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T OMBES RECTANGULAIRES CONSTRUITES

F. HAGIOS KOSMAS

TOMBES À CISTE

Tombe 50 (HKO-1) : (Fig. 78-79)

Observations des fouilleurs

G. E. Mylonas trouva à l’intérieur d’une tombe à ciste trois squelettes (HKO-1/1, HKO-1/2 et HKO-1/3) mal conservés : ils se situent à 0,30 m de profondeur. De plus, ils sont pratiquement allongés le long des parois de la tombe et occupent entièrement sa largeur. À proximité de leurs pieds, il y a à gauche un espace libre. Pour l’auteur, la position originelle

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des défunts est évidente : les individus HKO-1/1 et HKO-1/2 sont l’un en face de l’autre. Ainsi celui (HKO-1/1) qui est situé le long de la paroi nord, est-il couché sur le côté droit, tandis que le second (HKO-1/2) fut déposé sur le côté gauche. En outre, l’auteur précise que si leurs genoux convergent, en revanche leurs jambes sont pliées dans des directions opposées. Enfin, leurs bras sont de part et d’autre du corps. Le troisième squelette (HKO-1/3) se trouve le long de la paroi sud : il a été couché sur le côté droit, toutefois il est plus allongé que les deux autres (HKO-1/1 et HKO-1/2) ; son bras gauche est plié. Le bras droit paraît être dans la même position mais, selon G. E. Mylonas, il a été déplacé. En outre, les trois défunts (HKO-1/1, HKO-1/2 et HKO-1/3) ont leurs pieds en direction de la porte, comme les pierres qui sont empilées près de l’entrée de la sépulture : pour l’auteur tout cela prouve388 que les corps ont été introduits dans la sépulture par le toit. À 0, 25 m au -dessous des squelettes HKO-1/1, HKO-1/2 et HKO-1/3 furent découverts une grande quantité d’os très fragmentés qui jonchent le sol de la tombe. Enfin, entre la première et la deuxième couche d’os, il y a une couche de sédiment sableux : il semblerait que les premiers défunts furent recouverts avec l’excédent du sable qui a servi à couvrir les trois derniers cadavres (HKO-1/1, HKO-1/2 et HKO-1/3)389.

Position des restes osseux

Les trois squelettes (HKO-1/1, HKO-1/2 et HKO-1/3) ont un axe longitudinal du corps est-ouest. Les restes osseux de ces trois individus (HKO-1/1, HKO-1/2 et HKO-1/3) sont très mal conservés et nous ne pouvons pas observer les os des pieds sur la photographie.

Le bloc crânio-facial du sujet HKO-1/1, en vue supérieure, est très fragmenté : sa vue antérieure fait face au mur sud. Près du crâne, nous devinons la mandibule sous le sédiment : elle semble être en face supéro-latérale gauche, mais pas en connexion anatomique avec les temporaux. Nous observons, à proximité de la partie proximale de l’humérus droit, un fragment de la clavicule. Près de l’extrémité proximale du fémur gauche, il se pourrait que nous ayons deux fragments d’os coxal, peut-être gauche. L’humérus droit, en face antérieure, est cassé à ses deux extrémités et légèrement oblique par rapport à l’axe longitudinal du corps : il ne paraît pas être en connexion anatomique avec la scapula dont, semble-t-il, nous avons aussi un fragment. De plus, nous remarquons qu’un os long, cassé en son centre, repose par son quart distal ou proximal sur le quart proximal de l’humérus et par sa moitié sur la cage

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MYLONAS G. E. 1959, p. 114.

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thoracique. Notons que cette dernière est absente des documents. Dans le prolongement de l’humérus, en connexion lâche, il y a soit l’ulna, soit le radius : cet os est cassé au niveau de ses extrémités et à trois autres endroits. Nous supposons que l’os long situé à gauche du squelette correspond à l’humérus gauche : il est parallèle à l’axe longitudinal du corps et se tient sans doute le long de la cage thoracique. En outre, de la face d’apparition de cet humérus, nous observons uniquement la matière corticale sur toute la longueur de l’os. Les fémurs droit, en vue antéro-médiale, et gauche sont obliques par rapport à l’axe longitudinal du corps (extrémités proximales au nord). L’extrémité distale du fémur droit est absente, tandis que le gauche, en face antérieure, est très fragmenté. Les tibias sont obliques par rapport à l’axe longitudinal du corps (extrémité distale au nord) : leur extrémités proximales, qui sont cassées, ne sont pas en connexion anatomique avec leurs fémurs respectifs. En outre, le tibia droit est fracturé au niveau de son extrémité distale et de son tiers distal : l’angle fémoro-tibial est d’environ 130°. Enfin, le tibia gauche est en vue postéro-latérale.

