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LES PROFESSIONNELS DU MARKETING

5.2 C ONCEPTION D ’ UN DISPOSITIF DE PRODUCTION DE DONNEES

L’objectif d’un travail de terrain est d’apporter des éléments de réponse à la problématique de recherche formulée suite à une revue de littérature et modifiée au fur et à mesure par un aller/retour entre la littérature et le terrain. Concrètement, la mise en place de notre méthodologie s’appuyant sur l’observation participante et non participante était un travail minutieux impliquant plusieurs acteurs. En effet, la cible étudiée est représentée par des adolescents âgés de 11-15 ans. Afin de pouvoir recruter ces adolescents, nous avons privilégié le contexte du collège où la tranche d’âge 11-15 ans est fortement représentée. Nous avons alors contacté le principal du collège privé Sainte Marthe Chavagnes à Angoulême qui nous avait reçue lors d’un rendez-vous afin de discuter de l’objet de la recherche et du déroulement de l’étude.

Suite à cette rencontre, nous avons eu l’autorisation d’accéder au collège, de filmer et de discuter avec les collégiens pendant la récréation et les heures d’études (leur temps non-scolaire). Nous avons alors proposé au proviseur de présenter le déroulement de notre étude au corps professoral dans le but d’impliquer les enseignants dans notre travail et faire d’eux des intermédiaires entre les collégiens et nous. Les enseignants n’ont pas joué le jeu et ils ne sont pas intervenus pour que nous puissions nous intégrer facilement dans les groupes de collégiens. Nous avons donc pris l’initiative d’aller par nous même vers les collégiens pour discuter avec eux. La première rencontre avec les collégiens n’était pas convaincante et personne n’a voulu s’inscrire pour participer à l’étude. Il faut dire qu’à notre première présentation, ils étaient plus de 80 adolescents tous rassemblés par un surveillant dans une salle de cours. Nous

avions à notre disposition une heure pour nous présenter et convaincre les collégiens de faire partie de cette expérience.

Nous nous sommes alors présentée en tant qu’animateur d’ateliers sur les loisirs technologiques et la consommation. Notre déception ne s’était pas fait attendre, en effet, à la fin de la séance, il n’y avait qu’un seul adolescent intéressé par l’expérience, les autres se montraient réticents.

D’une part, parce qu’ils voyaient arriver un acteur étranger chose qui semble très difficile à gérer lorsqu’on est adulte face à ces adolescents un peu indociles et qui ont leur mot à dire sur le choix des personnes avec qui ils veulent établir des relations. D’autre part, le fait, qu’il y ait des collégiens leaders qui ont un rôle social dans le contexte institutionnel du collège et qui n’ont pas voulu participer à cette expérience a largement influencé les autres adolescents qui se trouvaient dominés (souvent ce sont les plus jeunes d’entre eux) et qui ont suivi les mêmes décisions que les leaders.

A la fin de la séance, je me suis rapprochée d’un groupe d’adolescents qui venait d’arriver et je leur ai expliqué l’objectif et le déroulement des séances d’ateliers. Les adolescents m’ont alors proposé d’autres thématiques beaucoup plus intéressantes pour eux que celles que j’avais abordées lors de ma présentation. Cela a constitué une opportunité de les convaincre de nouveau et les intéresser par rapport aux thématiques proposées (vie sociale de l’adolescent, relation entre amis, relation entre filles et garçons, mode, école….).

Ces propositions ont fait l’unanimité auprès des jeunes mais restaient néanmoins loin de notre proposition de départ mais indirectement liées à la problématique. Ainsi, la première séance n’était pas un échec total, dans la mesure où nous avons réussi à recruter 8 collégiens qui étaient très motivés et qui voulaient venir avec leurs amis, ce qui m’a permis de constituer rapidement un groupe de 16 collégiens (6 filles et 10 garçons).Nous avons par la suite organisé nos ateliers d’observation et d’interaction en fonction des heures libres des collégiens sur une durée de 6 mois allant du mois de janvier jusqu’au mois de juin 2006.

