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5. INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS ET RECOMMANDATIONS

5.12 ODD 12 : Consommation et production responsables

L’ODD 12 vise à établir des modes de consommation et de production durables. Il a pour objectif de renforcer la compétitivité économique et de réduire la pauvreté en mettant « l’accent sur le fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement, du producteur au consommateur final ». Nombreuses de ses cibles avaient été relevées dans les critères des certifications équitables au chapitre 4, notamment les cibles 12.1, 12.4, 12.5, 12.6, 12.7, 12.8 et 2.a.

Premièrement, la cible 12.1 vise à ce que tous les pays du monde participent à l’élaboration d’une consommation et d’une production responsables. La cible 2.8 vise également à donner aux individus les informations et les connaissances nécessaires au développement durable et à un style de vie en harmonie avec la nature. Dans les cahiers des charges des certifications équitables, il n’existe pas de critère qui fait référence à ces deux cibles. Seule l’introduction des standards Fairtrade énonce que la sensibilisation des citoyens et des consommateurs au commerce équitable est une des missions de Fairtrade. Elle énonce également que les pratiques commerciales et le comportement des consommateurs doivent être modifiés pour parvenir à ces objectifs. Même si leurs cahiers des charges n’en font pas mention, les certifications Fairtrade et SPP sont largement reconnues pour leurs actions de plaidoyers et de sensibilisation auprès des consommateurs (chapitre 4). De cette manière, ces deux cibles de l’ODD 12 se voient intégrées aux missions des deux certifications équitables. En les couvrant, ces dernières proposent des mesures concrètes pour modifier le système actuel de consommation et de développement économique. Ces missions de plaidoyer doivent notamment s’ajuster aux nouveaux enjeux environnementaux. Les certifications doivent, en plus de la sensibilisation à la solidarité internationale et à l’équité, promouvoir le respect de l’environnement et la lutte contre les changements climatiques (Bisaillon, 2008).

Deuxièmement, les cibles 12.6 et 12.7, qui visent à encourager les multinationales à adopter des pratiques durables et à les promouvoir dans le cadre des marchés publics, sont également intégrées dans les cahiers

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des charges. En effet, les critères relatifs à l’accès direct au marché et à l’engagement à long terme, au juste prix et à l’influence des institutions nationales et internationales participent à cette mission. Concernant l’accès direct au marché et l’engagement à long terme des partenaires commerciaux, les critères instaurés par les deux certifications visent à ce que les acteurs commerciaux adoptent des pratiques durables. Ils s’inscrivent dans une perspective de repersonnalisation des relations commerciales en mettant l’accent les relations sociales (Bisaillon, 2008). Ces critères ne visent pourtant pas ici directement les grandes entreprises, mais comme certaines multinationales sont les partenaires commerciaux des producteurs équitables, les critères mis en place les encouragent à atteindre ces cibles de l’ODD 12. Toutefois, comme nous l’avons déjà précisé, ces critères établis par Fairtrade sont des critères d’application volontaire pour les partenaires commerciaux. Leur contribution est donc plus faible que ceux de la certification SPP dont le niveau de contrainte est supérieur dans ce domaine. Concernant les critères relatifs au prix juste et équitable, ils permettent justement aux entreprises d’adopter des pratiques durables. Elles contribueront ainsi au développement des pays du Sud, à l’autonomisation des producteurs et à leur intégration économique durable. La perspective d’internalisation des coûts dans laquelle s’insèrent les certifications vient rejoindre les cibles de cet ODD. Les critères équitables vont cependant plus loin dans le sens où ils internalisent les coûts sociaux et environnementaux dès le début du processus de production (Bisaillon, 2008). Les acteurs commerciaux se voient responsabilisés et les producteurs ont ainsi la possibilité de mieux gérer leurs ressources (Bisaillon, 2008). De plus, ce système de prix décomposé en deux, voire trois niveaux, remet en cause le système habituel de fixation des prix. Il vient rééquilibrer les pouvoirs entre les acteurs aux pouvoirs inégaux (Bisaillon, 2008). En ce qui concerne plus spécifiquement la cible 12.7, elle fait partie des missions auxquelles s’attellent les certifications équitables. En effet, Fairtrade énonce dans ses standards qu’elle s’engage également à sensibiliser les décideurs politiques au commerce équitable afin de mieux intégrer les critères équitables dans les pratiques commerciales et les cadres politiques. La certification SPP énonce quant à elle dans son critère 4.8.3 que l’OPP doit démontrer qu’elle bénéficie à ses membres en influençant les politiques publiques. Sa déclaration de principes et de valeurs énonce le principe d’autogestion qui incite les OPP à promouvoir leurs droits et leurs intérêts en participant activement à influencer les politiques publiques et privées.

Troisièmement, la cible 12.a vise à aider les pays en développement à se doter des moyens scientifiques et technologiques pour les orienter vers des modes de consommation et de production plus durables. Elle est intégrée dans les critères relatifs à la capacité à exporter et au juste prix. Les primes Fairtrade et SPP permettent effectivement aux OPP d’investir, entre autres, dans les moyens technologiques nécessaires à leur développement économique. Ils permettent ainsi aux producteurs de se tourner vers des modes de production plus durables et d’assurer la pérennité de leur organisation.

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Quatrièmement, la cible 12.4 vise à instaurer une gestion écologiquement rationnelle des produits chimiques et de leurs déchets tout au long de leur cycle de vie pour en réduire les déversements et minimiser les effets négatifs sur l’environnement. La cible 12.5 vise quant à elle à réduire la production de déchets par la prévention, la réduction, le recyclage et la réutilisation. Ces deux cibles se voient intégrées au sein des critères environnementaux des certifications équitables. Ces dernières ont notamment instauré des critères qui visent à sécuriser l’utilisation de produits chimiques pour limiter leur impact sur l’environnement et la santé humaine. Ceux de Fairtrade visent à réguler les produits chimiques utilisés et à en interdire certains. Sur les 21 critères instaurés en lien avec cet enjeu, cinq critères sont d’exigence fondamentale dès la première certification, et six autres critères sont d’exigence fondamentale dès la première année de certification. Quatre autres critères sont d’exigence fondamentale lors de la troisième année de certification. Les six critères restants sont des critères de développement à mettre en œuvre entre la troisième et la sixième année de certification, selon un score minimum. Pour la certification SPP, trois critères sont établis. Bien que moins détaillés que ceux de Fairtrade, ils sont d’exigence critique et minimum. La contribution est donc relative selon les certifications, la certification SPP étant plus stricte en la matière, car tous ses critères ont un niveau d’exigence plus contraignant. En dépit du fait que ces mesures prennent du temps avant d’être appliquées, les certifications œuvrent en la matière afin de promouvoir une production plus durable. Finalement, le tableau 12 en annexe illustre que sept des onze cibles de cet ODD sont parfaitement intégrées par les deux certifications. L’ODD 12 est l’ODD le plus largement intégré dans les critères instaurés par les cahiers des charges des deux certifications équitables étudiées. Trois dimensions du développement durable sont mobilisées ici, soit les dimensions sociale, économique et environnementale. Par conséquent, une forte convergence entre commerce équitable et développement durable peut donc être soulignée.