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Tombe de la Maison de la Rampe (MYC-1) : (Fig. 81-81)

Observations des fouilleurs

A. J. B. Wace nous apprend qu’un squelette a été découvert dans une tombe située à l’extérieur du mur nord du mégaron, près du cercle funéraire A, sous la Maison de la rampe. Cet individu, en position contractée, a été couché sur le côté gauche avec la tête au sud. Enfin, le fouilleur précise qu’aucun objet n’a été découvert dans cette sépulture. Toutefois, le tamisage de la terre a révélé plusieurs tessons mésohelladiques, dont un situé au-dessous des os du cou395.

Position des restes osseux

Ce sujet a un axe longitudinal du corps nord-sud. Le bloc crânio-facial, en face latérale, est très fragmenté : il manque le pariétal et le temporal droits. Les maxillaires et la mandibule comprennent plusieurs dents. La mandibule est en vue latérale : elle est dans son agencement anatomique naturel. En outre, sa face inférieure est contre la tête de l’humérus droit. La scapula droite, en face latérale, est en relation anatomique avec la vue postérieure du gril costal. La cage thoracique est en vue latérale et comporte huit côtes droites dont la cinquième (en partant du sud) est cassée : le volume costal est conservé. Nous observons une partie du rachis lombaire : trois vertèbres lombaires sont visibles et en connexion anatomique stricte. Le sacrum, en face supéro-antéro-laterale droite, n’est pas en connexion anatomique avec la cinquième vertèbre lombaire. Le bassin osseux se présente, globalement, en vue supéro-latérale droite : les symphyses pubiennes sont en connexion lâche. En outre, il existe un pendage vers l’ouest au niveau du bassin osseux. L’os coxal droit est, si ce n’est en connexion anatomique, en connexion lâche avec le sacrum : il est en vue supéro-antéro-

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médiale. L’os coxal gauche, en vue supéro-antéro-médiale, semble en connexion anatomique avec le sacrum. L’humérus droit est en face postérieure et est dans l’axe longitudinal du corps (extrémité proximale au sud) : il n’est pas en connexion anatomique avec la scapula. L’ulna est cassé au niveau de son extrémité proximale et est, comme le radius, pratiquement perpendiculaire à l’axe longitudinal du corps (extrémités proximales à l’est). Le radius, en connexion anatomique avec l’humérus, est parallèle à l’ulna : l’angle huméro-radial est d’environ 50°. Précisons que les quarts proximaux de ces deux os reposent contre les extrémités proximales du radius et de l’ulna gauches. Nous distinguons deux os longs de la main droite, sans pouvoir identifier leur nature ni leur face d’apparition : ils semblent en équilibre instable et perpendiculaires à l’axe longitudinal du corps. Le radius et l’ulna gauche sont parallèles et obliques par rapport à l’axe longitudinal du corps (extrémités proximales à l’est). Pour ce membre supérieur gauche, nous observons aussi deux os longs de main. Le fémur droit est en face latérale : par sa face d’apparition et sa position, nous pensons qu’il est en connexion anatomique avec l’os coxal. Il est perpendiculaire à l’axe longitudinal du corps (extrémité distale à l’ouest) et est en connexion anatomique avec le tibia. Ce dernier, en vue latérale, a son quart distal et son extrémité proximale cassés. Il est oblique par rapport à l’axe longitudinal du corps (extrémité proximale à l’ouest). Le fémur et le tibia se situent sur la diaphyse du fémur gauche : la moitié de la diaphyse du fémur droit est sur le quart proximal du fémur gauche, tandis que le quart proximal du tibia droit est sur le quart distal du tibia gauche. L’angle fémoro-tibial droit est d’environ 20°. Le fémur gauche étant très mal dégagé, seuls un quart de diaphyse et son quart distal sont visibles. Toutefois, nous sommes certains, en tenant compte de la direction de sa diaphyse et sa longueur (estimée par comparaison avec celle du fémur droit), que son extrémité proximale se situe près de l’os coxal gauche et, très certainement, à proximité de l’acétabulum. Il est oblique par rapport à l’axe longitudinal du corps (extrémité proximale à l’est) et n’est pas en connexion anatomique avec le tibia. Ce dernier, en vue médiale, forme avec le fémur un angle d’environ 30°. Les extrémités distales des tibias sont très proches l’une de l’autre. Nous distinguons plusieurs os appartenant aux pieds : s’ils sont mélangés, nous somme toutefois en mesure de reconnaître la phalange proximale de l’hallux gauche de chant (donc en face médiale). Enfin, notons que les autres os que nous apercevons sont en équilibre instable.

