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modalités tactiles et/ou auditives

C ONCLUSION DE LA MODALITE TANGIBLE

La transmission d’informations via des dispositifs tangibles, pour des utilisations non visuelles, est souvent synchronisée avec le mouvement du corps : orientation, position, localisation relative au corps ou à la partie du corps. Mais l’utilisateur se concentre, en premier, sur la manipulation de l’objet tangible. De plus, l’interaction tangible est souvent utilisée dans des situations, où la transmission des informations doit s’effectuer en temps réel, comme par exemple le fait de scanner son environnement à la recherche d’obstacle ou

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Une voiture autonome est une voiture capable de rouler automatiquement et en toute autonomie dans le trafic réel et sur une infrastructure non spécifique sans l'intervention d'un être humain.

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d’appuyer sur un bouton au bon moment (situations que l’on retrouve beaucoup dans les jeux vidéo). Enfin, la manipulation d’un objet tangible améliore potentiellement l’immersion. C'est-à-dire que cela facilite la représentation mentale de l’utilisateur dans son interaction entre lui et la machine, voir même, cela permet de créer un sentiment de présence dans un environnement virtuel (ex. des jeux vidéo). C’est aussi l’un des avantages de la manipulation directe d’une interface (Hutchins, Hollan, and Norman 1985), c'est-à-dire de manipuler un objet tangible qui a la même représentation dans le système : par exemple, je bouge un slider de 3 mm, et dans le système, la représentation virtuelle du slider bouge de 3 mm. Je tourne mon volant tangible de 45°et la voiture virtuelle, que je conduis, incline ses roues à 45°.

2.1.5 Apport du tactile aux situations d’interaction non visuelles.

Avec des dispositifs tactiles, nous avons vu qu’il était possible de transmettre de l’information selon trois composantes principales : haptique, vibrotactile et tangible (voir Figure 2-7).

Les informations transmises peuvent avoir plusieurs degrés de précision et un « mapping18 » soit direct, soit indirect. Les mappings directs regroupent les interactions utilisant nos sens de manière écologique (« au plus proche du réel »). Voici quelques exemples de mapping direct : une vibration à gauche pour transmettre l’information de tourner à gauche ; un bras articulé bloque notre mouvement pour nous indiquer un mur. Les mappings indirects regroupent les interactions nécessitant un traitement plus complexe de l’information : la perception du stimulus est codée. Voici quelques exemples de mappings indirects : un coude en flexion d’un angle de 30° est une commande de zoom à 30% ; le message vibrant (tacton) de trois courtes pulsations, sur trois vibreurs disposés en triangle autour du poignet, signale un danger. De plus, la précision diffère selon la tâche et le dispositif : OUI/NON (détection d’obstacle, alarme), quelques valeurs (8 orientations, 9 angles du coude), une grande variété de messages (12-21 notifications) ou enfin une précision infinie de l’information (localisation, orientation 360°, guidage, distance, texture, force).

Concernant la modalité haptique, nous avons vu que la manipulation active d’objets améliore la reconnaissance de ceux-ci (percevoir pendant l’interaction). Nous avons vu

18 Mapping : (Informatique) Plus génériquement, mise en correspondance : toute opération

établissant une correspondance entre les éléments d’un ensemble de données et ceux d’un second (changement de système de coordonnées, assignation de fonctionnalités à des modules, association de champs textuels avec une ontologie, etc.). https://fr.wiktionary.org/wiki/mapping

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également que l’atteinte à l’aveugleétait une alternative efficace à la réponse orale. La modalité vibrotactile a, quant à elle, l’avantage d’être « hand-free » (main libre) et non- intrusive. De plus, les dispositifs vibrotactiles peuvent être facilement conçus et programmés. La modalité tangible, enfin, repose sur des objets de la vie « quotidienne », qui, après transformation, peuvent être utilisés comme des dispositifs d’assistance, et dont leur manipulation permet l’interaction.

Nous pouvons conclure que l’aspect dynamique des interactions tactiles améliore l’efficacité des techniques, car les utilisateurs peuvent facilement « mapper » une perception (longueur, direction, forme, texture, angle, durée, effort, position, résistance, tacton) à une valeur. Toutefois, dans le cas où l’interaction ne peut être dynamique, une phase d’apprentissage est nécessaire, afin de créer un « mapping » ou plutôt un référentiel sur lequel les utilisateurs se baseront pour estimer, au mieux, la valeur correspondante au stimulus. Nous avons d’ailleurs, étudié cet effet dans notre première étude (voir Première étude : techniques d’interaction non visuelle pour estimer une valeur).

Figure 2-7 : Schéma récapitulatif des trois modalités tactile : haptique, vibrotactile et tangible ; Au centre, leur caractéristique principale les distinguant entre elles. La barre noire indique une séparation importante

des modalités et les barres en pointillées indiquent que la séparation est moins nette. Pour rappel, « blind walking » signifie « marche à l’aveugle » et « blind reaching » signifie « atteindre à l’aveugle ».

Nous allons maintenant explorer les bases et apports de la perception auditive pour la transmission d’informations.

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2.2 Modalités auditives

Ce que nous appelons modalités auditives au sens large regroupent : les stimuli auditifs, les modes de communication nécessitant le sens auditif et les interactions auditives. Nous présentons la grande famille des modalités auditives dans les sections suivantes et dans cet ordre.

2.2.1 Stimulus auditif

Dans notre contexte, un stimulus auditif est un son, c'est-à-dire une vibration mécanique d'un fluide (ici, l’air), qui se propage sous forme d'ondes longitudinales, grâce à la déformation élastique de ce fluide. A l’instar des vibrations « tactiles », les vibrations «auditives » ont une source, une certaine durée, fréquence et amplitude (ici, intensité). Un son composé peut avoir plusieurs ondes sonores qui « s’entremêlent » ; ce qui donne le timbre d’une note d’un instrument par exemple. La Figure 2-8 expose notre représentation des dimensions physiques et des propriétés d’un son dans le cadre de cette thèse.

Figure 2-8 : Dimensions physiques et propriétés d’un son composé et d’un son pur.

2.2.2 Perception chez l'Homme : modalité sensorielle auditive

Le sens de l’ouïe permet la perception des propriétés des sons composés et purs, à savoir, l’intensité, la fréquence, la durée, la source sonore, le timbre et la note. De plus, un Homme est capable, grâce à ces deux oreilles, de discriminer les différences interaurales d’intensité (IID) et de temps (ITD). Viennent ensuite les propriétés « musicales » telles que la mélodie, le rythme et le tempo. Nous étudierons brièvement la parole, avec le champ auditif humain

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et quelques causes de son altération. Une section relative aux « mappings sonores », c'est-à- dire des associations entre un son et une information, illustrera différentes formes de sonification de l’information.