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L'ODL constituait une structure représentative des différents secteurs institutionnels sur le territoire (la municipalité, la santé, l’éducation, l’emploi) auxquels se sont joints des représentants du milieu d’affaires de Verdun (CCSO, SIDAC). Le milieu communautaire a été sollicité lors du lancement de la concertation, mais sa présence au conseil d’administration comme membre de l'ODL a été sporadique.

Le monde des affaires s’était collectivement ramassé là, et investi globalement soit par commandite ou autrement …avec la mise en œuvre de l'ODL, il y a eu, je ne dirais pas des alliances, il y avait ce qui se fait lorsqu’on crée quelques chose de nouveau; il y avait la méfiance, pourquoi vous faites ça? Les gens, je dirai les organismes communautaires ont été beaucoup plus lents que les autres à venir à la table (Entrevue avec un ancien dirigeant de l'ODL, mars 2010)

Avec les états généraux établis en 1993, lesquels ont atteint un large consensus autour des axes de développement local à Verdun, l'ODL a montré une capacité d’agir sur le milieu et de coaliser « les forces vives » de Verdun qui regroupaient les acteurs locaux de la sphère politico-administrative et ceux du milieu des affaires.

Le succès de l'ODL c’est les gens qui étaient dedans. Ne siégeait pas à l'ODL qui voulait. C’était des gens avec des réseaux, avec une influence, avec des connaissances, scolarisés, allumés, beaucoup de jugement (Entrevue avec un ancien membre de l'ODL, mars 2010)

L'ODL a été reconnu pour avoir enclenché une nouvelle dynamique dans le milieu local, qui avait été marqué par le gel et l’immobilisme qui caractérisaient son appareil politique face aux effets de la dévitalisation de Verdun. Cette dynamique institutionnelle a permis d’établir des ponts de communication entre différents secteurs, de dépasser la démarche traditionnelle de travail en silo entre les différentes institutions et de réduire les confrontations entre elles, ce qui a permis d’instaurer le dialogue et un esprit de collaboration entre différents acteurs locaux. Les effets sont visibles au niveau de l’établissement de divers partenariats autour des projets lancés par l'ODL (tableau 2).

Toutefois, certains acteurs sont restés à l’écart de cette démarche institutionnelle, qui malgré son ouverture sur le milieu pour l’identification des problèmes territoriaux, est demeurée incapable de rejoindre la base et de faire participer les acteurs concernés par ces problèmes. Nous parlons des acteurs du milieu communautaire et des citoyens, lesquels n’y trouvaient pas leur place et ne se retrouvaient pas dans le type de partenariat proposé par l'ODL. La sollicitation des groupes communautaires s’était limitée à mobiliser leur clientèle autour des projets lancés par l'ODL et lors de la collecte de l’information par le biais des sondages et de recueil d’opinions de la population.

« Les attentes de l'ODL, en ce qui a trait à la capacité du communautaire à mobiliser la population verdunoise dans les divers projets, semblent toutefois avoir provoqué une pression insoutenable pour les organisations à caractère social. » (Anne-Marie Grenier, 1998 p.101).

La coopération asymétrique proposée par les dirigeants de l'ODL aux groupes communautaires de Verdun n’a pas permis d’établir des compromis viables et d’intégrer ce secteur social à la coalition qui soutenait la concertation. Dans la pratique, la concertation pilotée par l'ODL entre 1991 et 1997 va constituer une

prolongation du milieu institutionnel local soutenue par le pouvoir politique à Verdun. D’ailleurs, les états généraux ont constitué la base du programme électoral qui a hissé l’initiateur de l'ODL au siège de maire de Verdun pour trois mandats consécutifs. Une situation qui va permettre de renforcer les rapports entretenus par les leaders de l'ODL avec l’appareil politique municipal et de développer une complicité qui lui confère une notoriété et un pouvoir d’influence sur les acteurs institutionnels au niveau local.

Historiquement, l’élite à Verdun, composée de notables, de personnalités influentes dans le milieu politique local et provincial, des hauts cadres de l’administration locale, des hommes d’affaires et des professionnels, constituait l’assise traditionnelle de l’appareil politique en place. La densité des relations formelles et informelles entre les leaders de l'ODL et l’élite locale au pouvoir favorise l’établissement de liens étroits avec le milieu politique et économique et le développement d’une complicité avec le pouvoir local. Cette situation a eu pour conséquence de faciliter l’accès à l’information et à la mobilisation des ressources importantes dans le milieu local pour la réalisation des projets de développement local et de favoriser la communication entre différents corps professionnels et les différentes institutions intervenant dans le territoire.

Verdun c’est un gros village, on se connait, on s’appuie, on se rencontre fréquemment. Verdun c’est une famille et ça c’est une grande contribution de l'ODL qui a été mise de l’avant de façon pratico pratique par le politique. (Entrevue avec un élu municipal, janvier 2010)

La coalition derrière l'ODL a favorisé l’exercice d’un leadership de type autoritaire et élitiste. Ce type de leadership ne laissait pas de marge d’expression aux acteurs mal outillés dans le milieu ou non intégrés à la coalition, notamment les organisations du milieu communautaire.

La coalition de l’élite locale va assurer le pilotage du développement local avec l’appui du pouvoir politique local régénéré à partir de 1993. Le mode de fonctionnement de l'ODL dans le milieu (figure 2) et les modalités de montage de partenariats proposées par l'ODL (figure 3) autour de la mise en œuvre des projets de développement local montrent le type de leadership construit par l'ODL et son incapacité à mettre en place une gouvernance inclusive. Ses interventions et son implication dans le milieu sont souvent perçues avec méfiance par certains acteurs du territoire et son style leadership est remis en cause par l’ensemble des acteurs locaux.

…puis l'ODL c’est des relations très imbriquées; ils sont dans le CLD, dans la FDL, dans le centre d’affaires et ils ont accès à ces structures facilement et ils les utilisent tout le temps. On ne comprend pas cela. C’est quoi les rapports qui lient ce monde, ce n’est pas clair. (Entrevue avec un responsable de la table de concertation de Verdun, novembre 2009)

Sur le plan du financement, on ne comprend pas comment l'ODL a tous ces financements? Quelles sont les conditions d’éligibilité? Plusieurs questions se posent sur l'ODL; d’où vient l’argent? à qui profite cet argent? Ces questions ont été posées, mais les réponses restent insatisfaisantes. D’ailleurs, il n’y a qu’à consulter les questions des citoyens sur le financement de l'ODL et les PV à l’hôtel de ville enregistrent toutes ces questions, la réponse de l’arrondissement en rapport avec son soutien à l'ODL est oui. (Entrevue avec un responsable du milieu communautaire, novembre 2009).