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4. Présentation des résultats

4.1.1. Organisation du travail

Le TAQ est pratiquement absent sur les exploitations, car peu d’animaux sont impliqués dans les systèmes d’activité étudiés (sauf E7 et E9), le TANQ consiste aux activités de transformation (le cas échéant), de vente, de conditionnement et de gestion, et le TS est constitué essentiellement des travaux de production (préparation du sol, semis, entretien des cultures, arrosages, récolte, etc.).

Tableau 11 : Nature des activités par type de travaux et importance relative en termes de temps de travail 1

TAQ TANQ TS TDC

Nature des

activités Soin des animaux (marginal) conditionnement, Transformation, vente, gestion

Travaux liés aux

cultures Temps libre et autres travaux

Ratio moyen 0,3% 28% 46% 26%

Le travail de saison (TS) est dominant en termes de temps de travail sur la plupart des exploitations maraîchères. Le TS est d’autant plus dominant lorsque les exploitations écoulent leurs produits surtout en circuits longs (E11, E12; peu de TANQ). Le TS pour les autres exploitations semble varier essentiellement en fonction de la superficie cultivée. Le TS constitue donc la base du travail des exploitations maraîchères. Pour les exploitations qui embauchent peu de main d’œuvre (moins d’une UTP; E4, E5, E7, E9, E13), les travaux de saisons sont bien souvent réalisés lorsque les autres travaux prioritaires, notamment les travaux d’astreinte, sont réalisés. Autrement dit, le TANQ structure l’horaire des exploitants; le TS est réalisé dans les temps laissés libres par le TANQ. Pour les exploitations qui embauchent plus de personnel (plus d’une UTP), notamment l’été, il y a bien souvent une spécialisation des tâches (quelques employés sont entièrement dédiés à la production, les autres se consacrent à la transformation ou à la vente) de sorte que le TANQ soit moins structurant et contraignant sur l’exploitation.

Les exploitations qui font de la transformation à la ferme ont un TANQ relativement plus élevé (E1, E2, E5, E6, E10). Autrement dit, le fait de transformer à la ferme induit des contraintes supplémentaires, car ces travaux sont souvent moins différables. Cela est vrai pour les cultures arboricoles et légumières (E2, E5, E6, E10) : celles-ci doivent être transformées dans un certain délai après la récolte. Les exploitants engagent généralement des salariés occasionnels à cet effet pendant cette période. L’exploitation 10 fait cas à part : seule, l’exploitante transforme elle-même les

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alcools durant les jours de la semaine et participe à différents évènements gustatifs les fins de semaine pour vendre ses produits; le TANQ est d’ailleurs supérieur au TS sur cette exploitation (ces évènements sont particulièrement chronophages en temps de préparation, de déplacement et de présence au kiosque de vente). C’est toutefois moins le cas des cultures de petits fruits (E1), lesquels peuvent être congelés et transformés lorsque le temps le permet (généralement l’hiver où les activités extérieures sont terminées). Nonobstant, dans les cas où les exploitations confectionnent des produits périssables (E1, E5, E6), notamment les pâtisseries, celles-ci rencontrent plus de contraintes : pour optimiser les ventes, elles combinent d’ailleurs souvent la cuisson aux périodes d’autocueillette (fort achalandage) en cherchant à attirer les clients via les odeurs (E5, E6). En outre, l’exploitation E1 a un horaire de transformation plus régulier, car une épicerie locale lui achète régulièrement ses produits périssables.

Les activités de vente sont souvent déterminantes dans l’organisation des horaires des travailleurs de la cellule de base. Lorsque les exploitants tiennent un kiosque à la ferme et offrent l’autocueillette notamment, l’horaire devient en quelque sorte conditionné par les clients et ainsi difficilement prévisible. Cette complexification de la commercialisation selon les exigences des consommateurs a été soulevée par Aubry et al. (2011) en France. Ces chercheurs remarquent d’ailleurs que « les agriculteurs, dès qu’ils le peuvent, « déconnectent » au moins en partie cette activité vente de l’activité de production, afin que le temps et le soin consacrés à cette dernière ne pâtissent pas trop du caractère chronophage de la commercialisation » (Aubry et al., 2011, p. 25). Cela semble être le cas au Québec également. Les fermes fortement orientées vers les activités d’accueil (E5, E6), ont notamment un TANQ supérieur à leur TS (temps de présence au kiosque pour l’autocueillette ou à la billetterie, conducteurs de tracteurs et animateurs le cas échant, etc.). L’exploitation E5 vit plus difficilement cette période, car aucun travailleur occasionnel n’est employé pour aider pendant cette période. En revanche, l’exploitation E6 jouit d’une masse importante de main d’œuvre occasionnelle qui permet de gérer sans trop de contraintes le flux important de clients qui se déplace sur la ferme; cela implique toutefois un nombre d’heures plus important en gestion des ressources humaines (TANQ).

