• Aucun résultat trouvé

Le manque de réglementation du contrôle des résidus d’antibiotiques dans le lait, nous a fortement motivé pour le choix de ce thème. Le lait, une denrée largement consommée par le citoyen algérien, représente de ce fait un potentiel danger. D’autre par les pertes subies dans les industries laitières se répercutent directement sur l’économie nationale.

Pour ce manque de contrôle, un certain nombre de questions s’imposent : est-ce que le citoyen algérien, et plus particulièrement Constantinois, est à l’abri d’une consommation passive des résidus d’antibiotiques ? Cette contamination vient-elle du lait de vache produit localement ou bien du lait importé ? D’autre part, l’antibiothérapie en élevage bovin, est-elle rationnée ou bien donnée à tors et à travers, compliquant ainsi d’avantage la situation ?

Pour répondre à ces questions, nous allons développer plusieurs volets relatifs à la recherche des résidus d’antibiotiques dans le lait (plus particulièrement la pénicilline et l’oxytétracycline). Le premier consistera en une enquête faite auprès des vétérinaires praticiens de la région de Constantine, dans le but de cerner la situation de l’antibiothérapie en pratique rurale. Dans le même volet, nous réaliserons également, une enquête sur les laiteries de la région de Constantine afin de connaitre la réalité de la production laitière au sens large du terme.

Le second volet sera consacré à la recherche qualitative des résidus d’antibiotiques par test d’inhibition microbiologique (le Delvotest®), puis une recherche par test immuno-enzymatique (ELISA)

Enfin une analyse quantitative par HPLC des échantillons qui se révéleront positifs ou douteux par les tests précédemment cités. Ce travail sera précédé par une optimisation, des différents paramètres d’analyse HPLC, pour la recherche de la pénicilline et de l’oxytétracycline, ainsi qu’une adaptation d’une technique d’extraction et de purification des échantillons de lait.

1. Site d’étude

L’étude est réalisée au niveau de la région de Constantine. C’est une ville du nord-est de l’Algérie. Elle nord-est limitée au nord par la wilaya de Skikda, au sud par la wilaya d’Oum El Bouaghi, à l’est par la wilaya de Guelma et à l’ouest par la wilaya de Mila. Avec une superficie de 231.63 km2 et une population de 448 374 habitants depuis le dernier

recensement fait en 2008. Le nombre de communes est de 12 appartenant à 6 daïras. La wilaya de Constantine est représentée sur la carte ci-dessous.

Carte n° 3 : site de l’étude représenté par les 12 communes de la wilaya de Constantine.

(Source : site internet http://www.sante.dz/dsp-25/presentation.html)

Le nombre d’ élevages bovins dans la région de Constantine, durant l’année 2013, est estimé à 3763 élevages avec un total de 51000 têtes de bovins recensés. 24257 vaches laitières sont comptées parmi ce cheptel (source : DSA, septembre 2014).

2. Méthode d’échantillonnage

La méthode d’échantillonnage définit combien d’individus seront sélectionnés et de quelle façon sera opérée cette sélection (Bobbia et al., 2009). Pour notre travail, nous avons opté pour une méthode stratifiée, dans laquelle la population (représentée par la wilaya de Constantine) est divisée en strates (représentées par les communes). Les échantillons sont prélevés au sein de chacune des communes, de façon homogène et aléatoire.

Notre plan d’échantillonnage est confectionné de la manière suivante : 2.1. Lait de vache

Les prélèvements sont effectués de manière homogène sur tout le territoire de la wilaya de Constantine à raison de 10 échantillons par commune, soit un total de 120 échantillons.

Le lait prélevé est un lait de mélange, et l’échantillonnage est prélevé de manière aléatoire. Des flacons en plastique stériles (capacité 50 ml), étiquetés et hermétiquement fermés sont utilisés. Sont mentionnées sur ces flacons la date et la provenance du prélèvement.

Tous les prélèvements sont collectés à partir de fermes individuelles et enregistrées. Cela a été réalisé sur la période allant de mars 2013 jusqu’à juin 2014. Les informations, relatives à la provenance des prélèvements de lait de vaches, sont détaillées sur le tableau n° 12 ; annexe II.

Les échantillons sont ensuite acheminés au laboratoire (PADESCA) dans des bacs isothermes où ils sont stockés dans un congélateur jusqu’au jour de l’analyse sans altérer les concentrations d’antibiotiques comme le rapportent plusieurs auteurs (Gaurav et al., 2014) (Ferraz Spisso et al., 2009).

