1. Los objectifs de croissance economiquc ct sociale des pays afric~ins
trouvent maintenant leur expression concr~tc dans los p12~s de dGveloppe~cnt.
La plupart des pays e.fricc.ins n'ont accecie
!
l'ind§pondanoc qu'au d,sbut des annecs soixante. A l'spoque coloniale, la planification consistait surtout ~etablir un6 serio de projots de trc,vt\ux publics ct de programmes secondaire"
d'interot soci2,l, dont l ' ordre de priori to 5tai t fonction des imperatifs economiqu0s at des Qxigences strategiques de la puisse,ncc metropoli tainc.
Lt\ planification a pris de l'importancG en Afrique non seulemcnt i1 la suite de Ifincl§pendancc et du desir de remedicr au m2.nqU0 d'organisation herite du regime colonial, mais el',alcment, du f:d t qu' on abandonn0 la doctrin0 r:u libera,lism8 2conomiquG st qu f on prend conscience de la n8cessi tJ de rccourir a la planification, quc,l quo soit 10 regime sociecl des pays.
20 On pourrai t pensur qu 'une etude e.o I' histoirc de 12. p1:mificc,tian, decns les pays curopiiens de l'cst ct de l'oucst, fournirc:.it dans co d.omainc un fil conduct cur pour les pays d'Afriquc at d'autrcs regions en voie de developpcmcnt;
Ilkc'is los pays europeens quand ils ant commence ~, plc.nificr cwaient attoint un sto.dc de progrcs 3ccnomiquo ot social bien different de celui des r3gions en vain de dcvcloppcmcnt. On peut aV2.nCer quo la planifioection ne pGut attcine.re un haut dcgre de perfeotion technique que dans lcs pays ayant deja acquis une ccrtaine
maturite
Gconomiquo. Dans co CC,S, 12. pln.nification serc.itlimitec
dans lcs pays 2£ricJ.ins on voic de developprJmcnt. 'I'outofois, cola ne signific PLSque OoS pays doivent attendre un gr,md rleveloPPGmcnt economiquc pour s'cngiCgcr
d~ns la voie ~c la planification. A l'hcure actuelle, developpement et pliCni-fication aconomiques marchcnt de pecir dans les pays industrialis2s et l'Etat consacrs dss sommeS considerablos pour mottre des t(;chniqucs modernes au service du mainticn st de Itaccel~ration d8 l~ croissance economiquo.
3. La prescntc note expose
a
nouveau certaines des grandee forces interieurcsct
ext8rieures' qui ant influonce, entre 1960 'ct 1965, Ie. planification enAfrique. La premi~re p2-rtie de 1 'etude recapitulc certains des caract6rcs dominants et des prinCipe,ux desequilibrc:s d" l'economie africainc, la ~erni(;re
etant consacreo cUX problomas d'orure
&cneral
qUe posontl'elaboratinn
at ItGxecution des plans do developpemcnt.CARACTERISTKUES D:!,;
L'ECONOMm ilES
PAYS AF'RICAU,,,d.. La pr'3sentu c.acolonisation poli tique en Afrique: consti tU(; In premiere etapc d lune vaste op5ration (le transformation economiquc E:t 800i:.:..10 .. Lc ryth.T.o du progrcs afric~in ost
lie
~ l'emploi dft4~Q str~tegic econ8miqub visants
81iminer le8 contraintcs tr::.ditionnclles at les E.nclaves privilegiecs qui cntravcnt Ie. formation de nouvelles sacietes repondant
a
doe fins detcrminecs.5.
La carte de l'Afrique depuis l'independance r6v~le clairemcnt une fragmentation economique. En1965,
souls neuf pays comptaicnt plus de10
millions d'habitants, tandis que29
pays onregistraient ~oins de5
millions d'habitants et 13 rays, moins de 2 millions. Souls Ie Nigeri~, l'Ethiopie ct la Republique arabe unic avaient une population de plus de 20 millions d' d'habitants. En depit d'un rapide accroissement demographiquc, on prevoit que, memo en1980,
l'offeotifde
la population Sera inferieur ~5
millions dans 21 pays et que seuls 12 pays depassorClnt Ie ohiffre de10
millions1/.
