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Nutrition et thérapies complémentaires

Généralités

La nutrition pour les personnes atteintes du VIH et les effets du VIH sur la nutrition ont été les questions clés depuis la première découverte de l’infection à VIH chez l’être humain. Etant donné que la majorité des personnes atteintes du VIH vivent dans des pays où de nombreuses communautés sont sous-alimentées, la nutrition doit être considérée comme une partie intégrante de toute stratégie afin d’assurer un traitement et une prise en charge adéquats pour les personnes atteintes du VIH. Les personnes sous-alimentées ont des infections liées au VIH et ont plus rapidement d’autres problèmes de santé que si elles avaient suffisamment de nourriture adéquate. Elles ont également plus de mal à combattre les infections et à surmonter les problèmes de santé, ceci diminuant davantage leur longévité.

Les thérapies complémentaires, y compris l’exercice physique, le massage et la promotion du bien-être par le régime, le toucher, la méditation et les thérapies qui y sont liées sont employées par beaucoup de patients en plus du traitement médical. Les systèmes de traitement

« alternatifs », ainsi appelés parce qu’ils peuvent être choisis à la place de la prise en charge médicale « occidentale » conventionnelle, pourraient inclure la médecine chinoise, tibétaine, ayurvédique et autres, bien que lorsqu’ils sont employés de manière constante par une population ils deviennent la norme plutôt qu’une alternative.

Questions clés et défis

Les problèmes alimentaires affectant les personnes infectées par le VIH sont notamment :

Perte d’appétit, nausées et problèmes digestifs, empêchant les gens de s’alimenter et d’absorber ce dont ils ont besoin dans leur nourriture.

Les diarrhées, entraînant la déshydratation et la faible absorption de nourriture.

Besoins accrus d’énergie du fait de la fièvre résultant de maladies telles le paludisme ou la tuberculose.

Anémie due à une prise insuffisante de fer ou à des maladies telles que le paludisme, l’ankylostome, entraînant un manque d’énergie, diminuant l’appétit et la capacité à faire la cuisine, son travail, les courses, etc.

Infections dans la bouche ou sur les lèvres rendant difficile le fait de mâcher et d’avaler la nourriture.

Pauvreté et approvisionnement insuffisant en nourriture, encore aggravés quand la personne atteinte du VIH est malade et n’est pas capable de gagner suffisamment (ou ne gagne rien) pour acheter la nourriture nécessaire.

Les circonstances environnementales limitant les approvisionnements alimentaires, tels que les déplacements ou une mauvaise récolte.

L’accès à la nourriture ne va pas toujours de soi, même lorsqu’elle cette dernière semble disponible. Les aliments cultivés dans le pays peuvent être disponibles mais pas en quantité suffisante, ou bien la nourriture peut être disponible à bas prix dans les fermes mais les familles n’ont pas les moyens et le temps pour les obtenir, ce qui les rend alors dépendantes des détaillants voisins où les prix sont élevés. Les personnes atteintes du VIH, les membres de leur famille, le personnel soignant et les programmes d’assistance ont besoin de conseil et

de formation sur l’approvisionnement en nourriture et sur les nutriments nécessaires aux personnes atteintes du VIH, y compris6:

Les macronutriments

Energie provenant des hydrates de carbone et des graisses : un adulte atteint du VIH a besoin de 10-15% d’énergie en plus qu’un adulte non infecté.

Protéines : un adulte atteint du VIH a besoin de 50-100% de protéines en plus qu’un adulte non infecté.

Les micronutriments (vitamines, minéraux)

Les vitamines A, B6, B12, C, le fer, le sélénium et le zinc sont nécessaires pour combattre les infections.

Des suppléments de vitamine B6 sont nécessaires pour les personnes traitées par l’isoniazide contre la tuberculose.

La planification des approvisionnements alimentaires pour les personnes atteintes du VIH devrait donc favoriser les aliments contenant ces nutriments. Il est plus facile d’avoir une ration calorique suffisante que d’augmenter les protéines dans les communautés les plus pauvres, en particulier là où les protéines se trouvent dans des aliments volumineux tels que des haricots et des lentilles. Les gens doivent également savoir comment faire en sorte que les personnes malades puissent manger quand elles sont faibles ou handicapées.

Des thérapies complémentaires sont employées par de nombreuses personnes atteintes du VIH qui leur procurent un soulagement, une diminution du stress et les aident à vivre positivement avec le virus. Les thérapies physiques telles que l’exercice en douceur, les massages et le yoga ont un effet important sur le fonctionnement du système lymphatique et elles peuvent être encouragées de façon modérée, bien qu’elles puissent avoir également comme conséquences des besoins en nourriture énergétique accrus. Toute forme d’exercice devrait être conçue en fonction des capacités de la personne impliquée. Les remèdes à base de plantes ou les remèdes « maison » peuvent également être utiles, fournissant des premiers secours utiles et peu coûteux. Les groupes de soutien pour les pairs et de soins à domicile utilisent souvent les thérapies complémentaires tout en favorisant une vie saine et les programmes de soins pour les personnes malades.

