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Observations des techniques utilisées dans le corpus

Après ce rappel des différentes techniques utilisées par les résistants pour produire et reproduire leurs productions éphémères, il est nécessaire désormais d’observer les techniques utilisées dans le corpus. Une nouvelle fois, les résultats concernant les documents produits par la Résistance intérieure et ceux envoyés par avions seront étudiés séparément puisqu’ils sont soumis à des réalités et des contraintes différentes.

1. Analyse des techniques d’impression du corpus,

Résistance intérieure (Classeurs R1 à R3 + R4 « Papillons… »)

La Résistance intérieure a souvent dû faire preuve d’ingéniosité pour trouver des moyens de produire et reproduire ses documents éphémères. L’analyse des techniques d’impression des ephemera du corpus permet d’avoir une idée de l’utilisation de ces différents moyens de production. Il est impossible de faire des généralités sur l’impression en générale des ephemera de la Résistance. Il ne s’agit ici que d’un exemple à partir d’un fonds précis dans une zone limitée.

Les différents documents du corpus ont été classés selon les cinq moyens d’impression évoqués précédemment, du plus artisanal au plus technique : la copie manuscrite, le tampon ou le pochoir, les documents dactylographiés, les documents

60 LE MER, Régis, op. cit. p. 19.

ronéotypés et les documents imprimés. Lors des observations, il a parfois été difficile de faire la différence entre les documents dactylographiés et ceux reproduits à la ronéotype (sauf pour les documents dont l’impression était violette, signe caractéristique de la ronéotype). Il y a donc de possibles erreurs qui n’empêchent cependant pas de se faire un ordre d’idée sur les résultats. Les doutes sont peu nombreux et n’influencent pas de manière significative les résultats. Pour la Résistance intérieure, les résultats sont les suivants :

Tableau 17 : Résultats des analyses des techniques d'impression des ephemera du fonds produits par la Résistance intérieure (Classeurs R1 à R3 + R4 « Papillons… »)

Dans le corpus, la technique la plus utilisée par la Résistance intérieure est l’impression avec trois cent quatre-vingts documents imprimés. Le moyen d’impression le plus technique et le plus difficile à utiliser mais aussi, et surtout, le plus efficace, est donc privilégié par les résistants pour les ephemera du corpus.

Le second moyen largement utilisé également pour produire les documents du fonds est la dactylographie avec deux cent vingt-et-un documents dactylographiés. Ces résultats doivent être rattachés à ceux de la ronéotype avec ses trente-quatre documents, la différence entre les deux techniques étant difficile à appréhender. La ronéotype, contrairement à la dactylographie, ne sert qu’à reproduire des documents. Bien souvent, les documents dactylographiés sont ensuite reproduits à la ronéotype ou tapés une nouvelle fois à la machine pour en produire une copie. Les deux outils de bureau détournés sont dans tous les cas beaucoup utilisés par les résistants.

Les moyens les plus artisanaux, c’est-à-dire la copie manuscrite et les tampons, représentent trente-neuf documents pour le premier moyen et vingt-neuf pour le second. Ils sont loin d’être les moyens les plus utilisés dans le corpus mais ils représentent une réalité de production des ephemera et autres documents de la Résistance. La copie manuscrite permet de créer des documents mais aussi d’en reproduire puisque l’une des actions demandée aux lecteurs des ephemera est de le reproduire, le moyen le plus simple étant de l’écrire à la main.

Manuscrit 39 Tampon 29 Dactylographié 221 Ronéotypé 34 Imprimé 380 Photo 4 Total - Impression

Ces résultats doivent cependant être nuancés en raison du mode de collecte des ephemera du fonds. En effet, Henri Lachassagne a conservé les documents qu’il trouvait. Il faut alors prendre en compte que les documents imprimés, produits en plus grand nombre et donc plus largement diffusés, ont été plus facilement collectés. A l’inverse, les documents manuscrits, souvent uniques, bénéficiant de peu de diffusion, sont plus difficiles à collecter. Les résultats ne sont ici le reflet que des analyses à partir des documents dont on dispose aujourd’hui et ne sauraient refléter la réalité de la production pendant la Seconde guerre mondiale. Il ne s’agit que d’un ordre d’idée a posteriori.

2. Analyse des techniques d’impression des ephemera envoyés par avions (Classeur R4, « Tracts par avion anglais », « Tracts par avion américains » et « Tracts par avion allemands »)

Les techniques d’impression utilisées pour fabriquer les ephemera envoyés par avions sont beaucoup moins diversifiées. En analysant le corpus, on peut observer que tous les documents envoyés par avion depuis le Royaume-Unis et les Etats-Unis sont imprimés. L’accès à l’imprimerie n’est en effet pas un problème pour ces deux pays, libres, qui peuvent imprimer ce qu’ils veulent. De plus, l’impression est soignée et professionnelle, la mise en page est régulière et soignée également. On est face à des ephemera produits par des professionnels, numérotés et édités toujours de manière organisée.

Les documents envoyés par avion depuis l’Allemagne sont également, presque tous, imprimés. Ces documents étant des faux ephemera résistants, ils sont imprimés par le service de propagande allemand. Ils utilisent alors leurs propres imprimeries. Ils copient de manière très efficace les documents résistants, majoritairement ceux envoyés par avion depuis l’Angleterre ou les États-Unis. Cette pochette comprend également un document dactylographié et un document ronéotypés qui ne sont pas des copies d’ephemera résistants. Les Allemands n’ont alors pas besoin d’utiliser l’imprimerie pour copier à l’identique la présentation des ephemera. Ils se contentent avec les documents dactylographiés et ronéotypés de faire passer leurs idées en utilisant les mêmes moyens de production que les résistants.

Des techniques plus artisanales aux plus professionnelles, les résistants ne manquent pas d’imagination pour produire et reproduire leurs ephemera. Malgré les

contraintes, ils produiront jusqu’à la fin de l’Occupation des documents clandestins et résistants. Cependant, il ne faut pas voir les différentes techniques de production comme une évolution linéaire des moins perfectionnées aux plus perfectionnées. L’ensemble des techniques coexistent du début à la fin de la Résistance. Certains auteurs n’ont pas les moyens d’utiliser l’imprimerie tandis que d’autres préfèrent utiliser des techniques plus artisanales par choix comme le Parti communiste. Bien loin des répressions et des difficultés matérielles et techniques, les Alliés et l’Allemagne peuvent imprimer librement leurs ephemera de manière professionnelle et organisée.

VI. I

LLUSTRATIONS ET COULEURS

L’étude formelle du fonds Lachassagne passe enfin par l’analyse des illustrations et des couleurs utilisées dans certains documents éphémères. Il faut dans un premier temps recenser la présence d’illustrations et/ou de couleurs dans le corpus pour ensuite voir les symboles éventuels qui se cachent sous ces illustrations et ces couleurs.