Sans reoourir il. une plethoro de statistiqucs analogues sur Ie revcnu 0t en
t~nant compte des statistiques demographiques, on peut apprecier l'importancc minimc de l ' economie de la plupart des pays africainR en fonction <les donnees sur Ie revenu par habitant qui s'etablit
a
120 dollars pour l'ensemblc de l'Afriquc en voie de developpement. A noter il. ce propos qu'on1966
Ie produit interieur brut du Bresil representai t 1[\ moi tie dG celui de t0Uto I' Afrique en voie de devcloppement. Les pays dont, Ie produit n~tional d6passait un milliard de elollars etaient lB. RAU, Ie Nigeria, I' Algerie, Ie lila roc , Ie Ghana, la Libye, Ie Soudan, l'Ethiopic, la RepubliquG de~ocratique du Congo, IeKenya,
la Zambic, la Cete-d'Ivoire ct la Rhodesie du Sud, qui ont as sura ensemble72
pour 100 du produit globd de l'Afrique on voie de d<5veloppement. Toutefois, 12 marche constitu8 par l'ens8oble de Ces13
pays, les plus importants du point devue
8conomique, ne representait en1966
qU'un peu plus du quart du marchc du Royaume-Uni.6. Une tel1u fragmentation economique cxeroe d'importants effets sur Ii::
dependance de l'economie des pays africains
a
l'egard de l'etranger, depen-dance qui se traduit p~r certaines des ca~ct8ristiques s}~ptomatiques de 1 f economie africai.ne actuelle :pourcentagc eleve des exportations dans 1e revcnu national et bien d'exportation tros pou diversifies (mineraux et agricoles), produits par une maSSe non differencieo de rranoeuvres;
forte proportion des importations par rapport au PIB, la plupart <les biens manufactures de consoIT~ation, de type intermedicire at d'aquipe-ment etant achetes
e
l'etrangcr;volume conSiderable des apports de c~pit~~~ etr~ngersf y compris les benefices reinvcstis, par rapport au montant total des invcstissements d'origine intericure;
1/
Cepend~nt, les taux elElVes actuels d 'ccccroissoment d~mogr[,phique dans Ie, majori te dlOS pays africains, qui s' accelerercnt encore probablement dc,ns l'avcnir, imposcnt tics contraintes supplemontaires au developpement, ain ainsi qu'on 1 'a fait rer;;arquer drcns Ie document de la C:::A : "Contenu demogra-E.lL:iS'!.S_d,~...E13'!'.s_ de...~eycloPJ?.2!!!.E£t." (E/CN.14/POP/5). -- .- - - -
-.--~.exigufte des marches nationaux, qui rend difficilc une transformation radicale de la structure de la production;
insuffisance des rocettes du scoteur public et fnible volume de l'epargne privee, qui emp~chent le financement m~me des types de production convenant
a
un petit marohe national;faiblc niv€uu de competence G..2..ns les dorn2-ines adrr.inistr2.tif t scien-tifique et technique, d'oll dependance
a
l'egard du personnel expatrie dans 10 dome-inc de la technique et de la recherche appliqueeU.
7.
En l'absence de vastes riiformes structurales, l'independance n'est qu'un vain mot. Les contraintcs et los efforts qu'impliquent de tolles transforma-tions, auxquels s'ajoutcnt les imperatifs techniques de la seconde moitie du XXeme siecle, constituent la matrice de la procheine revolution sociale en Afrique. L2. bataille pour I' emancipation economique a actuellement pourobJectifs In fe.im, lea moyens primi tifs de logemcnt et 1 '9.nalph9.betisme. Les gouvernements E'"frica.ins do! vent enCore creer les structures necessaires ~
l'education, des emplois et des moycns de loisirs pour tous. Jusqu'~ present, cas 2..vant~ges ont
eta
reservesa
une elite 1 en gre,nde partie iso1eo. La deco-lonisation socials ct politique constituc le preclable indispensable de ladeco~onisation economiquc ..
8.
L'Afrique cst une region sous-developpee Comme 10 montrent la plupart des indicateurs : revenu et 8p'-orgne par habitant; esperance de vie; scolarisa-tion; preponderance de l'agriculture et faible niveau de la productivite;developpement limite de l'ind~strie africainc, qui fournit 2 pour 100 seulement de 13 proc:.uction industrielle mondiale, exploi ta tion mini~re comprise; forte dependE',nce ~. 1 t egard des exportations et des recettes en devises etrangeres et gDmmc etroite des produits primaires cxportes; division en secteur tr~di
tionncl at secteur moderne; predominance des ontrepriscs, 8tablisse~8nts
finnnciers , services de commerci~lisation au de distribution, ~insi que du personnel cdministratif et technique d 1 originc etrang~rc; reseaux de tre.n8port orientes principBlement en fonction des exportations.
