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Cette thèse de doctorat est divisée en sept chapitres, incluant celui-ci. Les contextes historique, géographique et théorique étant cernés et expliqués dans le présent chapitre, le Chapitre deux se consacre à l’étude des occupations humaines à Barbuda. Tout d’abord, le phénomène migratoire dans les îles caribéennes est expliqué en détail, afin de bien discerner la place qu’occupe Barbuda au sein du processus de colonisation des îles par les populations autochtones. Ensuite, un historique de chacune des traditions culturelles rencontrées à Barbuda est présenté pour bien distinguer les caractéristiques principales des modes de vie des populations précolombiennes et britanniques. Par la suite, les découvertes archéologiques effectuées sur l’île par Watters et le BHEP sont présentées, mais l’accent est davantage porté vers les sites à l’étude pour cette recherche doctorale.

Le troisième chapitre se penche sur la revue de littérature des études archéobotaniques effectuées dans les îles caribéennes. Il décrit les différents apports à la discipline de manière chronologique, puis se consacre à l’évolution des sujets d’étude en mettant l’accent sur l’état des recherches. Ce chapitre se termine sur la thématique de la multidisciplinarité en archéobotanique dans la région caribéenne, ce qui est essentiel afin de faire le lien entre cette présente recherche et les autres études effectuées dans la région.

Le Chapitre quatre est consacré à la présentation de la démarche méthodologique depuis la prise des échantillons sur le terrain jusqu’à l’analyse des restes en laboratoire. Cette démarche comprend notamment le détail de la stratégie d’échantillonnage, la justification du traitement, l’identification et l’explication de la nomenclature, ainsi que les méthodes de quantification utilisées. Puisque ce chapitre constitue la base de cette recherche, étant donné que toutes les données recueillies et les interprétations en découlent, une attention particulière a été portée à la préservation différentielle, aux processus taphonomiques et à la formation des assemblages archéobotaniques.

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La thèse se poursuit avec le Chapitre cinq où sont présentés les résultats obtenus lors des analyses archéobotaniques. Ce chapitre est divisé en huit sections, dont sept sont directement associés aux six sites étudiés (le site de Seaview a été divisé en Seaview Ocean Face et Seaview Inland). La dernière section est consacrée aux résultats de l’étude des isotopes de strontium effectuée sur des macrorestes de graines provenant de deux des six sites à l’étude.

L’interprétation des résultats compose le Chapitre six de la thèse. Ce dernier se divise en plusieurs parties de manière à répondre aux objectifs et ainsi parvenir à confirmer ou infirmer l’hypothèse de cette recherche. Ces dernières sont organisées de manière thématique et servent précisément à déterminer la fonction des plantes identifiées, à déterminer si ces dernières sont indigènes ou introduites, à reconnaître l’impact de leur utilisation sur l’histoire du couvert végétal, à discerner les changements dus aux activités anthropiques de ceux attribuables aux bouleversements climatiques et finalement, à grouper et à interpréter toutes ces informations dans un cadre chronologique de longue durée. Une discussion met aussi en contexte les résultats obtenus avec les autres études archéobotaniques effectuées dans les îles caribéennes, afin de les comparer et de mettre en lumière la dynamique anthropo-environnementale de Barbuda par rapport aux îles voisines.

Finalement, le septième et dernier chapitre, la conclusion, revient sur la problématique, les objectifs et les résultats de cette recherche, afin de vérifier l’hypothèse de départ. Des recommandations générales sont faites pour d’éventuelles recherches archéobotaniques à Barbuda, mais également ailleurs dans les Caraïbes.

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Chapitre deux

Historique des occupations humaines sur l’île de Barbuda

Au fils des millénaires, les humains se sont déplacés sur terre, puis sur mer après avoir développé des moyens technologiques leur permettant de traverser rivières, lacs et océans. Le peuplement de la terre est donc le résultat de nombreux mouvements de populations multidirectionnels. L’étude de ces mouvements a connu un intérêt particulièrement élevé par les chercheurs dans plusieurs domaines, dont la sociologie, la démographie, la géographie, la biologie, la politique, l’économie, l’anthropologie et l’archéologie. Où, quand et pourquoi les gens quittent-ils leur terre d’origine? Où vont-ils? Comme d’autres êtres vivants, les humains sont attentifs aux menaces qui affectent leur vie, telle que la pression démographique qui peut entraîner une diminution de la disponibilité des ressources alimentaires.

