ne doit jamais négliger, pour éviter la manifestation de la diathèse sur les autres parties du

corps.

M. Darier, dans les Annalesd'oculistique de 1893, nous dit à

son tour :

« Lesirido-choroïdites, les rétinites, les névrites dont

l'étio-— 32

logie est obscure, chez lesquelles les diathèses syphilitique et

rhumatismalejouent un rôle important, sont guéries rapidement

parles injectionssous-conjonctivales,

M. Vecker, dans les Annalesd'oculistique de 1893, faitlapubli¬

cation suivante, au sujetdes affections spécifiques del'œil :

« Je n'ai obtenu que des résultats incertains avecles frictions;

les injections de cyanure de mercure ont

donné

des

succès.

Toutefois, l'on remarque qu'au cours du traitement par les injections, l'amélioration d'abord rapide subit un arrêt et ne

continue plus à se produire. Mais M. Darier fait alors observer

que cela prouve tout simplement que l'action thérapeutique ne peut se produire que sur 'des éléments qui ont encore

conservé

assez devitalité pour être rappelés à leurs fonctions. S'ils sont

morts, dit-il, nous ne les rappellerons pas à la vie. »

Ces résultats heureux trouvent une explication vraiment scien¬

tifique.

D'après Secondi, 1/20 de mill. injecté sous la conjonctive, pénétre dans l'œil en moins de vingt-quatre heures. Si l'on

calcule combien il entre de mercure dans l'œilaprès deux outrois

frictions ou injections hypodermiques, onverra la différence des proportions de mercure entrées dans l'œil avec ces différentes

méthodes.

Certainement certainesaffectionsspécifiques résistent longtemps

au traitement, particulièrement celles qui surviennent dans le

cours d'une affection de syphilis héréditaire.

L'observation que nous citons, et qui a été publiée par M. Valude, montre combien- a été lente l'efficacité du médica¬

ment. Mais ce n'est qu'une exception, ei encore vaut-il mieux guérir lentement que pas du tout.

Acôté deces casréfractaires,nousmettronslesrésultats obtenus

par Trousseau chez ses malades, dont les symptômes ont évolué

et se sont terminés dans une période de temps allant de cinq

semaines à troismois.

Les injections sous-conjonctivales seront donc recommandées

danstouteslesaffectionsd'origine syphilitique. Danscesdernières,

ellesdevront être employées avec un traitement général, qui

certainement viendraen aide, mais l'on devra se rappeler que dansles affections oculaires d'origine spécifique, ce sont encore les injections sousconjonctivales qui occupentla première place,

carle traitement seul ne réussit pastoujours à les arrêter.

Observation I

Valude. Annulesd'occulistique.

M X. âgé detrente ans, a eu en 1891, il y aquatre ans et demi, un chancre induré, ayant comme siège l'angle interne de l'œil gauche. Le diagnostic initial fut confirmé par la roséoleet le cortège ordinairedes

accidents secondaires. Pendant deuxans le malade bien placépour com¬

prendre l'importance du traitementet le sérieux de son état, se traita

par les pilules deprotoiodure etla liqueur de Van Swieten.

Les symptômes secondaires de la vérole avaientdisparus depuis long¬

temps, quand il y a deux mois, vers le milieu de septembre, il fut pris

h l'œil gauche, d'une irritation oculaire, qui augmenta progressive¬

ment, bien que certainstraitements eussentété misen œuvre. En même

temps le malade habile â s'observer vit apparaître sur sa cornée de

petits points blanchâtres, qui allèrent augmentant sans cessede nombre

et d'étendue, malgré un traitement mercuriel et ioduré, à, la vérité peu régulièrement suivi.

Le malade avait pris l'iodure de potassium, à l'intérieur etavait fait

quelques interruptions, des frictions àl'onguent napolitain.

C'est h ce moment le 25 mai '1895 qu'il s'est présenté hnotre obser¬

vation.

La cornée de l'œil gauche qui a perdu son brillant, offrel'aspect de

la kératite parenchymateuse. Presque partout se voient des ilôts blan¬

châtres à bords diffas, et â la partie supérieure et inférieure, quel¬

ques unes de cestaches montrent unetendancehla vascularisation. Pho¬

tophobie, pasde larmoiement. L'œil droit est indemne. La santé géné¬

rale estsatisfaisante, aucun autresigne de sykilis n'est hrelever.

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J'ordonne desinjections sous-conjonctivales de cyanuredemercureà la dose de 1/2 decent, cube de médicament pour un gramme d'eau, tous les cinq jours.