131 Mode de dépôt des corps

Nous ne sommes qu’en partie d'accord avec la position que propose A. J. B. Wace396. En effet, nous avons un individu avec la tête au sud et les pieds au nord ; la face d’apparition de la cage thoracique (face latérale), ainsi que celle de la scapula (face latérale) tendent à prouver que cet individu a été couché sur le côté gauche. De plus, il a le bras droit le long du thorax et une flexion des coudes : cette information est mise en lumière par la présence d’un angle huméro-radial droit (environ 50°) et par l’obliquité des os de l’avant-bras gauche. Quant au bras gauche, il devait se situer sous l’hémi-thorax gauche, tandis que l’avant-bras est sous le droit, de sorte que la main se trouve près du genou droit, comme en témoignent les deux os longs. Cependant, la disposition des membres inférieurs, ainsi que la présentation du bassin osseux, en vue supéro-latérale droite, indiquent que cet individu n’a pas été couché sur le sol, mais était, au moins pendant quelques temps, assis avec les genoux fléchis : cette position nécessita certainement une légère rotation à droit du tronc ; et les membres inférieurs devaient reposer sur le sol à gauche. Notons que si le sujet était couché sur le côté, le bassin osseux se serait présenté en vue latérale droite et le fémur droit en face latérale : ainsi, nous aurions observé l’engagement de la tête de ce dernier dans l’acétabulum, ou pour le moins, une connexion lâche de l’articulation coxo-fémorale. La situation des membres inférieurs a rendu obligatoire la semi-flexion des cuisses sur le tronc, ainsi que le fort fléchissement des genoux sur les cuisses (angles fémoro-tibiaux d’environ 20° pour le droit et 30° pour le gauche). Cette position n’a été possible grâce à l’extension du coude gauche, qui a permis au sujet de prendre appui avec sa main contre le sol. La disposition des tibias indique que les chevilles devaient être serrées l’une contre l’autre de telle façon que le pied gauche repose sur la face dorsale du pied droit par sa vue plantaire. Enfin, il est fort possible que les chevilles aient été maintenues dans cette position grâce à un lien, sinon elles seraient plus éloignées l’une de l’autre, comme c’est le cas pour un sujet assis avec les membres inférieurs reposant sur le sol et sur le côté (cf. Annexe 1 : Fig. 5). Ces deux positions pour un même individu suscitent plusieurs hypothèses : peut-être sommes-nous en présence d’une personne qui a dû être enterrée rapidement alors qu’il est assis, autrement dit que l’on dû enterrer alors que la rigidité cadavérique* n’était pas terminée ? Cette hypothèse expliquerait qu’à cause de la faible profondeur de la fosse (0,20 m397) on ait séparé le corps de cet individu en deux au niveau de la ceinture des membres inférieurs, afin de pouvoir fermer la tombe par des dalles de pierre.

        396

Ibid.

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Notons que pour vérifier si ce sujet fut sectionné en deux, il sera nécessaire de pratiquer une étude tracéologique de la cinquième vertèbre lombaire et de la première vertèbre sacrée afin d’y déceler d’éventuelles stries de découpe. Une telle rapidité dans l’inhumation est-elle imputable à une maladie contagieuse contractée par le défunt ? Cela implique une certaine connaissance des mesures sanitaires à prendre en pareil cas. Est-ce un rite funéraire ? Nous nous interrogeons sur le fait que cet individu ait été introduit en position assise dans la tombe pour être ensuite sectionné le corps en deux. Est-ce une personne qui fut exécutée sur place ? Les chevilles liées et l’absence de mobilier renforcent cette hypothèse. Précisons que, quelle qu’ait été la raison de la séparation du tronc de la ceinture des membres inférieurs, on tenta de garder une certaine cohérence anatomique du cadavre.

Espace de décomposition

En ce qui concerne l’espace de décomposition de cet individu, plusieurs éléments sont parlent en faveur d’une décomposition en espace colmaté et d’un dépôt primaire. Nous pensons qu’il s’agit d’un colmatage différé : nous avons la connexion lâche des symphyses pubiennes, du membre inférieur gauche, des os coxaux avec le sacrum et l’absence de connexion anatomique de l’humérus droit avec la scapula. Mais nous avons aussi des éléments relatifs à un colmatage progressif : certains os des mains et des pieds en équilibre instable, l’absence de mise à plat des os coxaux, le maintien en relation anatomique de la scapula avec le thorax, ainsi que celle du fémur droit avec l’os coxal. Ainsi nou s pensons que l’infiltration du sédiment entre les dalles, que signale le fouilleur398, n’a pas eu lieu immédiatement ou encore que le sédiment était plus fluide par endroits. Toutefois, il se pourrait que la disjonction de l’articulation scapulo-humérale droite soit due au dépôt de la dalle de couverture sur le corps : nous pensons que cette action cassa la clavicule droite et a été déplacé le bras vers la gauche à cause de la pression exercée par les dalles et de la faible profondeur de la sépulture (0,20 m399). En effet, un individu adulte, même couché sur le côté, a une largeur biacromiale* supérieure à 0,20 m (en moyenne de 0,383 m400). Enfin, pour ce qui est de la dénomination de la tombe, nous sommes en présence d’une sépulture primaire individuelle, si toutefois il ne s’agit pas d’un lieu d’exécution. En effet, ce dernier ne peut ce nommer sépulture, cependant l’espace de décomposition est primaire.

        398 Ibid. 399 Ibid. 400

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Pour conclure sur cette tombe MYC-1, nous pensons que l’individu est assis/et ou couché sur le côté gauche avec le bras droit le long du thorax, alors que le gauche se situe sous celui-ci : l’avant-bras droit est sous l’hémi-thorax droit avec la main sur le genou droit. Enfin, ses genoux sont fléchis et ses chevilles sont maintenu l’une contre l’autre sans doute par un lien.

2. CERCLE B

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