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Chapitre 2 Quelle(s) potentialité(s) pour un approvisionnement local de l’agglomération nantaise en

A. Objectif de l’étude

Il nous faut d’emblée préciser que ce qui suit reprend la démarche, la méthode et certains fragments d’analyse utilisés par Sabine Barles lors de son étude sur « Les fruits et légumes en Haute-Garonne et dans le Grand-Toulouse en 2006 : importation, exportation, consommation » réalisée dans le cadre du Projet Confluent (ANR-08-VILL-0008)32.

Nombre d’acteurs encouragent, à travers leurs discours ou leurs initiatives, un rapprochement entre production et consommation dans le cadre d’une démarche de circuit court. Cette recherche est en général motivée par des considérations socio-économiques et environnementales sur lesquelles il nous faut rester vigilant quant à leur caractère vertueux.

Envisager un approvisionnement alimentaire local ou de proximité requiert notamment des connaissances sur la situation actuelle de la production et de l’approvisionnement alimentaires ainsi que sur les flux agricoles et alimentaires mis en jeu.

Nous n’avons connaissance à ce jour que d’une étude portant uniquement sur l’analyse de l’offre et de la demande alimentaire à l’échelle de la Loire-Atlantique. L’échelle de la ville nous semble pertinente notamment parce qu’elle représente le plus important bassin de consommation et que la détermination de l’occupation des sols se fait à son échelle. Nantes Métropole mène actuellement une étude dans le but de pouvoir quantifier l’offre et la demande à l’échelle de l’agglomération nantaise entre autres.

Si l’agglomération dispose d’informations relatives à l’adéquation entre offre et demande, elle n’est cependant pas en mesure d’indiquer l’origine des produits qu’elle consomme, la capacité des territoires alentours à la nourrir ni la destination des produits issus de son territoire. Cette méconnaissance peut s’expliquer par l’essence même de la ville qui ne peut nourrir toute la population qui la compose à partir de son territoire mais qui « externalise » la production alimentaire. Sachant que « la production est le résultat direct de la surface qui lui est dévolue » (BARLES, 2010, «s.p.») et que peu de surfaces sont justement dévolues à la production dans l’espace urbain où se concentre par ailleurs la consommation, la ville est dépendante de territoires extérieurs au sien pour son approvisionnement alimentaire. Si la ville a, de par son approvisionnement, prise sur des territoires autres que le sien, elle n’en a pas forcément la connaissance. Précisons que ce manque de données chiffrées qui caractérisent les villes ne concerne pas uniquement les flux alimentaires. En effet, les villes « n’ont pas connaissance de l’ensemble des flux de marchandises, de

matières premières et d’énergie qui les traversent » (Mor, 2011)

32 SITRAM et projet Confluent ANR-08-VILL-0008 pour les données ; livrables de Confluent pour les aspects méthodologiques

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Nous avons évoqué dans les précédents chapitres le caractère délocalisé et déterritorialisé de l’approvisionnement alimentaire, se pose alors la question de savoir dans quelle mesure est-il possible de renverser cette tendance ?

Notre objectif est donc de fournir des éléments de réponse concernant la capacité des territoires alentours à pouvoir nourrir l’agglomération nantaise dans la perspective d’un approvisionnement local. Le cas de l’agglomération nantaise est d’autant plus intéressant que Nantes Métropole s’interroge actuellement sur les marges de progrès de la vente directe sur son territoire ainsi que sur les actions à mener pour l’accompagnement de son développement. Notre travail sur l’analyse des flux alimentaires mis en jeu par l’agglomération nantaise et son département, la Loire-Atlantique peut dans une certaine mesure contribuer à répondre à ses questionnements. Nous avons cependant limité notre analyse aux fruits et légumes, productions traditionnellement localisées aux portes de la ville et relativement majoritaires dans les circuits courts. Notre travail s’articulera autour des questions suivantes : d’où viennent les flux de fruits et légumes entrants à Nantes et dans la Loire- Atlantique ? Où vont les flux sortants ? Quelles aires d’approvisionnement et de diffusion dessinent- ils ? Quelle est la capacité des territoires à s’auto-approvisionner et quelle serait leur aire d’approvisionnement minimale dans les conditions actuelles de production agricole ?

Afin de donner une certaine profondeur à l’analyse, il s’agit de confronter les résultats que nous avons obtenus pour la Loire-Atlantique et l’agglomération nantaise avec ceux qu’a obtenus Sabine Barles pour la Haute-Garonne et le Grand Toulouse33.

Ces territoires d’études présentant des profils différents, l’approche développée s’en trouve d’autant plus enrichie. Nous pourrions penser dans un premier temps que la situation de l’agglomération toulousaine présente des conditions plus favorables à un approvisionnement local que celle de l’agglomération nantaise. En effet, l’agglomération toulousaine, ville importante (plus de 600 000 habitants) s’inscrit dans un territoire très rural incluant des villes de tailles modestes et dans lequel la notion d’hinterland pourrait avoir un sens. En revanche, l’agglomération nantaise, ville importante mais moins que dans le cas de Toulouse (moins de 600 000 habitants) s’inscrit dans un territoire qui, selon Franck Bonnet, technicien au Conseil Général de Loire-Atlantique, pourrait être qualifié de périurbain et où le peuplement est conséquent. Les départements alentours à la Loire-Atlantique comprennent entre 300 et 900 milliers d’habitants, lesquels incluent des villes de tailles telles qu’elles exigent également un approvisionnement alimentaire important.

Toutefois, rappelons qu’un territoire rural ne signifie pas pour autant un territoire agricole : « Comme

le dit J.-P.Diry (2000): « L’équation agriculture = rural appartient au passé » » (Rieutort, 2009, p.9).

Aussi, l’agglomération nantaise, nous l’avons vu dans le précédent chapitre, s’inscrit dans un territoire, certes périurbain mais qui présente une part importante d’espaces agricoles : 31% d’espaces classés en zone agricole pour l’agglomération nantaise et 64% pour la Loire-Atlantique.

Ajoutons que Nantes est située au centre d’une région légumière et maraichère, en atteste la production « Maraîchers Nantais ».

Nous présenterons dans un premier temps les sources et les méthodes adoptées, puis les résultats obtenus aux échelles départementale et intercommunale tout en nous efforçant, lorsque cela sera

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Barles, S. (2011), Les fruits et légumes en Haute-Garonne et dans le Grand-Toulouse en 2006 : importation,

45 Loire- Atlantique Agglomération nantaise (24 communes) Haute- Garonne Grand-Toulouse (25 communes) Superficie (km²) 6 815 523 6 309 366 Population (nb) 1 234 085 579 131 1 186 338 651 586

possible, d’établir une comparaison entre nos territoires d’étude et ceux de la Haute-Garonne et de l’agglomération toulousaine.