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∑ M = Somme des moyennes annuelles enregistrées dans chaque station

III- Un tapis végétal à vocation principalement forestière

2- Occupation du Sol

Avant d’aborder l’étude du Tapis Végétal, signalons que le bassin versant de la Mafragh représente 77.87 % de la superficie totale de la Wilaya d’El Tarf (2252 Km2 par rapport à une surface totale de 2891.75 Km2).

En raison de la disponibilité des données relatives à l’occupation des sols au niveau des services concernés (Conservation des forêts et Directions des Services Agricoles, D.S.A) soit par Commune ou à l’échelle de Wilaya, nous étions obligée de faire ressortir les surfaces réellement intégrée dans notre aire d’étude, étant donné que l’espace physique du bassin versant de la Mafragh ne correspond pas à l’espace administratif de la Wilaya d’El Tarf.

La wilaya d’El Tarf regroupe 24 communes, dont 20 sont situées dans le bassin versant de la Mafragh, excepté les communes de Dréan et Chbaita Mokhtar, qui se situent dans le bassin de la Seybouse. Par ailleurs, les communes de Besbes, Chihani Bachir et Chatt, chevauchent partiellement le bassin de la Seybouse et le bassin de la Mafragh.

De leurs côtés, les communes d’El Kala et de Souarekh se situent dans le sous-bassin des côtiers d’El Kala qui fait avec la Mafragh la totalité des côtiers Constantinois-Est. Par ailleurs, les communes de Berrihane, Raml-Souk et Laïoun empiètent partiellement le sous-bassin des côtiers d’El Kala. Donc une partie de l’aire administrative de la Wilaya d’El Tarf, d’une surface de 639.75 Km2, se trouve hors bassin versant (Cf. Tableau A7 et A8).

Le bassin versant de la Mafragh dispose de 66021 ha de terres agricoles soit 29.31%, dont 55000 ha de superficie agricole utile (S.A.U), soit 24.5 % de la superficie totale du bassin versant, ainsi que 11021ha de parcours et 129000ha de forêt soit 57.28 %. Le reste, à savoir, 30179ha, sont des terres non cultivables, soit 13.40 %.

L’analyse de l’occupation du sol nous montre la prédominance de la forêt qui couvre 42.19% de la superficie forestière totale (129000 ha), suivie par les maquis avec 38.97 %. Ces maquis indiquent le stade relativement important d’une dégradation de la forêt, qui était autre fois un potentiel forestier très important pour la région.

2.1-Le Couvert Végétal

Le couvert végétal constitue un isolant entre le sol et l’atmosphère. Cet isolant est d’autant plus efficace qu’il est plus dense et plus haut. La végétation est aussi la résultante des facteurs physico-géographiques étudiés précédemment: climat, relief, lithologie, auxquels s’ajoute le facteur humain (défrichement et mise en culture, reboisement).

A partir de la carte du couvert végétal extraite de la Carte Internationale du Tapis Végétal (Tunis Sfax) de H. Gaussen et A. Vernet 1950, (Cf. fig n°29), la Carte de la Végétation de l’Algérie au 1/200.000 établie par Aouadi, (Cf. fig n°30) et les quelques photos prises sur le terrain en date du 15,16 et 18/03/2006, on constate que le couvert végétal est assez dense. Ceci n’exclut pas la dégradation qui peut être due au surpâturage et au défrichement des grandes superficies surtout durant ces dernières années où les incendies sont un deuxième facteur à ne pas négliger, vu que la superficie a diminué, seulement entre 1987 et 2003, de 57138.46 ha, soit 34.35 % de la couverture forestière actuelle de la wilaya d’El Tarf, qui est de 166311ha (Conservation des Forêts).

Quatre types d’occupation du bassin versant de la Mafragh seront abordés ci-dessous.

