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4.4 L'ODL, un leadership de type élitiste

4.4.1 L'ODL, une efficacité de gestion

Les projets pilotés par l'ODL s’inscrivent dans la mise en œuvre du programme issu des états généraux adopté par la municipalité de Verdun et par la coalition de l'ODL. La démarche adoptée pour la réalisation d’un projet commence par le contact des partenaires identifiés et la précision de la nature de leur implication. Un comité promoteur est constitué de personnes influentes dans le milieu avec le rôle d’appuyer le projet et de le promouvoir auprès des instances de décision concernées. Ces personnes sont informées du projet dès la phase de conception dans le cadre de rapports formels ou informels. Ce comité se réunit au besoin pour formaliser les

interventions de ces personnes. Le suivi de la réalisation du projet est assuré par un comité aviseur qui regroupe les responsables des parties prenantes du projet et des intervenants du milieu pour mobiliser la clientèle concernée. C’est un comité dont le rôle est d’assurer la mobilisation des ressources technique, logistique, humaines ou autres et de régler les problèmes techniques qui peuvent survenir. Ce comité se réunit régulièrement et ses membres peuvent s’élargir en fonction des étapes du projet. Pour assurer la coordination sur le terrain des différents moyens et le suivi des opérations quotidiennes, l'ODL embauche un chargé de projet, salarié pour réaliser le projet.

Figure 4.2 L'ODL : schéma de montage de partenariat

Source : élaboration de l’auteure13.

13 Une partie du fonctionnement du projet est tirée du mémoire de Mme Grenier (Grenier, 1998, p 126,

Les dirigeants de l'ODL, soit le président-directeur général et le commissaire au développement local, sont omniprésents dans toutes les étapes de réalisation de tous les projets et assurent la communication et les relations entre les différents comités et la résolution des différentes embûches et conflits qui surgissent en cours de route. Cette démarche d’intervention non explicite et souvent informelle camoufle la nature des conflits qui surgissent sur le terrain et offre une marge de manœuvre très large aux dirigeants, au risque d’écourter les périodes d’apprentissage collectif, voire même d’étouffer la créativité des intervenants dans le milieu.

… le CA (de l'ODL) décide majoritairement, mais les dossiers présentés sont bien préparés d’avance. L’idée du projet, on peut parler des projets à venir, quand on arrive à la réunion suivante un mois ou deux plus tard, le projet est déjà prêt. D’abord on se pose la question qui a un intérêt dans le projet? Après ça on va voir ces acteurs, êtes-vous intéressés par le projet? Voulez-vous vous impliquer en finance, en temps, en énergie? Jusqu’à quel temps vous êtes prêt à embarquer dans notre projet? On y croit déjà. C’est l’objectif qu’on s’est donné. On cherche 3 ou 4 ou 6 partenaires juste pour s’assurer du succès du projet. Le Dr développe le concept et avant de nous l’amener, il a déjà pensé à tous les angles de la question, puis il nous demande qu’est-ce que nous en pensons. Si le projet n’est pas bien ficelé, il revient un ou trois jours plus tard, car nous autres on travaille pas en compétition, on travaille pour Verdun, on veut juste le projet le plus vendeur possible et j’essaye d’avoir la conviction que les gens vont embarquer dans le projet. La complicité et la volonté politique sont là… (Entrevue avec un dirigeant de l'ODL, décembre 2009).

Dans la pratique, les modalités du montage de ces partenariats sont décidées par les dirigeants de l'ODL qui privilégient l’efficacité dans la réalisation des projets au détriment d’un fonctionnement plus inclusif qui demanderait davantage de consultations et de temps, et qui présenterait le risque de la perte de contrôle par les dirigeants dans la conduite du projet. Dans le milieu, cette façon de procéder est souvent contestée et laisse des frustrations chez les participants et les acteurs du milieu. La plupart des critiques concerne l’absence de participation des parties prenantes à la phase de conception des projets et la gestion non transparente des ressources

financières qu’on leur accorde. Les organismes communautaires se voient interpellés essentiellement pour mobiliser leur clientèle dans les projets initiés par l'ODL, sans pour autant participer ni à leur conception ni à leur mise en œuvre. Pour d’autres acteurs, les critiques concernent tout le processus, qu’ils jugent non transparent et basé sur un rapport inégal proposé par les dirigeants de l'ODL en termes d’informations et de moyens nécessaires pour la réalisation des projets.

L’exemple récent du conflit qui a éclaté autour du projet « Verdun, ville amie des aînés » montre bien les critiques des acteurs du milieu communautaire à cette démarche illustrée par le schéma de montage de projets présenté ci-avant. Malgré l’importance du projet « Verdun, ville amie des aînés », celui-ci est rejeté par les acteurs du milieu, notamment depuis la création du CDSV (ou la table de concertation de Verdun qui regroupe les organismes communautaires).

L'ODL est allé chercher au palier du gouvernement du Québec une subvention qui semblerait relativement importante « Verdun, ville amie des aînés ». Cette démarche là et cette obtention de la subvention se sont faites à l’extérieur, mais complètement à l’extérieur des joueurs. Il y a à Verdun une table des aînés. On l’a appris après, par l’avenue d’une dame que l'ODL avait engagée, alors ça cause des frustrations. L'ODL n’a pas reconnu la place de la table de concertation des aînés, qui est là depuis plusieurs années. L'ODL travaille dans son bureau à monter des projets et ils sont excellents à faire ça, à chercher des subventions. Ça créé des frustrations et ça fait que ça n’encourage pas des rapprochements. (Entrevue avec un responsable du CDSV, janvier 2010).