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A mesure que l'élimination des automatismes et des struc tures rigides propres aux bas niveaux de développement se produit, des

B.- L'objet de notre étude

Notre étude se limitera 3 une seule dimension de la théo- rie de Chickering, 3 savoir, l'indépendance émotionnelle. Le but de cette recherche qui se veut essentiellement exploratoire, est de voir comment les jeunes de 14 3 18 ans (Secondaire I I I et Secondaire V) ac- quièrent leur indépendance émotionnelle. Du f a i t qu'ils aient par exem- ple une plus grande sécurité affective et une plus grande confiance en eux-mêmes, parviennent-ils 3 un plus haut niveau de détachement ou vice- versa ? De quelle façon réussissent-ils chacune des étapes de détache- ment ? Est-ce que l'indépendance émotionnelle est fonction de l'âge et du sexe ?

En nous basant sur les recherches antérieures se rappor- tant au développement de l'autonomie chez les jeunes (cf. pp. 15-19) et sur les étapes du processus de maturation (dépendance 3 la maturité, pp. 6-14), i l nous apparaît raisonnable de formuler les deux hypothèses suivantes:

1) L'indépendance émotionnelle a tendance 3 augmenter avec l'âge (maturité).

2) L'indépendance émotionnelle ne varie pas de façon si- gnificative en fonction du sexe.

Pour vérifier ces assertions (hypothèses), nous établi- rons au cours du chapitre suivant, après avoir choisi l'échantillon et démontré la valeur de l'instrument u t i l i s é , les procédures statistiques appropriées.

C - Les trois dimensions de l'indépendance émotionnelle

Pour les besoins de notre étude exploratoire, l'indé- pendance émotionnelle sera définie en termes de 1) sécurité affective, 2) confiance en soi et 3) détachement des parents, des pairs et au- tres. Nous définirons chacune de ces dimensions en nous basant, d'une part, sur les données de la théorie de Chickering (1970), et d'autre part, sur un certain nombre de comportements de la personne autonome, tel qu'exposés antérieurement.

1. Sécurité affective

L'individu qui possède une grande sécurité affective, d'après Chickering, est celui qui est capable de risquer de perdre l ' a f f e c t i o n , l'approbation et la considération des autres et d'être rejeté par eux. C'est ce que Maslow appelle avoir satisfait ses be- soins de base (sécurité, appartenance, amour, considération et estime de soi). L'individu en sécurité affective est par conséquent indépen- dant de l'environnement ou de ce que les autres vont penser et dire de lui (Maslow, Rogers). C'est ce qui le rend capable de résister aux

demandes (attentes) des autres (Goodman, Rogers), et 3 "1'enculturation" (Maslow), de suivre ses propres directives (Goodman), de lutter contre les influences de l'environnement (Dabrowski) et de dévier du mode de comportements adaptés (Riesman, Rogers, Maslow, Shibano). Enfin, i l n'agit pas pour faire p l a i s i r aux autres (Rogers), mais selon ses prin- cipes (Shibano) et selon des valeurs, normes et comportements intério- risés (Riesman, Goodman, Shibano).

2. Confiance en soi

L'individu qui a confiance en lui et en ses propres res- sources est capable d'une part, d'avoir des i n i t i a t i v e s , de prendre des responsabilités et d'être critique vis-3-vis de ce q u ' i l l i t (Chickering), d'autre part, de se référer 3 ses propres ressources pour orienter sa

vie (Maslow, Rogers, Riesman), d'être l'agent autodéterminant de son développement (Dabrowski) et de se choisir librement des buts (Maslow, Rogers, Riesman). Cette confiance en lui-même lui donne l'assurance nécessaire pour exposer son point de vue, le faire valoir et revendiquer ses droits (Chickering). Ce qui suppose que cet individu a suffisamment satisfait son besoin d'estime c'est-3-dire avoir acquis l'assurance de sa valeur, de ses capacités et de ses habiletés personnelles (Maslow).

3. Détachement

D'après la théorie de Chickering (1970), ce détachement a lieu au cours de trois étapes plus ou moins successives qui chevauchent

l'une sur l'autre. I l s'agit du détachement 1) des parents, 2) des pairs et 3) des autres adultes et institutions. Nous préciserons cha- cune de ces phases de détachement en examinant les séquences du déve- loppement qui y ont cours.

a) Détachement des parents

C'est la brisure des liens affectifs infantiles qui l i a i e n t l'adolescent jusqu'3 maintenant 3 ses parents. C'est d'abord en s'opposant 3 leurs valeurs, normes et attitudes, et parfois même en les rejetant complètement q u ' i l parvient 3 s'en détacher. En d'au- tres mots, c'est par la contre-identification par opposition 3 l'iden- t i f i c a t i o n que se f a i t ce détachement. I l en résulte un éloignement et parfois une séparation totale entre les deux partis. Plus tard, l'adolescent revient normalement 3 une évaluation plus positive et 3 une compréhension plus chaleureuse de ses parents.

b) Détachement des pairs

C'est la distance prise par rapport aux pairs qui leura- vaiemtservi de support pendant la période de détachement des parents.

