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Conclusion
:
lire
le
roman
médiéval
aujourd’hui
:


A) Ouvrages
généraux
:


 BRUCKER, Charles, Sage et son réseau lexical en ancien français (des origines au XIIIe

siècle), Lille : A.R.T., Paris : diffusion Champion, 1979, 1422 p. (2 volumes).

Étude linguistique et sémiologique du réseau lexical de l’adjectif sage dans la littérature narrative en ancien français, de la chanson de geste au XIIIe siècle. C. Brucker répertorie les différents sémèmes auxquels renvoie l’adjectif sage suivant les genres et les époques et tente d’en tirer une histoire de la notion de sagesse au Moyen Âge. Il analyse également, toujours selon la même méthode, d’autres termes appartenant au réseau lexical de sage : sené, sen(s), savoir, sapience, fol, folie, proz, corteis.

 COSTANTINI, Michel, « L’ekphrasis, concept ou fourre-tout ? ».

Communication inédite effectuée à Saint-Pétersbourg dans laquelle M. Costantini entreprend de clarifier la terminologie de la description d’œuvre d’art dans la littérature. Dans sa conception antique, l’ekphrasis n’est pas à proprement parler la description d’une œuvre d’art, mais un exercice rhétorique visant à décrire un objet avec « exhaustivité » et « éclat ». La qualité de l’objet décrit n’a alors que peu d’importance. Ce n’est qu’au cours des siècles suivants que le terme d’ekphrasis en vient à désigner plus spécifiquement la description d’œuvre d’art. Néanmoins, la détermination du concept reste confuse et difficile, comme en témoigne un relevé des différentes définitions de l’ekphrasis dans la critique moderne. L’accent est tantôt mis sur la nature de l’objet décrit (œuvre d’art), tantôt sur les caractéristiques de la description (précision, exhaustivité, éclat). M. Costantini propose donc une nouvelle terminologie dans laquelle tout morceau de bravoure descriptif est appelé « passage ecphrastique » – et ce sans prendre en compte la qualité de l’objet décrit – et la description plus spécifique d’œuvre d’art est appelée « ecphrase d’art ». Nous remercions ici M. Costantini d’avoir porté à notre connaissance ce texte non publié. »

 CURTIUS, Ernst, Robert, La Littérature européenne et le Moyen Âge latin, trad. J. Brejoux,

Paris : P.U.F., 1956, 738 p.

Ouvrage de référence sur l’évolution de la rhétorique occidentale depuis l’Antiquité jusqu’au XVIIe siècle. E. R. Curtius examine l’histoire de telle ou telle partie du discours dans la poésie occidentale, démontrant ainsi combien chaque œuvre littéraire hérite de la tradition antique (ainsi Dante de Virgile et Virgile d’Homère par exemple). Nous utilisons dans notre étude principalement ses développements et analyses sur la « topique » (chapitre V, p. 99 sq.) et sur la conception des arts libéraux dans l’Antiquité et au Moyen Âge (p. 44 sq.).

 FARAL, Edmond, Recherches sur les sources latines des contes et romans courtois du

Moyen Âge, Paris : Champion, 1913, 431 p.

Étude des sources latines utilisées par les auteurs français du Moyen Âge. E. Faral y démontre notamment l’influence d’Ovide sur l’auteur du Roman de Thèbes en listant les différents emprunts que le clerc adaptateur de Stace a faits aux Métamorphoses.

Édition critique des principaux arts poétiques des XIIe et XIIIe siècles contenant, outre les

textes eux-mêmes, un exposé de la doctrine de chacun de leurs auteurs. Nous utilisons principalement les développements concernant les procédés d’ornement et d’amplificatio, notamment dans notre chapitre sur l’ekphrasis.

 GUENOVA, Vessela, La Ruse dans le Roman de Renart et dans les œuvres de François

Rabelais, Orléans : Paradigme, coll. « Medievalia », 2003, 373 p.

