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Lassés par des années de corruption et de mensonges, les espagnols ont sanctionné le Parti Populaire dans les plus grandes villes du pays. Moti- vés par une envie de changement et de renouvellement de la classe politique, les madrilènes ont notamment exprimé leur lassitude des procédés occultes et des décisions unilatérales.

< Le financement de la dette, une ingénierie économique >

Il convient maintenant d’aborder le coût du grand projet urbain, une thématique prépondérante n’ayant volontairement pas encore été développée pour une appréhender une vision objective et détachée du projet. Pourtant, lorsque l’on demande à un madrilène son opinion sur Madrid Río, le témoignage commence bien souvent par une évocation de la dette, qu’il soit favorable ou défavorable aux opérations.

Le projet de transformation des berges est tristement célèbre pour les coûts pharaoniques qu’il a engendrés. Au total, la Mairie a investi près de 4 100 mil- lions d’euros en deux mandats, à raison de 3 668 millions pour l’enfouissement de la M-30 et 410 millions pour le parc Madrid Río 1. Du fait de ces montants

exorbitants, doublant quasiment le budget initialement prévu 2, la dette muni-

cipale est aujourd’hui multimillionnaire et son remboursement est échelonné sur 35 ans. « Lestant les comptes et empêchant d’autres investissements », les opérations ont généré un endettement par habitant d’au moins 5 000 euros, explique Juan Garcia Vicente. Toutefois, il est important de rappeler que ces montants ne sont que des estimations, aucun bilan économique n’ayant jamais été publié sous les gouvernements de Gallardón et de Botella. A titre d’exemple, les coûts de maintenance sont seulement estimés et mentionnés par des collectifs techniques tels que Carreteros.org, par des associations locales telles que Basurama ou encore par des journalistes. De cette manière, les travaux de maintenance liés à l’opération Calle 30 sont évalués à 258 millions d’euros par an, un contrat à cet effet ayant été signé en octobre 2005 avec UTE, un groupe- ment formé de ACS et Ferrovial, deux des groupes constructeurs des travaux

1- [en ligne] URBANEWS, 2011. Madrid-Río : Quand les Madrilènes redécouvrent leur rivière.

2- BASURAMA, 2013. Amamos la M-30 : sobre el sueño de construir una autopisa debajo de un parque, p232.

3. La maintenance et l’entretien du parc Madrid Río sont quant à eux estimés

à 1 million d’euros par an 4. Selon Eladio, habitant du quartier de Carabanchel,

l’imprécision de ces montants révèle « un caprice mégalomane, sans aucune

préoccupation du coût, et à la seule motivation électorale ».

Tandis que l’opération Madrid Río fut financée à 75% par le gouvernement, une participation de l’ordre de 256 millions d’euros, l’opération Calle 30 est, selon Vicente Gago Llorente, « un bon exemple de la politique néolibérale d’ouverture

du secteur public au commerce privé, et de la pénétration du secteur finan- cier dans le propre secteur public » 5. L’opération Calle 30 fut ainsi financée

par deux banques espagnoles, Cajamadrid et Dexia, toutes deux rachetées et nationalisées pendant la crise, notamment par le gouvernement belge. « Le fait

3- [en ligne] http://www.carreteros.org/tonterias/m30/m30.htm 4- [en ligne] EL MUNdO, 2013. Bienvenidos al otro Madrid Río.

5- GAGO LLORENTE, 2013. Los túneles de la M-30 : más allá de los records, p257.

Fig 45

qu’un pays du nord de l’Europe finance cette opération en Espagne est indica- tif des implications de ces pays dans la génération de notre crise financière et immobilière, puisque que « dans le Nord » il existait un excédent de capital qui a alimenté la bulle du crédit dans les pays du Sud », développe l’ingénieur.