Chaque échantillon est prélevé en double. Un échantillon servira pour l’analyse qualitative et l’autre pour une éventuelle quantification.

2.2. Poudre de lait

La poudre de lait a été prélevée sur les trois laits de reconstitution les plus consommés dans la région de Constantine.

Pour des raisons d’éthique nous les nommerons respectivement poudre 1, 2 et 3. La première (poudre 1) concerne la poudre de lait servant à préparer le lait recombiné (lait écrémé + matière grasse). Vu que le lait recombiné, commercialisé en sachet, peut contenir un mélange entre le lait de vache et le lait en poudre, cette dernière est prélevée directement au niveau des laiteries, pour éviter d’éventuels biais, au niveau des résultats.

Les deux autres (poudre 2 et 3), concernent deux marques de poudre (à 26% de matière grasse) à reconstituer, sont directement prélevées du commerce.

L’échantillonnage est effectué dans des sachets en plastique hermétiques et stériles. Ils sont stockés au réfrigérateur jusqu’au jour de l’analyse. Le nombre de prélèvement est de 30 pour la poudre 1. Il est de 15 pour chacune des deux autres. La quantité de poudre prélevée est de 100g.

Les prélèvements de poudre proviennent de lots différents et parfois même de pays différents comme c’est le cas pour la poudre 1. Les renseignements nécessaires à l’identification des échantillons de poudre sont retrouvés sur le tableau n° 13 ; annexe II pour la poudre 1, tableau n° 14 ; annexe II pour la poudre 2 et le tableau n° 15 ; annexe II pour la poudre 3.

Le lait est reconstitué selon les recommandations des fabricants pour une consommation standardisée.

3. Caractéristiques des antibiotiques à rechercher

3.1. Choix des antibiotiques

Le choix des antibiotiques à étudier est justifié par le fait que la pénicilline est l’antibiotique le plus utilisé pour le traitement des mammites (Owens et al., 1997) et même pour les affections respiratoires chez les bovins laitiers. Par ailleurs, c’est celle qui cause le plus de dégâts en industrie laitière (Gustavsson et al., 2002).

L’oxytétracycline représente, de loin, l’antibiotique le plus employé pour le traitement ou la prévention de plusieurs pathologies bovines (affections respiratoires, mammaires, podales et autres) ( Desalegne, 2011 ; Sarmah et al., 2006 ; Mackie et al., 2006 ; Furusawa, 2003).

Ces deux antibiotiques sont utilisés pour le traitement des mammites, ce dernier représente la principale cause de pollution du lait par des résidus d’antibiotiques (Fabre et al., 1996 ; Federicci-Mathieu, 2000 ; Lepoutre, 2000 ; Serieys et al., 1995), surtout quand il est administré par voie diathélique qui, théoriquement, semble présenter le plus de risque (Schmidt et Rodrick 2003).

D’autre part, au delà des risques pour la santé publique, le déclassement des laits contenant des résidus médicamenteux est dû à l’action inhibitrice des antibiotiques sur le développement normal des levains, utilisés en fromagerie (Jepsen, 1996). Le tableau n° 16 indique les taux approximatifs auxquels quelques antibiotiques inhibent certains levains.

Tableau n ° 16 : Taux auxquels quelques antibiotiques inhibent les levains dans le lait.

Antibiotique Début d’inhibition (quantité/mL) Inhibition totale (quantité/mL) Pénicilline G (unités) 0,05 0,1 Chlortétracycline (µg) 0,02 1,0 Oxytétracycline (µg) 0,01 2,0 Chloramphénicol (µg) 0,20 10 Streptomycine (µg) 0,04 10

D’après le tableau n° 16, la pénicilline et l’oxytétracycline sont retrouvés en haut du tableau, représentant ainsi un risque énorme pour les transformations laitières. A des taux relativement bas (pénicilline 0.05 unité/mL et l’oxytétracycline 0.01 µg/mL).

3.2. Stabilité des antibiotiques

La stabilité de la pénicilline est maximale aux environs du pH normal du lait, et la pasteurisation influe peu l’altération de ce médicament. De même un chauffage momentané du lait n’altère pas l’activité biologique des tétracyclines, du chloramphénicol, ni de la streptomycine. De plus, des antibiotiques actifs ont déjà été décelés dans le fromage, le beurre et le lait en poudre préparé par atomisation (Jepsen, 1996).

Chapitre I : Enquêtes prospectives sur la pratique rurale et les