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T OMBES EN FOSSE

2. CHAMP DE MONSIEUR BACALOYANNIS :

PITHOS

Tombe 127(ARG-3) : (Fig.45-46)

Observations des fouilleurs

P. Courbin a découvert, avec B. Groslier, dans le quartier du théâtre à l’intérieur du champ de Monsieur Bacaloyannis, un pithos funéraire qui contient le squelette d’un enfant234.

Position des restes osseux

Cet individu a un axe longitudinal du corps qui va de la lèvre au fond du pithos. Le bloc crânio-facial est très mal conservé : il ne subsiste que deux fragments qui appartiennent certainement à ce crâne. La mandibule, cassée au niveau de la partie latérale droite, n’est pas dans son agencement anatomique naturel : les deux fragments qui la composent sont tête bêche. En outre, la branche droite se situe à proximité du corps. Cette dernière comporte trois dents molaires, tandis que celle de gauche ne possède que deux molaires et une dent non identifiable. Précisons que ces os du crâne et de mandibule se situent au niveau du col du pithos : sur la lèvre, il y a au moins un fragment de crâne. Le thorax se présente en face antéro-latérale gauche : le volume costal n’est pas conservé au niveau de l’hémi-thorax droit, mais il l’est en partie pour le gauche. Nous avons cinq côtes droites : les deux plus proches du col du contenant sont en vue supérieure, la troisième est en face supéro-postérieure et la quatrième, en vue supéro-antérieure, repose en partie sur la face postérieure de la dernière côte. Il y a six côtes gauches dont quatre sont en face supérieure, tandis que les deux

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dernières, situées vers la partie inférieure de l’individu, sont en vue postéro-supérieure et mal dégagées. Notons qu’à proximité de la première côte, située non loin du col, nous avons une vertèbre ou, au moins, un fragment de vertèbre. Seul le relief du sédiment rend visible une partie du rachis. De l’humérus droit, en face antérieure, nous observons uniquement la moitié distale : son extrémité distale se situe en partie le long de la cage thoracique. Dans son prolongement, il y a le radius et l’ulna : toutefois, comme on ne distingue pas la face d’apparition des os de l’avant-bras, il nous est impossible de préciser s’il s’agit d’une connexion anatomique ou non. Ces trois os sont légèrement obliques par rapport à l’axe longitudinal du corps (extrémité proximale vers la lèvre du pithos). L’humérus gauche, en face latérale, repose sur la face latérale de la cage thoracique jusqu’à son quart proximale, tandis que sa face proximale se situe contre la paroi du pithos. Il est oblique par rapport à l’axe longitudinal du corps (extrémité proximale vers la lèvre du pithos) et est cassé aux deux extrémités. Les fémurs sont obliques par rapport à l’axe longitudinal du corps (extrémités distales vers la lèvre du pithos) : les articulations coxo-fémorales forment un angle d’environ 150° pour le droit et 140° pour le gauche. Le fémur droit, en face postérieure, a son extrémité proximale sur les radius et ulna droits : il n’est pas en connexion anatomique avec le tibia. Ce dernier est en vue postéro-médiale et est oblique par rapport à l’axe longitudinal du corps (extrémité proximale vers la lèvre du pithos). En outre, il est parallèle à la fibula, mais pas en connexion anatomique : l’angle fémoro-tibial est d’environ 30°. Le fémur gauche a ses deux extrémités cassées et n’est pas en connexion anatomique avec le tibia. Celui-ci n’est pas en connexion anatomique avec la fibula et est légèrement oblique par rapport à l’axe longitudinal du corps (extrémité proximale vers la lèvre du pithos). Notons que ces deux os sont cassés au niveau de leur extrémité proximale, ainsi que de leur quart distal : nous pensons que les deux fragments d’os, près de l’extrémité distale des diaphyses du tibia et de la fibula, seraient leurs quarts distaux respectifs. De plus, ces fragments d’os sont perpendiculaires à l’axe longitudinal du corps. En outre, à proximité de ces derniers, il y a un fragment d’os plat. Enfin, l’angle fémoro-tibial est d’environ 50°.

46 Mode de dépôt des corps

Nous pensons que ce sujet immature a été couché sur le côté droit à l’intérieur du pithos funéraire235 : ce contenant est très fragmenté. Plusieurs éléments témoignent de cette position : la face d’apparition du thorax (en face antéro-latérale gauche) et la position du bras gauche en partie sur la face latérale du thorax, ainsi que celle des membres inférieurs. Ce sujet a son bras droit le long du thorax, tandis que son coude est en extension ainsi que le prouve l’absence d’angle huméro-radial. Le bras gauche repose contre la paroi latérale du thorax : nous supposons que la position de cet os dut induire une légère flexion du coude. En ce qui concerne les membres inférieurs, de toute évidence, les cuisses sont semi-fléchies sur le tronc : les fémurs droit et gauche étant très obliques par rapport à l’axe longitudinal du corps ; le mouvement de flexion de l’articulation coxo-fémorale dut être poussé à son maximum car elle est d’environ, respectivement, 150° et 140° (angle mesuré par rapport à l’axe longitudinal), or selon A. I. Kapandji, cette flexion se limite, pour un sujet vivant ou bien un cadavre dont les contentions articulaires sont encore présentes, à 120°236. Les genoux sont fléchis et la jambe droite devait être pliée sur la cuisse : l’angle d’environ 30° formé par les fémur et tibia droits témoigne d’une forte flexion du genou, tandis que l’angle fémoro-tibial gauche est d’environ 50°.

Espace de décomposition

Pour cet enfant, plusieurs éléments indiquent qu’il s’agit d’une décomposition dans un espace vide primaire* créé par le pithos. En effet, l’humérus gauche n'est visiblement pas en connexion anatomique avec la scapula, qui prend appui contre la paroi du pithos par sa face proximale ; ceci, ainsi que la mise à plat de l’hémi-thorax droit et l’absence de connexion anatomique au niveau des membres inférieurs témoignent d’une décomposition en espace vide. Nous pensons que le maintien du volume costal de l’hémi-thorax gauche serait dû à la convexité des parois du pithos. De toute évidence ce contenant ne s'est pas fragmenté et est resté certainement fermé par un couvercle en matière périssable (peut-être en vannerie)237 le temps que le cadavre se transforme en squelette et que s’opèrent les diverses disjonctions,

        235 Ibid. 236 KAPANDJI A. I. 2003, Vol. 2, p. 68. 237

La présence de couvercle en vannerie est attesté en Crète par des traces de scellées. En effet, Tsigounaki a identifié sur les empreintes de sceau de Monatsiraki des couvercles en vannerie qui fermaient les pithoI ; KANTA, A. & TZIGOUNAKI A. 2000, p. 193-205.

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citées ci-dessus, au niveau des articulations labiles*. En ce qui concerne la position des deux fragments de mandibule, il semblerait que la cause de cette aberration anatomique soit la morphologie du pithos. Au regard de tous les indices que nous venons d’exposer, nous pensons avoir affaire à une sépulture primaire individuelle à inhumation.

Pour conclure, nous pensons que ce sujet immature a été couché sur le côté droit dans un pithos avec le bras droit le long du thorax et le coude en extension, tandis que le bras gauche repose contre la paroi latérale du thorax. Enfin, les genoux sont fléchis et reposent sur la paroi du contenant : la jambe droite devait être pliée sur la cuisse.

C. ASINÈ

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