2.1.1- La Forêt

Avec une superficie de 129000ha environ, les forêts occupent 57.28 % du territoire de l’aire d’étude. Cet écosystème, intégré en totalité dans l’aire bio-géographique du chêne liège, abrite un potentiel floristique dont l’inventaire compte entre 600 et 700 espèces et se caractérise par la dominance des essences de feuillus, de caducifoliées et d’une multiplicité phyto-géograhique unique du genre dans la région. Au vu de l’importance de la bio-diversité et de l’intérêt écologique des différents milieux rencontrés, un Parc National de près de 80000ha a été institué dont près de 30000 sont située dans le bassin versant de la Mafragh, soit 37.5 %.

Parmi la flore forestière du bassin versant, quatre essences principales, dont deux peuplement naturels (le Chêne Liège, le Chêne Zéen). Ces deux espèces occupent une surface de 49642ha, soit 40.02 %, et les deux autres, en reboisements artificiels, (Eucalyptus et Pin Maritime) occupent une surface de 20201ha, soit 15.65 %).

2.1.1.1- Peuplements naturels

a) Série de Chêne Liège et Chêne Kermès

Elle représente près de 35.02 %, ce qui correspond au tiers de la couverture forestière totale. C’est l’association la plus répandue dans le bassin versant. Sur les dunes consolidées, le Chêne Liège montre une exigence hygrophile et ne remplace le Chêne Kermès que dans les dépressions où la nappe est peu profonde(Cf. Photo 09).

Dans les situations ombragées et en présence de sources, le Chêne Liège est accompagnés de Chêne Zéen, en pieds isolés à partir d’une altitude avoisinant les 50 m (route de Bordj Ali Bey).

Le Chêne Kermès reste subordonné au Chêne Liège jusqu’à 300 m d’altitude (Dj. Koursi au nord de Boutheldja et Forêt de Khanguet Aoun à Ain Assel). Alors que lorsque il y a un placage de sable sur les grés numidiens, une association de Chêne Kermès et de Chêne Liège se développe, car une certaine humidité est conservée au niveau des sols.

La subéraie à cystes (Chêne Liège pur) trouve son optimum sur les altitudes allant de 500 à 700m. Dans les cantons de El Fedden , Bougous, Oum Ali, El Ourda et une grande partie de la forêt d’Oued Souden , la subéraie est bien développée.

La série du chêne Kermès occupe les formations dunaires consolidées du littoral, résistant aux vents dominants. Ce type de végétation se développe en parasols, ce qui leur offre le privilège d’être recherché par le bétail aux moments les plus chauds de l’année. Actuellement, le Chêne Kermès s’étend sur le cordon dunaire de Berrihane à El Kala.

Photo 09: Chêne liège Eskhour Photo 10: Chêne Zéen (Djebel Hdid, Canton

(Commune Cheffia) Oued Bougous)Commune Bougous.

b) La Série de Chêne Zéen

Très peu développé, il ne représente que 4.98 % de la superficie forestière totale. Dans un milieu frais et ombragé, le Chêne Zéen élimine les autres essences à partir de 700m. A l’état de peuplement pur, le Chêne Zéen crée des conditions ignifuges (ininflammable) car les incendies qui se déclarent se réduisent à des feux de surface qui peuvent s’éteindre d’eux-mêmes à la tombée de la nuit (dans les conditions météorologiques normales) (Cf. Photo 10).

2.1.1.2- Peuplements Artificiels (les Reboisements)

Ce sont des espèces introduites par divers reboisements d’Eucalyptus et de Pin Maritime soit 15.65 % de la couverture forestière. Les conditions écologiques qui prévalent dans chaque zone du bassin versant (à savoir le littoral, les plaines et les montagnes) sont déterminantes dans la distribution de ces espèces. C’est ainsi qu’il existe dans le littoral la plus grande réserve d’Aulnaies et le plus important reboisement de Pin Maritime (Région de Berrihane, Lac des Oiseaux et Boutheldja, Besbes et Chihani) (Cf. Photo 11 et 12).

La zone des plaines s’individualise par la forte concentration des reboisements d’Eucalyptus : les Communes de Cheffia, Zitouna, El Tarf et Ain Assel renferment les plus grandes surfaces.