Dès lors, il est intéressant d’analyser le processus mis en oeuvre par le gou- vernement de Gallardón pour amortir la dette générée par ces emprunts. En effet, un système souvent qualifié « d’ingénierie financière » fut établi à travers la création d’une société d’économie mixte, MadridCalle 30, « à laquelle l’admi-

nistration a délégué les travaux d’enfouissement de la M-30, leur financement, la gestion de l’exploitation et la maintenance future ». Détenue à 80 % par la

Mairie et à 20 % par EMESA - un groupement de Ferrovial et Dragados, deux des entreprises en charge de la réalisation des travaux -, MadridCalle 30 a ainsi initialement investi 2 850 millions d’euros, notamment grâce à un emprunt d’entreprise de 2 500 millions d’euros sur trente ans. « Pour faire face aux

dépenses annuelles, liées aux intérêts du crédit et aux charges d’exploitation, l’entreprise reçoit depuis la fin des travaux un paiement annuel de la part de la Mairie de Madrid, un montant de 224,3 millions d’euros en 2007, augmentant tous les ans de 2,5 % », explique Gago Llorente. Si le choix de ce système fut

justifié par Gallardón par son efficacité, l’entreprise MadridCalle 30 regroupant tous les domaines liés à la gestion et à l’exploitation de l’opération, le seul et unique but de sa création fut bel et bien de faire apparaître la dette municipale comme privée. Selon Gago Llorente, le stratagème « permettait de camoufler

le dépassement des limites légales de déficit, et ainsi de s’endetter encore plus ». Si le projet reçu le prix « Negocio Del año » en 2005 pour « son innovation économique » 6, l’Union Européenne condamna la Mairie de Madrid en 2006,

l’obligeant à intégrer la dette de la société MadridCalle 30 dans ses comptes. Par ailleurs, la cadence accélérée de l’exécution des travaux a engendré des surcoûts conséquents. En effet, les modifications et travaux complémentaires furent nombreux, prenant souvent la forme d’imprévus tels que des déviations, des décalages de voirie ou des interventions sur les services généraux. « Les

travaux se sont réalisés à toute vitesse, souligne Gago Llorente, c’était donc quasiment impossible de les faire correctement ». Toutefois, ces coûts addi-

tionnels et ces modifications de chantier ont été considérablement facilitées

6- BASURAMA, 2013. Amamos la M-30 : sobre el sueño de construir una autopisa debajo de un parque, p234.

par le fait que l’entité contractante, Madrid- Calle 30, soit à la fois en charge de la gestion et de l’exploitation des travaux, et soit régit par les normes du droit privé et non pas par la législation étatique. A titre d’exemple, le coût dérivé du modèle de financement, incluant l’investissement municipal direct, le capital restant de l’entreprise, et les paie- ments annuels de la dette et des intérêts, atteindrait facilement les 12 000 millions d’euros.

Ces montants hors d’échelle font aujourd’hui de Madrid la ville la plus endettée d’Espagne, la situation conditionnant plus que jamais l’action municipale. Rien qu’en 2007, l’inté- gration de la dette de MadridCalle 30 a pratiquement fait doubler l’endettement municipal, celui-ci dépassant les 6 000 millions d’euros. « Ici aussi Gallardón a battu

des records, même si bizarrement, il ne s’est jamais vanté du fait que la dette de Madrid dépasse de 20 % l’endettement total des autres municipalités espagnoles », ironise

Gago Llorente. De la même manière, Basu- rama explique qu’il paraît incompréhensible et inacceptable que la banqueroute causée par l’ancien gouvernement force aujourd’hui la municipalité à « couper dans les services

publics » tels que l’entretien des rues ou les

transport collectifs, dégradant ainsi le quoti- dien de milliers de madrilènes.

Le financement de l’opération Calle 30 est ainsi basé sur un système très simple, consistant à « profiter maintenant et payer

< Manuela Carmena Castrillo est une femme politique espa- gnole, née en 1944 à Madrid. Candidate aux élections munici- pales de 2015 sous la liste Aho- ra Madrid, elle est élue à la tête de la municipalité, où elle exerce ses fonctions depuis le 13 Juin 2015. Ancienne avocate et juge du Tribunal Suprême d’Espagne, elle est reconnue pour sa lutte contre la corruption judiciaire et pour la reconnaissance des droits de l’Homme. Nommée doyenne des magistrats madri- lènes en 1993, elle est retrai- tée de la magistrature depuis 2010. Incarnant à elle seule le mouvement contestataire né à Madrid, sa victoire aux élections municipales marque le succès grandissant des mouvements altermondialistes en Espagne.