Étude littéraire sur le phénomène de la ruse dans la littérature médiévale. Bien que cette étude soit exclusivement orientée vers l’analyse de la ruse dans le Roman de Renart et les œuvres de Rabelais (le Tiers-livre particulièrement), elle permet de clarifier et de désigner les différentes manifestations de la ruse : ruse de comportement, ruse verbale, ruse référentielle et ruse intertextuelle et de mieux saisir ainsi les enjeux et l’importance d’un tel phénomène dans l’écriture médiévale.

 HANNING, Robert W., « Engin in Twelfth-Century Romance : an Examination of the

Roman d’Énéas and Hue de Rotelande’s Ipomedon », Yale French Studies, 51 (1974), p. 82-101.

Article analysant l’engin dans le Roman d’Énéas et dans Ipomédon de Hue de Rotelande. Cet article intéresse notre propos dans la mesure où il montre combien le terme engin est polysémique au XIIe siècle et recouvre une connotation ambiguë, à la fois bénéfique

quand il désigne l’habileté technique des ingénieurs et péjorative en ce qu’il rappelle la ruse et la tromperie caractéristiques du diable.

 HUCHET, Jean-Charles, Le Roman médiéval, Paris : P.U.F., 1984, 249 p.

De cet ouvrage centré principalement sur le Roman d’Énéas, nous utilisons exclusivement l’introduction qui expose la dimension herméneutique des romans antiques, conçus comme des commentaires apportant un surplus de sens aux œuvres qu’ils traduisent et écrits dans l’optique d’être glosés à leur tour.

 LECLERC, Jean-Paul, « De la parole au texte écrit, du tissage au tissu, spatialisation

comparée de deux séquentialités temporelles, techniques et esthétiques », Textes et textiles du Moyen Âge à nos jours, textes réunis par O. Blanc, Lyon : ENS, 2008, p. 53-74.

Dans cet article, J. P. Leclerc met en évidence les ressemblances et les différences entre texte et tissu, dans leur matérialité, puis dans leur exécution. Il apparaît que texte et tissu contiennent une double dimension spatiale et temporelle qui fonde leurs esthétiques respectives.

 MAURICE, Jean, La Chanson de Roland, Paris : P.U.F., coll. « Études littéraires », 1992,

127 p.

Critique générale et synthétique de La Chanson de Roland et de ses principaux enjeux. Nous avons surtout utilisé cet ouvrage pour son analyse des personnages « types » de la chanson de geste (Ganelon notamment).

 MORA-LEBRUN Francine, L’ « Énéide » médiévale et la naissance du roman, Paris : P.U.F.,

Cette étude constitue la reprise de la deuxième partie de la thèse de doctorat de F. Mora- Lebrun intitulée : « Lire, écouter et récrire l’Énéide : réceptions de l’épopée virgilienne du IXe au XIIe siècle ». L’ouvrage qui nous intéresse est exclusivement consacré à la

réception de l’épopée latine au XIIe siècle. Dans une perspective chronologique, F. Mora- Lebrun étudie tour à tour le point de vue des historiens, puis celui des clercs chartrains à travers le Commentaire sur les six premiers livres de l’Énéide attribué à Bernard de Chartres, et enfin le Roman d’Eneas. Elle démontre ainsi comment l’œuvre de Virgile, et plus particulièrement le personnage d’Énée connurent une réputation ambivalente. D’un côté, le point de vue historique, au travers de la lecture du De excidio Troiae historia de Darès le Phrygien notamment, tend à faire d’Énée le symbole du traitre qui quitta lâchement Troie au moment de sa destruction. De l’autre, les gloses chartraines sur l’Énéide voient dans le périple d’Énée une allégorie des pérégrinations de l’âme humaine enfermée dans un corps et tentant de rejoindre son créateur ; allégorie élaborée à partir de la pratique de l’integumentum. Ainsi, F. Mora-Lebrun voit dans le Roman d’Eneas le « libre aboutissement d’une tradition exégétique » qui hérite à la fois des deux visions de l’épopée virgilienne, donnant au personnage d’Énée une ambiguïté qui en fait un véritable personnage de roman, « au sens lukacsien du terme ».