La préoccupation d'être accepté par ses pairs diminue. L'adolescent peut établir des relations interpersonnelles plus matures et moins symbiotiques.

c) Détachement des autres adultes et institutions

C'est la distance par rapport aux adultes et institutions, L'adulte descend de son piédestal. Les institutions sociales et poli- tiques sont critiquées et parfois ouvertement contestées. Puis vient une certaine relativisation des jugements portés.

D.- Limites de notre recherche

Se voulant essentiellement exploratoire, cette recherche n'a pas pour but d'en arriver 3 différencier les individus autonomes de ceux qui né le seraient pas, mais plutôt â préciser certaines de leurs caractéristiques et de voir jusque dans quelle mesure les jeunes de 14 3 18 ans possèdent quelques-unes d'entre elles, compte tenu de l ' e s t i - mation de la validité et de la f i a b i l i t é de notre instrument de mesure.

Les résultats obtenus de notre échantillon ne pourront être inférés 3 d'autres types de population sans risque d'erreurs.

E.- U t i l i t é de la recherche

Si nous voulons que l'école ait pour objectif de rendre les individus capables de se comporter de façon autonome, encore faut- i l savoir concrètement, c'est-3-dire en termes de comportements, ce que recouvre ce concept. Cette recherche aura cette u t i l i t é .

Elle aura aussi pour avantage de fournir des indications en ce qui concerne l'acquisition de l'indépendance émotionnelle par des adolescents de Secondaire I I I et de Secondaire V. Ces connaissances pourront contribuer 3 une adaptation du système scolaire et favoriser la mise en place de procédés éducatifs qui tiennent compte de ces ca- ractéri s t i ques développementales.

Enfin, cette recherche aura permis la construction et la validation (au moins un début de validation) d'un instrument de me- sure qui pourra servir éventuellement 3 d'autres chercheurs.

Dans ce chapitre, i l sera d'abord question du choix de l'échantillon et de l'instrument de mesure (construction et administra- tion). Après avoir procédé 3 sa validation, nous établirons les procé- dures statistiques requises pour la vérification des hypothèses.

A.- Population et échantillon

Notre échantillon total se compose de deux cent cinquante quatre (254) sujets parmi lesquels cent quarante deux (142) sont de n i -

veau secondaire I I I et cent douze (112) de niveau secondaire V. La ré- partition des sujets selon le sexe est 3 peu près équilibrée, 3 savoir cent trente (130) f i l l e s et cent vingt-quatre (124) garçons. Comment fut effectué ce choix ? Pour chacun des deux niveaux (Secondaire I I I et Secondaire V) nous avons retenu tous les élèves d'un professeur dont

le nom avait été t i r é au hasard.

La population d'où nous avons t i r é cet échantillon v i t en banlieue de la v i l l e de Québec.

TABLEAU I I I

Répartition des sujets par niveau et sexe

Niveau Sexe Secondaire I I I : Secondaire V : 142 112 Féminin : Masculin: 130 124 Total 254 Total : 254 B.- L'instrument de mesure

Parmi les instruments existants susceptibles d'être u t i l i - sés, 3 savoir le questionnaire de la Personnalité Bernreuter-Ottawa, le test de Tendances personnelles (traduction du E.P.P.S.), et l'Omnibus Personnality Inventory, aucun n'avait les qualités requises pour mesurer adéquatement les trois dimensions de l'indépendance émotionnelle telle que définie au chapitre précédent (cf. pp. 39-42). Nous avons dû alors construire notre propre instrument de mesure.

1. Construction et description de l'épreuve i n i t i a l e

L'indépendance émotionnelle ayant été définie en termes de confiance en s o i , de sécurité affective et de détachement, notre ins-

trument devait comporter trois échelles pour mesurer chacune de ces d i - mensions. Une fois complété, celui-ci contenait au total 241 énoncés répartis comme suit entre les échelles: confiance en soi: 72; sécu- r i t é affective: 63; détachement: 121. Cette dernière échelle se sub- divise 3 son tour en trois sections, 3 savoir 49 items pour le détache- ment des parents, 18 pour le détachement des pairs et 39 pour celui des autres adultes et institutions.

L'ordre des énoncés fut établi selon la méthode du pur ha- sard sans égard aux différentes échelles de l'instrument (Appendice C).

Un certain nombre de principes nous ont guidé lors de la construction de cet instrument. D'abord, nous voulions que la forme des énoncés soit t e l l e que le sujet n ' a i t pas 3 se situer sur une échelle graduée. Ce q u i , 3 notre avis, était de nature 3 f a c i l i t e r l'évaluation de son comportement. Les autres principes sont les suivants: voiler la signification de l'item sans le rendre ambigu (Loevinger, 1955); éviter les énoncés trop longs qui prêtent souvent 3 confusion (Crenbach, 1970); u t i l i s e r le " j e " pour donner une forme plus personnelle aux situations.

A partir des définitions élaborées au chapitre précédent (cf. pp. 39-42), nous avons formulé pour les deux premières échelles (confiance en soi et sécurité affective) respectivement dix et huit i n - dicateurs de comportements (cf. tableau I ) . Chacun d'eux a donné nais-

sance 3 7 ou 8 énoncés tendant 3 couvrir toute la gamme des comportements

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