Les tradipraticiens sont disponibles pour les personnes atteintes du VIH dans de nombreux pays et régions, soit comme source principale de soins de santé, soit comme solution de rechange au traitement médical. Ils peuvent offrir un large éventail de traitements, certains d’entre eux étant très complexes et impliquant un élément spirituel qui les rend différents du traitement médical. Dans certains pays, les tradipraticiens sont autorisés à pratiquer et bien organisés. Ils peuvent travailler aux côtés du personnel soignant selon la méthode occidentale ou orienter le patient quand il a besoin d’un traitement qu’ils ne peuvent pas fournir. Ils représentent potentiellement un groupe important à impliquer dans la prévention du VIH. Les différences entre le travail des tradipraticiens et celui de la médecine scientifique font que l’évaluation de leur efficacité est difficile mais les rendent aussi attractifs quand les personnes ne sont pas satisfaites de la médecine conventionnelle. Les coûts du traitement traditionnel peuvent être aussi élevés que ceux du traitement « occidental », mais des modalités de paiement alternatives sont souvent possibles.

D’autres systèmes médicaux ont une longue histoire dans certaines régions du monde, en particulier en Asie. Des millions de personnes, y compris des personnes atteintes du VIH, utilisent la médecine chinoise, tibétaine, indienne et on la trouve sous certaines formes dans la plupart des régions du monde. L’utilisation de ce type de médecine peut être une alternative à la médecine « occidentale » ou être utilisée en supplément. La sécurité et l’efficacité de l’une ou de l’autre ne sont pas bien connues et davantage de recherches sont nécessaires afin de comparer les avantages et les inconvénients en ce qui concerne le VIH.

Recommandations

Les besoins nutritionnels doivent être abordés comme faisant partie intégrante de tout programme de soins et de traitement.

La sécurité des aliments et de l’eau pour les personnes atteintes du VIH doit figurer en tête des priorités. Si des communautés entières manquent de nourriture, les besoins des personnes atteintes du VIH ne doivent pas être abordés de façon isolée – la nourriture doit être disponible pour toutes les personnes qui en ont besoin.

Dans les programmes de prise en charge, il faut tenir compte des besoins nutritionnels particuliers des personnes atteintes du VIH. Des conseils et une formation devraient être dispensés sur les besoins accrus en énergie et en protéines et sur les aliments fournissant les micronutriments essentiels. Un soutien doit être accordé aux efforts pour faire pousser des aliments par et pour les personnes atteintes du VIH, pour leur famille et les communautés.

Les thérapies complémentaires et alternatives qui ont prouvé leur efficacité pour améliorer la qualité de vie des personnes atteintes du VIH devraient être incluses si possible dans les programmes de traitement et de soins.

Des méthodes qualitatives pour mesurer l’acceptabilité et les changements en matière de bien-être devraient être mises en œuvre parallèlement à des études quantitatives pour mesurer l’efficacité et la sécurité des remèdes et des thérapies traditionnels et pour vérifier les interactions possibles avec les traitements pharmaceutiques.

Les efforts doivent être poursuivis et les expériences doivent être partagées sur la participation des tradipraticiens à la prévention du VIH et la prise en charge des personnes vivant avec le VIH.

La recherche doit être poursuivie sur les effets et la sécurité des traitements médicaux alternatifs en ce qui concerne le VIH et sur les interactions possibles avec les traitements pharmaceutiques.

Les personnes infectées par le VIH doivent être informées et protégées vis-à-vis de traitements qui sont à l’évidence nocifs, qui ont des interactions défavorables avec les traitements pharmaceutiques ou qui sont d’une efficacité douteuse, ceci afin de prévenir les risques et pour éviter le gaspillage des ressources.

REFERENCES

1 Consultation technique sur le conseil et le test VIH volontaires : « Models for implementation and strategies for scaling of VCT services ». Harare, Zimbabwe, 3-6 juillet 2001.

2 Adapté d’après les informations du site internet « Consumers International » : http://www.consumersinternational.org/campaigns/index.html

3 Nuffield Council on Bioethics (1999) The ethics of clinical research in developing countries.

4 OMS (2000) Safe and effective use of antiretroviral treatments in adults. WHO/HISI/2000.04.

5 Relevé épidémiologique hebdomadaire de l’OMS (1990) 65:221-228.

6 Food and Nutrition Technical Assistance Project, Academy for Educational Development (2001) HIV/AIDS: A guide for nutrition, care and support, July 2001.

Contribution d’expert

L’Initiative du Bénin sur l’accès