Fig 46

plus tard ». Cependant, l’opacité auparavant cultivée par le PP a eu raison de sa réélection à la tête de la Mairie de Madrid, les madrilènes ayant voté massive- ment en faveur du parti Ahora Madrid, mené par Manuela Carmena. Symbole d’un changement sans transition, l’une des premières mesures annoncées par le nouveau maire est l’instauration d’une transparence complète dans les budgets de la municipalité. A ce titre, une évaluation exceptionnelle du coût total des opérations Calle 30 et Madrid Río sera réalisée par un groupement d’experts, visant à éclairer les trop grandes zones d’ombre et à communiquer les coûts encore mystérieux à l’ensemble des madrilènes. Ainsi, « la dette

générée par la Mairie pour terminer le fabuleux pari de construire la route avec le plus de trafic d’Espagne sous un parc est inimaginable, hypothéquant la ville pour les prochaines décennies », raconte Basurama 7. Mais paradoxalement, « en patinant dans Madrid Río, on a l’impression que la crise n’est jamais passée par là ».

< La protection du patrimoine >

La question patrimoniale est un enjeu de taille à l’heure de la mise en tourisme de la ville. Son intégration dans les processus de renouvellement urbain doit être impulsée par les autorités municipales, avec le soutien des associations de défense du patrimoine. De fait, « la présence d’un patrimoine « reconnu »

comme tel peut constituer un handicap entravant les volontés et contraignant les pratiques du renouvellement urbain, mais peut également être utilisée comme un levier d’évolution, un outil opérationnel au service de la revalorisa- tion urbaine », souligne Rachel Linossier 8. Toutefois, les problématiques de

protection sont avant tout régies par la loi, et ce à différentes échelles. En effet, la protection du patrimoine peut être défendue par des groupes sociaux locaux, imposée par une municipalité, décrétée par un État ou encore reconnue par une communauté. Des labels touristiques vantant les merveilles d’une « Petite cité de caractère » au Patrimoine mondial de l’UNESCO, le patrimoine est au- jourd’hui pleinement reconnu par les administrations et apprécié des touristes. La difficulté consiste toutefois dans l’identification de l’objet patrimonial, dans la mesure où celui-ci n’existe qu’à travers la législation ou la mémoire d’un

7- BASURAMA, 2013. Amamos la M-30 : sobre el sueño de construir una autopisa debajo de un parque, p234. 8- LINOSSIER, RUSSEIL, VERHAGE, ZEPF, 2004. Le renouvellement urbain face à la patrimonialisation, p23.

groupe social chargé de sa protection. En effet, le patrimoine est « informel » car il est tout à la fois : le lieu, son usage, l’élément bâti ou encore l’espace public qui lui fait face. Par ailleurs, l’ouverture du champ patrimonial complexifie la législation, le patrimoine caractérisant à la fois les monuments historiques, les vestiges archéologiques, le bâti industriel ou encore les caractères d’une culture. « L’élargissement sémantique du patrimoine durant les dernières

décennies implique la prise en compte d’un nombre toujours plus grand d’élé- ments architecturaux et urbanistiques, qui ne sont désormais limités ni à une époque de construction et d’aménagement ni à une localisation géographique précise (Choay, 1992) », rappelle Linossier.

De fait, la posture professionnelle propre à la protection patrimoniale est le res- pect de l’édifice, l’objectif étant d’identifier ses valeurs fondamentales. Quelles soient structurelles, constructives, historiques, urbanistiques ou environnemen- tales, ces valeurs sont traduites par différents degrés de protection du patri- moine, définis par la loi du Patrimoine Historique de la Communauté de Madrid