 WOLF-BONVIN, Romaine, « Tisser un récit à l’aube du XIIIe siècle : enquête sur la

parcimonie d’une métaphore », Textes et textiles du Moyen Âge à nos jours, textes réunis par O. Blanc, Lyon : ENS, 2008, p. 145-158.

Dans cet article, R. Wolf-Bonvin étudie les rapports entre texte et tissu dans la littérature narrative des XIIe et XIIIe siècles, plus particulièrement dans le roman Galeran de Bretagne et dans le fabliau Aubérée. Elle démontre ainsi que, malgré le succès de la métaphore textile au Moyen Âge, l’association du poète et du tisserand n’est pas aussi évidente qu’on pourrait le penser. Si les œuvres narratives médiévales réservent toujours au tissu une fonction analogue à l’écrit, le tissage est en effet perçu au Moyen Âge comme une activité vile et exclusivement féminine. Aussi cette activité est-elle dans le roman reléguée dans un passé lointain, les personnages disposent du tissu déjà fabriqué, « l’étoffe s’y fait mémoire où s’inscrivent les images d’un passé à dépasser » (p. 154). Dans le fabliau, le tissage est au contraire exécuté dans le présent du récit, mais par des personnages vils dans lesquels on peut difficilement voir une image de l’auteur. R. Wolf- bonvin fait enfin remonter l’appréhension du travail de tisserand au personnage d’Arachné, dont l’iconographie médiévale révèle l’ambiguïté. La mythique tisserande apparaît en effet à la fois comme une subtile ouvrière, mais également inquiétante et proche du démon.

 ZINK, Michel, Poésie et conversion au Moyen Âge, Paris : P.U.F., 2003, 342 p.

Cet ouvrage a pour ambition de redonner la place qui lui est due à l’influence de la religion chrétienne sur la création poétique au Moyen Âge. Dans un premier temps considérée comme une séduction mensongère et dangereuse – comme en atteste la signification du mot poète jusqu’au XIVe siècle, associé au prêtre païen –, la poésie, à

mesure qu’elle prend conscience d’elle-même, conquiert sa légitimité en s’inscrivant dans le mouvement de la conversion. Ainsi M. Zink retrace-t-il le parcours d’une poésie qui, par l’intermédiaire des réflexions audacieuses de penseurs tels que les Chartrains qui réhabilitent les lettres profanes au regard de la foi chrétienne, des troubadours, qui, invoquant l’amour comme inspiration poétique suprême et des récits narratifs appelant une lecture purement spirituelle que sont La Vie des Pères et les romans du Graal de Robert de Boron, se définit comme guidée par Dieu et devient un véritable instrument de conversion.

 ZUMTHOR, Paul, Essai de poétique médiévale, Paris : Seuil, 2000, 619 p.

Étude fondamentale sur la création poétique médiévale. P. Zumthor construit son analyse autour des questions de réception des œuvres littéraires au Moyen Âge (des différences notamment entre oral et écrit) et de la classification des genres littéraires médiévaux. Bien que paru pour la première fois en 1972, cet essai reste une des plus solides références pour qui veut appréhender la « littérature » médiévale et ses problématiques.

– La lettre et la voix,De la « littérature » médiévale, Paris : Seuil, 1987, 346 p.

Dans cet essai, P. Zumthor nous invite à reconsidérer le regard que nous portons sur la « littérature » médiévale qui ne peut être appréhendée et analysée comme la littérature des siècles suivants. Apanage principalement des jongleurs et peu des clercs écrivains, l’œuvre médiévale est essentiellement orale et contient une dimension performative qu’il faut prendre en compte lorsqu’on entreprend sa critique. Nous utilisons surtout la conclusion de cette étude dans laquelle P. Zumthor traite le cas du roman, genre spécifique au Moyen Âge par sa dimension écrite. Il y décrit bien les implications de la lecture du roman, qui invite son lecteur à un travail d’investigation et de recherche du sens dont est incapable l’œuvre exclusivement orale.