Photo 11: Reboisement du Pin Maritime (village Photo 12: Reboisement d’Eucalyptus Sebaa, Commune Berrihane). (Ayous, Commune El Tarf

2.1.2- Les Maquis

2.1.2.1- Série de l’Oléo-Lentisque

On les rencontre sur les terrains lourds et au niveau des piémonts dégradés, autrement dit sur les versants comme sur le versant méridional de Djebel Souani (entre Ain Karma et Bouhadjar), où elle se développe sur des marnes argileuses laissant apparaître entre la végétation éparse un sol nu. Elle couvre la majeure partie de la colline de Djebel Boukerma qui fait la limite Sud de Garaat El Mghada ainsi que sur les pieds du versant Nord de Djebel Bouabed.

2.1.3- L’association hygrophile

La stagnation temporaire des eaux a favorisée le développement de plusieurs types de végétations dont on peut citer : le Peuplier, le Tamaris et le Laurier-rose.

2.1.4- Les Parcours

Ils sont présents dans l’ensemble du bassin versant, couvrant une superficie totale de 11021ha ce qui représente 4.89 % de la superficie totale du bassin versant. Ils sont localisés surtout dans la zone montagneuse, car la commune d’Oued Zitoune recense à elle seule près de 4500ha et la commune de Ben M’Hidi 2300ha puisque Garaat El Mkhada, lors de son assèchement et même quant la nappe d’eau émerge, est utilisé comme terre de pacage par les riverains.

Au final, la forêt est à haut potentiel productif, vu sa diversité. Cette dernière est liée aux bonnes conditions climatiques favorisant l’exubérance, d’une végétation luxuriante : le peuplement de Chêne Liège, de Chêne Zéen, d’Aulne, de Frêne; le sous bois est très riche en plante mellifères, médicinales et en souche de Bruyères. La végétation, par son aspect de couverture du sol, plus au moins modifiée par l’homme, exerce un effet très important sur la quantité d’eau interceptée. C’est, en effet, la densité d’occupation du sol qui intervient comme élément de différenciation tant au niveau de l’écoulement qu’au niveau de la dégradation des sols.

Malheureusement, cette forêt qui constitue la meilleure protection du bassin contre l’érosion est le plus souvent sujette à des dégradations dont le facteur essentiel reste les incendies, et dans une moindre mesure la persistance des méthodes traditionnelles de conduite des troupeaux (cheptel errants en milieu forestier) et l’insuffisance des actions d’aménagement des parcours visant l’accroissement de l’offre fourragère. Les incendies sont dus à la longueur de la période chaude qui s’étale sur cinq à six mois de l’année, influencé par le sirocco. La cause principale étant l’homme, et devant l’insuffisance des moyens de surveillance et d’interventions, ce problème risque d’échapper au contrôle au vu de la multiplication du nombre de foyer.

On note ici que l’essence qui a été la plus incendiée est le chêne liège avec 52.52 % de la superficie totale incendiée, suivi du maquis et de l’eucalyptus totalisant 85.93 % de la couverture forestière.

2.2-Le Potentiel Agricole

Les terres agricoles représentent une surface de 55000ha, réparties entre la zone montagneuse : 24000ha à l’amont du bassin versant et 31000ha dans la partie aval du bassin versant. Elles s’étendent sur des pentes inférieures à 6 % et elles sont utilisées en polyculture ou laissées en jachère. La végétation des terres cultivées au niveau de l’aire d’étude est répartie entre l’arboriculture et les céréalicultures avec jachère céréalières.

A l’échelle du bassin versant et comme le suggère la nature du milieu physique et d’après la carte altimétrique, notre aire d’étude peut être schématiquement subdivisée en trois ensembles :

- Une bande littorale. - Une zone des plaines. - Une zone de montagnes

La zone des plaines, où la couverture forestière est moins contraignante, dispose de l’essentiel de la SAU totale, alors que dans la zone du littoral et la zone montagneuse, la SAU se voit réduite. A ces variations de la SAU, s’ajoutent évidemment les différenciations pluviométriques et pédologiques individualisant des sous- espaces. • Les plaines littorales (où domine l’irrigation en grande hydraulique) et sub-littorales où se développe une polyculture riche basée sur les cultures maraîchères, le foin et les cultures industrielles.