Fig 47 Canalejas

9. L’édifice et son degré de protection sont

en outre répertoriés au sein du Catalogue Général de Protection des Édifices, annexés au PGOUM. Chaque régime de protection est ainsi ratifié par une norme d’urbanisme. Par ailleurs, la posture de protection du patrimoine est liée aux enjeux de conserva- tion, relatifs à des savoirs-faire techniques respectueux des systèmes constructifs originaux ; de mise en valeur, la restauration donnant à voir le patrimoine ; et de transmis- sion, à travers l’invention d’un nouvel usage, assurant l’héritage aux générations futures. La législation propre à la question patrimo- niale est aujourd’hui au coeur de certaines opérations urbanistiques. La mise en lumière des projets urbains lancés par la Mairie avant les élections est marquée par deux contesta- tions d’envergure, prenant appui sur la valeur « sacrée » du patrimoine. Figure emblé- matique de Madrid véhiculant une image internationale, le premier édifice n’est autre que la Torre España. Racheté par le groupe chinois Dalian Wanda, le bâtiment fait l’objet d’un projet de réhabilitation en hôtel, centre commercial et appartements de luxe. Allié à la reconfiguration de la place d’Espagne et à la création d’un immense parking souterrain, supprimant au passage les nombreux arbres de la place historique, il est l’une des opéra- tions les plus ambitieuses de la municipalité pour développer l’attraction touristique de la ville. Pour faciliter le bon déroulement du projet, la Commission chargée du Patrimoine

9- Loi du Patrimoine Historique de la communauté de Madrid, 10/98, du 9 Juillet 1998.

< Niveaux de protection du patrimoine, classés par ordre d’importance :

- BIC : le bien d’intérêt culturel, administré par le Ministère de la Culture et la Communauté autonome.

- niveau 1 intégral : chaque élé- ment est protégé, de la façade au système constructif et à l’organisation spatiale. - niveau 2 structurel : les élé- ments structurels, la struc- ture, le système constructif, la façade, la volumétrie et les prin- cipaux espaces sont conservés. - niveau 3 partiel : l’édifice trouve sa valeur dans la création d’une unité urbaine, la scène perceptible depuis l’espace public étant assurée par la conservation de la ou des façades principales. >

Fig 48

La protection légale

Historique, gérée par le gouvernement régional et la Mairie, abaissa en 2014 le niveau de protection du bâtiment du « niveau 2 structurel » au « niveau 3 partiel », permettant ainsi une démolition partielle du bâtiment. De fait, le seul impératif est le maintien de la façade principale et des façades latérales, pour conserver l’image de l’édifice dans le paysage urbain.

Le second mouvement de contestation vise les travaux déjà très avancés au sein de l’édifice Canalejas. Sur le même modèle que la Tour d’Espagne, seule la façade de l’édifice remarquable fut conservée, produisant des images aériennes spectaculaires. Ici également, l’application de la loi espagnole n’aurait pas pu permettre la démolition de la structure intérieure du bâtiment, c’est pourquoi une modification du PGOUM et un abaissement du niveau de protection par la Commission fut nécessaire, explique Javier García Gutiérrez Mosteiro, archi- tecte et professeur à l’ETSAM. Face à ces interventions municipales, facilitant l’exécution de quelques opérations urbanistiques, un sentiment d’incompréhen- sion grandissant s’élève des assemblées et des débats sur la ville. A l’image de Maria Angeles Nieto, militante d’EeA, professionnels et habitants dénoncent la répétition perpétuelle d’un même procédé, à chaque fois « qu’un investisseur

arrive et promet tout l’or du monde ».

Fig 49

< La fin du bipartisme >

Au vu des irrégularités soulevées par les analyses politiques, économiques, environnementales et sociales, les opérations Calle 30 et Madrid Río sont contestables en de nombreux points. La transmission « gratuite » de la M-30 à la Ville de Madrid par le Ministère de l’Équipement et des Travaux Publics, le changement de la dénomination d’une autoroute périphérique en voie urbaine, le tronçonnement des opérations, l’absence d’une évaluation de l’impact sur l’environnement ou encore l’abaissement des protections patrimoniales, autant d’exemples montrant l’illégalité des opérations. Pourtant, certains recours en justice ont bel et bien donné raison aux mouvements contestataires, à l’image du recours d’EeA dénonçant l’absence de bilan environnemental. Le projet urbain fut en effet déclaré « nul de plein droit » en 2011, par le Tribunal Euro- péen et le Tribunal Supérieur de Justice de Madrid. Pourtant, ces décisions de justice n’eurent aucune conséquence sur le déroulement des travaux, le chan- tier de l’enfouissement de la M-30 et le parc Madrid Río ayant déjà été terminés sans contrainte. « Il y a plusieurs sentences qui ont déclaré de nombreuses