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Graphique 1 : Temps de travail annuel par type de travaux 1

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

E1 E2 E3 E4 E5 E6 E7 E8 E9 E10 E11 E12 E13 Moyenne

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Les éléments apportés jusqu’à maintenant témoignent de l’importance de la planification des ressources humaines pour gérer les contraintes dans l’organisation du travail. Le graphique 1.2 suivant présente d’ailleurs le temps de travail réalisé par les différents types de main d’œuvre sur les exploitations. Ce graphique permet de saisir la charge de travail des exploitants et des salariés permanents (cellule de base) par rapport à la charge de travail globale ainsi que comment s’insère la main d’œuvre occasionnelle dans les moments opportuns du calendrier annuel de travail.

Graphique 2 : Temps de travail par type de travailleurs 1

Il ressort des entrevues réalisées trois types d’organisation de la main d’œuvre sur l’année :

Type 1 : Les exploitations de petites tailles (E4, E5, E7, E8, E9, E10, E13 et au chiffre d’affaires inférieur à 200 000$) embauchent peu de personnels de sorte que presque la totalité des tâches sont remplies par les exploitants; quoique la part du travail bénévole est pour certaines exploitations non négligeable (E4, E8, E10, E13), voire indispensable (E8, E10). Les petites exploitations sont ainsi celles dont les travaux d’astreinte sont les plus contraignants. De manière générale, les travaux d’astreinte, moins différables, sont réalisés prioritairement, et les autres travaux (TS) sont effectués entre ces TANQ. En outre, la dynamique des tâches est d’autant plus contraignante pour les petites exploitations

0 5000 10000 15000 20000 25000 30000 35000 40000

E1 E2 E3 E4 E5 E6 E7 E8 E9 E10 E11 E12 E13

Tem ps de t rav ail (h eu res )

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maraîchères diversifiées (E4, E7, E8, E13). En effet, la fraîcheur des produits étant bien souvent l’une de leur marque de commerce, les activités de récolte (TS) et de conditionnement (TANQ) sont liées aux activités de vente (TANQ) et doivent alors être réalisées de manière à alimenter les marchés publics ou les points de chute.

Type 2 : Les exploitations de plus grandes tailles (E1, E2, E6, E11, E12; chiffre d’affaires supérieur à 200 000$) embauchent généralement plus de personnel. Ce personnel se spécialise habituellement dans des tâches spécifiques : production, transformation, vente. Les activités de gestion relèvent généralement des exploitants, quoique l’exploitation E6 emploie deux gestionnaires à temps complet. Cette spécialisation des tâches permet de rendre le travail plus routinier au cours de l’année : la surcharge de travail pendant les périodes plus intenses (temps de récolte, autocueillette et kiosque à la ferme, etc.) est alors compensée par une main d’œuvre occasionnelle. En effet, l’ensemble de ces exploitations embauchent des cueilleurs pour la récolte. Les exploitations E6 et E11 engagent des travailleurs étrangers, lesquels se consacrent certes à la récolte, mais aussi à l’entretien des champs (sarclage). Ces travailleurs saisonniers sont, selon les dires des exploitants, indispensables au bon déroulement des opérations, voire à la viabilité de leur entreprise. De plus, l’exploitation E6, orientée vers les services d’accueil, embauche également de nombreux travailleurs temporaires à cet effet; les exploitations E1, E11 et E12 emploient également une à quatre personnes pour tenir leur kiosque à la ferme, gérer l’autocueillette où aider en vente (marché public par exemple). Par ailleurs, même si l’exploitation E2 demeure de taille modeste, l’organisation de la main d’œuvre se base sur ce même modèle.

Type 3 : L’exploitation E3 fait cas à part : il n’y a pas de spécialisation des tâches au sein des salariés; ils participent à toutes les activités (production, conditionnement et distribution). Selon l’exploitant enquêté, cela motive les employés, car réaliser l’ensemble des tâches, des travaux au champ à la vente aux consommateurs, donne du « sens au travail ».

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