L’individu HKO-1/2 a son crâne en vue latérale droite : il est dans un très mauvais état de conservation. Nous pensons que l’os situé à proximité du pariétal droit est un fragment de maxillaire ou de mandibule. Près de ce dernier ossement, il y en a un autre qui pourrait correspondre à une clavicule ou à une côte : la qualité de la photographie ne permet pas une dénomination plus précise. L’humérus droit est oblique par rapport à l’axe longitudinal du corps (extrémité distale au sud) et est en connexion lâche avec le radius et l’ulna : l’angle huméro-radial est d’environ 100°. Les os de l’avant-bras, parallèles entre eux, sont obliques par rapport à l’axe longitudinal du corps (extrémités proximales au sud). De plus, un de ces deux os (plus au sud) a ses extrémités cassées et semble reposer sur le quart distal de l’autre. L’humérus gauche est oblique par rapport à l’axe longitudinal du corps (extrémité distale au nord) et a ses extrémités cassées. Nous pensons que le fragment d’os proche de l’extrémité distale de l’humérus devait appartenir soit au radius, soit à l’ulna : il est oblique par rapport à l’axe longitudinal du corps. Toutefois, en tenant compte de l’obliquité de ce fragment, et si nous avons bien affaire à l’un des os de l’avant-bras, nous obtenons un angle d’environ 150°. Contre cet os, présumé, de l’avant-bras, un peu plus loin et pratiquement dans son prolongement, nous supposons qu’il s’agit d’os de la main, tels que des phalanges ou des métacarpiens. Le fémur droit, en face postéro-médiale, est oblique par rapport à l’axe longitudinal du corps (extrémité distale au sud) et semble en connexion lâche avec le tibia : l’angle fémoro-tibial est d’environ 120°. Ce fémur est cassé aux deux extrémités et sa diaphyse est fracturée à plusieurs endroits, comme le tibia. Ce dernier est parallèle à l’axe longitudinal du corps. Le fémur gauche, en vue postéro-médiale, est oblique par rapport à

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l’axe longitudinal du corps (extrémité distale au nord) et est en connexion lâche avec le tibia. Le mouvement d’abduction des deux hanches* créé entre les deux membres inférieurs donne un angle d’environ 50°/60°. Le tibia gauche est cassé au niveau de ses extrémités, comme le fémur, mais il est aussi fracturé en son quart distal : l’angle fémoro-tibial est d’environ 130°. Il est parallèle à l’axe longitudinal du corps et semble être en vue postéro-médiale ; il y a trois pierres contre sa face antérieure, une au niveau de son quart proximal et une autre près de sa moitié distale. Enfin, la troisième pierre se situe à proximité du tibia droit, ainsi que de la vue postérieure et le centre du gauche.

Le sujet HKO-1/3 a son bloc crânio-facial en face inféro-latéro-postérieure droite : la mandibule n’est pas présente. Nous supposons que la cage thoracique, matérialisée par le relief du sédiment, est globalement en vue latérale droite. Le bassin osseux étant très mal dégagé, nous distinguons uniquement quelques fragments de l’os coxal, sans doute droit. L’humérus droit est parallèle à l’axe longitudinal du corps : il semble être en connexion lâche avec les radius et ulna. En outre, il paraît reposer contre la vue latérale droite du gril costal. Ces os de l’avant-bras, parallèles entre eux, sont pratiquement perpendiculaires à l’axe longitudinal du corps (extrémités distale au sud) : ces deux os forment avec l’humérus un angle d’environ 100°. Le fémur droit est oblique par rapport à l’axe longitudinal du corps (extrémité distale au sud) : les fémur gauche et tibias sont absents.

Mode de dépôt des corps

Les trois individus (1, HKO-1/2 et HKO-1/3) ont la tête à l’ouest et les pieds à l’est. Nous n’adhérerons que partiellement à la position originelle des cadavres (1, HKO-1/2 et HKO-1/3) proposée G. E. Mylonas. Enfin, les défunts ont été déposés les uns à côté des autres, cependant nous n’avons pas la certitude qu’il s’agit de dépôts simultanés.

Ainsi, pour le sujet HKO-1/1, nous ne serons pas d'accord avec l’auteur. En effet, la disposition des membres supérieurs et inférieurs tend à indiquer que cet individu (HKO-1/1) a été couché sur le dos avec une flexion du genou droit et, dans une moindre mesure, du gauche. Ce sujet (HKO-1/1) devait avoir le visage face à celui de l’individu HKO-1/2390 comme en témoigne la position de leurs crânes : HKO-1/1 a sa vue antérieure face à la paroi sud avec la mandibule en face supéro-latérale gauche, tandis que pour le sujet HKO-1/2 la vue antérieure de son crâne (en vue latérale droite) fait face à la paroi nord. En outre, nous

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pensons que la face latérale gauche de la tête devait être, en partie, contre la paroi ouest de la tombe, dès l’inhumation : cette position a induit une inclinaison latérale maximale de la tête (45° pour l’amplitude totale du rachis cervical391). Autrement dit, cette disposition a favorisé la face d’apparition du crâne (vue supérieure) au moment de la rupture des ligaments des vertèbres cervicales. Cette hypothèse est étayée par la présentation de la mandibule qui a dû chuter avant que ne cèdent les ligaments des vertèbres cervicales et avant que le bloc crânio- facial ne bascule en avant392. Il a les bras le long du thorax avec une extension du coude droit, comme en témoigne l’absence d’angle huméro-radial. La flexion des genoux est attestée par l’angle fémoro-tibial droit (angle d’environ 130°), ainsi que le parallélisme du tibia gauche avec le droit, mais aussi l’obliquité du fémur gauche. Toutefois, ces deux derniers ont pu être déplacés par un ou des animaux fouisseurs, au même titre que l’os long qui repose sur l’humérus droit. Enfin, la position des membres inférieurs a certainement rendu inévitable une légère rotation à droite du bassin.