• Les bassins côtiers non aménagés et utilisés surtout (à cause de leur tendance marécageuses comme garâat el M’khada) pour l’élevage extensif des bovins.

• Le domaine collinaire et montagneux, consacré aux forêts ainsi qu’à la polyculture vivrières sur sols pauvres (céréales, oliviers et jardinage) où la petite hydraulique introduit des îlots de maraîchères.

2.2.1- La valorisation du potentiel agricole

La surface de la SAU reste réduite par rapport à la surface totale du bassin versant. Ce rétrécissement de la SAU se trouve compensé par une variété de spéculations végétale et animale. L’exploitation extensive des terres reste dominante malgré les capacités agro-pédologiques des terres « sols fertiles ».

En effet, la céréaliculture occupe une place prédominante dans le système de culture. A titre d’exemple, si on prend le plan de culture du périmètre de la Bounamoussa qui s’étend sur une surface de 16500 ha dont 14800 équipés d’après l’Office des Périmètres d’Irrigation (OPI), dans l’étude de création de ce périmètre, la céréaliculture occupait 0 %. Actuellement d’après le plan de culture, elle occupe 72.4 % de la superficie totale, ce qui se répercute sur la valeur agricole du périmètre d’une part, et d’autre part, sur la production de toutes les autres cultures.

La zone montagneuse (partie amont du bassin versant) joue un rôle de second ordre en ce qui concerne les grandes cultures, l’arboriculture et la viticulture, ceci malgré les aptitudes offertes pour le développement de ses pratiques.

Sur les sols sableux (massif dunaires) et à la périphérie des lacs, surtout le Lac Oubeira, la culture de l’arachide suscite un intérêt économique particulier pour les populations locales, qui interviennent illicitement sur les espaces dunaires pour l’extension de cette culture (voir les risque de pollution des nappes superficielles et la déstabilisation du massif dunaire, car le cordon dunaire est un milieu sensible et toute libération de végétation « extension des surfaces cultivables » est une action d’érosion qui va vers l’irréversibilité et la menace de dégradation par suffusion sous l’effet de l’infiltration des eaux. Elle est à prendre en considération, car ce type d’érosion caché se déclenche avec un effondrement massif.

2- Conclusion

Le tapis végétal du bassin de la Mafragh est à vocation principalement forestière puisque la forêt occupe 57.28 % de la superficie totale. Ceci fait du couvert végétal un facteur limitant de l’érosion d’une part, et d’autre part, un facteur favorisant l’infiltration sur les Grés Numidiens fracturés, ces derniers constituant la source d’approvisionnement des aquifères à l’aval (Cf.Fig n° 35).

Néanmoins, l’accroissement de surfaces mises en pâtures tend à réduire le couvert végétal et conduit à la dégradation des sols, si la charge animale devient trop importante dans la zone amont du bassin versant (zone de montagne). Ce qui peut se traduire par de forte pression sur le patrimoine forestier, et, par conséquent, un risque permanent de dégradation du milieu naturel, surtout du fait de la présence d’autre facteurs favorable à la mise en place et à l’apparition des processus d’érosion, engendrant de ce fait la perte des sols (facteurs climatiques, lithologiques….).

L’impact de l’action anthropique n’est pas négligeable. Il est l’agent moteur d’une surexploitation ou d’une mal exploitation de son milieu naturel, ce qui se répercute sur les ressources en eaux superficielles et souterraines. Ce pendant, les facteurs potentiels de dégradation sont unanimement reconnus: ce sont les rejets urbains (eaux usées), les décharges publiques et le pompage d’eau des nappes.

Les coupes d’arbres forestiers (braconnage) ne sont pas aussi dangereuses que les incendies (de forêts) répétées, en l’absence de la vigilance citoyenne et de la mobilisation des populations locales qui ne participent guère à la lutte contre ces feux.

Au final, Il n’existe pas de risques majeurs de dégradation irréversible du milieu naturel au niveau du terrain d’étude.