9.
Ces indicatours font nettemont contraste avec l'immense potentiel de production inexploite du continent. Par rapport aux aonnees correspondantcs enregistrees dans les pays industriCllises d 'Europe, 12_ surface cul tivee pC'.r personne est trois fois plus grande, l'effectif du betail par h~bitant deux fois plus ,neve at 1" superficie des patur8,gcs par unite de betail presqucs sept fois plus etcndu8 en Afrique. Lc continent fournit dej~ Ie dixi6me environ dc;; 1a. production mondiale de min8raux, et marne buaucoup plus 8i I' on fed t abstraction du charbono P2.r ailleurs, il possede d 'enormes ressouroes en encrgie primaire : petrole et gaz naturel principalemoat en Afrique du HOl'd, cnBrgic: hydro-Blcctriquc cn Afrique du Centre t charbon en Afrique du Sudy.
3.J
CEll, DevelopjKmLnt industrid 'en Afn,quL,l,ew
York,1964_
D'apres une etudo des sources mondi~les d'energi~ hydro-electrique et de combustibles nucleaires,
32
pour 100 (1C l'energie hydro-electrique cXploi te.-ble, 12 pour 100 des reserves d 'ure.nium at 60 pour 100 des gisements 0.8 thorium se trouver<:oient en Afrique. La proportion de ressources naturel18s pe.r habitent en Afrique clepassD de beaucoup Ie', moyenne mondin,lc. Dans 1(;:1 production mondiale de 10 des 18 princip2-ux miner2-is, 11'. part de I' Afrique s' <StabE t entre 22 ct95
pour 100y.
10. II est evident que ces ressources nnturelles soront finD-lement
exploi-t~~esr et corte.in(;s evant longtemps .. Sur Ie plan G..0 1 'org2.nis2.tion econor:Jique il s'agit de determiner qui les exploitera et de s'assurer que l'exploitation profi terco RUX economies et 2,U developpement socinl des p2~'yS africc.ins. Il est
bi0n cGrtain
quton eurc bcsoin de capit~uxct
d'invcstissements hUmcins8~rangers mais i l faudra en outro developper 10s capi tD-UX d I e s possibilites humaines de 10. nation.
11. Quelques responsablcs africains, notamment Ie President Nyerere (Tanzanie) et Ie President Boumedienne (Algerie) ont mis les pays africains
en garde contre tout appel aU cnpitD-lisme 8'11s ne disposaient pas de moyens leur permettant de contrtHer les tenk,tives de ce capi talisme qui vise il une main-mise sur 128 Etats africe.ins. La plupart des pays africains no fent pas assez de cas de cot avertissemont. Aux tentatives de mein-mise directe dos investissEurs etra.ngers,
a
1 tinterir;1lJ'et
~ l'exterieur, il fuut ajouter d' e_utres effets f1lcheux te Is que benefices ~lev.§s, envois personnels de fonds et versements d'intJretSt y compris SUr los prets pour les services de l'Etat en ce qui concerne les impcrtations, IGS export",tions, les plannations at les industriesExtractivQs ..
Dtuneestimation fE'-ite
il y:1 quelques e.nna8s, i1 rcssort que les benefices, los interats et les envois personnels de fonds trensfercs hors d' Afriq:ue represent2-ient Ie quart du revenu nc, t iorel brut de s pc.ysafric2.ins
en voie de developpementV ..
12. L'influence etr",ngere preponderccnte dans la production 2.fric"ine ne se limi te: pas au..x sc:ctcurs manuf2.cturiers ei miniers .. En Zambic, par excmple, 700 familIes europe8nnes 5e partee-cnt des 2.ctivit2S agricoles hautcment cccpi talistes alors que pour la maJori te de Ie. population rurale autochtone (iI. sevoir 450.000 familIes comportant chacune un er~.nd nombre de membres), 10. producti vi te est tres faible et 10. mocanis[J. tion c[up_si inexistantc.
13Q Ces inet;'alites au sein des economics o.fricaines ne sont pas uniqu8ment If;; resul tat d'une
diffsI'€nciation
entrelE
population etre.nGers Gt 10.populv..-ti~,n <:\utochtone. Elles se manifostent entre Ie secteur urbain et Ie secteur rur"l ct de multiples distinctions existent encore d8_ns Ie seul milieu urb,'.in.