opérations illégales dans la CAM (par exemple, le fameux golf de Chamberí), mais étant donné que le « malgobierno » n’est pas illégal, et que dans ce pays la basse culture démocratique fait que le terme « responsabilité politique » soit réduit à de la poudre aux yeux, ces sentences n’ont pas été politiquement opérationnelles », note le collectif Basurama 10. Au contraire, les gouvernements

de Gallardón, de Botella, d’Aguirre, et de manière générale du Parti Populaire, se sont toujours habilement sortis des affaires de corruption, laissant les citoyens

« dans une réalité parallèle ».

« En sachant cela, comment est-ce possible que Gallardón et Esperanza ne soient pas des cadavres politiques ? », demande le collectif. Au vu de l’évident

non-respect de la loi, les plates-formes de contestation sont en droit de ques- tionner la légitimité de l’action municipale et surtout l’absence d’une opposition politique capable de remonter les préoccupations citoyennes. Effectivement, ces décisions unilatérales, permises par la faiblesse du Parti Socialiste (PSOE) voire par son soutien, sont la cause directe de la validation de ces opérations

« désastreuses économiquement, bâclées techniquement, illégales juridique- ment, pharaonique dans leur caractère urbanistique et truquées écologique-

10- BASURAMA, 2013. Amamos la M-30 : sobre el sueño de construir una autopisa debajo de un parque, p233.

ment », souligne Basurama. Ces dix dernières années, le PSOE n’a eu de cesse

de perdre votants et adhérents, jusqu’à atteindre ses pires résultats en 2011, alors que la crise frappait de plein fouet l’Espagne et que Gallardón était réélu avec succès. En conséquence de l’affaiblissement de l’opposition politique, c’est dans cette période que la plupart des opérations urbanistiques les plus importantes de l’histoire récente de Madrid ont été réalisées, à l’image du quar- tier d’affaires Cuatro Torres, des PAUs, des autoroutes radiales ou encore des équipements du Madrid Olympique.

Alors « personne ne pouvait-il réellement rien faire pour sauver la situation,

esquisser un autre chemin, une autre position ? ». Toujours est-il que les der-

nières élections municipales ont marqué la lassitude des madrilènes vis-à-vis

Fig 50

des affaires de corruption, de l’illégalité des pratiques, et surtout de la non-in- flexion du PP. Le déclin du PSOE et la position continuelle du PP font aujourd’hui que « l’unique sortie de crise qui nous est proposée est néolibérale : coupes

budgétaires, austérité, chômage, sauvetage des banques, etc., de la même manière qu’avant l’argumentaire pour le développement était la construction, les infrastructures, le tourisme, le marché immobilier, etc. », explique Basu-

rama. Ces constatations sont en elles-même la motivation d’un changement politique radical et d’un renouvellement de la classe politique. Les élections de Mai 2015 furent ainsi marquée par la montée en puissance de nouvelles entités politiques, directement issues des mouvements locaux. Parmi ces jeunes formations politiques, Podemos et Ciudadanos, respectivement représenta- tives de la gauche unitaire altermondialiste et du centre libéral progressiste, ont notamment tenu les partis historiques à distance. Leur succès dans de nom- breuses villes espagnoles et dans plusieurs capitales de région, s’appuie sur le dynamisme du soulèvement populaire lancé le 15 Mai 2011 à Madrid (15-M), communément appelé le « Mouvement des Indignés ».

Le succès de Ahora Madrid dans la capitale, liste soutenue par Podemos et menée par Manuela Carmena, est la preuve directe des préoccupations des

madrilènes pour l’avenir de leur ville, et un symbole de l’acquisition progressive du pouvoir politique par la société civile. Si le changement politique n’aura pas opéré à la tête de la CAM, le passage de la capitale espagnole à gauche - un bastion de la droite depuis les années 1990 - et la montée en puissance de Podemos et Ciudadanos 11 sont

les signes d’un vrai changement démocra- tique. « Le pouvoir politique se mesure aussi

par la capacité à opérer sur l’imaginaire col-