Au bout de latroisième injection onconstate déjàquela maladie qui étaiten progression constante, depuis deux mois, malgré l'iodure et les frictions liydrargiques,estarrêtée dans samarche. La vascularisation n'a pas augmenté d'étendue.

Le 22janvier 1896, ilnereste plustracede vascularisation. L'affection

esten pleinerégression. Il existe bien encoredes taches blanchâtres dif¬

fuses, interstitielles, mais ellessont plus disséminées et séparées entre elles par des espaces de tissu cornéen plus clair.

Lavision est devenueplus cl?ire, mais la lecture n'est pas encore pos¬

sible dece côté.

Je prescrisencore quelques injections, et établis un traitement géné¬

ral, àl'iodure et au mercure.

Je le revois le 10août 1896. Il ne reste plus de la kératite interstitielle qui occupait lapresque totalité de lacornée, il y a 8 mois que quelques ilôts centraux très limités qui ne gênent plus la vision. La lecture est possible.

L'œil droit est resté indemne.

Deux mois après, les derniersvestiges de la kératite disparaissaient.

L'affectiona duré un an.

CHAPITRE V

Inconvénients du cyanure de mercure.

Latraitement des affections du gdobe oculaire d'origine infec¬

tieuse ou syphilitique par les injections sous-conjonctivales de

mercure, donne des résultats, des succès qu'il est impossible de

nier; mais cette médication porte enelle deux défauts que nous devons signaler.

D'abord, l'injection sous-conjonctivaleesttrès douloureuse. Les

malades traités suivant cette méthode souffrent horriblement durant deux, trois, quatre heures après l'injection. A la clinique ophtamologique de notre maître, le professeur Badal, nous l'avons observé, et ce fait est aussi mentionné partousles prati¬

ciens. Maisce premier défaut, que nous imputons aux injections sous-conjonctivales, peut être bien atténué par l'adjonction de

cocaïne à la solution employée.

Bernstein, de Baltimore, recommande ce procédé dans les

Annales cl'ocnlistique de 1896.

Je l'ai employé dernièrement à la clinique de notre maître, le professeur Badal, et j'ai pu constater quela douleur était bien

moins forte, presque supportable, et que la durée en était seule¬

ment d'une demi-heure.

Le dernier malade chez lequel je l'ai employée était

un enfant de onze ans, qui pleura un peu pendant une

demi-heure après l'injection, puis qui s'endormit pendantune heureou

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deux, après cette souffrance relativement courte, à côté de celles

quej'avais observées.

M. leDr Ulryet moi avions employé une solution de

Il n'est pas inutile deremédier auxdouleurs, bien aucontraire,

les malades et surtout ceux que l'on traite en ville, voussont très

reconnaissants quand on atténue leurs douleurs, et le premier

devoir du médecin estd'éviter le plus possible la douleur dans la thérapeutique qu'ilpeutprescrire.

Mais il est unautre défautplus difficile à combattre etqui porte

unsérieux préjudice à laméthode, c'est le chémosis. Je ne parle

pas de l'œdème, car le cyanure de mercure en donne très rare¬

ment, etpossède àce point de vue une incontestable supériorité

sur le sublimé, qui en produit presque toujours. Pour s'en convaincre, iln'ya qu'à se rapporterà lathèse de Yialet de 1895,

dans son parallèle entre le cyanure de mercure et le sublimé.

Toutefois, sans être aussi intense, il n'en a pas moins de

sérieuses complications.

D'abord, il retarde l'absorption du mercure, il diminue la

diffu-sibilité del'agent antiseptique.

Déjà, dans un œil enflammé, l'absorption est plus lente. Le fait

estprouvépar les expériences du Dr Fromaget.

Quandon injecte du sérum sous la conjonctive du lapin, l'on

constate quetrois heures après tout est résorbé du côté de l'œil

sain, mais du côté de l'œil enflammé, atteint par exemple de

kératite vasculaire, l'on trouve trois heures après l'injection, la moitié duliquide qui n'apas encore été absorbé.

Expérimentalement, voici le fait, cliniquementilaété démontré

par M. Darier dans les Annales d'oculistique de 1893.

A propos d'une iritis spécifique aiguë, qu'il soigna, il s'exprime

ainsi :

« J'ai du souvent constater que le traitement général était préférable, etvoici commentj'expliquais ce fait, Après une série

de brillants résultats dans des iritis de différente nature, ilnous

Cyanure de mercure. .

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est arrivé des cas où des injections agissaient mal,

c'était les

cas

où il existait un processus phlégmasiqueintense, une stase

vascu-laire trèsmarquée.

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