(~j Nations Unics, Situation, tGndances et perspectives _ de let oroC:uction, du tre.n;"po!'t et c'e 12. distribution c~e l ' §nor;:::,ie electriquB en Afriqw~,
WCN.147EF.3!Rev.l)
2J
Voir 18s cbservntions dB M. Boud:J.l~og duns le COr:JDte ren:.l,u anLlytique nrovisoirc de }c. 1)rcmicr6 seance de 10. quc.trieme session de It:'_ C,?A.,26'"
f5vrier7) 32. '
Ainsi, R. Dumont D. revele 1 'existenoe d'une Woourgeoisie africaine de la.
fanction publique"V. La paussee du developperoent semble cl§terminer une fragmento,tion. de la saci"te africaine dont un effet concomi tCtnt est la
fragmentation du comportement economique ainsi qu'il ressort de la structure de la repartition du revenu et de la consommr:.tion. Le coefficient 0.' importa~.
tion eleve est encore aggrave par la structure du revenu at 10 physionomie de la consommation. L'etroitesse du march§ contribue
a
etouffer la production manufo.cturiere interieure contre lo.qucllc. IDS clnsses sup§ricurus ont,en taus cas, des preventions en raison des habitudes acquises de consommation.
14. Une caracteristique commune ~. la plupart des pays au sud du Sahara est que la portion de la population economiquement active absorbee par Ie secteur moclerne represente mains de 10 pour 100 du total. Un nombre o.e plus en plus important d'elem3nts jeunes et vigoureux se rendent dans les villes et beau-coup n'y trouvent au mieux que des emplois occasionnels. Cette situation
continue en depit de la revolution actuelle dnns les domaines des connsissances sci€ntifiques et techniques que connett c,ctuellcment l'ensemble du monde.
15.. De,ns les pays industrialises r Ie fosse entre les conno..iss2.nces scienti-fiques et les types de production tend
a
se retracir gr~cea
l'implantation rapide de la technique; dans les pays en voie de developpement au contraire, Itecartentre les
previsions,qui sont
optimistesen
r~ison d'influencesext6rieures, et les re"lisations a parfois tendr:.nce il. s 'elargir. Tout se passe camme 5i les pays industrialise5, seuls detenteurs v8ritables, de la science et de Ie technique, avaient leur monopole perpetu~ et leur me.in-mise sur Ie capital renforcee p"r 1 'acceleration actuelle de l~ revolution scientifique et technique. Il en resul te que l'int8gration
a
la societe industrialisee est aujourd 'hui bien plus onere use qu' i l y a un siecle, que la technique coUte pluscher, que los besoins en capitaux sont plus ic:portants at qu's. 1 'echelon man-dial la concurrence est telle qu'il est bien plus difficile qu'auparavant de prenclre avantage sur les producteurs €n place
1/.
16. Un autre element avec lequel i1 faut compter est le taux d'accroissement dG la population des pays en voie de deve loppement. 11 s' agi t B. d 'un domaine ou la revolution des connaissances a port5 ses fruits: le taux de mortalita est tcmb3 en fl~che et l'esperance de vie sten est trouvee a~elioree. Ce phenornene ~ des repercussions non seulement sur les t~ux d'accroissement de l'offre de produits alimentaires par rapport 1'1 l'effectif de populatioE, mais e,,2-lement Sur Ie rythme d'absorption dr.ns Ie secteur moderne de cetto popula-tion. II est donc extr€mement difficile pour les pays en voie de daveloppement cle mobiliser (1e8 capi t2;UX d I investissement suffisn.nts. Ces cdfficul
tes
sont aggr/2..vees pa.r l'influence des moyens {~e communicil tion - autre produit
de 1a revolution scientifique qui ne font qu 1 accentu_er lea pressions sociales-'jj
Voir de Rene Dumont: l'AfriCLue noire est mal partie, Paris, 1961 ~t du meme aut8ur Essai sur les litmes principales du developpement e""riool8 afrioain et sur les obstacles qui Ie freinent, CEA/FAO. 19651/
Cos obstaclese.
l'entree C:es pnys en voie de aiiveloppement dans le monde industrit11is8 ont et,3 specic.lement Bouligr.es pc.r 1 .. 1. Gcor{;e b'Iooas &.ncienpour l'amelioration de 1 'instruction, des
loge~ents,de la sante at autres services. 18 resultat final est que les ressourOes d'investissement
potentiel-le~ent