Par conséquent, certains se déplacent pour trouver des solutions durables à leurs problèmes ou encore dans l’espoir d’améliorer leur situation ou d’échapper à une menace. En cours de route, ou arrivé à destination, les activités quotidiennes se mettent en branle. Elles se caractérisent entre autres par le comblement de besoins essentiels, telles que l’acquisition de nourriture, la construction d’habitations et l’habillement. Elles peuvent s’accompagner d’activités connexes qui, après un certain temps, peuvent entraîner une accumulation de surplus divers, ainsi qu’une volonté d’échanger avec d’autres individus afin d’acquérir de nouveaux biens. Tout ce processus de mobilisation nécessite donc des technologies adaptées et efficaces, ainsi que des aptitudes essentielles, comme l’évaluation et la compréhension des ressources disponibles, de la topographie, de la pédologie, de la géologie et de climat pour assurer la survie.

Barbuda étant une île, il est important de comprendre comment elle a été peuplée, par qui et à quelle période. La mobilité est depuis les années 1990 un terme majoritairement

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utilisé en archéologie servant à définir le processus de déplacement des êtres humains par voies terrestres (Hakenbeck 2008 : 21). Étant donné les nombreux facteurs connexes à l’étude des mouvements de populations, comme le temps (l’événement, la conjoncture et le long terme [Braudel 1969]), l’espace, la preuve archéologique, la tradition orale, l’ethnicité, l’identité et les documents historiques, pour n’en nommer que quelques-uns, il est apparu que le terme « migration humaine » ne pouvait plus être adapté à toutes les situations archéologiques. Cette constatation s’est accompagnée d’une autre tout aussi importante : il existe plusieurs formes différentes de migration, ce qui empêche tout emploi d’une définition unique et contemporaine de la « migration humaine » telle qu’employée dans les autres sciences sociales (Hakenbeck 2008 : 19).

D’autres disciplines distinguent la migration, qui possède un critère de permanence lié à un changement de lieu, de la mobilité, qui comprend l’ensemble des mouvements de populations (Lewis 1982 : 8). Hakenbeck insiste néanmoins sur le fait que le terme de mobilité est venu substituer le mot « migration » en archéologie, car il réfère à un concept plus ouvert englobant toutes formes de mouvements territoriaux (humains, flore, faune, artéfacts, etc.) et a un impact important pour la compréhension des phénomènes archéologiques (ex. : Balasse et al. 2002; Beard et Johnson 2000; Beaudry et Parno 2013; Binford 2006; Booden et al. 2008; Chang 2006; Garvie-Lok et al. 2009; Hoogland et al. 2010; Keegan et al. 2013; Kelly et Todd 1988; Laffoon 2011, 2013; Ogilvie 2006; Pate 1995; Perry et al. 2008; Politis 2006; Price et al. 1994; Sellet 2006; Sellet et al. 2006; Shaw et al. 2010).

Cet aspect cadre parfaitement avec la situation des îles caribéennes, c’est pourquoi le terme mobilité est utilisé dans cette thèse selon cette définition de Hakenbeck. Ainsi, il permet de mieux comprendre et de retracer les vagues de peuplement des îles caribéennes, l’introduction des espèces animales et végétales, ainsi que les échanges matériels. De plus, la mobilité permet d’étudier les liens économiques entre les différentes îles, ainsi que les réseaux d’échanges avec la région circum-caribéenne et les continents américains et européens. Barbuda, située en plein cœur d’un système insulaire dynamique, a connu

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plusieurs épisodes de peuplement et la mobilité des populations humaines est un élément clé de son histoire anthropo-environnementale.

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