En ce qui concerne l’individu HKO-1/2, nous n’adhérons pas à la position suggérée par l’auteur. En effet, la disposition des pièces osseuses des membres supérieurs et inférieurs indique que ce sujet (HKO-1/3) fut couché sur le dos avec une flexion des genoux. Ainsi, la face d’apparition du crâne (vue latérale droite) indique qu’il y eut une rotation à gauche, toutefois l’absence de la mandibule ne nous permet pas d’affirmer si elle fut taphonomique (ou acquise) ou non393. Les bras, en abduction, présentent une flexion des coudes comme en témoignent les angles huméro-radiaux (environ 100° pour le droit et 150° pour le gauche). Enfin, nous observons un mouvement d’abduction des hanches comme l’indiquent l’angle d’environ 50°/60° et une flexion des genoux (angles fémoro-tibiaux droit d’environ 120° et gauche de 130°).

Pour le squelette HKO-1/3, nous pensons, comme l’auteur, qu’il a été couché sur le côté droit avec une flexion du coude gauche. De plus, nous admettrons la position donnée par G. E. Mylonas394 pour le membre supérieur droit, car il n’est pas présent sur la photographie. Ainsi l’attitude générale du défunt est-elle étayée par la face d’apparition de la cage thoracique, sans doute en vue latérale droite. Le bras droit est le long du thorax et il y a une flexion du coude : l’angle huméro-radial droit est d’environ 100°. La présence du crâne en face inféro-latéro-postérieure suppose qu’il fut déplacé soit par un animal fouisseur, soit par

        391 KAPANDJI A. I. 2007, Vol. 3, p. 232. 392 DUDAY H. 2006, p. 43. 393 Id. 1995, p. 38 et 41 ; Id. 2006, p. 43. 394 MYLONAS G. E. 1959, p. 114.

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un être humain. En ce qui concerne le membre inférieur droit, l’absence de la jambe ne permet pas de trancher entre une flexion ou une extension du genou.

Espace de décomposition

Il semblerait que l’espace de décomposition soit identique pour les trois individus (HKO-1/1, HKO-1/2 et HKO-1/3). Toutefois, nous possédons très peu d’éléments significatifs : la cage thoracique, les os des mains, excepté la main gauche de HKO-1/2 et les os des pieds sont absents de nos documents. Cependant, nous pensons que la décomposition des corps s’effectua en espace vide comme en témoignent les éléments suivants : la disjonction de la mandibule avec les temporaux de HKO-1/1, celle des os de la main gauches de HKO-1/2 et les connexions lâches ou absentes des membres supérieurs (HKO-1/2) et inférieurs (HKO-1/3). En outre, ce type de décomposition est mise en lumière par la position des crânes des sujets HKO-1/1 et HKO-1/3 qui indique qu’un espace vide primaire a existé dès le dépôt du corps, permettant les différents déplacements des os observés (HKO-1/3), ainsi que la rotation de celui de l’individu HKO-1/2. Notons que cet espace vide primaire a certainement été créé par la fosse et a dû exister au moins le temps que le cadavre se transforme en squelette. Ainsi sommes-nous en droit de penser que des plaques de couverture ont existé au moins jusqu’à la décomposition totale du corps. Tous ces éléments permettent de qualifier ces trois dépôts de primaires (HKO-1/1, HKO-1/2 et HKO-1/3). Enfin, nous sommes seulement en mesure d’indiquer que les défunts ont été déposés les uns à côté des autres, mais sans avoir l’assurance qu’il s’agisse d’inhumations simultanées. En effet, nous n’avons constaté aucune imbrication des squelettes : c’est pour cela que nous pensons être en présence d’une sépulture collective à inhumation comprenant trois dépôts primaires (1, HKO-1/2 et HKO-1/3).

En somme, le sujet HKO-1/1 a été couché sur le dos avec les bras le long du thorax et l’avant-bras droit. Ses genoux (HKO-1/1) sont fléchis et reposent sur le sol. HKO-1/2 a été couché sur le dos avec les bras en abduction et une flexion des coudes. En outre, il (HKO-1/2) a un mouvement d’abduction des hanches et les genoux fléchis reposant sur le sol. L’individu HKO-1/3 a été couché sur le côté droit avec une flexion des coudes : la position des membres inférieurs est inconnue.

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G. MYCÈNES

1. MAISON DE LA RAMPE

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