Nous avons donc organisé 48 séances d’interventions filmées selon une fréquence de deux séances par semaine (le lundi et le vendredi de 14h00 jusqu’à 15h00). Nous avons réussi à recruter et à fidéliser 20 collégiens dont 10 filles et 10 garçons âgés de 11-15 ans tout au long de ces six mois, chose qui était quasi-impossible à réaliser lors du premier jour de notre intervention. Les thématiques des ateliers organisés sont présentées dans le tableau suivant :

Tableau n°6 : Planning et thématiques des ateliers

Date Thème des ateliers Travail à Faire

Lundi 9 Janvier

Présentation de soi à travers des objets de consommation de loisirs interactifs

Recherche des photos d’objets de consommation, découpage dans les magazines

Vendredi 20 janvier Les objets de la culture adolescente digitale Dessiner leur environnement (inventaire des chambres)

Lundi 23 janvier Séance de discussion autour du premier travail à faire

Vendredi 3 février

L’expérience de consommation (une approche par média : TV, Internet, Magazine, téléphone mobile, cinéma…)

Se prendre en photo lors des situations d’achat, et consommation des produits et services…

Lundi 6 février L’expérience de consommation de la TV, magazines et presse pour enfants, cinéma… Vendredi 5 mars L’expérience de consommation du téléphone

mobile, jeux vidéo, Internet…

Lundi 6 mars Séance de discussion autour du deuxième travail à faire

Vendredi 17 mars Les règles de consommation instaurées par les parents

Imaginer les stratégies de négociation avec les parents les plus efficaces pour pouvoir consommer Lundi 20 mars Séance de discussion autour du troisième travail

à faire

Vendredi 31 mars Quelles sont les pratiques pendant la période scolaire et la période de vacances

Imaginer un monde sans contraintes pour la consommation et les loisirs

Vendredi 7 avril Séance de discussion autour du quatrième travail à faire

Vendredi 14 avril Arbitrage, connaissance des prix et argents de poche

Comment ils se voient et comment ils voient les autres adolescents, proposition d’un thème pour le prochain atelier

Vendredi 5 mai Séance de discussion autour du cinquième travail à faire

Lundi 15 mai Les pratiques dans les groupes de pairs Remarques sur les thèmes abordés Lundi 22 mai Bilan des différents ateliers

Vendredi 28 mai Préparation de l’exposition et de la soirée débat Faire des fiches de « profil type » des pratiques de loisirs interactifs

Lundi 29 mai Préparation de l’exposition et de la soirée débat Vendredi 9 juin L’exposition et la soirée débat

Débattre des résultats de l’étude avec les parents d’élèves et l’équipe enseignante du collège et l’équipe du CEPE

Fourniture et matériel

Le matériel suivant a été fourni par le Centre Européen des Produits de l’Enfant CEPE d’Angoulême : - Des appareils photos jetables (le nombre à définir par la suite)

- Des cahiers - Des affiches

- Des magazines pour enfants

Par ailleurs, nous avons acheté des confiseries pour chaque intervention. Afin d’instaurer un climat de confiance et de travailler dans des conditions qui favorisent l’échange avec les collégiens, nous avons mis en place quelques dispositifs. Tout d’abord, nous avons demandé aux collégiens de nous appeler par notre prénom et de nous tutoyer afin de faciliter notre intégration dans leur groupe. Il était aussi question d’aménager l’espace et de transformer la salle de cours en une salle où tous les participants étaient assis autour d’une grande table y compris nous-mêmes. Cette approche nous a permis de détendre l’atmosphère et de la rendre beaucoup plus amicale.

Par ailleurs, lors de nos premières interventions, les sujets de discussion tournaient autour des préoccupations des adolescents, de leurs centres d’intérêt et de leurs problèmes. Cela a nécessité un grand potentiel d’empathie. Cette démarche peut se réaliser en se mettant à la place du collégien avec toutes ses préoccupations et en réfléchissant comme lui autrement dit voir le monde avec les yeux d’un collégien. Par ailleurs pour mieux nous faire accepter, nous avons été amenée à lire des magazines pour ado, à regarder des séries pour ado, et à parler un langage d’ado afin de mieux cerner leur culture et de pouvoir communiquer avec eux. Ce qui nous a permis de gagner la confiance des adolescents qui au fur et à mesure des rencontres sont devenus plus extravertis et plus communicatifs qu’au début. Afin d’apporter une dimension ludique et de fidéliser les adolescents, nous leur avons proposé des activités de loisirs interactifs, et nous disposions pour ce faire de salles multimédias réservées par le principal pour nos interventions.

Le travail d’immersion dans la sphère et la culture adolescente et collégienne nous a demandé des efforts en matière de compréhension et d’empathie. En effet, avant d’accéder au terrain, nous nous sommes intéressée de près aux produits destinés aux collégiens en l’occurrence, la presse, les magazines, les séries…etc. Cela fut pour nous une réelle découverte de leur univers culturel pour pouvoir mieux communiquer avec eux. Ainsi, les discussions avec les collégiennes étaient centrées sur la lecture des magazines pour adolescents et les séries TV. En revanche, pour les garçons il s’agissait d’émissions sportives et de magazines spécialisés (jeux vidéo, automobile, sport, informatique, etc.).